Rene : retour et suite...
LES EPISODES EFFACES PLUS LA SUITE,
Pour les liens avec les antérieurs, Papy, comme d'hab' ?
Donc, le début, ici, en cours de post...
[www.lerepairedesmotards.com]
et la suite ici :
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Bonne lecture :
Ben mon vieux ! : jpeux tdire qulépisode du Mans à fait causer dans les chaumières, et particulièrement dans le ptit monde dla presse spécialisée :
Le Gatouillable, maintenant que la saison de GP est finie, fait lobjet de toutes les conversations du milieu et sort même du domaine de la moto
Tu veux un exemple ?, bon, cest daccord, mais au départ le gars René na pas très bien pris la chose
Rentré chez lui, son phone na pas arrêté de driiiiiinger, obligeant le fossile à rester près de ce dernier pour répondre, bien souvent négativement, aux sollicitations les plus diverses : la faute à Grigou dont le papier à fait leffet dune bombe !!!
Imagine un peu : un vieux, semblable à tant dautres, comme on en rencontre des centaines à longueur dannée dans les couloirs des concessions, sorti de nulle part en plus, aucun palmarès à son actif, bref , un monsieur toulmonde qui roule en moto comme nimporte qui
Mais qui se permet, lors dun stage de pilotage, de bousculer le déroulement de ce dernier, mettant à genou le moniteur qui nétait rien dautre que Christian SARRON en personne, et allant même jusquà finir devant le Maître lors dune série de dix tours qui restera dans les annales du circuit : même les exploits de ROSSI sur sa monture bleue passent actuellement au second plan devant lénormité accomplie par le Respectable
Bon : on cause, on cause
et jmégare !. Jte parlais dquoi déjà ? : ha oui !, le phone du Vieux :
Moto Canard, Moto Verrue, Poignéedanlecoin Magazine : tous se battent pour une interview de Pépère qui commence à trouver ça un pneu gonflant !
La presse non spécialisée a eu vent de lévénement, et voilà ce que jvoulais te dire : René a été sollicité par Tricot Magazine, le canard de la femme « branchée »
Tu connais le goût de lancêtre pour la gent du beau **** ( pour les inconditionnels : voir lépisode avec la blonde dans le Best Off, pour les autres : allez vous faire
) ?
Ben, au début dlhistoire, ça se présentait plutôt bien avec une voix dhôtesse de lair, blonde, à forte poitrine : de celle qui jamais, même dans tes rêves les plus fous, ne daignera porter son magnifique regard sur ta triste personne (oui je sais : mais faut bien que quelquun te le dise un jour et comme je taime bien
). Bref, le Respectable, dès les premières intonations, a le Pollux qui smet au garde-à-vous devant la voix mélodieuse de la dadame au bout du fil ! Seulement voilà : si la propose de faire la Une du fait que son profil est en accord avec les phantasmes des lectrices de cette noble revue, ce quil ne sait pas ( le tricot et René
), cest que lage moyen du lectorat dépasse le demi-siècle
, et quand, tout émoustillé il a ouvert la porte de son antre à celle quil imaginait déjà dans des positions pas racontables même par moi, son menton a joué les sliders à la vue de lAntiquité se présentant à lui : un peu comme quand Valentini lavait doublé la première fois. La journaliste a fait son papier en mitraillant un René quelque peu renfrogné, devant user de tout son talent pour faire ressortir quelque chose de « vendeur » de cet ours mal léché qui sest prêté de mauvaise grâce à son petit jeu consistant à présentant le Respectable comme le symbole des désirs des demoiselles sur le retour
Maurice a décidé de jouer les impressarios en filtrant les appels pour protéger sa « célébrité » de frère lui annonçant faire un burn sur le prochain quidam osant se présenter avec ce genre de proposition !
De son côté, le père ROSSO a vu son chiffre daffaire augmenter dans les jours suivant la parution de larticle de Grigou avec la venue dune clientèle curieuse de faire la connaissance de la nouvelle « vedette » dont les apparitions au bouclard sont pourtant demeurées sporadiques : mais le commerçant, en parfait homme daffaire, a su tirer avantage de la situation en accrochant ainsi de nouveaux client à une liste qui narrête pas de sallonger depuis
Son fils, lui-même, dans le sillage du Gatouillable, sest vu offrir des guidons pour la prochaine saison Open et na plus quà faire son choix sans se soucier dun quelconque manquement « matériel » dans le déroulement de son cursus de pilote en devenir : Valentini est sur les rails de la réussite avec la sûreté dobtenir une moto au top et na plus quà sentraîner sereinement cet hiver, certain de décrocher le titre dès son premier essai et dobtenir ainsi son ticket dentrée pour le Mondial la suivante
Bref, leffet « René » marche à plein
au grand désespoir de lintéressé lui-même ! : sattendait pas à truc pareil lAncien, qui depuis, cherche à retrouver sa tranquillité habituelle par tous les moyens !
