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Ecrire l'ultime essai

Truc à faire avant de mourir : écrire l'essai moto ultime

Truc à faire avant de mourir : écrire l'essai moto ultime (en toute modestie). Qu'est-ce qui rend un essai agréable à lire, indépendamment de la moto concernée ? Est-ce que je peux le faire ?

Ecrire l'ultime essai moto (c) photo : Guduru Ajay bhargav
Ecrire l'ultime essai moto (c) photo : Guduru Ajay bhargav

Du temps où je lisais la presse moto, plusieurs essais ou comparatifs sortaient du lot. Le comparo DR 650 - XT 600, celui entre l'Enfield Bullet et la Chang-Yang Black Star, l'essai de l'ER-5, le comparo trail 125 2T ; tous ceux-là restaient à côté de mon lit, comme des fétiches. Je les relisais de temps en temps, un peu comme on retourne dans un resto où on a ses habitudes, comme on va se balader dans un coin qu'on aime bien.

Qu'est-ce qui fait que, dans la masse publiée chaque semaine, un essai plutôt qu'un autre me parle ? D'abord, il s'agit d'une moto que je m'imagine posséder un jour. Les trucs à très cher avec plein de chwo : très peu pour moi. Ensuite il y a l'ambiance visuelle : de jolies photos, avec une météo agréable, de beaux paysages. C'est important pour s'évader. S'évader, justement. Ces articles me transportaient ailleurs, dans un monde où c'était moi, sur la selle. Enfin -c'est propre à ma personnalité- il s'agit de motos délaissées ou oubliées. VX 800. Zephyr 550. Freewind. Scarver. TS 240X.

Qu'est-ce qui sépare l'essai banal du remarquable ? Le vocabulaire ? L'attaque, dès la première phrase ? La passion, presque palpable, qui émane du texte ? Etre journaliste, c'est rester persuadé que ce que j'ai à écrire intéressera mes lecteurs, si je m'y prends bien.

M'y prendre bien, c'est aussi surprendre par l'angle que je choisis. C'est intriguer. C'est faire durer tout le long de l'article ; garder une boutade pour la fin, sans en faire une manie ; sauter du coq à l'âne pour maintenir le lecteur en éveil ; choisir ses digressions avec soin pour "aérer" le contenu.

Mais c'est comme au cinéma : appliquer à la lettre la "recette" d'un bon scénario est le meilleur moyen d'aboutir à un truc indigeste, prévisible ou tristement académique. Non, le procédé idéal n'existe pas, sinon nous serions déjà remplacés par des logiciels -certains jours, j'ai des doutes sur l'authenticité d'écrivains encensés.

Bien sûr, il faut "bien" écrire, quoi que cela puisse signifier. Cependant, le plus important reste la perception. Sans acuité, sans attention, sans ressenti, la meilleure plume reste muette ou banale. Il faut avoir envie d'écouter ce que la moto a à dire. Etre sensible à sa personnalité. La laisser s'exprimer sans a priori.

Idéalement, il faudrait lâcher la tête pour se contenter, initialement, d'impressions brutes : la route, le bitume, le moteur, le vent. Ce que dit le guidon, la selle, les cale-pieds. Capter ce qui émerge des vibrations, des saccades, de ce qui prend dans le ventre et dans les épaules. Il faudrait traduire pour celui qui n'est pas là comment la moto et mon corps s'épousent pour dérouler la route.

Ici, pas de drone pour faire un joli panoramique. Pas de musique pour rendre une atmosphère. Pas d'intonation à ajouter au texte. Il n'y a que les mots dans la tête du lecteur, libre de faire ses propres panoramiques, d'ajouter sa propre bande-son, articuler comme bon lui semble. C'est en cela que la vidéo enferme, que le podcast limite. Le texte offre un degré de liberté supérieur au lecteur.

