Tour de Californie – J5 - Jeudi 8 mai

Tour de Californie – J5 - Jeudi 8 mai

Itinéraire

J’ai choisi de vous afficher l’itinéraire avec le « Terrain » plutôt que les routes pour illustrer à quel point ce fut une journée intense.

Cela n’en a pas forcement l’air, mais cette étape marque le début du voyage de retour. Redding et Fortuna sont les deux villes les plus au nord où je sois allé, grosso modo à 150 kilomètres ou 100 miles de la frontière nord de l’état. Le voyage le long de la cote vaut je pense le détour, peut-être en venant de Seattle (voir l’Alaska) en été pour atterrir au sud de la Californie à l’automne mais ce sera pour une autre fois.

Conformément aux discussions de la veille au Parc Volcanique de Lassen, j’évite la ville d’Euréka pour passer par Fortuna.

Je quitte Redding par Yuba Street qui devient une charmante route de campagne, la A-16 et le trafic se clairseme de mile en mile pour devenir presque inexistant.
C’est d’ailleurs un problème car les nombreux écureuils et oiseaux placés sur la route et qui déboulent à mon passage font se contracter mes muscles péniblement à maintes reprises. Je stoppe à plusieurs endroits pour prendre des photos.

J’arrive ensuite sur la CA-36. Ma préoccupation du moment, plus que de vérifier si c’est la meilleure route à moto de l’état, est de trouver de l’essence. La A-16 rejoint l’itinéraire CA-36 à Platina mais je roule jusqu'à Wildwood avant de stopper. C’est que j’ai vu un consommateur sur le parking en terre battue d’un magasin, le [wildwoodstore.com]. Je lui demande oú je peux trouver une station et il me dit qu’il y a des pompes devant le magasin. (Je ne recherchais pas du regard ce genre de pompes : [wildwoodstore.com])
Je rentre et il y a plein de photos de motos de course aux murs avec des trophées. Le propriétaire est un pistard ! Je discute un moment, il est fier de SA route 36 évidemment. Il partage aussi son patronyme avec un journaliste d’une des grosses revues mensuelles moto de Californie mais il ne le connaît pas directement.
Une autre information que je viens de découvrir sur leur site : « Wildwood is the last super unleaded gas stop before Fortuna when heading West on State Route 36 » C’est la dernière station à servir du super avant Fortuna (qu’ils disent)…

Après cet arrêt, je repars rassuré sur la CA-36. La route et le climat changent beaucoup à mesure que je progresse vers l’ouest. Au départ la route est large, il fait encore chaud (souvenez-vous, Redding est ensoleillée 80% des jours de l’année). Je stoppe dans un virage avec un vaste dégagement pour prendre en photo les pins qui, sans être aussi immenses que des séquoias, n’en sont pas moins impressionnants.

Second arrêt quand l’ascension laisse la place à la descente. La encore la route est bien aménagée, je prend en photo une clairière d’alpages située dans le parc des 6 rivières, à 4077 pieds d’altitude.

La suite est moins amicale, deux portions surtout me marquent.
Il y a d’abord une difficulté technique avec la route qui se rétrécit et parfois va jusqu'à perdre sa ligne centrale. Je suis alors devant un pick-up qui visiblement connaît le coin. Je m’applique sur mes trajectoires et le laisse partir à la faveur d’un nouvel arrêt photo.
La encore on voit des paysages d’alpages mais moins boisés. Je change de paire de gants pour mes gants équipés de la membrane GoreTex car mes mains picotent.

Ensuite la route suit la rivière Van Duzen. La j’ai des regrets. Il y a accumulation de voitures à cause des travaux qui limitent la circulation sur une voie et je veux ensuite rouler un peu. Du coup je rate plein de belles photos de la rivière en contrebas de la route. Je finis par stopper mais la vue n’est pas géniale.

De plus, je suis frigorifié. Plus j’approche de la cote, plus le brouillard me gène.
Je stoppe quand même une fois de plus à la sortie du parc de Grizzly Creek (le ruisseau du Grizzly), impressionné par mes premiers « Redwoods ». Ce n’est que le début car ils resteront présents une grande partie de l’après-midi.

Finalement j’arrive à Fortuna. Je tournicote un peu, et suis à vrai dire déçu par l’aspect de la ville. Mais finalement je trouve l’office du tourisme dans un quartier sympathique.

