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La Chronique de Koud'pied o'Kick

Koud'pied o'Kick est un journaliste professionnel écrivant actuellement pour un grand hebdomadaire. Vous le retrouvez chaque mois exprimant son opinion sur un monde qu'il affectionne énormément : la moto.

KroniK de juillet : Vive le GP truqué !

Difficile d'y échapper. Ma radio est pleine des mésaventures de tout un tas de sponsorisés Danette et Nique, gazés à mort, courant comme des fous entre les bandes blanches d'une pelouse après une vessie de porc. Du pain et de jeux. Mais comment arriver à contenter tout le monde ? Facile. Comme au cinoche où on tourne plusieurs fins de films avant de les montrer à un (tra-)panel de con-consommateurs pour qu'il choisissent celle qui leur plaît le mieux (une "scoubidou ending"), faudrait pouvoir tourner plusieurs matchs. Le match où Zizou, dans un élan fulgurant d'EPO arrive à redresser la barre et hisser la France en 148e de finale, sous les ovations nationales et les légions d'honneur. Mais pour ne pas mécontenter les "sponsors", on fait aussi une version où le Danemark nous écrabouille dans les grandes largeurs, avec un score plus ou moins historique. Après, chacun fait son choix dans la liste de programmes. Depuis le temps que je veux voir une finale Corse-Jamaïque...

Faudrait donc, pour pousser l'efficacité du spectacle un cran plus loin, tourner plusieurs matchs, plusieurs courses. Celle où Olivier Jacques, après une remontée titanesque, taxe Rossi sur la ligne. Celle où Laconi se crache dans les pognes pour disputer une 8e place à Haga et Aoki, qui mène sa Proton à un rythme endiablé. Faut être honnête, on s'en tape des courses où il ne se passe rien. Où il n'y a rien de spectaculaire. On paye pour voir du spectacle. Et qu'on ne vienne pas me les briser à propos de la "vérité". C'est un concept tout juste bon à alimenter quelques exemplaires moisis de traités de philosophie pure sur une étagère au dernier sous-sol de la BNF. Alors qu'ils nous tournent plusieurs versions d'une même course, d'un même match. Et tout le monde serait content.

Pareil dans la presse. Tu veux lire des papiers où ta bécane, dans les "comparatifs" serait encensée pour sa tenue de route impériale, son confort inégalé, son agrément moteur incomparable, etc... simplement pour être conforté dans ton choix. Et aller tanner tes potes: "t'as vu, j'ai la plus mieux, et pas toi, tralalèreuh!". Toujours brosser le client dans le sens du poil, surtout si c'est un con-sommateur.

Donc j'me dis qu'il serait intéressant que je vous fasse part de ma version des GP. En toute malhonnêteté. Donc, pour le GP de France, voici mon commentaire.

D'abord le titre, en gros, en large, en épais: Historique!

Et puis le texte d'appel, en suripression sur le podium de l'arrivée, photoshopisé pour monter les 3 "gagnants" du jour ensemble: Les Bleus ont réussi l'exploit, devant leur public, à combler les espoirs les plus fous. Pensez donc ! Trois français sur un podium, ça ne s'était plus vu depuis le grand prix d'Allemagne en 1967 ! Face à leurs supporters, Vincent, De Puniet et Laconi n'ont pas déçu. Tout au long de leur course, ils ont reçu un soutien sans faille des spectateurs qui, prémonition peut-être, s'étaient déplacés en masse, battant un record d'affluence. Décidément, ce week-end, au Circuit Bugatt,i a été celui de tous les records, de toutes les émotions.

Pourtant, lors des premières séances d'essai, rien n'était joué. Arnaud Vincent connaissant tout d'abord des problèmes électriques, qui lui ont fait perdre au bas mot 45 minutes, avant de se faire une petite frayeur dans les esses sur un freinage trop "limite". Au final, il réalise seulement le 4e temps, avec 85 centièmes de seconde d'écart avec la pôle, réalisée par un Poggiali que l'on attendait plus rapide sur ce tracé qu'il connaît bien. "Les conditions météo changeantes nous ont posé des problèmes de réglage de carburation, et la pluie du matin rendait délicate l'adhérence sur certaines portions", a-t-il déclaré à la fin du warm-up.

