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Les Millevaches

Une concentration hivernale historique, crée en 1969 et désormais dédoublée en deux formats

L'esprit de la rencontre authentique entre motards

PLes millevachesas de voiture : la règle est stricte et aucun engin à quatre roues n'est autorisé à s'approcher du camp où se tient l'hivernale des Millevaches. Ce n'est pas toujours pertinent de ranger les gens dans des catégories, mais il y a quelques années de cela, les motards se départageaient entre "les purs et durs" et les autres. Les premiers mettaient un point d'honneur à rouler partout, tout le temps, dans toutes les conditions ; voire à prouver qu'ils savaient se surpasser et aller à la racine de l'esprit motard en participant à des hivernales, ce qui permettait de démontrer à tous leur détermination et leur résistance au froid.

C'est ainsi que nombre de motards français se rendaient aux Elephants, en Allemagne, une hivernale mythique créée en 1956 se tenant traditionnellement fin janvier ou tout début février, ou encore aux Dragons, le pendant britannique de la chose, qui se tenait dans le nord du Pays de Galles depuis 1962, généralement le second week-end de février.

Et en France ? En France, rien. Pourtant, si on n'a pas de pétrole, on est censé avoir des idées.

C'est ainsi qu'en 1969, à l'initiative de Michel Perdrix, se tient un rassemblement de motards dans un endroit isolé et connu pour son climat rigoureux : le plateau des Millevaches, un grand socle granitique perché à près de 1000 mètres d'altitude dans le nord du Limousin et qui tire son nom, non pas d'une riche présence bovine, mais de ses petits lacs (mille acqua, en langue ancienne - ironie de l'histoire puisque les participants ont plutôt tendance à ne pas trop en boire, de l'eau).

La première édition dépassa les espérances de ceux qui voulaient montrer à quel point ils étaient des purs et durs. La température descendit en effet jusque - 18°C et il neigea en abondance. De fait, ceux qui s'y sont rendus ont sérieusement bravé les éléments, bien galéré sur la route pour finir de se les geler en profondeur une fois arrivés sur place : le bonheur, donc. Vu les conditions, certains étaient arrivés de nuit et avaient même dû abandonner leur machine contre un arbre, dans la dernière montée devenue impraticable, pour aller chercher refuge ailleurs. Sur environ 250 participants, seulement une centaine ont alors réussi à accéder au campement.

Parfait pour construire la légende ! Et une légende internationale, même, puisque quelques équipages étrangers avaient fait le déplacement pour cette première édition, dont des Anglais sur des side-cars motorisés par des Vincent et Velocette. Il y avait aussi des Autrichiens et des Allemands.

Le reste de l'année, les motards qui se baladaient sur les circuits ou d'une concentration à l'autre et qui arboraient sur leur cuir le badge des Millevaches profitaient d'une aura bien supérieure aux autres. A moto, la Route reconnaît toujours les siens.

5 ans d'existence et une réputation éternelle

Malgré la disparition soudaine de Michel Perdrix en 1971, sa tendre épouse Annick continua d'organiser l'hivernale jusque 1974, année où des troubles à l'ordre public obligèrent les autorités à suspendre les autorisations. Rideau.

Les millevaches, dessin

Mais les légendes ont ceci de supérieur sur l'ordinaire qu'elles renaissent de leurs cendres. En 2009, le Moto Club Meymacois (Meymac étant à proximité du plateau des Millevaches), décide de relancer l'événement. Le succès fut immédiat avec près d'un millier de participants la première année, plus de 3.000 les années suivantes, en dépit d'une météo très (trop !) clémente lors des éditions 2014 et 2015.

Hélas, la mémoire collective est parfois sujette à des interprétations diverses. C'est ainsi que, après quatre années du Millevaches du renouveau, le schisme eut lieu. Se créa une seconde entité, qui jugeait que l'édition moderne ne correspondait pas aux valeurs de Michel Perdrix et a créé en parallèle, en 2013, une seconde concentration : les Millevaches Authentic, qui est organisée dans le parc naturel des volcans d'Auvergne.

Dans les deux cas, ces événements sont l'occasion de partager sa passion motarde dans l'air frais du centre de la France, avec de longues soirées de discussion au coin du feu, les pieds dans la neige... En tous cas, le succès semble perdurer : on note déjà plus de 2650 inscrits pour l'édition 2017 organisée par le Moto Club Meymacois.

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