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Radioscoopie : Motard de l'été ou de tous les jours

Journaliste, reporter, grand reporter, chroniqueur radio et Rédacteur en Chef sur France Inter...

Serge Martin signe chaque mois une chronique radiophonique sur Le Repaire

A quoi sait-on que l’été est arrivé ? C’est très simple, au nombre de motards rencontrés sur les routes. Là où l’en croise, à l’hiver ou à l’automne, seulement un, deux voire trois, une fois les beaux jours arrivés et sur le même trajet, ce sont dix, vingt, trente et plus s’il s’agit d’une route touristique. Est-ce pour autant qu’il faille faire la distinction entre les roule-toujours, quel que soit le temps et les « lézards », ceux qui ne sortent que lorsqu’il fait soleil ? Pas sûr.

Radioscoopie : Motard de l'été ou de tous les jours

En tout cas si l’hiver ou par temps de pluie il n’est pas toujours facile d’identifier le « rare » motard qui arrive en face, engoncé dans son cuir ou emmitouflé dans son ensemble pluie, c’est beaucoup plus facile l’été.

D’abord il y a le « biker ». Celui que l’on ne croise pas très souvent par mauvais temps mais que l’on reconnaît immédiatement aux beaux jours, les bras tendus, les jambes en avant, vêtu d’un blouson de cuir, parfois à franges, souvent d’un casque « bol » ou « demi-jet », grosses lunettes sur les yeux. La plupart du temps, allez on va dire dans 90% des cas, un harleyiste qui a la fâcheuse tendance et tant pis si ça déplait à certains, de ne pas répondre à votre salut, enfin si vous ne chevauchez pas la même monture américaine que lui. C’est peut-être parfois un cliché mais ô combien de fois vérifié.

Une famille ou plutôt une pratique à laquelle il faut malheureusement bien souvent associer celle des BMistes patentés (ce qui me fait d’autant plus mal que j’en fais partie). Ces quadras pour les plus jeunes ou plutôt quinquas, voire plus, imbus de leur statut ou de leur réussite professionnelle qui, au guidon de leur 1200RT ou pire encore de leur K1600, peinent la plupart du temps, eux aussi, à saluer le manant qui, d’un signe de la main, à l’outrecuidance de vouloir le saluer tel un égal, voire…de le défier. Rassurez-vous ils ne sont heureusement pas tous comme cela et ayant pour ma part adopté, depuis quelques années, par âge et par goût, la marque bavaroise, je suis le premier peiné lorsque l’un de mes congénères rencontrés, adepte du flat-twin ou du 6-cylindres en ligne, n’ose à peine, ou pas d’ailleurs, répondre à mon salut de pure courtoisie. « Chez ces gens là, Monsieur… ».

Et puis il y a la catégorie des « routiers » ou des « grands voyageurs ». Ceux qui au guidon de leur 1200GS, de leur Adventure ou de leur Explorer, BMW, KTM ou autres Triumph, bref de leur maxi-trail chargé jusqu’à la gueule, prennent la route, seuls ou accompagnés, pour un long périple estival. Des motards pour qui « kilomètres parcourus » riment avec plaisir absolu. Des motards jamais avares d’un salut ou d’un geste d’amitié, toujours partant pour une « discute » à la station service, où il faut quand même s’arrêter de temps en temps, ou bien à la terrasse d’un bistrot en bord de route judicieusement placé pour se rincer le gosier.

Mais ce serait réducteur de s’arrêter là. Il n’est pas rare également de rencontrer le sportif couché sur son bolide, l’amateur de roadster, buste en avant, toujours prêts, l’un ou l’autre, à effectuer un petit salut de la main. Sans oublier, bien entendu, l’amoureux des motocyclettes du siècle dernier, celui pour qui deux roues de collection rime avec moto passion, tout fier de sortir « mémère » n’hésitant pas, bien souvent, à faire abstraction de la notion de confort et de sophistication. Un « vrai » motard, toujours disposé à fournir des renseignements ou à livrer des histoires sur le passé de sa « belle » et de ses bielles, celles de Cadix, à l’essieu de velours et d’ailleurs… Des puristes sensibles à cette flamme de convoitise voire de jalousie entrevue dans le regard de tous ceux, spectateurs, passionnés, petits et grands, jeunes et moins jeunes, rencontrés au fil des virées.

