La Chronique de Koud'pied o'Kick

Koud'pied o'Kick est un journaliste professionnel écrivant actuellement pour un grand hebdomadaire. Vous le retrouvez chaque mois exprimant son opinion sur un monde qu'il affectionne énormément : la moto, avec un amour immodéré de la controverse, à nul autre pareil.

KroniK d'avril

La Kronik de la Kronik

40. Pile-poil. 40 Kronik. Parfois à la bourre, rarement en avance. Souvent en panne d'idées, relancé par David. Et encore, vous n'avez eu droit qu'à une toute petite partie. Le reste, ce sont les essais, les paragraphes inachevés, les successions d'idées alignées qui apparaissent parfois dans les brouillons que j'envoie à David ou à Sato. Les trucs que je ne pouvais pas dire, les idées trop complexes pour le motardus simplex, les vannes trop capellitractées, les phrases qui ne mènent nulle part, repoussées en bas. 40 Kronik ! Personne n'avais jamais fait ça ! Si ? Fred Tran-Duc ? Franck Boucher ? Michel Bidault ?

Il y a quelques jours, Grosse Fatigue postait ceci :

5 ans. Je crois que ça fait cinq ans que je tiens ce bavoir. Au début c'était bien, puis de mieux en mieux. On me recommandait, j'avais soudainement en rêve l'importance que personne en vrai ne m'accordait. Mon bureau était bien fermé, je m'emmerdais ferme en rêvant de littérature et de créatures, je rêvais de fuite.
J'imaginais le tremplin que la chose m'offrait.
C'est enfin retombé. Ça y est, la quiche est totalement froide.
Je ne suis même plus dubitatif. J'ai beau faire des efforts, j'ai perdu le bénéfice de l'originalité. Je me demande, avant chaque texte que j'ose publier ici, si je dois le faire ou non. Neuf fois sur dix, je ne le fais plus. Je relis mes délires anonymes. Je barre, j'ai des doutes. Comme si c'était important. Jamais l'illusion n'avait été aussi étonnante que sur le web. [...]

Alors, je me suis décidé à lui écrire. Pour la première fois. Pour lui dire que je faisais partie de ces lecteurs anonymes qui n'éprouvent pas le besoin d'envoyer un mail parce qu'ils apprécient. Heureusement, je n'ai pas été le seul à le faire. Du coup, deux jours plus tard :

Je viens de réaliser, suite à mon texte précédent et à ces fumeux mots-clés qui me causent tant de déshonneur, bref et tralala, je viens de comprendre pourquoi je continuais à publier des chroniques ici-même, même lentement, même dans l'hésitation. Même si l'on me dit de faire dans le sérieux et d'arrêter de perdre du temps. [...]

Mais j'avoue que les mails qui ont plu toute la journée, ça m'a plu aussi. [...] Je n'ai qu'une unité de paiement : le mail. [...] Qu'on écrive sur le net, c'est pour que quelqu'un réagisse. [...] Avant, j'aimais bien les liens. Mais plus personne n'en fait. Je me lie avec moi-même. Alors que les mails, je viens d'en recevoir comme je n'en avais pas reçus depuis des lustres.

J'en ai reçu, des mails, oui. Quelques fidèles qui m'écrivent de temps en temps. Ou des posteurs de passage. 182, très exactement. En trois ans. 4,55 mails par Kronik. Archivés sur ma boîte Yahoo. Rares sont ceux à qui je n'ai pas répondu.

Il a raison, le père GF, de dire que les chroniqueurs sont payés au mail. Même au mail d'insultes. Moi, je n'en ai reçu qu'un, et c'était un malentendu. Dommage. Même un mail d'insultes, c'est une forme de reconnaissance.

David a été bien avisé de lancer cette série de portraits, « le jeu des 7 familles », comme on disait, qui a commencé avec les Kékés, et qui s'achèvera sur le « vrai » motard. Et après quoi ? Continuer à taper, mois après mois, sur les sportives qui servent à rien, sur les ministres sous exta, sur les 100 chevaux et-on-s'en-fout, sur la mort des 400, sur mes bécanes et-on-s'en-fout-aussi... Se creuser la tête à deux (David et moi) pour trouver un nouveau truc, un sujet inexploré. Et moi de chercher à présenter ça de manière marrante sans que ça sue le désespoir et le découragement. Tellement libre de raconter à peu près n'importe quoi que j'en finis par gâcher ma petite zone d'expression personnelle sur le ouèbe (enfin, une d'entre elles). Par flemme. Ou parce que je n'ose pas.

Remerciez David : c'est lui qui porte la Kronik à bout de bras depuis neuf mois (limite harcèlement). Depuis les Kékés, en fait. Au moment où je me suis dit que je n'avais plus rien à dire. Comme j'aime pas me répéter (ou alors sans que ça se voit trop). Que j'allais laisser Google m'enterrer petit à petit. Passer à autre chose, poster des bêtises sur le forum de ma guilde à City of Heroes et me recycler dans le roleplay déjanté avec une bande de doux dingues nourris au Nutella périmé. Revendre Tempête pour me racheter une 125 et plus m'emmerder avec 200 kilos de ferraille. Ou une Beta 4.0, pour les 15 chevaux de rab' au poids qu'une petite Varad'. Tourner la page, en somme. Comme j'ai dû raccrocher Anarchy Online, ou foutu à la benne ma collec' de MJ et de MR quand j'ai déménagé. Faut bien s'arrêter un jour.

Comme j'ai déjà raccroché Anarchy Online...

Je serai jamais aussi bon que les posteurs occasionnels sur frm ou le forum Ducat'. Un « lopette ! » lâché au bon moment, et c'est tout le thread qui part en vrille. Comme je suis jaloux d'eux. Pourquoi n'y avais-je pas pensé moi-même ? L'expérience, peut-être. Ou les kilomètres ? Ou tout simplement que je suis déjà un futur vieil emmerdeur -sans humour, finalement- tout juste bon à aligner 3 paragraphes sur un même sujet sans faire trop de fôtes. Paraît que c'est mon métier, d'écrire pas trop de corneries. Foutaises !

Faudra que je me fasse à l'idée : j'ai plus rien à te raconter. Plus rien.

J'ai fait le tour du -tout- petit monde de la moto. Ou plutôt si, mais plus tous les mois. Au gré de mes envies. Façon blog, puisqu'il paraît que c'est à la mode. Pas sûr que ça me convienne, le blog. Trop petit, pas assez de place. Mon truc, c'est les grandes tartines imbitables, mon red'chef me le reproche assez souvent. Je vais aller rejoindre les autres dans leur silence. Comme Max Pétrois (http://www.uzine.net/rubrique93.html). Finir dans la salle 404...

Koud'pied o'Kick, - le 1er avril 2005

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