Pas une journée sans un appel dun acteur du milieu lui proposant un guidon en vue dune participation aux diverses épreuves à venir inscrites au calendrier : de la course de cote en passant par lOpen, voir lendurance et même le T.T. de lîle de Man
Mais René refuse en bloc une quelconque participation à la compétition : à son age, on a passé lenvie de ce genre de truc et de toute façon, il na jamais éprouvé le besoin de sexprimer par le biais de la course, préférant de loin être spectateur quacteur, et aimant plutôt rouler « dans son coin » même si son égo le chatouille de temps à autre à la vue dune roue se plaçant sur sa traj
Par contre, il a accepté, sous linsistance de Maurice, de se laisser photographier par quelques annonceurs de pub trouvant le personnage particulièrement innovant par ce côté « hors-norme » , donc « vendeur » dans un style ou luniformité est depuis trop longtemps présente : conscients de tenir là une mine dor à exploiter, ils nhésitent pas à proposer un pont dor pour une simple photo de Pépère posant sur la dernière nouveauté sortie. Maurice a parfaitement saisi le sens lucratif de tout ça et fait monter les enchères tel un requin de la finance. Il a décidé de sinstaller provisoirement chez son frère pour soccuper à plein temps de son image, le compte en banque de la famille Gédeufoitrentans sest vu gonglé de quelques zéros supplémentaires et la Viragro remplacée par une Kawasuki V6 offerte par limportateur désireux ainsi de la promouvoir : Cest pas son truc à Maurice de rouler sur la route sur ce genre de « catapulte » mais faut quelques fois donner de sa personne pour la bonne cause
Ce qui désespère le plus René, dans lhistoire, cest lfait de ne plus pouvoir se balader tranquillos comme auparavant mais le frangin fait en sorte dêtre toujours présent à ses côtés pour éloigner les importuns un peu trop audacieux : sur la route, nombreux sont ceux qui veulent se mesurer à celui que la presse a surnommé « Superpapy » et Maurice, profitant de la ressemblance, joue les leures en emmenant lennemi sur une fausse piste pendant que la « cible » use du slider de son côté !
Grigou est devenu un habitué de la maison Gédeufoitrentans, même si René lui pardonne difficilement sa soudaine notoriété : faut dire aussi que le journaleux sest un peu fâché avec limportateur BIMOCATI suite à quelques commentaires « ironiques » de ce dernier quand à lefficacité réelle de son dernier fer de lance, mettant un poil le responsable de la pub en « délicatesse »avec sa hiérarchie face à un annonceur plutôt généreux pour le canard, mais dont le papier à fait monter les rotatives au rupteur pour un numéro ayant cartonné comme jamais dans lhistoire de la presse moto
Grigou, pour ce fait darme, a été promu adjoint au rédac-chef et voue désormais une reconnaissance sans borne à celui sans qui rien ne serait arrivé : pas une semaine sans quil ne passe une journée avec les frangins qui finissent, même René, par le considérer comme le troisième de la famille. Pépère faisant même la pige pour quelques essais, à la condition extrême quon lui adjoigne quelques « créatures de rêve » en accompagnement des photos le mettant en action : surprise, la direction du canard a cédé à ce « caprice » de la « star » puisque les lecteurs ont applaudi des deux mains en submergeant la rédaction dencouragements à persévérer dans ce style novateur !
Les filles
: voilà bien le point sur lequel le Gatouillable trouve quelques réconforts dans cette envahissante médiatisation
Faut dire que lAncien, célibataire farouche, ne crache jamais sur une rencontre à partir du moment ou celle-ci reste sans lendemain : René est un jouisseur qui ne trouve son plaisir que sans attache, aimant rester libre daller et venir au gré de son humeur du moment, et là il est comblé au delà de toute attente car cest bien connu que les plus belles sont rarement les plus fidèles. Dans ce cas précis, comme la fidélité nest pas la qualité quil leur demande, et comme ce genre de fille adore sexhiber au bras du male « dans le coup » pouvant exciter la jalousie de la copine : laccord est vite trouvé et tout lmonde est content, surtout René dont laplomb de la notoriété semble avoir fait leffet dune cure de jouvence layant ramené quelques décennies en arrière !!!
