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Vis ma vie : au sein d'une rédaction

Quand un motard devient journaliste le temps de quelques jours...

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalEn trente ans, Moto Journal est devenu une véritable institution qui retransmet l'actualité moto, apprend, fait découvrir et rêver des milliers de lecteurs fidèles.

A seize ans, mon premier salaire d'apprenti m'a permis de m'y abonner. MJ est devenu mon guide initiatique de la culture moto. Aussi après quelques années de lecture un rêve m'a envahit : et si je devenais un des leurs ?

N'étant qu'au début de ma démarche, j'ai pris contact avec eux pour découvrir la vie de la rédaction. D'abord un jeudi pour assister à la réunion de rédaction puis un lundi pour le bouclage.

Alors, je vous invite à m'accompagner de l'autre côté du miroir, toucher mon rêve du bout des doigts.

Jeudi 10 heures, réunion de rédaction

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalJ'arrive devant les locaux d'Issy-les-Moulineaux avec une petite boule au ventre. La perspective de rencontrer ceux que je retrouve chaque semaine dans MJ me ravit et m'impressionne en même temps. Je connais tous leurs noms, visages et fonctions mais seulement sur le papier.

L'entrée en matière est rapide : toute l'équipe présente se réunit dans la salle de rédaction des essais. Eric Bhat le rédac-chef me présente à la troupe, je me sens tout petit. Certains me mettent à l'aise, d'autres m'impressionnent plus de prime abord mais je ne tarde pas à entendre des propos élogieux à leurs égards. Le numéro qui paraît en kiosque ce jeudi est analysé pour améliorer ou repenser les prochains numéros. On discute le sujet d'une rubrique, explique les difficultés d'une prise de vue, tout est décortiqué. Eric m'invite même à donner mon avis sur la une ! La Benelli 1130 TNT en wheeling, Houlala, gaffe à pas dire de banalités affligeantes devant ce jury de choix !

Entre passion et raison?

J'assiste alors à un débat passionné. Eric Bhat explique qu'on leur demande de faire des économies sur les budgets pour compenser la baisse des ventes de publicité. Certains affirment qu'ils l'entendent chaque année, d'autres demandent que cette réduction soit quantifiée, si des chiffres sont avancés pour pouvoir en mesurer l'impact. Pire la mort à petit feu du journal est envisagé par les plus inquiets. Trop restreindre les moyens, c'est réduire l'identité, la liberté, la créativité. A force de vouloir toujours plus réduire les coûts, l'intérêt des articles risque d'aller de pair et au final, ne faut il pas craindre que ce soit le lectorat qui se réduise? Sûr qu'ils l'aiment et qu'ils le défendent bien notre MJ, nos Moto Journaleux.

Fin de réunion, je déjeune à côté de Franck Péret, ancien correspondant MJ Japon désormais rédac chef de Moto Crampons. L'auteur de la lettre du Japon évoque des réflexions sur… ses séjours en Asie évidemment ! Il aborde les différences de mentalités professionnelles qu'il a pu rencontrer pour divers postes dans plusieurs pays asiatiques.

Le secrétariat de rédaction(S.R.)

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalAgnès Chamaly, chef d'édition m'explique en quoi consiste le secrétariat de rédaction. Jusqu'alors je ne me représentais pas en quoi consistait ce poste.

Le secrétariat de rédaction est le plus fidèle lecteur de Moto Journal puisque tout les textes y sont disséqués et vérifiés plusieurs fois ! Orthographe, syntaxe, répétitions rien ne doit leur échapper.

Une fois mise en page, les textes reçoivent leurs derniers contrôles du S.R. Rédactions, secrétariat et maquette échangent leurs données grâce à un serveur qui hébergent tout leurs travaux.

La maquette

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalJe rejoins ensuite la maquette où Harald Ludwig, chef de studio me montre comment textes et photos sont assemblés.

Les maquettistes mettent en page les textes contrôlés par le secrétariat et les photos sélectionnées par les rédacteurs et photographes. Je regarde l'écran d'ordinateur affiché une double page en chantier de MJ. Les photos sont positionnées et agrandies ou réduites à loisir. Il en va de même pour les textes qui peuvent se concentrer plus à l'horizontal ou à la vertical par exemple suivant les photos à illustrer ou les contraintes d'espace publicitaire.

