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MotoBrev Nouveau sujet

Une pauvre Histoire.......

avatar Motard passager 08-01-2003 00:57
Une pauvre Histoire.......

Je me souviens! C’était en 2002! A cette époque, le ministre des transports s’appelait Gaysot. Ses mesures pour la sécurité routière prêtaient à sourire, du moins, au début:

Prison pour excès de vitesse de plus de 50 km/h, obligation de délation, propriétaire payeur…
Pour un homme de gauche, il n’avait proposé que des mesures dignes d’une extrême droite d’un autre temps.

Mais hélas, ce n’était pas une blague, au contraire, c’était bien réel! Déjà quelques conducteurs, motards ou automobilistes, étaient «tombés». Cela allait du VRP pressé, à l’étourdi qui n’avait pas vu assez vite que la limitation de vitesse avait changé. Bref, plutôt que d’être vraiment efficace contre les chauffards, ce sont des braves gens qui en faisaient les frais!

En toute logique, on pouvait croire que ça allait cesser! De part les manifestations de motards vite rejoints par certains clubs automobiles.

Mais rien n’y a fait, et rien n’empêcha le fou de faire voter ses lois! A croire que le Sénat était aveugle et les autres ministres complices.

De plus en plus de flic sur les routes, de plus en plus de fric dans les caisses de l’Etat, c’était ça! Sous couvert d’une pseudo sécurité routière qui ne traitait pas le fond des problèmes de la route.

Peu de temps après, le retrait de permis fut possible sur-le-champ pour tout dépassement de plus de 40km/h! Et ce, même par le petit flicard de quartier!

Je vais vous raconter l’histoire de ce brave homme, Antoine, pour qui tout va basculer du jour au lendemain, une longue descente aux enfers, qui aurait peut-être put être évitée, qui sait?



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Cet après-midi-là, Antoine se rendait chez un client, avec son propre véhicule. Une simple berline, tout ce qu’il y a de plus simple pour un jeune père de famille bien comme il faut. L’autoroute est déserte, il en profite pour «écraser le champignon» et rattraper le retard qu’il avait pris au bureau. Il avait dû régler deux ou trois papiers urgents avant de partir.

En espérant arriver à l’heure à son RDV, le compteur monte, pas très grave sur cette autoroute à deux fois trois voies, totalement déserte. Très rapidement, le compteur dépasse 170 km/h. Quand il remarque sous un pont, une voiture stationnée…

Trop tard! C’était un radar! Confiant, il se dit que de toute façon, il ne roulait pas très vite. Non, ce qui l’inquiétait le plus, c’était l’heure qui tournait, il va définitivement arriver en retard!

Le péage! Comme prévu, les motards de la gendarmerie sont là. Il passe à la caisse autoroutière, s’acquitte de la «facture» pour avoir roulé sur ce ruban d’asphalte.

Les gendarmes lui font signe de se garer plus loin, il s’exécute. Cherche dans son portefeuille ses papiers, pour gagner du temps, et vite repartir. Sauf que, contrairement à d’habitude, on lui dit de sortir de son véhicule. De nouveau, il s’exécute.

«Fermez vos vitres monsieur! »

- Pourquoi? questionne t-il.

- Parce que ça risque d’être long.»

Inquiet, il suit les deux hommes dans un bureau, s’assoit. Le premier gendarme le questionne:

«- Vous savez à combien vous rouliez?

- En toute sincérité monsieur, je n’ai pas regardé mon compteur, mais j’ai un RDV extrêmement important! Je devrais déjà y être vous savez…

- A combien les autoroutes sont-elles limitées?

- Et bien, à 130 monsieur… Mais s’il vous plait, dépêchez-vous, je vous en prie, ce RDV est vraiment important! Je pourrais risquer ma place si je le loupais!»

Et là, un des gendarmes répond froidement:

«- De toute façon, c’est loupé! Vous avez été contrôlé à 183 km/h, c’est le retrait de permis monsieur, à effet immédiat!