Le patron du bar den face, lui aussi, profite de la manne providentielle : ladresse des Respectables restant secrète, les curieux (et curieuses
) nont pour indication quun vague lieu incluant son établissement dont la fréquentation ne cesse denfler depuis. Le tenancier a donc affiché une photo de René et « filtre » les demandeurs en notant soigneusement les coordonnées de la gent « essaye-moi » susceptible de valoir les faveurs de « Superpapy », lequel sera bien affranchi deffectuer un bilan de santé au train du défilement de ses « conquêtes dun soir » » dans un domaine plutôt réservé à une jeunesse bien en peine dégaler en nombre le palmarès du Respectable
La Kawasuki aussi a changé : ROSSO, sur instructions de limportateur, a fait monter sur la V6 toutes les pièces disponibles en accessoire chez le constructeur et le 1300, déjà pas mollasson, est maintenant capable de rivaliser en accélération avec nimporte quel avion de chasse
au grand plaisir de René, piqué au jeu, mais qui doit à présent fréquenter les salles de sport pour aider ses ptits bras à contenir une telle cavalerie à sa disposition !!!
Le concessionnaire a aussi profité de laubaine pour installer « à ses frais » tout un panel de pièces « racing » pouvant aider la partie-cycle à ne pas se laisser déborder par une mécanique capable à présent de rivaliser avec une moto de GP : accessoirement, la V6 sert aussi, ainsi attifée, de vitrine de son savoir faire, et comme cest déductible des impôts
Le jeune Valentini, depuis son retour du Mans, voit en René le père quil aurait aimé avoir (au désespoir de son géniteur partagé entre le fait de conserver son emprise sur SON fils et ne pas risquer de froisser SON client vedette par des remarques désobligeantes au gamin sur le fait que ce dernier passe plus de temps avec le Respectable quau magasin
) et, dés que cest possible, roule en compagnie du Vénérable, lequel apprécie de plus en plus la présence rafraîchissante du djeuns qui nen veut ( le coup de gaz du gosse devient de plus en plus précis et René laccompagne maintenant sur les circuits, en plus des sorties sur route).
Ziva, dés quil le rencontre, harcèle René de lui enseigner lart de rouler devant : mais pour lui, cest peine perdue car jamais il ne sera capable dêtre à la hauteur de ses rêves. Ce nest pas faute dessayer, et René a bien tenté de soccuper de lui, mais ce djeuns là est décidément incapable de planter le moindre freinage sans se sortir
pour le plus grand plaisir du père ROSSO, vendant des carénages comme personne dans la région, mais au grand désespoir de lAncien qui commence à trouver bien envahissante linsistance du « roi de la sortie de piste » à laccompagner, même si chaque figure non improvisée provoque chez lui une hilarité sans cesse renouvelée. Le problème, cest quà chaque fois, faut rsortir la brèle du champ et, quelques fois, ramener Ziva quand la moto nest plus en état de rouler !
Ce matin là, comme dhabitude, René se lève tôt pour aller faire son footinge devenu quotidien avec sa récente notoriété : déjà, ça lui permet de se maintenir en forme, histoire de pouvoir mettre la poignée dans lcoin avec la V6, ensuite, sa sangle abdominale gagne de jours en jours en aérodynamisme, lui permettant ainsi de grappiller quelques secondes au tour sur le circuit EPEDA au guidon dune fougueuse pouliche (blonde ou brune : cest toi qui choises
) !
Pendant que René trottine, Maurice prépare le ptit dej pour lequel a été sacrifié le rouge qui tache et le « à lail-pâté » qui était, il y a peu de temps encore, une institution dans la famille (remplacé par du jus dorange, des ufs sur le plat et des céréales
). Ensuite, le frangin/manager soccupe de noter les messages du répondeur et daller chercher le volumineux courrier encombrant chaque matin la boîte aux lettres. Puis, cest le tri entre ce qui part directement à la poubelle (avec une petite pensée pour la déforestation
), ce qui peut attendre et le truc urgent genre proposition de pub ou de demoiselle à forte poitrine en détresse
Lorsque René regagne le domicile, ruisselant mais heureux de constater que lage est une invention de lesprit, Maurice a préparé lemploi du temps de « Superpapy » pour la journée mais attend que le jumeau soit sorti de la douche pour lui expliquer ce qui lattend aujourdhui, autour de la table de cuisine : cest devenu un rituel auquel le Respectable se plie de bonne grâce depuis que la gent « à protubérance mammaire » daigne de nouveau porter son regard (pour ne pas parler dautre chose
) sur son auguste personne !
« Bon, René, écoute moi bien : aujourdhui ya les casques TETDEBOIS qui proposent une séance photo avec un chèquos pourvu de quelques zéros plus un deux devant
», commence Maurice.