Arnaud fait un départ moyen, et pointe à la 11e place au premier virage. Devant, le groupe de tête est emmené par Azuma et Pedroza, serré de près par Poggiali et de Angelis. Surprise, on retrouve juste derrière Sabbatani qui a fait un très bon départ et qui pointe 5e. Azuma se détache un peu, et derrière, Pedroza, Poggiali et de Angelis se passent et se repassent, dans un ballet féérique. Vincent est aux prises avec Nieto et Borsoi. A force de jouer de l'aspi, Pedroza, Poggiali et de Angelis arrivent à remonter sur Azuma. Au 4e tour, les quatre hommes sont roue dans roue. Vincent, qui a réussi à creuser l'écart avec Nieto, remonte sur Bianco, qu'il dépasse au 6e tour sur un freinage très chaud en bout de ligne droite. Le voici en 6e position, à 1,5 seconde de Sabbatani. Devant, de Angelis est contraint à l'abandon sur problèmes de freinage. Les trois motos de tête se gènent mutuellement, et leurs temps au tour s'en ressentent. Grignotant petit à petit l'écart avec Sabbatani, Vincent résiste à la remontée de Nieto, qui s'est débarassé de Borsoi. Au 18e tour, Vincent passe Sabbatani, dont le rythme faiblit, et passe ainsi en 4e position. Mais à ce stade de la course, on voit mal comment le Français pourrait refaire son retard de plus de 3 secondes sur Azuma, qui mène toujours le peloton de tête. Au 21e tour c'est le coup de théâtre: le leader, qui a trop sollicité ses pneus, part dans un long travers au moment même où Pedroza tentait un extérieur. Les deux motos se percutent. Pedroza part au tapis, tandis qu'Azuma, resté miraculeusement sur sa machine, tire tout droit. Derrière, Poggiali les évite en resserrant in extremis sa trajectoire, mais roule malheureusement sur un gros débris de carénage éjecté de la machine de Pedroza qui fait chuter l'Italien à son tour. Vincent arrive à cette même seconde dans cette portion de piste, mais a suffisamment ralenti pour éviter les débris et la moto de Pedroza. Azuma a réussi à regagner la piste, mais doit laisser passer Vincent. Il repart avec Nieto à ses trousses. Le Japonais, dont la moto a souffert de son passage dans les graviers, doit laisser passer l'Espagnol dans le dernier tour, assurant la 3e place.

Bon, et puis pour la course 250 et 500, vous inventerez la suite, c'est finalement assez ennuyeux d'inventer un GP.

Bien bien bien. Récapitulons. On a droit, sur ce grand prix, à pas mal d'ingrédients qui font la différence: un Français qui gagne suite à une remontée fort bien menée, quelques plans de caméra judicieux sur les travers d'Azuma en fin de course, un gros accident mais heureusement sans gravité, et deux européens sur le podium. Elle est pas belle, la vie ? On ajoute à ça quelques pouffes en monokini, un commentaire qui pète, avec une vraie analyse de ce qui se passe, et suffisamment de rebondissements pour entretenir le suspens. Comme en plus la course est bien calibrée, la caméra s'attarde sur les bastons, et pas sur le même type tout seul en tête qui gère son avance. Yen a pour tout le monde. Et après, on regarde la version où c'est Poggiali qui met une tannée à tout le monde. Et une autre où Ueda, qui arrive du fin fond du classement, se dépouille grave pour se hisser de la 15e à la 6e place, faisant claquer quelques records du tour au passage. On est là pour le spectacle, non ? Et pas pour savoir avec quelles bougies la bécane championne du monde roule.

Ya une idée à creuser, là. Pis faudra bien y venir un jour ou l'autre.

A ce propos, j'ai négligé pendant trop longtemps de feuilleter Moto Mag'. Je me rattrappe ce mois-ci en signalant un article des plus instructifs sur le Motogépé, qui dénonce allègrement les visées purement phynancières de (en vrac) la Dorna, des constructeurs et des sponçorre. Je vais me jeter quelques fleurs, mais j'l'avais déjà dit dans une précédentes kronik: les constructeurs nous préparent toute une térachiée de Rossi Réplica et de Biaggi Pafdanl'gravier, vendues très cher, pour flatter le cadre sup' en mal de sportitude. En revanche, je trouve que Moto Mag' y va fort en prédisant des tarifs aux alentours de 25.000 euros (165.000 anciens euros). Vous poussez un peu, les mecs. Même chez Bimota ils ont eu du mal à en vendre à ce tarif-là. Et c'était pas de la japonaise de série. J'verrais plutôt une version "laïtte" (bad'gam' en marketoïdement correct) à 18.000 anciens euros, et puis un modèle krè krè chère pour faire phantasmagorifier les journaleux (faut toujours avoir un inaccessible dans une gamme pour alimenter le "rève"). Une raison à ça? Regardez le four fait par la R7. Yam' a dû comprendre des trucs avec c't'opération. Donc on aura une M-1 Replica aux alentours de 18.000 balles et une Biaggi Replica (les autocollants seront en carbone pour gagner tenez-vous bien 12,78 grammes) effectivement à 25.000 boules. Le tout avec crédit sur 36 mois, soit seulement 700 euroballes par mois, c'est cadeau, vas-y, signe! Facile. Logique. Imparable. Et on va avoir, dans les mois qui viennent, des wagons entiers de R1 et de GSX-R à vendre, mises au rebut pour cause de RC-V, de M-1 et de GSR-V. Infortunées victimes du syndrôme matériel d'ascension sociale.

Par contre, j'étais passé à côté de la mort prochaine des catégories 125 et 250. Dommage: c'est la catégorie 125 où on voit les plus belles bagarres et le plus souvent. La prochaine étape pour la Motogépé c'est les ravitaillements, comme en F1. En F1, c'était censé améliorer le "spectacle", on a vu ce que ça a donné.

