Yamaha R6 2006

L'essai est particulier pour 2 raisons. La première, c'est que je suis jeune permis je termine ma première année. La seconde, c'est que je roule sur un bandit 650. Autant dire que c'est pas ici qu'on lira qu'une sportive de 600cc n'a rien dans le sac. Un essai de novice pour les novices.

Donc direction mon concessionnaire, histoire de causer occasions et promotions. Je tombe sur un R6 2006. C'est beau, mais c'est petit. Limite plus compact qu'un Varadero 125... Un essai en statique, j'ai l'impression d'être directement sur la roue avant. Enfin on va quand même l'essayer, c'est le seul concess qui accepte de me confier des clés. Même si celle là ne me convient pas, au moins je saurais ce qu'est une sportive. Le moteur chauffe pendant les recommandations d'usage. pour résumer, le gars me demande de ne surtout pas me croire sur un bandit Par contre la batterie est déchargée, pas le droit de caler. Vu que ça commence par un 1/2 tour en plein carrefour, je m'attends à ce que l'essai s'arrête au niveau du trottoir d'en face. Petit sourire du vendeur, qui a ensuite le bon goût de retourner bosser. No pressure.

Allez zou, on débranche le cerveau et on monte. Un barouf d'enfer. Ca promet de belles migraines si j'oublie les bouchons d'oreille pour un long trajet... Je règle les rétros, on voit bien les coudes, un peu la route. J'attrape les guidons, première impression, faut les chercher assez bas, mais je m'attendais à pire. J'ai les pieds bien à plat (1m75), la moto est super légère. En comparaison, sur mon b6 les talons ne touchent pas le sol et vaut mieux pas être déséquilibré.
On va peut-être passer la première. Et c'est là que la position devient spéciale. Faut vraiment remonter les jambes pour atteindre les cale-pieds. Les genoux se placent contre le réservoir. La moto démarre doucement, on sent bien qu'elle n'est pas à l'aise sous les 2000, ça broute un peu, mais ça passe. Le rayon de braquage me parait correct, en tous cas le 1/2 tour s'est bien passé. Arrêt au feu, petites douleurs aux pouces à force d'être en appui, et seulement au bout de 2mn... J'avais déjà des courbatures plein la nuque, j'ai du mal à redresser la tête. Par contre les contrôles latéraux se font plus facilement.

On continue, une nationale avec des grandes lignes droites comme y'en a plein en idf. 1ère, 2de. On ouvre un peu, le compteur atteint vite les 70. Sous les 4000, on n'a aucune sensation, même si paradoxalement le compteur monte plus vite qu'un b6. Passé les 4000, ça pousse plus fort que mon b6 à 10 000... à 8000 on se retouve au dessus des limitations, je n'ai pas pu aller plus haut et pour une prise de contact, les bracelets ça va, les gourmettes c'est moins bien. La poignée de gaz a une action très courte. 1mm d'ouverture pour accélerer, et la rotation maximale s'atteint facilement (testé moteur arrêté...). En comparaison il est quasi impossible d'aller à fond sur un bandit sans déplacer la paume en cours de rotation, sinon le poignet prend un angle assez douloureux. C'est un gros gain de confort. D'ailleurs en parlant de confort, la selle est très ferme. J'ai une pensée émue pour ma femme. Moi j'aurais un appui sur mes bras, elle se prendra tout directement sur les fesses. Je note de lui prendre un abonnement au Gymnase Club, va falloir muscler tout ça.