« Mmmoais !, bof ! : ça commence à mgonfler grave tout ce cirque
» rétorque le Fossile en faisant la moue.
« Hé !, jte signale que grâce à ce cirque, comme tu dis, on va bientôt aller sdorer au soleil, les doigts dpieds en éventail
et gratos en plus ! » fait remarquer le frangin.
« Ouais mais si tas rmarqué, cest toujours le gars mézigue qui si colle : tu pourrais faire leffort dme remplacer de temps en temps vu quon a la même tronche !!! »
« Heuu, moi, jsuis limpresario
faut que jveille à tout pendant qutoi tas quà prendre la pose : cest toi qua lbeau rôle
»
« Nempêche que jen ras lintégral de toujours faire lpingouin devant lgus qui fait clic-clac et qua toujours lair dune tafiotte ! »
« Bon, tas fini là ??? : jte signale que dans cette boîte, ya plein de nanas choucardes quattendent que ton bon vouloir pour se faire culbuter
et ya pas bsoin dse baisser pour les ramasser ! »
« Ok, ok !, mais là, tes pas honnête : tu sais toujours toucher ma corde sensible, et comme jsuis un sentimental qua jamais la force de refuser quoi que ce soit à une frangine, faut qutarrives toujours à tes fins en employant cet argument là
»
Maurice se fend la poire devant la mine faussement boudeuse de René : il a vu létincelle dans son regard à la simple évocation du personnel féminin, seul moyen denrayer une mauvaise humeur souvent présente chez lAncien quand on le bouscule avant quil ait fini de déjeuner.
« Tiens, Valentini peut pas rouler aujourdhui : il se rend chez BIMOCATI pour discuter dun possible contrat avec son père pour la saison prochaine, poursuit le manager improvisé, javais pensé quon pourrait rouler ensemble vers la côte après les photos vu qutauras certainement fini avant midi : on graille sur place et on peut être devant la grande bleue avant 15 heures. Là, jconnais dla viroleuse pas pourrie et comme le temps est sec
»
René, à lévocation dune bourre possible avec Maurice, faillit en lâcher son verre tellement limage du prudent frangin à laspi derrière lautre V6, le pneu fumant sur langle, lui sembla incongrue
« Tu trends bien compte de cque tu proposes ?, tenta darticuler le Vénérable en rigolant franchement, toi qui, hier encore, jouait les mères poules en parfait gatouillable que tu es, me faisant la morale dès qujavais le malheur dpousser un peu trop la deux sur la route, tu mproposes maintenant dse taper la bourre comme des gamins : taurais pas un peu siroté pendant qujmentraînais par hasard ???????? »
« René, pour être tout à fait franc avec toi, je roule beaucoup sur circuit aussi avec les stages à longueur dannée
. Bon, bien-sûr, je nai pas ton coup dguidon, jte laccorde, mais ma V6 ma fait changer davis sur ma façon de rouler sur la route : jadmet volontiers quon peut tourner la poignée sans risque avec ce genre de brêle et, comme on dit, seuls les djeuns ne changent pas davis ! »
Ils éclatent franchement de rire, comme deux vieux complices quils sont, puis tentent de redevenir sérieux car Maurice doit confirmer le rendez-vous avec lagence de pub.
Ce dernier allait décrocher le téléphone quand quelquun sonna à la porte :
Driiiiiiiinzzzzzzzz !!!!!!!!
« Qui cest qui vient nous emmer
à cette heure-ci ? » grommelle René qui naime pas être dérangé si tôt dans la matinée.
Maurice va ouvrir : cest Ziva, lequel arbore un sourire timide en constatant lair peu amène du Respectable assis à la table :
« Heuuuuu, jvous dérange pas trop ?, demande til prudemment, car voilà : jviens dacheter une nouvelle moto, une Cacazuki 600 ZZX, mais comme la précédente jarrive pas à comprendre comment aller vite avec
Alors, javais pensé te dmander, cher René, si tu pouvais toccuper dmoi pour essayer de mapprendre ??? »
Voilà bien le truc apte à dérider le Vénérable
« Tes un ptit marrant toi, rigole lAncien, tu sais bien quon a déjà tenté cent fois dte montrer comment quon fait, mais faut admettre que tes vraiment, mais vraiment pas doué pour la moto
»
Ziva prend alors un air triste :
« Je sais, mais la bécane, jlai dans la peau, et cest pourquoi jai décidé de prendre une moto moins puissante : jsuis certain qusi tu maides, avec une brêle plus facile et de la volonté, jpeux réussir à rouler comme tout le monde
»
« Ben ya du boulot avec toi, rétorque René, et chsuis pas sûr de pouvoir faire de toi un gars pas dangereux pour les autres ! »
Driiiiiiiiiinzzzzzzzzz !!!!!!!!!!!!!