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalUn tableau nommé « chemin de fer » sert de fil rouge à toute l'équipe. Chaque case correspond à une page. Des traits rouges sur ces cases indiquent le degré d'avancée des pages On y trouve l'articulation du journal, tout ce qui va venir peupler les rubriques actualités, reportages, essais et les encarts publicitaires. Toutes les pages terminées viennent se retrouver sur un grand panneau de liège. C'est la représentation concrète du chemin de fer. Le journal achevé n'est pas envoyé d'un coup en photogravure(dernière étape avant l'impression). Certaines rubriques comme le courrier des lecteurs ou le clou de la semaine sont plus rapides à être achevées. Ainsi elles sont les premières à être tirées. A l'inverse, les résultats et commentaires sportifs sont réalisés dans l'urgence le lundi, jour de bouclage du canard. Un code couleur sur le chemin de fer précise les impératifs horaires de bouclage de chaque page.

Pas de tout repos !

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalRetour au secrétariat où Fred Poujouly épluche la messagerie de la MJ Bigoph'hotline. Comme il retranscrit directement les messages sur traitement de texte, il arrive qu'on écoute cinq ou six fois les plus longs, ce qui est un peu fastidieux quand ceux ne sont pas les plus drôles !

Franck Péret me propose alors de lui filer un petit coup de main, je le suis tête baissée dans son bureau. Plus de 500 diapos en boîte à mettre sous planche m'attendent… tout ça afin de sélectionner plus efficacement les photos à paraître sur une table lumineuse.

C'est surtout long et dire que c'est comme ça à chaque fois!

Aux sports actualités

Elodie Lantelme, Eric Malherbe et Zef Enault planchent sur les épreuves sportives du week end. Elodie et Eric discutent de l'exploit de Sébastien Gimbert en superproduction. Il a remonté jusqu'à la deuxième place malgré une blessure au poignet.

Elodie s'occupe de retranscrire les résultats de chaque catégories, tandis qu'Eric sélectionne les photos du week end. Zef, en bon ancien concurrent du championnat de France peaufine le récit des différentes courses.

Chez les essayeurs

Vis ma vie : au sein de la rédaction de Moto JournalDans la salle des essayeurs, Michaël Levivier termine de rédiger l'essai de la Triumph Thruxton, musique rivée dans les oreilles avant de rejoindre Harald Ludwig pour la mise en page. Il aime participer à cette étape et ainsi voir naître l'article qu'il a pu s'imaginer en le rédigeant. Je découvre que Thomas Baujard doit aussi bien manier l'espagnol que les sportives qu'il teste. Il passe un coup de fil là-bas pour l'organisation du Masterbike, le grand comparatif européens des sportives de toutes catégories. Fred Tran Duc qui lui justement revient d'Espagne nous livre une anecdote : il a lu chez un confrère ibérique que notre espoir en GP125 Mike Di Meglio tient le record de la saison 2003 du nombre de chutes… Et qu'à l'inverse le docteur Rossi n ‘est tombé qu'une fois lors d'essais ! Il faut que jeunesse se fasse. Vincent Vallon revient d'un comparatif entre la Yamaha 660 XTX et la KTM Supermoto. Il trouve que la Yam reste un trail avec des jantes, pas un vrai supermotard. Plus tard un lecteur suisse demande à parler à un essayeur. Il revient à la moto après de longues années et souhaite savoir comment faire chauffer sa machine. J'assiste alors à une explication des plus exhaustives, Vincent prend vraiment le temps d'expliquer. Après ça il me fait part de son enthousiasme et son étonnement face à ces situations. Le lecteur aurait pu simplement demander à son concessionnaire, mais MJ considéré comme référence est régulièrement sollicité. Un des atouts pour pouvoir rester proche de son lectorat. L'emploi du temps des journalistes ne leur permet pas toujours d'être aussi disponible, mais j'ai apprécié cette attitude très motarde.

« le talent, c'est avoir envie de faire quelque chose. » C'est ce que Jacques Brel disait avec une déconcertante simplicité et c'est ainsi que je terminais ma première lettre à MJ. La passion ça vous donne des ailes, on pourrait déplacer des montagnes. Cependant cela suffit-il uniquement à la réussite ?

J'ai découvert des gens accueillants, ouverts, qui aiment ce qu'ils font et le travail bien fait. Mais en plus d'être des passionnés, ce sont de vrais professionnels. Loin d'être complaisant, ils tentent toujours de donner le meilleur d'eux mêmes. Voilà ce que j'ai retenu pour mon compte de cette expérience en plus de ce que je vous ai fait partager. Alors, parviendrai je à devenir un de leurs ?