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Roman : René (épisode 49)

RACE 2 :

Superpapy vient de regagner son équipe. L'Ancien est parfaitement reposé, et plutôt de bonne humeur, il pleut toujours, et l'Ancien sait qu'il est vite dans ces conditions…

Naturellement, c'est la deuxième moto que sortent des stands Papy et Jean-Yves. Pendant ce temps, René enfile son cuir sans se presser, le départ n'étant prévu que dans vingt minutes. Par contre, il passe beaucoup de temps à vérifier l'étanchéité de son équipement, et demande du liquide vaisselle qu'il applique lui-même sur l'intérieur de la visière de son casque, pour éviter la buée. C'est à ce genre de détail qu'on reconnaît l'habitué des conditions difficiles, chose qui risque de se révéler utile sous peu…

Juju vérifie une dernière fois le paramétrage télémétrique, tandis qu'Ovomaltine prépare le matériel nécessaire aux couvertures chauffantes. Pendant ce temps, Albert dicte une check-list à Papy et Jean-Yves, lesquels auscultent une énième fois la BIMOCATI. Max, en compagnie de Dave, s'affaire, lui, auprès des écrans de contrôles installés dans et hors du box.

Et Maurice ? Ben… l'Ancien, les mains dans les poches, jette des œillades à Sophie, présente pour servir d'Umbrella Girl à son frangin…

Soudain, la sirène retentit de nouveau. C'est l'heure d'y aller !!! Dehors, le temps est apocalyptique : la pluie tombe sans discontinuer, et le vent souffle maintenant assez fort. Le public s'est réfugié dans les tribunes, seuls quelques rares courageux se pressent le long des grillages.

La course promet d'être pour le moins incertaine…

Le safety car vient d'en terminer avec son tour de reconnaissance, et déjà les premiers pilotes s'élancent pour le leur qui va les amener sur la grille de départ. Sur les visages de pas mal de responsables des différentes équipes, on affiche la mine des mauvais jours : certains ont même envisagé l'annulation pure et simple de la manche… La direction de course, interpellée par quelques personnes désignées par les pilotes et les teams, sous la pression des médias n'a pas cédé aux doléances : ils estiment en effet que la piste est roulable, et seule une partie du plateau s'étant manifestée, la course aura bien lieu…

C'est donc dans cette ambiance mi-figue mi-raisin que la grille se remplit peu à peu. Les journalistes eux-mêmes montrent peu d'empressement à rejoindre les pilotes, et ces derniers renfilent très rapidement les casques, très peu protégés par les parapluies des malheureuses Umbrella Girls trempées jusqu'aux os. Bien entendu, le speaker s'égosille au micro, mais on sent nettement qu'il cherche à masquer la grogne des quelques teams, et pas des moindres…, qui jugent la décision de course dangereuse et peu professionnelle. Celui-ci retrouve toute sa verve quand vient le moment de parler de Superpapy (surnom adopté à l'unanimité). Faut quand même se rendre compte que ce bonhomme de soixante berges… Mais je ne vais pas encore te rabâcher la même musique, tu la connais parfaitement à présent !

Le safety-car, parti il y a quelques minutes, est revenu se placer derrière le peloton. La sirène se met de nouveau à retentir, et tout le monde se retire rapidement, laissant les pilotes à leur destinée… aquatique !

Les drapeaux s'abaissent, et les motos commencent à s'élancer vague par vague pour leur tour de chauffe. Des tribunes, c'est à peine si on distingue les couleurs, tellement les gerbes soulevées par les machines masquent la visibilité. Heureusement, aucun accrochage n'est à déplorer et tous se replacent sur la grille pour le second départ de la catégorie.

Le feu s'allume, rouge d'abord, puis vert : c'est parti dans la confusion la plus totale… !

René est moins bien parti qu'en première manche. Son trois cylindres à copieusement patiné au lâché d'embrayage, laissant pas mal de pilotes profiter de l'aubaine pour le passer rapidement en soulevant des trombes d'eau. Pépère est obligé de piloter au jugé tellement la visibilité est restreinte. Au bout de la ligne droite, il pointe aux alentours de la vingtième place…

Devant, un groupe composé de WALKER, CORSER, LACONI, TOSELAND et KAGAYAMA s'est déjà envolé, profitant de l'avantage offert d'avoir la piste libre devant eux. Derrière, chacun fait ce qu'il peut pour éviter les gerbes soulevées par les adversaires formant une masse assez groupée.