Enfin... tout ça on s'en tamponne au final: rien ne vaut une bonne vieille bourre entre potes le genou par terre sur des pocket-bike ou des mini-motos. Non seulement on s'amuse comme des fous dans des conditions de sécurité correctes, mais en plus, pour le prix d'un abonnement au cable, on peut s'en faire 2 séries par mois. Laissez tomber les Gépé des autres, organisez le vôtre, ça va aller beaucoup mieux.

Tiens, MR élit "la sportive de l'année". Mouais. Je vais pas vous rebassiner la tête avec ce que je pense des Youplabouza qui-servent-à-rien, et passer à l'essentiel: pourquoi Aprilia avait, l'an passé, remporté le comparatif et donc fait hurler à mort les directions marketing des autres fabricants. Tout bonnement parcequ'Aprilia livre ses machines avec des pneus piste (rien que du très normal sur une sportive) alors que les autres se contentaient de pneus sport. Le téléphone à la rédaction a dû chauffer sec après ce verdict. Du coup, pour mettre tout le monde d'accord, et surtout calmer le jeu auprès des autres constructeurs, on met toutes les bécanes à la même sauce, à savoir les D207 RR (pub!). Situation bâtarde, puisqu'en fonction de la monte de pneus, une machines réagit différemment et ne donne peut-être pas le meilleur d'elle-même. Mais bon, comme c'était "juste" Aprilia, "constructeur à la limite du confidentiel", on allait pas s'embêter. C'était ça ou MR n'avait pas de machines à essayer. Du coup, toute la première partie de l'article est une auto-justification de cette décision. Nul. Si Aprilia fait un effort sur ses montes d'origine, les autres devraient suivre au lieu de pleurer parce qu'ils se sont fait retoquer leurs bouses. Les pneus sont ZEU élément fondamental dans l'appréciation d'une machine. ça vous dirait, vous, d'essayer sur route une Youplabouza "full" montée avec des gommes cross ? Non ? Bon, ben cherchez plus.

Aaaahh! Le Burgman 650. Depuis le temps que je l'attendais, çui-là. Bon, ben chuis tout déçu. La commande semi-automatique du variateur c'est pas ça. Pourtant, kesski nous ont cassé les pieds sur Eurosport avec leur pub "CSP++ inside" avec une cadre sup' de mes deux (carbus) tout jouasse de déposer avec son aspirateur roulant une caravanne tractée par une R5. La photo d'ouverture de MR m'a bien fait rigoler, en tous cas: le petit jet brise-mâchoire, le futal pas bien épais, mais des gants carbone-kevlar-RR Sportissimo Replica Full Protection que le bitume il a mal rien que d'y penser. Enfin... passons. Donc, le nouveau frigo roulant a l'air bien sur le papier, mais... Mais ça n'a convaincu personne. Pour une fois, la Presse Unanime (marque déposée) ne comprend pas trop l'intérêt du variateur asservi. Hmmm... ils ont la mémoire courte. C'est jamais que la version automatique de la fameuse pédale-lanceur sur les mobs. Faut jamais sous-estimer le gamin boutonneux qui sommeille en chaque acheteur potentiel.

Pour continuer sur les scoobites, je vois enfin arriver sur le marché des échappement Sapètoku (merci Franquin) à monter sur les raze-moquette Tupperware. Avec des tels équipements, les Hell's de l'Avenue Montaigne vont enfin pouvoir crier haut et fort leur ras-le-bol du système et de l'ISF (surtout de l'ISF, d'ailleurs). Faut jamais négliger le côté "borne tou bi ouaïld" du cadre sup'. Bref, maintenant, avec son Burgman 650 à pot Mig, Jean-Patrick va pouvoir faire broaat broaat broaat au lieu de faire praaaaattt, ce qui relève, vous l'avouerez, d'une attitude purement rebellative. Et crotte pour le système!

Je finis avec une petite pensée pour ces couillons de publicitaires. Devinette: un "maximum de sensations, un minimum d'intérêts", qu'est-ce que c'est ? Ton tiers prévisionnel ? La visite de ta belle-mère ? Nan nan, juste un machin pour acheter à crédit une Ducat'. Et puis cette pub pour la ZZR 1200. Moi j'veux bien, mais avec un jauge d'essence à zéro, il va plus faire le mariole longtemps avec sa meule, le type. Bon point tout de même, cette fois-ci ils ont pensé au coupe-contact. Pas comme dans cette pub, il y a quelques temps, où un type nous faisait croire qu'il était à 110 sur une autoroute avec un coupe-contact ouvert. Allez! roule ma pube.

Comme je suis une grosse feignasse tout juste bonne à baver sur le travail des autres, je sais pas trop s'il y aura un kronik en août. On verra bien. D'ici là, faisez gaffe au radar furieux.

Koud'pied o'Kick - le 1er juillet 2002

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