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Kronik roadtrip Dijon-Camargue 6 : ma moto d'étable galère en Vercors

J'ai crevé de l'arrière et la Gixèfe fait des siennes. Ça commence bien !

Le feuilleton de l'été Dijon-Camargue - Episode 6

Aujourd'hui : direction le Vercors. On remballe les tentes et on part. Enfin presque : j'ai crevé de l'arrière et la Gixèfe fait des siennes. Ça commence bien !

Ma moto d'étable galère en Vercors (c) photo : Tomáš Malík
Ma moto d'étable galère en Vercors (c) photo : TomᨠMalík

J'ai moyennement dormi, cette nuit. Je me réveille lourd, empâté. On remballe notre barda. J'ai cessé d'être étonné de ne plus arriver à faire rentrer dans un sac ce qui tenait pourtant facilement l'avant-veille : ce doit être la célèbre malédiction du campeur.

Gérald se pointe, le nez froncé :

- Jdémar'pu.

- Tudémarpu ?

- Nan. Contact et rien.

- Bigre !

On vire les sacs de la GSX-F pour soulever la selle. Rien d'anormal à première vue : fusibles OK, cosses de batterie serrées.

- Contacteur d'embrayage ?

- Y'en a pas, m'indique Gérald.

Puis il se penche côté gauche :

- Ah ! J'ai trouvé. Contacteur de béquille desserré. Il bouge. Atta…

Il se relève, redresse la moto, actionne le démarreur et vroooop !

Ouf ! Il n'y a plus qu'à sortir la clef de huit pour resserrer le bouzin et on part.

Et en plus, j'ai crevé

Enfin, on part… Façon de parler. Quand je grimpe sur l'ER-5, je sens immédiatement qu'il y a un truc qui ne va pas : elle pèse 30 kilos de plus, ce matin. Coup d'oeil à l'avant : tout est normal. Coup d'oeil à l'arrière : le pneu est affaissé. Pas à plat, mais sérieusement dégonflé.

Je béquille après avoir péniblement poussé la moto sur du dur. Vive les motos livrées avec des centrales ! Je fais lentement tourner le pneu : je cherche le foutu bidule qui l'a percé. Un tour : rien. Un deuxième tour, plus lentement. Le Battlax est entaillé d'une multitude de petites coupures, mais pas de gros clou qui dépasse. Avec ma clef de contact -ce qui n'est pas une bonne idée- je retire quelques cailloux ou bouts de verre plantés dans la bande de roulement.

- T'as crevé ?

- Crevaison lente et je ne vois rien.

Gérald se penche lui aussi au chevet de mon pneu arrière.

- Je ne vois rien non plus.

- Chitte.

- Ouais. Attends, je vais demander aux deux Allemands.

Hier soir, Gérald a taillé la bavette avec un couple de cyclistes qui font le tour du Jura. Comme je parle mal la langue de Rammstein, je n'ai fait qu'écouter.

Au bout de trois minutes, il revient avec une pompe à main équipée d'un manomètre. Il reste 800 grammes dans le pneu. Je pompe (longtemps) pour remonter à 2,2 bars. Oreille collée au pneu, je n'entends pas de sifflement. Je propose :

- On roule et on voit ?

- OK : passe devant. Roule peinard ?

- Vé, vé.

Je fais mes premiers tours de roue sur des œufs. Nous allions pour sortir du village quand Gérald me dépasse en trombe et me fait signe de me ranger :

- Il y a un garage voiture à droite. On va lui mettre un vrai coup de gonfleur.

Dix minutes et un billet de 5 euros plus tard, je repars avec 2,5 bars dans le pneu arrière après avoir porté la pression à 3,8 bars sans rien constater d'anormal.

Tout à coup, rien ne va plus sur la moto

C'est tendu que j'aborde les premiers virolos. Tout à coup, plus rien ne va sur la moto : le moteur vibre de manière anormale, il ne prend plus ses tours, ça bouge de l'avant, ça glisse de l'arrière, elle ne freine plus et mon chargement est en train de se faire la malle. Je m'arrête.

Non, tout ça c'est juste dans ma tête : je suis en train de me faire un film. Je fais signe à Gérald que tout va bien et je remonte en selle. Il n'est pas loin de onze heures : on ne sera jamais pour le dèj' à Saint-Nazaire-le-Désert.

Cette histoire de crevaison me gâte la première moitié du chemin : je roule bien trop crispé, redoutant de sentir l'arrière se dérober brutalement. Je ne me calme que sur une portion de route sublime après Saint-Etienne-de-Crossey.