Au deuxième virage, premier accrochage : c'est WALKER qui vient de se louper au freinage, ce dont profitent les suivants, à l'exception de TOSELAND qui ne peut éviter de toucher le pilote PETRONAS au moment de le doubler. Les deux pilotes se retrouvent à terre dans le bac à gravier : ils ne repartiront pas. C'est maintenant CORSER qui mène, devant un LACONI particulièrement accrocheur en ce début de course. Mais KAGAYAMA semble aimer ces conditions particulières. À l'abord du second tour, il profite d'un grand gauche pour doubler le duo et s'emparer de la tête de la course.

Derrière, pas très loin, c'est la course à l'élimination : VERMEULEN d'abord, puis MUGGERIDGE vont tâter le gravier. Puis c'est MARTIN qui mange à son tour, les australiens ne semblent décidément pas à la fête chez eux dans ces conditions…

Et René ? vas-tu me demander ? Ben… Pépère a décidé de rouler prudemment, sachant que devant, de toute façon, va y avoir de l'écrémage. De plus, ça lui permet de s'habituer progressivement à sentir la limite, et à économiser ses pneus pour quand viendra le moment d'ouvrir d'avantage. Il navigue actuellement aux alentours de la quinzième place, et devant, la valse des chutes et abandons continue. Sa BIMOCATI se révèle parfaite dans ces conditions dantesques. Juju a parfaitement programmé l'injection, rendant ainsi le moteur très souple et linéaire, sans trop perdre en puissance, tandis que Jean-Yves a effectué un super boulot sur la partie cycle, avec la participation éclairée d'Albert. Il est actuellement dans un groupe de trois constitué de lui-même, de MC COY (encore !!!) et de HAGA. Macadam Cowboy, toujours aussi spectaculaire, fait un véritable festival de glisse en tout genre, HAGA collé à lui comme une mouche, et les deux tentent de prendre l'ascendant sur l'Ancien dont le style propre et très sobre contraste avec celui de ses suivants. Mais René va vite, très vite sous la pluie battante, et pour l'instant ne commet aucune erreur…

Jusqu'à la mi-course, les positions ne bougeront pratiquement pas. Et la pluie tombe toujours !

Les temps au tour ont baissé d'une bonne quinzaine de seconde par rapport à la première manche, et les pilotes, maintenant, semblent surtout penser à rester sur la piste qu'à tenter un hypothétique dépassement : rien de plus stressant pour un pilote qu'une course dans ces conditions. La concentration demandée pour ne pas se faire piéger, chose facile à de telles vitesses, entame sérieusement l'influx nerveux, et diminue l'envie d'attaquer son poursuivant au fil des passages. Il faut être fort, très fort dans sa tête pour dominer dans ces cas-là…

Dix-huitième tour, un rebondissement intervient en tête de la course ! KAGAYAMA vient de chuter dans le fond du circuit, laissant le champ libre à Régis et Troy, lequel se montre pressant depuis que le français l'a doublé dans un droite au prix d'un extérieur imparable. L'australien semble survolté : dans toutes les courbes il montre sa roue avant au français, mais le gars LACONI ne se laisse pas impressionner et ferme toutes les portes.

La pluie redouble soudain d'intensité : jusque-là, les conditions étaient à la limite de l'acceptable, maintenant ça va devenir un exploit de rester sur ses roues… Mais sur la piste, le spectacle continue !

Troy vient de redoubler Régis au prix d'un intérieur limite, limite. Les deux pilotes se sont touchés et ne doivent qu'au miracle de ne pas s'être sortis… Mais Régis sait qu'en cette fin de course, il ne doit pas laisser filer l'australien : il tente le tout pour le tout pour reprendre la tête et ne coupe pas pour le droite en bout de ligne droite… La DUCATI bouge dans tous les sens en plongeant à la corde laissée par un Troy qui tente de retarder son freinage au maximum, mais cette fois les deux pilotes se touchent sérieusement et se retrouvent dans le bac à gravier à pleine vitesse : c'est la chute et l'abandon pour le duo !