Enfin n’oublions pas tous ceux que l’on voit venir de loin, de très loin, vêtus de leur gilet jaune, parfois même de leur casque fluo, ou bien dans des tenues pour le moins voyantes imposées par leur réglementation nationale ou celle de leurs assureurs, ces allemands, autrichiens, italiens, hollandais ou encore anglais qui chaque année viennent avec un plaisir évident rouler sur nos routes et ainsi grossir le nombre des motards de l’été.

Alors certes parmi tous ces motards de la période estivale il y a ceux que l’on appelle communément les « roule-toujours », ceux que l’on continuera à voir sur les routes à l’automne ou même en hiver et puis il y a tous ceux qui, dès les premières ondées, dès les premiers jours de froid ou de mauvais temps rangeront sagement leur moto dans leur parking, leur garage ou leur box pour ne la ressortir qu’au printemps suivant. Mais est-ce là l’important ? Est-il finalement nécessaire de faire la distinction entre ces motards des beaux jours et ceux de tous les jours de l’année ?

Ces deux catégories n’appartiennent-elles pas à la Grande Famille des motards mue par une seule et même passion, celle de rouler en toute liberté (même si celle-ci devient de plus en plus relative…), respirant l’air des pins ou de la lavande, de la pluie s’évaporant du bitume surchauffé, de la fraîcheur d’un sous-bois, des moissons dans les champs et parfois des matières organiques répandues dans ces mêmes champs en guise d’engrais…

Bref elles constituent ce monde de la fraternité motocycliste, parfois tant décrié à l’extérieur et que la focalisation sur des pratiques différentes aurait tôt fait de la scinder et de la fragiliser.

Balade moto et motard

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Commentaires

Tempo

Belle Ode à la tolérance.
Ca fait du bien en ces temps tourmentés.
Tempo

01-08-2016 10:28 
olivierzx

Il manque la catégorie 'short-tongs".

J'ai été doublé sur une portion d'autoroute où je roulais déjà à + 10 compteur par un représentant de cette catégorie sur son Vstrom.

C'est sûr que j'avais sûrement plus chaud que lui avec mon cuir mes gants et mes bottes, mais en cas de gamelle j'aurais apprécié ce surcroît de protection.

D'ailleurs, je l'ai rattrapé quelques km plus loin quand il roulait beaucoup plus tranquillement encadré par 2 Mib ...

01-08-2016 18:09 
Panpan_a_moto

Ben, tu vois, il a aussi sa protection "près du corps" pipeau

01-08-2016 19:48 
Eclipse33

salut à tous. je suis un rouleur de l'année par tout temps (sauf en dessous de -2) et je rejoins notre chroniqueur. Cependant il enreste quand même que la réalité dépasse les editos sympas et réjouissants.Comme le dit notre ami précédemment, les "short/tong" sont nombreux et il n'est pas rare de voir des accidents avec du degat carnés sur le bitume.certes nous faisons partie d'une même "famille" mais vous ne m'enleverez pas de l'idee qu'un motard roulant toute l'année anticipe,aprehende et pilote plus surement en se faisant plaisir,qu'un motard qui s'y remets au printemps pour rentrer sa monture aux premières fraîcheur de septembre.Je roule en Kawa 1000 et il est vrai que l'amabilité des bikers et de certain behemistes laisse a désirer. chacun est libre mais quand un motard me croise et répond a mon salut c'est quand même agréable. Bonne roulade.

04-08-2016 00:16 
Bronco

Désolé mais je suis fatigué de rouler à moto toute l'année; je l'ai fait longtemps, par tous temps... Curieusement je n'y ai plus aucun plaisir.

Alors oui je suis devenu un motard de beau temps:

Moins de 20° dehors? Je laisse la moto au garage.
Menace d'averse? Je laisse la moto au garage.
Mal au cul? Je laisse la moto au garage.

Et le reste du temps, je flâne, je prends du plaisir, et je ne me prends pas la tête pour savoir si ça fait de moi un meilleur ou un plus mauvais motard.

04-08-2016 11:42 
 

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