QUOI??? Mais c’est pas possible!!

Là, les questions se bousculent dans sa tête, s’entrechoquent les unes aux autres, sa respiration se coupe, son cœur bat trop vite, c’est la sueur froide…

Mon RDV, mon travail, ma famille… sans voiture, mais comment vais-je faire?

Le gendarme, toujours d’un ton sec lui demande ses clefs.

«- Mais? comment vais-je rentrer chez moi?

- Nous n’en sommes pas là, lui rétorque le «poulet» on a des papiers à remplir!

Pressé de rentrer et de sortir de ce cauchemar, Antoine signe tous les documents qu’on lui demande, dont la case «Je reconnais les faits »

Il voit passer sa voiture, sur un plateau. Il comprend vite qu’elle va être mise en fourrière.

«Comment pourrais-je la récupérer?

- Vous devrez vous acquitter du montant du transport, puis des frais de fourrière, ce qui fait 140 €, vous avez également une amende forfaitaire de 92€ pour l’excès de vitesse, si vous payez dans les 3 jours. Viennent s’ajouter les frais de gardiennage journalier du véhicule. Quelqu’un peu venir vous chercher?

- Heu, oui, ma femme, je peux l’appeler?»

Après quelques explications confuses, sa femme prend la route pour venir le chercher, par cette même autoroute, en s’acquittant de nouveau des 11 € pour le péage. Elle vit son mari, là, dehors, pensif, pâle…

Il monte sans un mot dans la voiture. Et les voilà de nouveau sur cette autoroute, de nouveau 11 €. Une fois à son domicile, Antoine va tout de suite dans la chambre, sans même dire bonjour à sa petite fille de 5 ans.

Il s’assoit sur son lit, en cogitant, n’arrivant pas à comprendre pourquoi, pourquoi cet acharnement? Il n’en dort pas de la nuit, réfléchissant à ce qu’il pourrait dire à ses supérieurs. Il n’y avait pourtant qu’une chose à dire… la vérité.



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Le lendemain, il part travailler avec les transports en commun, va voir son chef, et lui explique.

«Et comment on va faire? Comment vous allez pouvoir travailler maintenant? Qu’est ce qu’on va faire de vous?»

Le sang de d’Antoine ne fait qu’un tour! Il est prêt à tout pour conserver son travail!

«Tant pis! Je ferais comme si de rien n’était, je conduirais quand même! Et je demanderais un permis blanc au tribunalpendant mon procès !»

Cette solution semble convenir à son supérieur, après tout, ce n’est pas lui qui prend des risques.

Il décide d’aller chercher la voiture, et de la ramener lui-même! Il en parle à un de ses collègues, qui est surtout son meilleur ami. Malgré les recommandations de ce dernier, rien n’y fait, il est décidé!

Les voilà donc partis sur la moto du collègue, en direction de la fourrière. Son ami est un motard de longue date! La route, il la connaît, il a traversé la France et l’Europe avec ses motos, les dangers, les risques et les flics, ça le connaît. Et il le sait, mais il (qui il???) est complètement hermétique aux recommandations de ce dernier. Devant la fourrière, il tente une dernière fois de le raisonner. Mais Antoine est trop décidé! Lui qui est pourtant si raisonnable, il semble devenu fou!

Il s’acquitte donc des «forfais» de la fourrière, et monte dans sa voiture fraîchement «libérée».

Il retourne vers son domicile, avec son ami devant. Ce dernier ayant la ferme intention de le convaincre d’attendre le procès. Ils arrivent en ville, la moto roule doucement pour ne pas semer la voiture. Quand, a une intersection, une voiture grille le feu, venant percuter de plein fouet la moto! Le choc est terrible!! La moto est projetée en l’air avant de s’écraser lourdement plusieurs mètres plus loin, tandis que le corps du motard s’écrase littéralement sur le pare-brise, avant d’être lui aussi propulsé en avant, tel un pantin désarticulé.