Comme l’indique la carte, c’est tout plat entre Fortuna et Ferndale. Ce que la carte ne dis pas, c’est qu’il fait un vent à décorner les boeufs ! Je suis dans un paysage de près salés que je ne m’arrête pas pour photographier vu les conditions climatiques.
Par contre à Ferndale les maisons et la colline avoisinante me protégent. Et puis cette ville rue a vraiment du cachet. Je stoppe d’ailleurs à deux reprises pour faire des photos.

Ferndale est aussi le point de départ de la Mattole Road. Cette route tire son nom d’une rivière que je traverserais dans plusieurs heures. Elle est aussi une des seules routes à longer le rivage. Cette portion de la cote, oú ni la highway 1 (Pacific Coast Highway) ni la 101 ne sont présentes alors qu’on les retrouve au nord comme au sud, est donc devenue la « cote perdue ». On se doit donc de parcourir Mattole Road qui est par nature une route exclusive.
C’est malheureusement vrai aussi de part sa surface. Sans doutes à cause du gel et du dégel, le bitume est fortement dégradé. Pour ne rien arranger, à l’issue de ma grimpette au départ de Ferndale, j’arrive sur des falaises oú le vent me retrouve avec une force accrue.

Pourtant cette fois je stoppe des nombreuses fois pour capturer les paysages grandioses.
La route se poursuit au delà de l’embouchure d’une rivière, et dans la descente vers la plage, StreetMasters ou pas, je ne fais pas le malin.
Le jeu en vaut la chandelle et cette plage de sable gris, sans être unique, est exceptionnelle.

La route longe la cote sur une distance qui semble trop courte (il faut dire que je roule bien plus vite que dans les épingles, la Breva et moi étant heureux de se dégourdir les jambes pour quelques instants), avant de repartir vers l’intérieur des terres. Elle passe par Petrolia, ville qui se réclame la première à avoir eu un puit de pétrole.
J’arrive ensuite à Honeydew, oú un pont à armature métallique et parapet de bois traverse la rivière Mattole.

Comme le montre la carte, j’ai ensuite droit à l’ascension puis la descente autour du pic de Catheys. Je fais une rencontre avec une jeune biche qui me fait stopper le temps que l’animal se décide sur le chemin à emprunter pour m’éviter. Finalement, j’arrive dans le parc d’état des Redwoods de Humbolt (c’est le nom du comté). Je longe alors non plus la rivière Mattole, mais la rivière Eel.
Je me retrouve en enfance, au cinéma, sur la planète des Ewoks. Ce sont les même arbres géants qui m’ont tant impressionnes dans le film « Le retour du Jedi », et moi aussi je chevauche une mécanique rapide bien que non volante.

Je décide de faire le détour pour photographier l’arbre le plus grand du monde enfin, rectification, c’est juste « le grand arbre » mais il est impressionnant, ainsi que ses congénères.

Après le parc, j’atterri sur « l’avenue des géants ». C’est comme la Mattole Road à l’intérieur du parc, en plus large avec un bitume lisse et une vitesse limitée à 90km/h et non pas 30 ! (La encore, les courses poursuite du film reviennent en memoire).
Autant vous dire que je termine bien la journée.
Je ne me précipite pas pour autant, faisant des pauses à Myers Flat qui me parait un hameau totalement endormi (je refuse de payer pour traverser un arbre à moto, je trouve ces géants admirables et ce que les humains en ont fait stupide).

Puis à Miranda oú je prend un jus de pomme dans un café sympathique et je discute en espagnol. J’y apprend que Myers Flat sera plus actif dans quelques semaines, après le week-end du Memorial Day qui marque le début de la saison touristique.

Je reprend la route et arrive finalement à mon hôtel, le Benbow qui donne son nom au lac avoisinant (à moins que ce ne soit l’inverse).
Dans cette réplique hollywoodienne de maison à colombage normando-britanique, on imagine facilement les vedettes du noir et blanc passer leurs quartiers d’été loin de la chaleur sud-californienne des studios.

Le soir je dîne au restaurant de l’hôtel, un peu contrarié d’avoir constaté que la Mattole Road à eu raison de mon support gauche de béquille centrale. Je « répare » avec un bout de fil de fer un peu soucieux de rouler par mégarde sur ce bout de métal si la partie de droite venait à lâcher comme cela m’est arrivé lors de ma première sortie sur la moto.
Mais le service impeccable du restaurant me fait oublier tout cela et puis la journée a été éprouvante et je tombe rapidement dans un sommeil réparateur.
La préparation de l’itinéraire du lendemain est très facile, je dois juste forcer ce dernier à éviter la 101 pour favoriser la 1.