Bientôt : plus de pétrole

Les normes de pollution ne servent à rien

Voilà pourquoi les normes de pollution ne servent à rien et que les économies d'essence ne font que précipiter notre perte. Le constat est moche et dans ta gueule. Ça n'a de toute façon pas d'importance.

Plusieurs fois j'ai voulu t'écrire sur la fin du pétrole. A chaque fois, j'ai renoncé : cela ressemblait à un sermon. On aurait dit que j'écrivais pour le 13 Heures de Télé-Bouygues : beurk. Puis je me suis rappelé ce qu'un grand patron m'avait dit un jour : "les deux moteurs de l'Humanité sont la paresse et l'avarice" et là ça a fait tilt. Enfin, je pouvais t'entreprendre sur le sujet.

Il y a trois sortes de réactions face à la baisse de l'énergie disponible : ceux qui n'en n'ont rien à battre et continuent comme avant, ceux qui cherchent à culpabiliser les autres pour pouvoir continuer comme avant et ceux qui font quelque chose -de l'achat d'une voiture "qui pollue moins" -ha ha- à "je plaque tout pour aller faire pousser des chèvres dans le Larzac". Mais quoi que nous fassions, cela n'y change rien.

La raison est simple : même si en France on décidait de ne plus homologuer que des véhicules qui tètent 3 litres au 100 maximum, la pollution dans le monde resterait la même. D'une part nous ne sommes pas assez nombreux pour que ça change quoi que ce soit sinon au niveau local et d'autre part les économies que nous ferions ne permettraient qu'à d'autres de consommer/polluer un peu plus ou un peu plus longtemps.

Quand on se coupe une plus petite part de gâteau, la portion qu'on ne mange pas ne disparaît pas magiquement du plat pour être transférée dans un frigo où il y aurait marqué "pas touche" ; elle reste sur la table à la disposition de tout le monde. Pire : comme la demande baisse, les prix baissent aussi, ce qui est une aubaine pour les gros mangeurs.

Quand le gouv.fr décide de taxer les carburants "pour moins polluer", c'est une farce qui ne convainc que les plus aveugles : c'est un prétexte pour lever plus d'impôts. Les baisses* constatées de la consommation d'essence en France ces dix dernières années sont la conséquence de l'augmentation du chômage -plus besoin de prendre la bécane si t'as plus de taf'- bien plus que de la baisse de la consommation moyenne des véhicules et encore moins d'un très hypothétique "réflexe citoyen".

Quelques-uns ont décidé de laisser tomber leur bécane ou leur bagnole pour rouler à vélo**, mais ils forment une petite minorité qui agit par égotisme -je suis plus écolo que toi, nananèreuh- ou parce qu'elle s'aperçoit du coût insensé du "confort" que c'est de rouler avec un véhicule thermique. Il faut que tu bosses combien de semaines pour pouvoir rouler quelques heures par plaisir sur ta moto ?

Ici, il n'est même plus question de politique, mais bien de mécanismes profonds chez l'Homo Sapiens et entre autres son incapacité à prévoir sérieusement à plus de trois jours (en gros : le délai qui nous sépare de la mort si on ne trouve pas à boire). Nous sommes encore, fondamentalement, des singes chasseurs-cueilleurs capables de jeûner une quinzaine de jours, avec tout ce que cela implique du point de vue de nos mécanismes psychiques de projection dans l'avenir. C'est pour cela que tous les avertissements nous passent au-dessus de la tête et que la masse ne raisonne qu'à court terme. Et quand bien même nous déciderions d'économiser telle ou telle ressource, ce serait en vain puisqu'elle serait consommée par quelqu'un d'autre. Egoïsme et avarice.

La bonne nouvelle c'est que pour que tout ce cirque s'arrête, il suffit de continuer comme avant, persuadés comme nous le sommes qu'"ils" trouveront bien quelque chose. C'est bien pour ça qu'on paye des impôts, non ? Les rares qui finissent dans le Larzac peuvent écrire tous les manifestes et les appels qu'ils veulent, cela ne servira à rien. Nous n'appuierons sur la pédale de frein que deux secondes après l'impact et seulement après avoir vérifié que le voisin fait de même et dans d'égales proportions. Parce que nous sommes comme cela, que c'est dans notre nature.

Nous ne sauverons pas la planète -comme ils disent- en faisant des économies d'essence ou en fermant le robinet quand on se brosse les dents. Il est déjà trop tard : il aurait fallu pouvoir faire machine arrière avant la révolution industrielle.

Ce que je veux dire avec tout ça ?

Heuh…

Gaz ?

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