«NAAAAAANNNNNNNNNN!!!! C’est pas possible!»s’écrie Antoine en sortant de sa voiture, regardant son meilleur ami gisant sur le sol, dans une marre de sang!

Antoine resta là, un instant, choqué…

Quand il entendit un bruit de démarreur! L’assassin essayait de redémarrer sa voiture!! La colère monta d’un coup! La tension nerveuse accumulée depuis la veille lâche, et il saute sur la voiture, sortant son conducteur et le rouant de coups! La police arrive, les sépare.

Tous deux sont conduits dans la fourgonnette.

«Je veux voir mon ami !» dit-il…

Mais il voit les pompiers le mettre dans un «sac» blanc…

Il tombe dans les pommes.

Quand il se réveille, il est à l’hôpital, menotté à son lit. A ses côtés, une infirmière et un policier.

«Ha! Enfin, il se réveille! s’écrie le policier.

-Allez-y doucement, il est en état de choc» rétorque calmement l’infirmière.

- Nous avons dû vous menotter car vous avez eu un comportement dangereux, vous avez cassé le nez d’un automobiliste.

- Mais il a tué mon ami !

- Vous êtes témoin, nous avons besoin de votre déposition.»

Donc il raconte ce qu’il s’est passé et le policier l’interrompt:

«Vous étiez dans la voiture derrière, c’est bien ça?

- Oui

- Donc au volant?

- Oui

- On vous a retiré votre permis hier pourtant! (BEN COMMENT QU’IL LE SAIT LUI!)

- Oui

- Désolé, mais je suis dans l’obligation de le signaler dans mon rapport.

Après sa déposition, un médecin l’examine, lui prescrit des antidépresseurs, et un arrêt de travail.

Le lendemain de sa sortie de l’hôpital, il reçoit un recommandé lui demandant de se présenter au tribunal en tant que témoin de l’accident.

Devant le juge, il explique ce qui s’est passé, il apprend par la même occasion que le meurtrier avait 3g d’alcool dans le sang et roulait sans assurance. «Mais comment est-ce possible? Comment peut-on être aussi irresponsable» se dit Antoine.

Il se dit que la justice va être faite, et que son ami serait vengé. Le verdict tombe, 36 mois de prison, dont 24 avec sursit et 1 500 € d’amende!

Il n’en revient pas! Malgré tous les éléments contre le chauffard, il s’en sort vraiment bien!

Complètement dépité, il rentre chez lui, pensant à son ami, ses récits de balades, sa passion pour la moto, sa morale sur la façon de se comporter en ville sur la route… Des kilomètres, ils en avaient parcouru ! Toujours là pour aider, pour rendre service, c’était vraiment un ami sur qui on pouvait compter.

On lui a retiré le droit de vivre, alors que tout ce qu’il voulait, c’était justement mordre la vie à pleines dents.

Antoine se dit que le jugement rendu était faible par rapport aux actes, mais de toute façon, c’est pas ça qui pourrait faire revivre son ami, la fatalité a frappé!

En arrivant chez lui, il embrasse fort sa petite fille, serre sa femme dans ses bras, et après tout, c’est pas par ce qu’on lui a retiré ce @!#$ de permis que la vie s’arrête pour lui! Il y a plus grave! Mais les images de l’accident passent et repassent dans sa tête. Entremêlé avec les mots de son chef «Mais que va-t-on faire de vous?».

Vraiment, trop de choses, le travail.



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Son arrêt maladie terminé, il retourne au bureau et se fait convoquer dans le bureau de son chef.

Celui-ci apprend à Antoine qu’il va se faire licencier.

«Mais c’est pas possible? Pour quelle raison?

Faute grave, vous n’avez pas été chez le client comme c’était convenu et vous avez commis un délit pendant votre temps de travail.»

