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Retraites chez Norton : Garner plaide coupable

11 millions de livres cotisés par les employés de Norton réinvestis illégalement dans l'entreprise

L'ex-patron du constructeur anglais jugé le 28 février

Garner reconnait le détournement du régime de retraite de NortonDébut 2020, Norton a connu des déboires avec la justice en raison d'un impayé d'impôts de 300.000 £ entrainant une requête de mise en liquidation.

Alors que le patron de la marque Stuart Garner clamait la bonne fois du constructeur et réclamait des délais pour régulariser la situation, la société fut placée sous administration et le dossier a rapidement pris une autre tournure, passant de la case "problème de gestion" à celle "d'escroquerie d'ampleur".

Pour bien comprendre le dossier, il faut déjà comprendre le système de retraite au Royaume-Uni, différent du nôtre. Si une pension minimale est versée à chacun, les britanniques souscrivent à un régime de retraite spécifique pour lequel ils cotisent, souvent directement auprès de leur employeur.

Norton proposait trois régimes de cotisation dont Garner était le seul administrateur. Entre 2012 et 2013, ce sont 227 personnes qui ont investi dans le dispositif. Selon la règlementation en vigueur, les investissements réalisés avec ces fonds ne peuvent pas dépasser plus de 5% de la valeur totale des régimes. Or, c'est bien l'intégralité des fonds qui a été engagée en tant qu'investissements dans Norton.

Poursuivi par la justice britannique, Garner avait dans un premier temps été reconnu coupable d'une infraction pénale et d'un conflit d'intérêt par le médiateur des régimes de retraite qui lui avait ordonné de rembourser 14 millions de livres sterling.

Ce lundi 7 février, l'ancien propriétaire de Norton Motorcycles a reconnu avoir investi illégalement près de 11 millions de livres du régime de retraite de sa société, dans sa société. Outre le remboursement intégral des sommes usurpées, plus une amende, Garner risque également une peine de prison pouvant aller jusqu'à deux ans.

Il comparaitra devant la Derby Crown Court le 28 février prochain à 10 heures où sera rendu le verdict de cette affaire.

Plus d'infos sur l'affaire Garner

Commentaires

lunamilio

Sans doute a-t-il estimé qu'il ne se faisait pas déjà assez de fric sur le dos de ses employés. Il s'entendrait sûrement très bien avec mon patron.

11-02-2022 09:47 
Sky

Stuart Garner était un peu comme Bernard Tapi, des chefs d'entreprises aveuglés et passionnés par leurs affaires dans leur pays au point d’oublier et de dépasser les limites de la légalité en pensant pouvoir se refaire et prolonger la survie de leurs entreprises qu'ils aiment au risque de tout perdre.

Le problème c'est que ces personnes mettent en danger leur fortune personnelle et celles des autres qui n'ont rien demandé et c'est le drame.
Le cas quotidien de milliers d'entreprises dans le monde, dont certaines survivent et d'autres meurent faute de mauvais choix financiers.

Pendant ce temps là d’autres chefs d’entreprises pour contourner ces problèmes choisissent illégalement des paradis fiscaux ou il y a pratiquement pas d'impôt et deviennent des multinationales inattaquables dont les responsables sont cachés derrière des prêtes noms en détruisent l'industrie sur leurs territoires nationaux.

Sans chercher à défendre les uns ou les autres, je préfère ceux qui montrent leur visage publiquement et doivent assumer leurs erreurs sur leur territoire national.

11-02-2022 11:01 
Picabia

Nous vivons dans un monde impitoyable, en Angleterre c'est le boss, en France c'est l'état qui engloutissent nos retraites.
Quant à Bernard Tapie, j'aimerais connaitre l'opinion de ses anciens salariés en tant que repreneur d'entreprises.

11-02-2022 19:57 
Tortue Ninja

Je n'ai jamais travaillé pour Tapie.
En revanche, j'ai croisé ses affaires...

Directement:
Trésorier de banque, je demande au directeur des engagements pourquoi nos prêts à Tapie ont encore grossi de X millions alors que tout le monde se de s'engageait. J'eus la surprise d'entendre "Tapie a un tel charisme... Il est impossible de lui résister." 😳😳😳 J'eus donc à supporter les sarcasmes de mes homologues pendant longtemps! En effet, à l'époque, seule la Lyonnaise de Banque (filiale du Crédit Lyonnais) continuait a financer le groupe Tapie envers et contre tout.

