J'ai explosé le record du tour à Prenois

Je me suis aperçu que j'avais grave pété le record du tour à Prenois.

Ce n'est pas la moto qui va vite, mais celui qui est dessus.

Et comme ça, je me suis aperçu que j'avais grave pété le record du tour à Prenois. Car ce n'est pas la moto qui va vite, mais celui qui est dessus.

Si un homme ne suit pas le rythme de ses compagnons, c'est peut-être parce qu'il écoute battre un autre tambour. - Henry David Thoreau

À la faveur d'un enchaînement de circonstances particulières qu'il serait fastidieux de relater ici, je me suis retrouvé sur le circuit de Prenois avec entre les jambes un gros machin qui pousse.

Dans ces cas-là, je me porte immédiatement volontaire pour remonter le moral des plus lents en piste en squattant avec application la dernière pole position disponible. Ainsi, ils peuvent repartir du circuit en ayant le sentiment d'avoir fait quelque chose de gratifiant dans la journée : m'avoir doublé. Je suis ravi de leur rendre ce service.

Une fois de plus, j'ai pu éprouver ce sentiment étrange qui me prend quand je roule longtemps sur un rythme continu : celui d'être immobile, parfaitement immobile sur la moto, alors que c'est la piste qui défile et penche sous mes roues. C'est tout à fait hypnotique et c'est en partie pourquoi je décline généralement les invitations à courir sur circuit parce que je me demande toujours à quel moment je vais franchir un pas supplémentaire et tout simplement lâcher ma monture parce que je n'en ai plus besoin pour avancer.

Conscient du phénomène, je m'efforce de conserver un pied dans la "réalité" afin de ne pas affoler tout le monde en quittant inopinément ce plan astral. J'aurais assurément chiffonné la bécane et son propriétaire en aurait été fort marri.

Au bout de cinq à six tours, je suis habitué au raffut du moteur et du vent. J'évolue dans un silence étrange et bourdonnant. Je peux encore discerner le bruit de ma respiration, grâce aux bouchons d'oreille. J'essaye de la faire correspondre aux balancements du circuit devant ma roue avant. J'inspire : la piste se penche. J'expire : elle se redresse. Et je reprends. Inspire. Expire. Inspire. Penche-redresse-penche.

Puis le temps a commencé à perdre de son apparente continuité. Il s'écoule par saccades : sans trop savoir comment, je me retrouve dans un virage sans avoir vu défiler devant mes yeux la portion intermédiaire, comme si je m'étais téléporté. Le temps a sauté le bout droit. La ligne droite ? Avalée sans même savoir comment : pouf ! je suis au freinage, sans passer par l'étape où il faut tout rentrer, soigneusement, pour grappiller 10 km/h.

Par curiosité, je commence à compter : un, deux... je suis dans le double droit en descente, trois, quatre... je passe le gauche de la bretelle, cinq... et hop ! la parabolique -je ne l'aime pas trop parce que je ne vois pas la sortie, six, sept, huit... le double gauche que je passe sur une seule corde, puis le long virage de la Combe et hop ! la ligne droite... neuf, dix, onze !

Voilà.

Le tour de Prenois en onze secondes.

Trop fastoche.

Je préfère fabriquer mes propres podiums plutôt que de courir en vain après ceux des autres.

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