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1er mars 2004 : entrée en service du permis probatoire

Une mesure contestée et source de dangers à long terme.

Après plusieurs mois d'annonce, le permis probatoire devient réalité aujourd'hui.

Les jeunes permis vont donc commencer leur carrière routière avec un handicap et un capital de points réduit : 6 points au lieu des douze traditionnels, et ce, pendant trois années.

Cette mesure ne touche que ceux qui ont leur premier permis. Ce qui veut dire par exemple, que toute personne ayant passé son permis auto et disposant de douze points, conserve ses douze points en passant un nouveau permis comme le permis moto. Par contre, une personne ayant perdu son permis et devant le repasser est considérée comme novice et repart donc avec un capital réduit de 6 points.

Au terme de ces trois ans, le conducteur récupère ses six points, qui viennent s'ajouter à ceux quu lui restent (s'il en a éventuellement perdus).

Le permis probatoire est la première mesure "pédagogique" de la loi contre la violence routière. Il est destiné à faire prendre conscience que "le permis est un bien précieux. Pour le conserver, il faut respecter la règle", comme le dit Gilles de Robien, ministre des Transports.

Cette mesure vise principalement les jeunes conducteurs, directement - même mortellement - touchés par un pourcentage élevé d'accidents... dans le meilleur des cas. Ceci expliquant également les primes d'assurances souvent exhorbitantes subies par cette catégorie, particulièrement exposée. Dans la pratique, il n'y a plus aucun droit à l'erreur; car les points peuvent s'envoler très rapidement.

Il n'est pas possible de critiquer directement cette mesure, car elle va dans le sens d'une prise de conscience et de responsabilisation. Et avec plusieurs milliers de morts chaque année, toute action visant à responsabiliser et diminuer le nombre de morts est une bonne chose.

Il est par contre malheureux de constater que toutes les actions vont uniquement dans un sens répressif et jamais dans un sens d'éducation, de formation et d'accompagnement.

Si l'on prend l'exemple de l'efficacité des radars, les automobilistes roulent moins vite qu'il y a un an. Cela se vérifie tous les jours sur le périphérique ou sur l'autoroute. Par contre, ils conduisent toujours aussi mal sinon même plus mal. La vitesse réduite donne un sentiment de sécurité et du coup, ils sont moins attentifs : téléphone au volant (maquillage au volant pour les femmes), déboitement sans clignotant, rabattement sur une voie de droite au dernier moment sans vérification de rétroviseur... Pour l'anecdote, j'ai croisé pour la première fois la semaine dernière quelqu'un qui lisait son journal au volant alors que la file de voitures roulait !

Enfin, le permis probatoire contient deux risques majeurs et particulièrement inquiétant:

  • les jeunes conducteurs vont être tentés d'attendre 3 ans avant de conduire. Ainsi au bout de trois ans, ils récupéreront sans risque leur capital de points. Mais sans avoir conduit pendant trois ans, ils seront plus dangereux que ceux ayant conduits car sans aucune expérience et avec des cours oubliés.
  • le nombre de personnes roulant sans permis risque d'augmenter dans une proportion importante, libérant sur la route des conducteurs sans expérience et potentiellement meurtriers...

Alors, que faire ? Et bien, la solution existe mais demande une volonté forte et en engagement du gouvernement : favoriser réellement la formation avant le permis, pendant le permis et après le permis.

Avec :

  • une formation obligatoire régulière dès l'école, chaque année (et pas ponctuelle comme c'est quelquefois fait),
  • une formation rallongée mais avec une aide de l'état (et notamment une TVA allégée), afin de permettre l'accès au permis à tous, mais pas une formation souvent baclée comme c'est le cas actuellement, où les jeunes conducteurs (et notamment pour le permis moto) ne sont pas réellement préparés à rouler sur route...
  • un accès facilité et aide aux formations post-permis

Le baccalauréat n'est pas payant et est pris en charge par l'état.

On ne peut que s'étonner qu'un examen aussi vital que le permis ne puisse pas être pris en charge - ne serait-ce que partiellement - par l'état, ou tout au moins inclus dans le cursus général des cours, ne serait-ce que sur le plan théorique.

En effet, les résultats affichés par des émissions de type "repassez votre code" sur M6 sont accablants : un percentage infinétésimal de personnes ayant actuellement leur permis seraient réellement capables d'obtenir à nouveau leur code. Certes, le code ne suffit pas, mais ce serait déjà un début. De plus, appris dès le plus jeune âge, il serait ancré plus solidement dans les connaissances acquises. Or, actuellement, rien n'est fait dans ce sens.

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