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Roman : René (épisode 28)

Episode 28 : Une course… spéciale !

Nous sommes en 1963, René GEDEUFOITRENTANS mène le championnat 500 au guidon de sa V4 TERROT à compresseur depuis la mi-saison. Son adversaire principal, Phil READ, sur la MV 4 est relégué à 20 points du leader. Le troisième, Jarno SAARINEN, sur une YAMAHA 2 temps (les japonais avaient décidé d'employer une mécanique différente) colle au numéro deux avec trois points d'écart. Le quatrième, Grazziano ROSSI, sur HONDA V6 est en embuscade, ainsi que son fils, Valentino, lequel apprend la catégorie (DUCATI mono turbo). Le roi AGO est un peu lâché suite déboires sentimentaux (MV lui aussi). Sete GIBERNAU, sur DERBI (un 5 en ligne) tente de faire illusion mais se bat contre lui-même (pour l'instant, il n'a jamais réussi à se faire le freinage…). Kenny ROBERTS Junior, sur PEUGEOT (un bi face à la route alimenté au jus de betterave…), est totalement inconstant cette saison depuis qu'il s'est aperçu que le but est d'essayer de doubler les autres (quelqu'un lui avait expliqué que le premier qui rentrait au stand avait gagné…).

Voilà un petit résumé de cette saison, millésime 63, et déjà cinq courses se sont déroulées. Nous sommes en Juin, il fait beau et c'est le Grand Prix de France sur le prestigieux circuit des Essarts, près de ROUEN.

René a fait la pole en 3 minutes tout rond sur le tracé normand de 6,3 kilomètres. Sa TERROT marche du feu de dieu ! Faut dire que les ingénieurs, suite à une soirée très arrosée dans l'atelier (on fêtait le Beaujolais nouveau…), ont malencontreusement renversé une bouteille du précieux breuvage dans un jerrican d'essence resté ouvert, lequel a été transféré dans le réservoir à René…
L'ensemble a fait gagner vingt chevaux à la meule ! Un brevet a aussitôt été déposé par la marque…

Le deuxième temps est pour le fils ROSSI, dont la DUCATI semble marcher de mieux en mieux et surtout… le gosse apprend vite !

SAARINEN prend la dernière marche du trio avec une YAMAHA diablement efficace !

Suivent ensuite READ, ROSSI père, GIBERNAU et GROROBERT (surnommé ainsi par l'ensemble du Continental Circus depuis qu'il s'affiche avec une blonde à forte poitrine…)

Ils sont tous sur la grille, près à traverser la piste pour monter sur la meule comme il est de mise pour prendre le départ que donne le commissaire de course à l'aide d'un cor de chasse.

René est un peu nerveux car READ semble avoir passé son temps à la mise au point plutôt qu'au chrono et regarde le leader avec un rictus qui ne présage rien de bon pour la suite…

TSOIN ! TSOINNNNNNN ! C'est parti !!!

Valentino a bousculé René au moment ou celui-ci grimpait en selle et dégotté un balai pour dégager la sciure déposée intentionnellement devant la TERROT (Pépère n'avait rien vu et heureusement que la solidarité fonctionnait en ces temps-là, un coup de READ certainement…)

René remercie chaleureusement Valentino du geste mais dans l'histoire, ils partent bon derniers car les autres n'ont pas attendu et… READ est en tête !!!

Les pneus sont froids, mais le Respectable s'est littéralement jeté dans le grand gauche en descente, imité par le fils ROSSI, déjà un peu enivré par les effluves lâchées par les deux échappements du V4…

Avant le droite en épingle du bas du circuit, le duo a déjà doublé et laissé sur place GROROBERT et GIBERNAU, occupés à discuter de leur façon de gérer cette course, visière ouverte !

SAARINEN est autrement plus coriace et vend chèrement sa peau dans le droit puis le gauche suivant (vicelard celui-là car il se resserre en sortie) dans la remontée vers la longue ligne droite précédée par un virage (droite aussi) à angle droit. C'est là que parlent les chevaux de la TERROT, toujours suivie de près par la DUCATI du fils ROSSI, complètement bourré par les rejets de la moto à René…

Dans la ligne droite, Valentino est obligé de s'arrêter, ne sachant plus laquelle des trois TERROT il doit suivre, il dépose sa moto sur le bas-côté et, s'allongeant sous les arbres, se met à… ronfler comme sa DUCATI !

AGO est maintenant en ligne de mire de René mais le bougre enroule sévère de chez sévère !

On arrive au bout de cette ligne droite et bientôt un droite serré se présente pour attaquer la ligne des tribunes…

AGO soudain, coupe son élan, une fan vient de crier son nom en soulevant son bustier et le fringant rital, retombant dans ses vieux travers, a déjà sauté de sa machine pour culbuter la belle dans le bosquet d'arbres voisin !

René en remet un coup car SAARINEN est en embuscade, mais il a déjà Grazziano en ligne de mire, dont la HONDA semble en proie à des problèmes, elle fume bizarre…

Ils abordent maintenant la descente avec ce grand droite qui se prend sans couper quand soudain le V6 à ROSSI décide de vidanger sur la piste alors que René se portait à sa hauteur, l'ancien était plein angle et la TERROT a décroché brutalement de l'avant, puis de l'arrière sous l'effet du visqueux liquide…

Ca va vite…, très vite même ! René, sur le dos glisse en direction du rail de sécurité…

Quarante…, trente…, vingt…, dix mètres et… PAF !!! Pépère s'éclate contre le rail !!!!

Plus de son ni lumière…

« René ? René !!??? » La voix vient de loin, sous forme d'un écho…

René a mal à la tête, certainement le contact avec le rail. Il bouge un bras, puis l'autre, rien de cassé semble t'il. Les jambes aussi ont l'air de fonctionner normalement. Il pousse un OUF de soulagement car généralement ce genre de chute ne pardonne pas !

Prudemment, il tente alors d'ouvrir un œil, puis l'autre…

Dehors, le soleil brille à travers la fenêtre, il est dans sa chambre, allongé en travers de son lit et c'est Maurice qui est penché près de lui.

« Ha !, quand-même !!! Dis donc, il est quinze heures et va falloir penser à émerger…
T'as fait l'tour de l'horloge !…
Faudrait voir à moins picoler l'soir avec CESCOVITCH, qui, soit dit en passant, cause pas beaucoup mais bois comme un trou et fume comme un diesel, l'animal…
J'ai été obligé d'aérer tellement l'odeur s'est imprégnée.
T'as vu l'état d'ton lit ??? tu rêvais qu'tu faisais la course ou quoi ???… »

D'un seul coup René vient de réaliser :

« Tu sais Maurice ? C'est con les rêves ! » dit-il en se levant péniblement pour gagner la salle de bain, histoire de se rafraîchir les idées…

René Gédeufoitrentans "le gatouillable" by Sato

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