Mais derrière, c'est pas mal non plus… GIMBERT, un moment troisième, vient d'abandonner sur problème mécanique. C'est ABE, son suivant qui mène maintenant les débats de cette course à l'élimination, mais lui aussi se retrouve au sol, sans doute déconcentré de ne plus avoir son adversaire en ligne de mire. Décidément, va plus y avoir grand monde à l'arrivée de cette course incroyable…

Mine de rien, le grand bénéficiaire de tout ça, c'est le trio dans lequel évolue, toujours en tête, notre Superpapy national ! Ha, je t'ai pas dis ? Ils ne sont maintenant plus que quinze en piste, t'imagines ??? Et à ce petit jeu, aussi incroyable que ça puisse paraître, René EST EN TETE DE LA COURSE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Les pilotes devant se sont auto éliminés au fil des tours, l'Ancien lui, s'est contenté de rouler comme il le fait d'habitude sur la route (enfin…, p'têt un peu plus vite quand même !) en restant sur ses roues. Comme il n'amuse pas le terrain dans ces conditions particulières, aucun des deux poursuivants n'a pu l'attaquer sérieusement une seule fois, et ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant. Mais rien à faire, René essore dans le bon sens !!! Et derrière le trio, le trou est fait depuis longtemps…

Dans le public, c'est la folie ! Malgré la pluie, tous quittent les tribunes pour s'amasser au plus près des grillages, histoire de ne rien manquer de ce moment incroyable. Le speaker en bafouille au micro et tous, même dans les teams adverses, hurlent des « Superpapy ! » à se déchirer le gosier !!!

Dans le team GAGA, Max vient de tourner de l'œil, vaincu par l'émotion, tandis que les autres croient rêver en se grattant la tête devant les écrans… Albert, au panneautage, ne fait plus rien à présent et répète inlassablement, les bras ballants : « c'est pas possible…, c'est pas possible… »

Mais ce n'est pas terminé, il reste encore deux tours et MC COY commence à devenir nerveux derrière ce vieux bonhomme que lui, pilote d'usine professionnel, n'arrive pas à doubler…

Pourvu que tout se termine bien, car HAGA, toujours en troisième position, trouve que cette place est indigne de son rang, et qu'il est temps de passer à l'offensive !

BANZAIIIIIII !!!!!, fait le nippon en plongeant soudain sur Garry qui ne l'a pas vu venir à l'abord du grand gauche au fond du circuit. Mais l'australien réplique aussitôt et le repasse dans le droite suivant, pour être de nouveau redoublé par le japonais dans la foulée. Les motos bougent beaucoup sous cette pluie battante, et on se demande comment font ces funambules pour rester sur leurs roues…

Pendant que ces deux-là s'arsouillent, se ralentissant au fil des dépassements, la bataille profite à René qui n'en demandait pas tant. C'est ainsi que l'Ancien se permet de mettre la distance nécessaire pour être à l'abri d'une attaque dans ce dernier tour qu'il vient d'aborder et, accessoirement, remporter sa première victoire de manche en mondial Superbike !!!!!!!!!!

Te décrire l'ambiance au moment où il franchit la ligne en vainqueur serait en deçà de la vérité. Une véritable hystérie collective s'est emparée de la foule en ce moment historique. Mesure bien qu'un gars de soixante berges (oui, je sais…), pilote remplaçant sur une moto en cours de développement, qui plus est sans aucun palmarès à son actif, vient de remporter une manche de championnat du monde… Jamais, tu m'entends, JAMAIS dans toute l'histoire de la course moto on a vu un truc comme ça !!!!!!!!!!!!!! Plus fort qu'AGO et tous les grands réunis…

En plus, au cumul des deux manches, c'est… ben…, oui ! C'est VRAI… René est le vainqueur du Grand Prix d'Australie, et par là même, puisqu'il s'agit de l'épreuve d'ouverture, leader du championnat du monde !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Dans le clan français (tout ce qui compte d'éléments de l'hexagone, pilote inclus, se trouve à présent en compagnie du team GAGA), c'est de la folie furieuse… : tout le monde embrasse tout le monde, Maurice roule une pelle à Albert et Max est évacué sur une civière, inconscient…

Pendant ce temps, sur la piste, le responsable de tout ce remue-ménage essaye de terminer son tour d'honneur, car le public a envahi la piste et chacun veut toucher l'extra-terrestre, pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un être vivant… René finit par regagner la voix des stands en chialant comme un gosse sous son casque : ça y est, maintenant que la pression commence à retomber, l'émotion est trop forte ! Il amène péniblement la BIMOCATI à l'emplacement réservé au vainqueur et, à peine descendu, il est aussitôt happé par la foule qui le porte en triomphe !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

La direction de course ne sait plus ou donner de la tête pour tenter de ramener le calme. Des haut-parleurs, une voix tremblotante essaie de réclamer la compréhension du public pour l'inviter à s'éloigner des stands, et ainsi permettre aux autres concurrents de regagner les box. Cette course, mon ami, va devenir la référence des anales de l'histoire de la compétition moto…

Finalement, j'avais oublié de t'en causer, c'est MC COY qui a devancé d'une demi roue le japonais pour le gain de la seconde place. Autant le dire tout de suite, dans l'immédiat, tout le monde s'en fout. Et c'est presque anonymement que les deux autres invités au podium ont déposé les machines à côté de la BIMOCATI d'un Respectable qui, une fois son casque enlevé, s'écroule au sol en se tenant la tête entre les mains, chialant comme une madeleine.