Le freinage, c'est ce qui me faisait le plus peur. Dans tous les essais on lit qu'une sportive freine ultra fort. C'est vrai... J'ai l'impression d'effleurer le levier, ça freine fort. Au bout de 3 feux rouges, on peut freiner doucement, mais au moindre raidissement, c'est la bulle et le réservoir anguleux dans les parties adéquates. Le frein arrière fonctionne bien, on peut arrêter la moto avec. Sur un b6, faut appuyer vraiment fort pour que ça ralentisse un peu et la moto s'arrête sur 200m. Côté positif de l'opération, je double les distances de sécurité pour ne pas avoir de reflexe malheureux. Côté négatif, je me fais dépasser par les livreurs de pizza... :)

J'ai dû ouvrir à 2% des capacités de la moto, et vu les vitesses atteintes, on ne va pas parler de prise d'angle. La position est physique, faut se faire violence, à l'opposé d'un roadster. Mais c'est un vrai vélo. Le poignet bouge d'un mm, on effleure les freins là où un b6 est au taquet. Tout ça plus le bruit du moteur, ça procure un plaisir énorme!

bon, la moto est mienne depuis samedi, il est temps de faire autre chose que rouler sous les 4000... c'est parti pour 2 trajets de 80 bornes que je connais bien, histoire de ne pas avoir à penser aux directions.

en ville. on parle d'enfer, ben à côté du b6, c'est un plaisir. 180kg à tenir à l'arrêt, c'est bien plus facile que 220. Ca part tout seul, certains demi-tours sont un peu compliqué mais je ne l'ai pas encore en main. Il n'y a que deux souvis, le moteur chauffe vite et mes cuisses avec... et les rétros ne permettent pas de voir sur les côtés ET derrière soit. Pendant une remontée de file, on voit un motard derrière en se contorsionnant un peu.

Le tableau de bord est un peu décevant. Le bas du compte-tour est caché par des fils, la vitesse est écrit en police 2, le kilométrage encore plus petit, et il parait qu'il y a la température. Pas de jauge. Un chrono. Ca va me servir quand j'irais chercher le pain. Ca s'éclaire en rouge, c'est assez joli mais j'ai connu plus lisible.

autoroute. je me retrouve sur l'A4 puis l'A86 fluides, j'ouvre avant de me poser des questions. Ca pousse tout le temps, les dépassements se font sans y penser. La moto transmet toutes les irrégularités mais garde son cap. A certains endroits je sentais des mouvements de guidon pas rassurant, là ça ne bouge pas d'un pouce. C'est peut-être le moment de regarder le compteur, 160... le vent soulage la pression, la position devient vraiment sympa.

nationales. petit tour par Dampierre et ses 17 erzatzs dimanche après-midi. La descente se fait pépère, je teste un peu tout. La position est impressionnante en descente. Petite pensée pour Juju, on en avait parlé pendant la Tortue. La moto penche progressivement et va où je regarde. On peut garder le frein avant, le comportement est quasi le même. Sous 8000 tr, ça manque de reprise, on est en style balade. Au dessus, ça reprend tout seul. 60 dans le virage, 120 en sortie, le tout sous contrôle. Sur mon b6 j'avais l'impression que le cadre se déformait, là rien. Impossible de trouver un défaut, la moto penche et on a beaucoup de marge en cas d'optimisme. Les dépassements se font toujours aussi facilement, la moto jaillit d'un coup et le freinage est tellement bon qu'on est sûr de pouvoir retrouver une allure raisonnable avant le virage.
J'en étais à tester la moto, à tripoter parfois le tableau de bord, lâcher une main, le cirque Pinder en tournée, j'ai quand même rattrapé un cbr. Le gars sortait la viande à chaque virage, il m'a fait de la peine. Hop, pilotage DD approved, on se le pourri. Les mauvais c'est fait pour rassurer les moins mauvais.
Petite pause. J'ai fait 50 bornes, j'ai mal aux poignets, aux pouces, à l'aine et aux abdos. On repart, va pas falloir me chercher pour la montée des 17. Alors c'est simple, plus on va vite, plus c'est facile.

Capital frime: je m'arrête à un feu à côté d'une décapotable full package, kéké au volant, blondasse à droite. Grosse crise de jalousie en direct. Ma tenue m'oblige à rester modeste. bottes pantalon blouson gants visière fumée, y'a pas un mm de moi qui a dû jouer dans cette histoire.