Dans la banlieue de Grenoble, je fais un crochet par une station-service. 2,6 bars. Rien d'inquiétant. Nous repartons. Gérald me laisse passer devant. Direction Villard-de-Lans puis une ville dont le nom me fait rire : Chamaloc. Ça fait héros de bandes dessinées burlesque.

Je fais ronfler le twin pour doubler entre les quelques lacets qui marquent l'entrée du plateau du Vercors. Je crois que je n'ai jamais mis les pieds (ni même les roues) ici, alors que le nom de Villard-de-Lans m'est familier. Un de ces noms que j'ai retenu pour une raison que j'ai oubliée.

La route est plus fréquentée. Il est cependant facile de doubler. J'oublie un peu Gérald derrière moi : il a le moteur pour me rejoindre s'il se laisse distancer et il faut reconnaître qu'il roule plus vite que moi. Si nous échangions de machine, il n'aurait sans doute aucun mal à suivre.

Trop tard à Saint-Nazaire

Ce n'est que vers quinze heures que nous arrivons au camping de Saint-Nazaire. Bien trop tard pour faire la boucle que nous imaginions dérouler vers Gigors, d'autant que la petite piscine de notre maison de deux nuits me fait de l'oeil.

Je te laisse avec cette vanne qui nous a fait glousser bêtement pendant tout le temps qu'on montait les tentes. Gérald regardait ma moto, avec son unique pare-carter, son protège-pot, son réservoir réparé à l'arrache et son saute-vent aussi moche qu'efficace, en comparaison de sa GSX-F presque digne d'un maniaque et il me balance :

- Dans le fond, c'est une moto d'étable.

- D'étable ?

- Ouais, une moto d'étable. L'inverse d'une moto d'usine, quoi.

N.B. c'était la route que l'on devait prendre si on n'avait pas eu les pépins au départ.

Plus d'infos sur la saga de l'été

Si vous avez manqué les précédents épisodes :

Attention Kronik ! 100% mauvaise foi ! Ceci n'est pas un article ni une brève (voir historique si nécessaire). L'abus de kronik peut être dangereux pour la santé de certains. Ne pas abuser.

Commentaires

pretexte

Ah les crevaisons! Moi je n'ai même pas eu le temps d'angoisser, ma dernière était très rapide. Le temps de s’arrêter pour mettre les combin de pluie et le pneu était plat. 5 heures pour la réparation entre la dépanneuse, la pause resto pour le garage, la discute tranquille du garagiste de campagne qui parle de tout et de rien. Mais au moins ce garage à bien voulu me dépanner contrairement au concess de "la grande ville" pour qui le samedi est un jour trop occupé.

18-08-2020 09:46 
Bee Loo

J'aime bien le "bigre" et le "chitte" !

18-08-2020 11:51 
dood

C'est moi ou on n'a pas le tracé question
(Pour le retour, j'ai des suggestions) respect

18-08-2020 12:12 
Peterpan

Si pas crevaison lente:

1/Peut être jante un peu déformée et tu perds de la pression dans les virages de montagne !

2/ voir fuite coté valve

3/ ton copain t a fait une farce dans la nuit !

18-08-2020 12:33 
Aristoto

Ballade de 400 kms dans les Chartreuses et l'Oisans aujourd'hui... ô que de virages et bcp de plaisir.

Très sympa ce road trip simple et authentique, bon vent jusqu'en Camargue.

19-08-2020 00:21 
KPOK

on pense aussi que c'est la valve qui fait des siennes : elle n'avait plus son bouchon au départ.

19-08-2020 08:47 
Jefc

Si on pouvait avoir une photo de la moto d'étable ce serait sympa :)

19-08-2020 10:10 
Peterpan

Le bouchon sert à protéger la valve..principalement contre la poussière qui pourrait s accumuler autour du pointeau et provoquer une légère perte de pression !

V

19-08-2020 12:36 
KPOK

oui, il faudrait pouvoir souffler les poussières avec un peu d'air sous pression, par exemple, mais comment faire ? sourire

20-08-2020 09:13 
Peterpan

Désolé mais mes compétences s arrêtent là !??...et faudrait demander à plus expert que moi ! lol clin d'oeil

Sinon oui cela me parait une bonne idée !..pas sur du résultat mais faut essayer !

20-08-2020 12:50 
caillou38

Pour nettoyer l'obus,
tu vas dans un garage ou une station de montage de pneus, tu empruntes un démonte-obus (c'est son nom), tu le sors et hop un coup de soufflette, ou mieux, tu le changes. Et hop, remontage, gonflage et roule mon "étable" !
Bon road-trip...super

20-08-2020 14:38 
 

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