Rémunération pour dénoncer les infractions

Dénoncer contre rémunération les véhicules arrêtés avec le moteur qui tourne, stationnement non payé, piste cyclable bloquée

Une tendance d'incitation à la dénonciation des autres usagers

La dénonciation n'est pas franchement un comportement très bien perçu en France, essentiellement pour des raisons historiques. Mais tous les pays n'ont pas la même histoire, ni la même perception de la dénonciation. Au Japon par exemple, où le respect des règles prime sur le reste, il n'y a absolument aucun problème à dénoncer son voisin pour la moindre incivilité, comme une erreur dans le tri des poubelles.

Mais dernièrement on assiste à une tendance nouvelle chez nos voisins anglosaxons qui encouragent leurs citoyens à dénoncer les comportements vus comme à risque et autres infractions des conducteurs. Au Royaume-Uni, la police du Lincolnshire propose ainsi aux conducteurs équipés de dashcam de partager les images de leurs caméras pour poursuivre et verbaliser les conducteurs en infraction. La campagne a même mis l'accent sur les motards au début du printemps. On a également assisté à la naissance d'une application mobile pour flasher soi-même les conducteurs fautifs et alerter les autorités.

Aux États-Unis, la tendance va encore plus loin puisque la dénonciation est encouragée contre rémunération. C'est New York qui a initié cette pratique et plus particulièrement son département en charge de la protection de l'environnement. Alors qu'il est interdit de faire tourner son moteur à l'arrêt plus de trois minutes pour limiter les émissions polluantes et l'impact sur la qualité de l'air, la municipalité propose depuis 2019 à qui le souhaite de filmer les véhicules en infraction et d'envoyer leurs vidéos aux autorités, en l'échange de quoi ils sont rémunérés à hauteur de 25% du montant de l'amende.

L'amende pour une première infraction étant de 350 $, la pratique peut vite devenir lucrative. D'ailleurs la proposition a connu un véritable succès puisqu'en deux ans les dénonciations ont bondi de 35% et ont permis à la ville de collecter pas moins de 2,4 millions de dollars rien que grâce à celles-ci. Les dénonciateurs sont aussi gagnants avec 724.000 $ de retombées financière au total.

La pratique continue de se répandre puisque, toujours aux États-Unis, c'est maintenant Austin, au Texas, qui souhaite mettre en place un système similaire. La commission des transports urbains de la ville a approuvé à l'unanimité un programme de "primes pour les pistes cyclables".

Ici, il est question d'inciter les usagers à photographier et signaler les véhicules stationnés sur les pistes cyclables. Là encore, les participants toucheront une partie des recettes des amendes. Ce n'est d'ailleurs pas la première initiative de ce type en place dans la ville puisque la police a déjà formé des particuliers pour dénoncer les véhicules n'ayant pas payé leur stationnement.

Si pour l'heure, la dénonciation des comportements sur piste cyclable se fait déjà et avant tout sur twitter (Paris et Lyon en tête), elle est pour l'instant "bénévole" à défaut d'être altruiste. En tout état de cause, la multiplication des projets de ce type et l'incitation financière à la dénonciation n'est pas rassurante.

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