Alors qu’il commençait tout juste à refaire surface, ces phrases sonnèrent comme son arrêt de mort! Quelques jours plus tard, le recommandé avec accusé de réception pour l’entretien préalable au licenciement arrive.

Malgré l’assistance du représentant du personnel et d’un syndicaliste, rien n’y fait, le couperet tombe, ses supérieurs lui font une «fleur» et l’autorisent à ne pas venir pendant le préavis, qui sera payé de toute façon.

Quel cadeau! Restant seul chez lui, il se morfond dans sa crise de nerf, rien ne va plus, il est désagréable avec sa femme, voire même infect ! Son état empire de jour en jour.

Bientôt, l’abus d’alcool vient rejoindre le prozac, cela faisait 6 ans qu’il travaillait là, et avec tous ces récents événements, il ne se sent pas la force de chercher un nouveau travail pour le moment. Puis, de toute façon, sans permis…

Vient la convocation au tribunal pour son excès de vitesse.

A l’énumération des charges retenues contre lui, il sursaute! C’est son deuxième «très grand excès de vitesse» de l’année! Il ne s’en souvenait plus, il y a presque un an, sur une route secondaire, il avait été contrôlé à 120 sur une route secondaire, une portion limitée à 70.

Il n’avait pas vu le panneau et croyait être limité à 90!

Le juge savait également qu’il avait conduit après sa suspension de permis et semble avoir pris sa décision.

Quand le juge prononça la sentence, Antoine crut mourir!

«- En fonction des charges retenues contre vous, la cour vous a condamné à 18 mois de prison, dont 12 avec sursis et une amende de 1 500 €.

- C’est un cauchemar! Je vais me réveiller! C’est pas possible! Pourquoi, moi j’ai tué personne, c’est pas possible! Non! NOOON!!! NOOOOOOOON!!!!!!!!!!!!”




Le voilà donc en prison, enfermé dans cette petite pièce sale, confiné dans ces 12m² qu’il doit partager avec Franky, avec qui il ne parle pas. Les autres prisonniers ont vite compris qu’il ne s’agissait pas d’un dur.

Il passe son temps à écrire, écrire à sa femme, sa fille, ses proches, il appelle à l’aide! Et on lui répond toujours la même chose:

«T’en fait pas, ce n’est que 6 mois, c’est pas long, courage!»

Pas long? Mais qu’en savent-ils? Est-ce qu’ils savent ce que ça fait d’être là, enfermé dans cette pièce sombre? Rien que la vue des barreaux et des barbelés dehors est insupportable! Et ces chiottes dans la chambre! Avec ce qu’ils donnent à manger ici, ça pue! Et chier quand quelqu’un te regarde, c’est dur, trop dur!

Ça faisait tout juste 15 jours qu’il était arrivé, quand, à la douche, un autre prisonnier lui donne un grand coup de coude! Le gaillard qui venait de le frapper mesurait facilement 1.90m et faisait allègrement ses 100 kg de muscles.

«Mais pourquoi? dit Antoine, surpris

- Ta gueule! Lui répond l’autre, en lui envoyant une droite.»

Le coup fut terrible! Il en tomba à la renverse, poussant un autre prisonnier dans sa chute.

«Qu’est ce tu m’fais? T’en veux une, fils de @!#$? lui dit le deuxième.

- Pardon, pardon, désolé s’écrie Antoine, gisant sur le carrelage moisi des douches.

Mais c’est trop tard, le gars lui a envoyé un coup de pied dans la tête, suivi par encore un autre prisonnier qui lui saute dessus, les genoux en premier! Vlan! De tout son poids, il vient s’écraser sur les côtes d’Antoine.

Alertés par le bruit, trois gardiens arrivent, mettant fin au lynchage.

Antoine est là, sur les petits carreaux de couleur, dont les joints sont verts à cause de la moisissure. Il ne peut plus bouger, son sang coule sur son visage, il a du mal à respirer tellement ses côtes le font souffrir. Les gardiens le relèvent, sans délicatesse, violemment même! et le traînent jusqu'à l’infirmerie.