Indirectement:
Une amie directeur du contentieux d'une autre banque (pourtant très engagée à gauche) me confiait "Si Tapie n'avait la soutien de Miterrand, il croupirait depuis longtemps au fond d'une geôle. Ce qu'il ose faire est proprement honteux. Et plus encore que tout le monde ferme les yeux."

Il n' est donc guère surprenant que cette fuite en avant ait fini par cette faillite retentissante. Ce qui l'est plus, est que cela ai perduré si longtemps... 🤔

12-02-2022 09:32 
Tortue Ninja

Quant à Garner, je suis plus réservé.
Car contrairement à Maxwell (pour ceux qui se souviennent des années 90), il ne semble pas avoir siphonné les fonds à son profit. Mais elles a réinvestis dans l'entreprise pour la maintenir à flot.

Juridiquement, c'est effectivement du détournement de fonds.

Moralement, je serais plus mitigé. Il a certes mis en jeu les retraites de ses employés. Mais en même temps, a tenté de sauvegarder les emplois de ces mêmes employés...

Je serais curieux de voir les chiffres. Pour déterminer s'il y avait de sérieuses chances de pouvoir redresser la situation, et rembourser à terme. Ou si c'était perdu d'avance ?

12-02-2022 09:39 
fift

Citation
lunamilio
Sans doute a-t-il estimé qu'il ne se faisait pas déjà assez de fric sur le dos de ses employés.

Je doute qu'il se soit fait du fric avec Norton, il y a plus vraisemblablement laissé pas mal de plumes - et du coup aussi laissé les plumes de ses employés qui n'avaient rien demandé.


Tortue> Certes, il y a une différence morale entre celui qui ponctionne pour s'enrichir personnellement, et celui qui le fait pour essayer de maintenir sa boîte à flot.
Par contre, je ne suis pas sûr que la motivation première soit de "sauvegarder les emplois". Il y a aussi (souvent) une question d'amour propre : je ne fermerai pas ma boîte, et la fin justifie les moyens (y compris par de petits "arrangements" avec la légalité).

Si les britanniques ont fixé une limite de 5% du fond pouvant être réinvesti, c'est justement pour éviter qu'une faillite ou un investissement hasardeux prive les employés de leur retraite.

En l'occurrence, ce sont les employés qui trinquent et le risque de faillite ne pouvait pas être ignoré par Garner.

12-02-2022 11:21 
Picabia

Je me suis laissé dire qu'il s'était embarqué dans la construction d'un moteur très couteux. En général on fait ça quand on a une situation commerciale un peu établie mais souvent cette fonction est un peu négligée. Autre erreur, investir dans des locaux aux loyers dispendieux ou inappropriés avant d'investir dans l'outil de travail. Ou encore faire confiance à une étude de marchée optimiste.
Ce sont des hypothèses car je ne connais pas suffisamment le dossier.
Maintenant se sont les Indiens et les Chinois qui vont se partager sa dépouille, triste fin.

12-02-2022 12:36 
Tortue Ninja

=>PICABIA
Trop souvent le cas de passionnés perfectionnistes.
C'est ainsi que la volonté de "faire français" a coulé Facel-Vega avec le moteur Pont-à-Mousson de la Facelia. Que nombre de prestigieuses marques européennes de moto se retrouvent en cache-sexe de produits chinois...
Mais il est difficile lorsque l'on y croit, de garder la tête froide, et ne pas voir que les seuls aspects positifs des projets en cours.
Et plus encore, si le début du rêve a bien commencé !

=>FIFT
Loin de moi l'idée de vouloir exonérer Garner. Il a clairement bafoué la loi.

Maintenant, il ne faut pas oublier qu'il peut y avoir aussi un sentiment de devoir, voire une sorte de fierté du devoir ressenti envers les employés.

Lorsque j'avais le cabinet de conseil, mon associé et moi étions toujours partagés entre la fierté de faire travailler une dizaine de personnes, et l'inquiétude de savoir si nous allions pouvoir leur donner des perspectives au-delà des missions en cours ou en attente de démarrage.
Il eut été incomparablement plus confortable (et rentable pour nous) de sortir les gens dès leur fin de mission, pour en reprendre d'autres (ou les reprendre) une fois d'autres contrats signés.

13-02-2022 13:52 
 

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