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Romoto et Juliette, une histoire qui roule

Chronique : Romoto et Juliette, une histoire qui rouleJuliette, c'est le genre de fille qui aime les belles mécaniques, le genre de fille cool, un peu garçon manqué sur les bords et qui fait semblant de s'y connaître quand on lui parle de bougies de préchauffage, de carburateur ou de courroie de distribution. Pourtant, quand son pneu semble dégonflé, elle en fait tout un drame. "Mon dieu, comment je vais faire ?". Alors imaginez un peu la tête qu'elle a fait quand on lui a annoncé que son capteur PMH était mort.

Il faut dire que Ju, c'est son surnom, a été élevée dans l'adoration et l'idolâtrie des quatre roues, plus précisément dans celle des voitures sportives, vous savez celle avec un cheval cabré sur le capot. Pour son père, il n'y avait rien de plus beau et de plus précieux qu'une belle voiture. Et c'est avec cette idée bien ancrée dans la tête qu'elle grandit, préférant jouer aux petites voitures que de permettre à Barbie et à Ken d'aller vadrouiller en moto.

A peine ses 18 ans arrivés qu'elle prenait déjà le volant poisseux d'une voiture d'auto-école, apprenant les rudiments et les secrets des démarrages en côte, des rangements en bataille arrière et autres créneaux. Elle s'en sortait plutôt bien, tellement qu'elle a d'ailleurs obtenu son permis du premier coup, après presque trente heures passées au volant d'un bolide d'auto-école tout collant de transpiration (y en a qui ont la sueur facile, je vous le dis).

Son auto-école lui offrit donc gracieusement (trop gentil, elle qui lui a donné de quoi financer une bonne partie des études de leurs enfants voire de leurs petits-enfants) l'une de ces fameuses lettres rouges que tout le monde associe au mot abruti.
La voilà donc jetée en pâture au milieu des automobilistes plus furax et stressés les uns que les autres. C'est étrange de voir à quel point une simple lettre rouge peut les agacer, à croire qu'ils se prennent pour des taureaux et Juliette en matador improvisé tentait de les esquiver comme elle le pouvait.

Respectueuse des vitesses imposées par le sacre saint code de la route, elle enchaînait les kilomètres pas très sûre d'elle. Et puis peu à peu, elle se mit à adopter les moeurs et coutumes de ses congénères automobilistes, elle mordait son volant dans les bouchons, appuyait sur le klaxon comme elle dirait bonjour et puis déboîtait, doublait, collait. Bref, le métier était rentré.
Elle se prenait pour la reine du monde quand elle doublait une twingo et encore plus quand elle arrivait à faire un créneau du premier coup. Elle se sentait si fière à bord de sa petite citadine achetée d'occasion qu'elle lui a même donné un nom : l'éclair noir (ça en jette hein), parce que oui sa voiture est noire et que oui elle a l'impression de rouler à la vitesse de l'éclair (chut la désillusion pourrait être brutale).

A bord de l'éclair noir elle en a fait du chemin, ils en ont doublé des twingo et fait des créneaux ensemble. Et puis un jour, Juliette emménagea dans une grande ville à cause de ses études. Et ce fut une rupture nette et brutale entre elle et sa petite voiture qui ne l'accompagna pas dans sa nouvelle vie. Elle l'aimait trop pour lui infliger les horreurs de la ville. Ici c'est bien simple, pour réussir un créneau il faut taper une fois le véhicule garé devant soit et une fois celui garé derrière.

Juliette assiste impuissante et piétonne (oui je sais c'est triste) à ce ballet désordonné et bruyant de voitures qui doublent furieusement, klaxonnent méchamment, accélèrent et freinent brutalement. Elle ne comprenait plus très bien ce monde qu'elle avait tant aimé, il lui parut soudain grossier, violent et terriblement lent.
Et puis elle aperçu les autres, ceux qui roulaient tranquillement, qui slalomaient entre les voitures avec aisance et fluidité. Ceux qui semblaient plus sereins et pour cause, ils parvenaient à avancer quand tous les autres étaient contraint d'attendre dans les bouchons.

Oui, Juliette trouva ça formidable, même si l'éclair noir lui manquait elle ne put s'empêcher de regarder ces drôles d'engins qui, tiens c'est bizarre, n'ont que deux roues. Ca y est, Juliette avait rencontré Romoto.
La voilà pleine de questions sans réponses : comment ça fonctionne ce truc là, y a même pas de volant ? Pis il les range où leurs courses ? Mais je comprends pas, où est-ce qu'elle est leur boîte à gants (mine de rien c'est important une boîte à gants) ?

Et comme les questions s'accumulaient, elle cherchait des repères, enfin plutôt un repaire où on pourrait lui dire tout ce qu'il y à savoir sur le sujet de ces "autres" et de leur monde obscur.
Etrangement, elle venait de passer du côté sombre, celui dont on lui avait dit tant de mal auparavant. "Oh tu sais, ce sont tous des fous dangereux, ils débarquent sans prévenir dans ton rétroviseur et après ils se plaignent d'avoir des accidents", "les motards, ce sont souvent des types bizarres avec des gros muscles mais pas trop de cervelle si tu vois ce que je veux dire' ou encore "les mecs à moto c'est simple, ils sont tous tatoués et ils roulent comme des dingues". Le pire peut-être c'était le tristement célèbre : "mais t'es une fille, la moto c'est un truc de mecs".

Juliette devait maintenant discerner le vrai du faux au sujet de Romoto, était-il vraiment un mauvais garçon comme tant de personnes le disaient ?
Elle se laissa le temps de la réflexion et elle appris beaucoup de choses dans son fameux repaire. Elle s'émerveilla en apprenant qu'il existait plusieurs types de motos (pour elle c'était plus simple, il y avait les scooters d'un côté, les motos de l'autre), qu'il y avait beaucoup de réglementations et de lois les concernant et qu'il y avait beaucoup moins de mauvais garçons qu'elle le pensait.

Elle entendit parler de mots encore inconnus qui lui semblèrent presque blasphématoires ; fourche télescopique, cadre tubulaire, carter humide et autres termes issus d'une langue qui lui était étrangère. Et elle fut contrainte à faire des mathématiques : 125cm3, 250cm3, 1000cm3,...

Romoto avait tant de mystère (en même temps c'est un dragueur celui-là) et tout ça avait quelque chose de fascinant et d'inquiétant à la fois, elle entrait dans un monde qui n'était pas le sien mais elle sentit qu'il était prêt à l'accepter si en retour elle consentait à s'y intéresser. Et ce fut le début de l'histoire (pas encore tragique) de Juliette et de Romoto.

Attention Kronik ! 100% mauvaise foi ! Ceci n'est pas un article ni une brève (voir historique si nécessaire). L'abus de kronik peut être dangereux pour la santé de certains. Ne pas abuser.

Commentaires

thybull

est ce qu'il va y avoir une suite?

11-02-2013 19:47 
jeandemi

oui, une suite!!!

11-02-2013 20:06 
 

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