Ses traits sont marqués par l'effort incroyable qu'il vient de produire. Il fait dix ans de plus et ressemble maintenant à un vieillard. La foule, impressionnée par l'attitude de Superpapy, commence à s'écarter pour le laisser souffler. Et René reste ainsi un long moment, sans que quiconque n'ose venir le déranger, jusqu'à ce que Maurice s'avance vers lui, s'adressant à son incroyable frangin d'une voix calme, tentant de masquer son émotion :

« Faut toujours que tu t'fasses remarquer, toi… Mais bon, t'as pas grand mérite : c'est des d'jeun's que t'as battu…
Je peux te dire que si ça avait été moi qu'y t'collais au train, t'aurais pas filé aussi facilement !
Aller, relève toi, mon frère : y'a des filles qui t'attendent sur le podium, et ch'suis sûr qu'elles sont déjà folles de ton corps… »

René lève lentement la tête vers son frangin, plonge son regard humide dans le sien, et les deux restent ainsi quelques instants sans rien dire. Puis, l'Ancien se relève, jette un regard vers les cieux comme pour remercier une quelconque divinité, prend une immense bouffée d'air et expulse le tout en s'étirant. Ensuite, il se jette dans les bras de Maurice, et déclare en souriant :

« Toi, si tu m'avais collé aux fesses, on en s'rait encore à la mi-course… ! »

Là, c'est la libération : les jumeaux se laissent aller dans un fou rire inextinguible. A ce moment, tous autour se sont calmés et commencent à former une espèce de haie d'honneur, libérant enfin le passage vers la direction de l'escalier menant au podium. Alors, avec des gestes lents, René ramasse son casque, regarde à droite et à gauche, comme pour s'imprégner de l'instant présent, et se met en marche vers ce fameux escalier…

Au fait, la pluie tombe toujours, mais personne n'y prête plus attention désormais !

Soudain, une personne dans l'assemblée commence à taper dans les mains, puis une seconde : bientôt, tandis que Pépère grimpe vers le podium, la foule entière lui lance une véritable ovation par un tonnerre d'applaudissement !

MC COY, qui vient de grimper sur l'estrade, file directement vers l'Ancêtre pour le porter dans ses bras (pas facile pour lui, vu la stature quand même imposante du Respectable…). Il lui déclare, dans un français approximatif :

«J'ai tourné le gaz, mais you était trop fort for me… Congratulations, man !!!
Terminer second in this condition, c'est un honneur »

HAGA, comme tout nippon qui se respecte, est plus introverti. Il se tourne vers René, et, sans un mot, s'incline vers le vainqueur en signe de respect. Pépère le remercie en hochant la tête.

Les trois pilotes montent maintenant sur leurs marches respectives, et il se passe alors un truc bizarre : la foule entière soudain se tait, comme si un être invisible avait ordonné le silence. Seule la pluie crépitante se fait entendre en martelant l'asphalte. Puis, les haut-parleurs se mettent à crépiter, …et la Marseillaise retentit !

D'habitude, ce ne sont que quelques notes, mais là, la direction a décidé de laisser défiler l'hymne national dans son intégralité, histoire de marquer cet instant incroyable.

Au pied du podium, la colonie française dans sa totalité s'est massée et chante d'une seule voix. Il n'y a plus aucune rivalité de team ni de marque, simplement un mouvement patriotique sans précédant. Et même les étrangers s'y mettent en sifflotant cet air qu'on entend pourtant si peu souvent…

