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Roman : René (épisode 16)

Episode 16 : La pression monte, doucement…

Ce matin, on se lève tôt et René a passé une excellente nuit malgré le raffut dans les chambres à côté, car faut avouer que les d'jeuns, c'est comme les rongeurs : ça se réveille, la nuit venue...

Tout ceci ne l'a pas dérangé : le Vénérable ayant perdu une bonne partie de ses facultés auditives avec toutes ces années à porter le casque !
D'ailleurs, c'est le signe distinctif d'un vécu de motard ayant bourlingué : il te fait répéter 2 fois la question et perd ses tifs au sommet du front, c'est inéluctable !

N'est même pas stressé, l'ancien ! Plutôt prêt à en découdre, mais cette journée est consacrée à l'apprentissage, sans affrontement direct ni chrono affiché.
Donc, y'a pas d'urgence, simplement une mise en application...
De toute façon, Christian a prévenu : pas d'affrontement direct et chacun roule de son côté sous l'œil du Maître !

Maurice aussi est en forme, se sentant investi d'une mission particulière auprès de son frère : Sito PONS veillant sur Daniel PEDROSA (y'a pire comme exemple !)...

En descendant dans la salle du petit déjeuner, ils croisent les autres stagiaires qui, pour bon nombre d'entre eux, sont encore en mode « anti brouillard ».

Le binôme Père et Fils fait un peu la tronche : on sent que le gamin commence à trouver lourde la présence du paternel, lequel semble déterminé à se faire un nom par le biais d'un Valentini qui a bien du mal à s'émanciper de l'emprise familiale...

Grigou, qui a passé une partie de la nuit à rédiger un trombinoscope du groupe, rejoint le Vénérable Team à leur table :
« Salut les détenteurs du savoir ! lance t'il joyeusement, prêt pour le grand saut René ? »
« Impec', mon gars ! Tu sais, à mon âge il en faut plus que ça pour m'impressionner...
Et toi ?, avec ton statut de scribouillard ? C'est un rôle qui ne doit pas être facile à assumer ! »
« Exact !, surtout avec cette daube de BIMOCATI ! : je dois t'avouer que l'importateur loue pas mal de pages au canard et il se sent le droit de refourguer une pré série qui, aussi belle qu'elle soit, absolument pas au point du tout...
Mais bon, ça, ils le savent très bien et ce qui compte pour eux, c'est les photos en action... Le directeur a briffé le rédac' chef pour le papier en insistant bien sur le fait qu'il s'agit de ne pas froisser le « client », les anciens ont refusé d'endosser la responsabilité et c'est le p'tit dernier, ton serviteur ici présent, qui s'est vu refiler le bébé avec mission de ne pas paraître ridicule, de pas la faire tomber et de ramener un papier élogieux de la bête en résumant le stage...
Tu vois l'travail ?!! »
« Ouais, vu comme ça j'préfère ma place avec la Brigitte... », fait René, visiblement dégoûté du procédé.

Grigou reprend : « j'ai observé les ROSSO, hier : t'as pas l'air de beaucoup les aimer, pourtant, elle vient de chez eux ta moto ? »
« Exact, répond René, mais d'mon temps les patrons d'bouclards te serraient la louche les mains pleines de graisse et tu pouvais rester 2 plombes à discutailler moto sans rien acheter : ça, c'était la vraie définition du mot passion !
Chez l'ROSSO, c'est clean comme un magasin de boîtaroues, y'a des gamins en cravate qui viennent te vendre des arguments publicitaires sans être capables de démonter une bougie, et l'patron, l'a une tronche de marchand d'tapis.
Le problème c'est que c't'oiseau là a bouffé tous les autres dans l'secteur et faut bien acheter la brêle quelque part : ça t'suffit comme explication ? »

« Effectivement, je vois le problème : un peu comme les grosses boîtes qui nous confient des motos pour les essais... . Les patrons se mettent au garde à vous à la vue d'une carte de presse, faisant passer le client qu'a payé sa moto plein pot au second plan, alors que nous, qui risquons de le citer en le remerciant de sa bonté, on a droit au tapis rouge...
J'te rassure quand même : des vrais, on en trouve encore et c'est ceux là qu'on tente de privilégier malgré la pression de hiérarchie (je ne te parle pas du coup de la BIMOCATI, car là, il s'agit d'un arrangement importateur client de pub / direction de presse). »

« Le fils, pour en revenir à nos moutons, a l'air de savoir tenir un guidon à ce qu'il m'a semblé ?. »
« Oui, répond René, l'est plutôt doué le môme mais j't'avoue qu'je vais m'cracher dans les pognes pour lui démontrer qu'c'est pas avec une couche au derche qu'on est capab' de rester d'vant sans s'vautrer, car chuis sûr qu'il va manger : un, pour lui rabattre le caquet, et deux, pour montrer au père qu'c'est pas en restant derrière un comptoir qu'on détient le monopole du Savoir, foi d'René ! »

Maurice ajoute, un sourire au coin des lèvres : « Faut pas jouer avec mon frère si on a pas les armes pour ça..., surtout que je s'rai à ses côtés pour l'assister si l'prof suffit pas !
Et l'père Maurice, y fait pas que d'rouler tranquillos sur son custom : j'sais faire aussi si j'veux, hein René ? » , ajoute t'il en riant franchement, une oeillade vers le jumeau qui n'a toujours pas digéré le coup de la « petite cachotterie » du frèro !

C'est forts de cet état d'esprit que tous trois s'équipent bientôt et rejoignent le groupe, avec les machines, près du stand où Monsieur Sarron les attend, déjà vêtu de son célèbre cuir...

René Gédeufoitrentans "le gatouillable" by Sato

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