Pour écrire un bon essai, je pense aussi qu'il faut être un peu cabotin. Etre persuadé d'arriver à faire mieux que les autres -on a sa fierté. Il faut en ajouter une pointe, qui frise la prétention ; c'est elle qui fait viser un peu au-dessus, qui tire vers le haut, qui oblige à ne pas se satisfaire de l'ordinaire, mais sans verser dans l'extraordinaire. Laissons le sensationnel à la presse pipole.

Il y a une honnête et très basique Bandit 600 N bleu à vendre chez mon concessionnaire chéri. Si je lui demande gentiment…

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Commentaires

XM

d'accord avec toi, mais ce qui rend ultime l'essai écrit avec ses tripes, c'est aussi le fait que le brêlon en question provoque un minimum d'excitation au lecteur, sinon ça reste une information parmi d'autres, non?

07-01-2020 08:19 
tom4

pas forcément.
dans tous mes magazines de moto, je relis beaucoup plus souvent les essais qui sont vivant (genre un comparo balade entre une enfied et une mash ) que ceux où un journaliste va nous parler de son essai trop bien sur le circuit de petaochnock avec la nouvelle ducati V4RR-SP-LTD.
Je vais regarder les photos de l'essai piste, mais j'y accorde (ceci est bien sur un avis perso) autant d'attention que "l'essai" sur 3 tours de la M1 de Rossi.

A contrario, le type qui va me faire un essai du style "on a traversé la france par les départementale en R1-M", il aura toute mon attention.
Après, vu que personne ne recherche la même chose dans la moto, c'est compliqué de contenter tout le monde :)


tom4

07-01-2020 10:10 
Bee Loo

Kpok, tu t'y prends bien, même très bien !
API NOUILLEUR !!!

07-01-2020 12:26 
RAKOTO

Chronique très sympa à lire. Le journaliste doit emmener son lecteur et pour cela sortir les dwa du kick pour éviter un mauvais retour...
Robert, au repaire, il sait faire.

07-01-2020 14:44 
big fish

zarbi de penser a ça !
rien n'est ultime, tant que tu ne le décides pas ou ne le sait pas, donc écrire l'ultime essai revient a savoir que c'est le dernier…..j'ai vécu des moments ultimement provisoires….comme en 1996, lorsqu'ayant vendu mon bouclard moto et que j'ai vendu ma dernière bécane, une DR 800 bleu/blanc, je m'en souviens encore, je savais que pendant longtemps plus de moto, ça a duré 10 ans. dernièrement j'ai vendu mon V strom 1000, je savais que, encore, la bécane serait absente de ma vie pendant longtemps. jusqu'au jour ou "l'ultime" sera devant moi, quand ? wait and see.

08-01-2020 15:53 
gica44

Merci de bien vouloir te remettre en cause dans ce bel article. Oui, lecteurs, nous cherchons tous des choses différentes.
Je pourrais fêter cette année mon demi-siècle de 2 roues motorisés, depuis la "mobylette" grise de mes débuts, fourche rigide et frein avant à patins, une chance d'être encore vivant...
Je change tous les 20000 kms, soit 2 ans environs.
J'achète des machines de 2 ou 3 ans et moins de 5000 kms, merci le bon coin et tous les amis motards qui achètent des machines neuves et roulent très peu.
Et je change de style à chaque fois. Les 3 dernières : yam YBR 250, honda 125 S-wing et xmax 300.
A part un bref essai chez le concessionnaire, je m'appuie pour faire mon choix sur les essais en ligne, notamment ceux du repaire.
Et je vais vous parler d'un seul paramètre : l'éclairage.
Ben oui, j'habite dans l'ouest, je roule pas mal la nuit, en hiver, sous la pluie et j'aime bien voir ce qu'il y a devant moi!
2009 : YBR 250, la catastrophe, une ampoule de 35W dans un grand phare rond pas trop mal fait, j'apprends à suivre les voitures qui ne vont pas trop vite à 50 m pour arriver vivant chez moi, jusqu'à ce que je trouve un bon forum où l'on m'explique qu'à part un petit ergot à limer, je peux mettre une ampoule H4