Sitôt l'hymne terminé, la cérémonie de remise des coupes est l'occasion d'un nouveau fait inédit… Serrage de paluches, la bibise de coutume puis la traditionnelle distribution des maxis boutanches de roteuse, mais soudain, c'est le team GAGA dans son intégralité, girls comprises, qui fait irruption sur le podium ! Attend, j't'explique : imagine les vingt filles, vêtues d'un simple tee-shirt représentant Max occupé à besogner une frangine allongé sur une bécane, avec en dessous le slogan suivant « avec les préservatifs GAGA, elles en reviendront pas… ». Les autres, ainsi que Max (rapidement sorti de la clinique mobile), en portent un eux aussi (au fait, si tu veux en acheter un, passe-moi un coup d'bigo : j'touche une com' sur chaque maillot vendu…). Celui qui a foutu le feu aux poudres, je te le donne en mille, Emile, c'est l'gars Maurice ! Ce dernier a demandé au frangin de bien secouer le champ', puis d'en verser une rasade sur sa personne. René, d'abord étonné, s'est exécuté en aspergeant copieusement le Débris, lequel a ensuite enlevé le tee-shirt trempé pour le balancer à la foule, imité par Max, puis Dave, et Papy, ainsi qu'Albert, Jean-Yves, Juju, Ovomaltine… Dois-je vraiment te préciser que les filles en ont fait autant…

En un instant, c'est plus un podium de GP mais un spectacle improvisé de strip-tease qui est livré à la grande surprise des centaines de milliers de fans de moto présents sur place ou devant les écrans de télévisions ! Le speaker n'a plus la force d'improviser, la direction de course non plus…

En plus, voilà maintenant René qui s'y met en se désapant pour balancer son cuir à une foule limite hystérique. MC COY, ne voulant être en reste, en fait de même sous l'œil désemparé d'un HAGA dont la culture japonaise ne l'a pas habitué à pareille attitude… Celui-ci jette désespérément des regards à droite et à gauche, comme pour demander ce qu'il doit faire. Voyant la mine perdue du Jaunissant, Maurice, aidé d'Albert, tranche pour lui : ils se jettent sur le japonais et lui ôtent son cuir d'autorité !

Il a fallu toute la persuasion des dirigeants de la fédé pour ramener un peu de calme dans tout ce tumulte, et inviter les trois pilotes à la conférence de presse. Ben… ouais, t'as deviné : l'interview d'après course s'est déroulée avec le trio simplement vêtu d'un caleçon !

René : « vous m'excuserez, j'ai pas trop l'habitude des micros. Ma course ? Ben…, j'dois dire que je m'attendais pas vraiment à m'retrouver en tête. En première manche, j'ai fait c'que j'ai pu pour accrocher le bon wagon en ayant en tête de rester sur mes roues, mais ça arsouillait trop fort devant : cinquième dans ces conditions, c'est tout c'que j'pouvais faire. Par contre, en seconde manche, je savais que sous une pluie battante j'étais capable de faire un truc. La moto marchait bien, alors j'ai tout donné… Et voilà ! J'vois pas quoi ajouter… Hein ? La suite ? Ben… j'suis là que pour faire un remplacement ! Toute façon, à mon âge on a plus vraiment la santé pour faire une saison complète, surtout à ce rythme… J'tiens à remercier toute l'équipe, malgré l'boxon sur le podium, ainsi que l'usine BIMOCATI qu'a fait une bonne brèle qui, dans quelques temps, risque d'en surprendre quelques uns sitôt les problèmes de jeunesse réglés ! »

Garry : « Que dire de tout ça… ? Quand on bourlingué comme je l'ai fait aux quatre coins de la planète pour affronter les meilleurs pilotes du monde dans différentes catégories, ça fait bizarre de ce retrouver derrière un type qui pourrait être mon père au classement général. Mais la saison débute bien, surtout que René ne sera bientôt plus là pour me montrer sa roue arrière (rire et clin d'œil vers l'Ancien). Je tiens à dire merci à toute mon équipe pour le travail effectué, ainsi qu'au team GAGA de m'avoir permis de vivre une journée pas comme les autres… »

Nori : « Cette journée a été folle… : d'abord ma chute en première manche suite à l'accrochage, mais ça c'est la course, puis le podium sous la pluie, dans la seconde, alors que ma moto est encore en plein développement. Voilà qui me rassure pour la suite du championnat. René ? Chez nous on dit que l'homme reste jeune tant qu'il regarde devant lui, et aussi qu'un don ne s'exprime réellement qu'une fois la maturité atteinte : René San en est la preuve vivante. Merci à mon équipe de m'avoir fait cette moto, mais aujourd'hui c'est moi qui était incapable de lutter contre un véritable pilote que je serais honoré de voir encore en piste pour le reste de la saison ! »

René Gédeufoitrentans "le gatouillable" by Sato

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