Là, un infirmier le «tripote», lui met du coton dans le nez, un pansement sur l’arcade.

«Et mes côtes? Vous ne faites pas de radio?

- Tu te crois où? répond-il sèchement.

- Mais elles sont cassées! J’en suis sûr!

- Bin alors tu vois, ça sert à rien de faire des radio! Puisque tu en es sûr!

Abasourdi par ce qu’il venait d’entendre, Antoine ne put prononcer 1 mot.

Cette nuit, il la passa à l’infirmerie. Son voisin de lit engage la conversation:

« Hé bin! Ils t’ont pas loupé les salauds! Ils sont vaches quand même! Mais ça les amuse, alors…

- Et toi? dit Antoine, t’es là pour quoi?

- Un braquage qu’a mal tourné, on s’est fait niquer par les keufs direct!

- Heu, nan, je voulais dire, pourquoi t’es à l’infirmerie?

- Ah! Ils m’ont refilé la chiasse avec leur bouffe de merde!»

Ça faisait un moment que ce n’était pas arrivé, mais le visage d’Antoine fut éclairé par un sourire.

«Et comment t’appelles-tu?

- Moi c’est Sergio, et ici, on me connaît bien! On m’fait pas chier, les gars ici savent qu’il faut pas me faire chier! Sinon, je coupe les fonds!

- Comment ça?

- Ch’uis en biz’biz’ avec les gardiens, c’est moi qui fait rentrer presque toute la came ici!

- La came?

- Oui, la poudre, t’es vraiment un niais toi? T’y connais rien, hein?

- Bin, oui, sûrement…

- J’vais t’expliquer, mais garde ça pour ta gueule, sinon je t’explose ta face! La moitié des mecs qui sont ici sont des tox, ils se démerdent pour se trouver de la caillasse et moi je leur refourgue la came. C’est comme ça que je les tiens! Dehors, mon reuf deale toutes les semaines, il voit un gardien, qui me refile la came à l’intérieur, c’est tout!

Sergio se lève de son lit. Dans la lumière, on distingue ses traits. C’est un dur, c’est marqué sur son visage, le regard perçant, les yeux froncés, la bouche formant une petite moue.

«Bin dis donc! Ils t’ont vraiment pas raté! Comment qu’ils t’ont explosé!

Et là il explose de rire. Un rire communicatif, qui fait sourire Antoine.

- Ecoute mon gars, je sais pas pourquoi, mais je t’aime bien, les mecs tombés du nid ici, ils font pas long feu! Ils ont commencé par te niquer la gueule, après c’est après ton @!#$ qu’ils vont en avoir!

- Merde… comment faire?

- Je te propose un marché si tu veux. Ici, y’a que des racailles! Tu peux faire confiance à personne! Toi, je suis sûr que je peux compter sur toi! T’es prêt à me rendre service?

- Si je comprends bien, c’est soit ça, soit me faire enfiler!

De nouveau, Sergio explose de rire, Antoine aussi, mais tout de suite, ses côtes le rappellent à l’ordre.

- Dans 2 semaines, je sors, sauf que mon biz, j’y tiens, je me fais un max de blé, ça me ferais chier de le lâcher! J’ai besoin de quelqu’un dedans, ça te tente?

Antoine reste silencieux, mais après tout, il est resté honnête toute sa vie, il a payé ses impôts, ses taxes, il n’a jamais fait de mal à personne, mais il est là. Il est en taule lui aussi… Ce sera sa vengeance!

«OK, ça marche! Pas de problème! En échange, c’est la sécurité, c’est ça?

- Ouais, je connais suffisamment de monde ici pour que plus personne ne te touche!

- Je veux plus que ça!

- QUOI? !

- Je veux des tunes aussi!»

Sergio fronce ses sourcils, sa mâchoire se crispe, ses poings se serrent. Antoine regrette déjà ses mots, mais il ne le montre pas, il reste là, de glace… Sergio explose encore une fois de rire!