10-01-2020 20:42 
gica44

Me voilà sauvé pour 3 ans, mais comme j'aurais préféré être prévenu avant ! Au bout de 3 ans, raz le bol de me tremper tous les jours, voici le S-wing qui éclaire très bien.. d'un seul oeil, car une optique est destinée au code et l'autre au phare, la solution consistant à se mettre en code (pardon, feux de croisement) et garder le doigt sur l'appel de phare! Ça marche, mais comme j'aurais aimé qu'on me le dise avant ! 2 ans après, je joue le grand jeu, je casse ma tirelire, 4500 balles pour un xmax 300, et là, les essais sont formels, full led, le fin du fin de la technique, les deux optiques éclairent ensemble, je vais voir la nuit comme avec ma bagnole (pourtant minable!). Et ben non, avec un x max 300, non seulement on n'y voit rien, mais en plus c'est un super bloc optique intégré, le code est digne de ma mobylette et je n'ai pas encore réussi à voir la différence quand on active le plein phare minuscule. Pour le coup.. on ne peut rien faire pour améliorer ça, dixit le concessionnaire. Celui là ne va pas durer très longtemps, si parmi les lecteurs, il y en a qui connaissent des machines qui éclairent, dites le moi !
Et puis merci aux essayeurs de faire quelques heures sup pour rouler un peu la nuit et sous la pluie, ça nous éviterait bien des déconvenues !..

10-01-2020 22:03 
gica44

Au fait, la photo sur la Royal Enfield, avec des gants, ça serait vachement pédagogique pour les petits d'jeune's qui lisent le repaire...

10-01-2020 22:13 
KPOK

J'avais le même problème qu'avec ton S-wing sur le Burgman 400, qui n'éclairait mal que d'un oeil en version française. J'ai remplacé le 35 watts d'origine par une ampoule City-Machintruc de chez Philips, et c'était déjà mieux, mais effectivement pour y voir vraiment de nuit il fallait que je circule avec le doigt sur la gâchette d'appels de phare, ce qui n'est pas du tout une bonne idée vu que le HS1 n'est pas prévu pour fonctionner longtemps avec les deux filaments d'ampoule allumés simultanément -l'ampoule surchauffe. Certains sur le forum conseillaient de recâbler derrière les phares pour allumer les deux en même temps comme dans d'autres pays.

Et oui, avec ses leds, Lapin-Lap1 n'éclaire pas mieux que le Bourgeman. Pire : la lumière très bleue écrase les contrastes et comme tu dis il est impossible de changer l'ampoule.

Solution ?

Des feux additionnels à venir greffer sur le faisceau d'origine -à leds, forcément, rapport à la consommation électrique maintenant que les alternateurs ont tous pris 20% de puissance en moins avec l'abandon des ampoules à filaments. Il faut câbler, fabriquer des pattes de fixation, orienter ça correctement. Bref : tout un bazar. Ne pas oublier de râler chez le concessionnaire à propos de ces éclairages de m... qui fonctionnent peau de z*b (mais ça ne changera rien, parce que mate ma trop top-moumoute signâââââture luminescente).

Concernant les gants sur l'Enfield, je peux que te conseiller de te rapprocher de l'auteur de la photo.

11-01-2020 18:15 
BigTof

Ben y'a les gants ! En peau...

Sinon, je dois dire que pour l'instant je n'ai jamais été déçu par l'éclairage de mes Honda.. Je ne sais pas pour les scoots, mais franchement mes motos éclairent autant que ma petite citadine ! Et je suis bien d'accord : quand on roule en hiver, la nuit tombe vite ! Alors avoir de la lumière, c'est juste indispensable !

14-01-2020 16:40 
fift

BigTof> La sevenfifty c'était juste tout de même - mais on parle d'une bécane d'il y a 20 ans. La VFR c'était Versailles par contre !

14-01-2020 18:19 
 

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