«C’est bien, t’as des @!#$! Il faut dans le biz’ OK, je te lâche 1000€ par semaine!»

D’abord impressionné par la somme, Antoine lâche un OK! Les jours suivants, au réfectoire, dans la cour, dans la douche, Antoine ne lâche pas Sergio, qui l’affranchit sur son biz’, lui présente les caïds de la prison, les gardiens pourris. Comme ça, Antoine sera prêt la libération de Sergio

Chaque semaine qui passe, au parloir, la femme d’Antoine voit bien qu’il se passe quelque chose, son vocabulaire change, les expressions de son visage aussi. Il s’est rasé la tête, il semble se désintéresser de sa fille.

Ça fait maintenant 3 mois qu’il est là, Antoine a l’impression que ça fait une éternité, comme si ça vie était ici, qu’elle l’avait toujours été. Le train-train pesant de la prison, bouffer, chier, douche 1 fois tous les deux jours, parloir une fois par semaine, mais surtout la dop qui rentre, qu’il distribue à ses mecs pour lesquels il n’a que du mépris, mais ses mecs le respectent, car c’est lui qui amène la dop. Francky sort aujourd’hui, c’est pas trop tôt!

Un jeune homme arrive dans la cellule. Il n’a pas l’air méchant, il a l’air de se demander ce qu’il fait là.

«Ton nouveau coloc Antoine! Il est tombé pour la même raison que toi! crie le gardien.»

Incroyable! A force de côtoyer des escrocs, des racailles, des camés, il en avait oublié pourquoi il était là!

«Vas-y, raconte gamin, comment tu t’appelles, qu’est ce qui t’es arrivé?

- Bin, en fait, je me suis fait flashé a 210 sur l’autoroute avec ma bécane. Je m’appelle François.

Antoine souris, un motard, comme son pote mort. Il sympathise avec lui. Toutes les semaines, François reçoit son magazine de moto, toutes les semaines, Antoine le lis, et le relis. Ca lui rappelle son pote, ce monde de la moto dont il lui a tant parlé. François utilise les mêmes mots que ceux qu’il utilisait jadis, pour parler des balades, des potes motards.

Son cœur se serre à chaque fois qu’il discute avec François, il a l’impression d’être avec son ami, comme s’il n’etait pas mort.

Il se rappelle son ancienne vie, avec un nœud dans la gorge, sa femme à qui il n’écrivait plus, sa fille qui grandit sans lui…

C’est décidé! Une fois sorti de cette merde, il passe son permis moto! En hommage à son pote, et surtout, pour faire un pied de nez à ce qu’il l’a envoyé ici: la route!

Dans le magazine de François, il trouve LA moto, c’est elle qu’il achètera!

Une semaine avant sa libération, Sergio vient le voir au parloir, lui propose de faire du biz’ une fois sorti, Antoine refuse, Sergio acquiesce. Tout ce qu’Antoine veut désormais, c’est revivre, retravailler, s’occuper de sa famille et surtout, faire de la moto.

Sa suspension de permis court encore pendant 6 mois, largement le temps de passer le permis moto, d’acheter LA moto et de s’équiper des pieds à la tête.

Il a créé sa propre entreprise, sa vie de famille a repris comme si rien ne s’était passé. La prison lui aura forgé le caractère, mais il se promet que plus jamais il n’y repenserait.

En attendant le grand jour du permis, il passe son temps à regarder sa nouvelle moto, il sait très bien d’où vient l’argent qui lui a permis d’acheter tout ça, mais après tout, il ne regrette pas.

Quelques mois plus tard, il a enfin son permis, il se balade, se délecte du plaisir distillé par sa machine. Il respire les odeurs de la nature, son cœur vibre au rythme des pistons, il arrive en virage, penche la moto. Il aperçoit au dernier moment un traîner de gravier en plein milieu! Trop tard! La moto s’est couchée, il glisse sur le bitume et vient taper la barrière de «sécurité».

Son corps gît là, dans la poussière, quelques mètres plus loin, sa tête. Telle une guillotine, la barrière l’a décapité. Il n’a pas eu le temps de souffrir.

Il laisse derrière lui sa famille pour la deuxième fois à cause de la route. Sauf que cette fois ci, c’est pour toujours.

Ce gravier non signalé, ces barrières inadaptées, au fond, ce sont les mêmes personnes, que celles qui l’ont envoyé croupir en prison, les mêmes qui en sont responsables.

En plus de lui avoir gâché la vie, leur stupidité a mené Antoine à la mort.


©Flav

Sympa comme P'tit Histoire .... NON ????

V a tous

avatar Motard passager 08-01-2003 02:25
Re: Une pauvre Histoire.......

Hum.
T'as oublié qu'après la perte du chef de famille, la mère devenait alcoolique, le fils drogué et la fille prostituée ...

avatar vsmetal 08-01-2003 05:27
Re: Une pauvre Histoire.......

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Antoine pensait et repensait à son rdv qu'il allait ss doute rater, il pensait à son boulot qu'il allait perdre si il n'arrivait pas à tps, et là c le drame, il s'aperçoit au dernier moment qu'il y a un gd virage sur la droite..., il empiète sur l'autre coté de la route et percute de face le renault espace contenant la famille Dugibier, 2 parents et leur 5 enfants... malheureusement, Loïc, jeune motard de 19 ans et tt fier d'essayer sa nouvelle monture achetée la veille, suivait le renault espace de trop près et percute de plein fouet l'arrière du véhicule, explosant la vitre arrière du véhicule avec sa tête. Bilan : 1 petite fille a survécue, elle est handicapée à vie et a perdu tte sa famille, le motard, le reste de la famille et Antoine sont morts.

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Voilà une histoire BCP BCP BCP plus courte et surtout bcp plus commune :

c une histoire qui fait 8000 morts par an...

avatar Big Fab 08-01-2003 10:21
Re: Une pauvre Histoire.......

Eh les mecs vous etes graves. Arretez avec vos histoires, vous me fichez le cafard ! :(

Le bitumeux du Net >> j'ai bien aime ton histoire (surtout le "montrage du doigt" de la fin) mais je pensais qu'elle se finirait bien. Tant pis, apres tout, comme les posts suivants le rappellent, ca arrive tous les jours. Suffit juste de pas y penser...

A+ (et gaffe)



avatar Lawran 08-01-2003 10:26
Re: Une pauvre Histoire.......


Tres bien raconté et ca laisse pentois, et c'est relativement facile de s'identifier a Antoine.

En un mot, sgloubs !!!!!!!!

Comme quoi on vit une époque formidable, c clair.

avatar youri 08-01-2003 10:58
Re: Une pauvre Histoire.......

ya aussi celle la:

Mireille qui se remaquillait tranquillement dans sa voiture dans les embouteillage voulut chager de file pour gagner du temps, pour en avoir plus avec ses enfants, elle ne regarde pas derriére et déboite sans glignotant vu qu'elle a son portable l'oreille. A ce moment la Jean qui remontait les file de voiture a 30 km/h se trouvait a côté de la voiture il n'a même pas le temps de freiner il s'encastre dans l'aille avant de la caisse puis est ejecter sous les roue d'un 38 tonne 2 voies plus loin ...
Mireille dira "je l'avait pas vu a la police" et prendra du surci, le camionneur qui n'a pas eu le temps de freinner ne sera pas mis en cause, Jean ne rentrera jamais chez lui voir ses enfants!

avatar Motard passager 08-01-2003 12:36
Re: Une pauvre Histoire.......



'lut,

J'sais bien que si on tiens compte de tout ce qui se raconte on ne sort plus mais ça glace le sang....triste

V et prudencesourire

 

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