« Cest pas possib !!! : y ssont donné lmot aujourdhui !!!!!! » sénerve lAncêtre qui commence à trouver cette matinée assez casse-pied
Maurice, de nouveau, va ouvrir. Un gars dun certain age, voir dun age certain, portant des lunettes par dessous la visière de son casque, se présente à lui :
« René Gédeufoitrentans, cest ici ? », demande ce Respectable.
Maurice, méfiant :
« Ouais, cest pour quoi ? » répond til sur un ton égal à celui de son frère.
Lautre, avec un franc sourire en enlevant son casque :
« Bonjour !, jme présente, Dave Jmorlacrette. Voilà ce qui mamène : je suis le créateur dun site internet consacré aux anciens de la moto, le « Repaire des Gatouillables » et, depuis quelques temps, certains membres me reprochent de rouler sur une modeste SUCEKIKI Truand, et de ne peut-être pas avoir le niveau de pilotage nécessaire pour rester la figure de proue de mon site
Jai entendu parlé des exploits de Monsieur René et je pensais lui demander conseil sur ce que je dois faire pour rester crédible ! »
Maurice à les yeux qui sortent des orbites à lévocation du nom du personnage ! :
« Daaaaaaaave Jmooooooorlacreeeeette !!!!!!!!!!!!!!, bons sang !, jy crois pas
: jsuis un habitué du site et vous êtes une sorte didole pour moi !!!. René ?, cest Dave Jmorlacrette, du site dont jtai parlé !!! »
Le René en question, linternet et lui cest comme toi avec les filles : deux trucs totalement incompatibles et, si effectivement Maurice la « bassiné » avec ce truc, il la simplement écouté poliment pour ne pas le froisser, par respect pour lui
Maurice fait rentrer Dave et le présente à Ziva, qui, en parfait djeuns, ne connaît pas non plus ce site réservé aux personnes « dun certain age », et à René qui grogne un vague bonjour.
Dave expose de nouveau le motif de sa venue au Respectable qui lobserve avec une moue attentive : il reste un long moment silencieux, un peu perplexe, fronce un peu les sourcils comme sil cherchait ses mots. Enfin, au bout dun moment, lancien se décide à prendre la parole :
« Si jcomprend bien, tu toccupes dun truc pour les gars dnotage quà rapport avec la moto : cest bien, même si les zordinateurs et moi cest comme Ziva avec les courbes
Mais jdois dire qujaime bien les gens qui sbougent pour la bécane et jva tdire un truc : ta moto, elle est bien, et avant dsonger à prendre autchose, jte propose dessayer dte montrer comment ten servir !.
Tu fais rien ctaprès-midi ? : ça tombe bien
. Mauuuuurice !!! : bigophone au circuit Carole et réserve la piste pour 15h00 environ en disant qui jsuis !
Ziva, mon garçon : tu viens aussi, cest mon jour de bonté
En attendant, sans vouloir vous mettre à la porte, jai des photos qui mattendent
et ptêt ben une frangine ou deux à bousculer, alors, à 15h00 précise sur le circuit et en cuir ! »
Ziva et Dave quittent la maison Gédeufoitrentans heureux que le Maître daigne leur accorder ainsi les faveurs de son savoir.
A lintérieur Maurice regarde son frère avec satisfaction :
« Cest bien ce que tu viens de faire, René ! » dit-il à ce dernier, qui lui répond :
« Jaime pas quon fasse chi.. les mecs qui sbougent le c.. pour la moto
, et cui-là, jsens qucest un bon. Par contre lZiva, y va encore devoir commander du carénage, mais jpouvais pas lui rfuser car jlaime bien cgamin ! »
15h00 pétante, les deux frangins attendent à la porte du circuit ou on fait « trembler les gonzesses » comme dit René : pas seulement à cause de lancien nom de la commune accueillant Carole, mais surtout quil sagit dun territoire de chasse de premier choix pour
le Gatouillable !
Partout ou il passe, cest la cohorte et partout on lui déplie le tapis rouge : le circuit parisien néchappe pas à la règle, bien entendu
Lorsque Maurice à téléphoné aux responsables, ces derniers ont spontanément libéré un créneau dune heure alors que nous sommes en semaine
et gratos en plus ! : faut dire que la venue de Superpapy est toujours un événement et même en sacrifiant une plombe, le téléphone arabe fonctionnant à plein dans le petit microcosme motard, le reste du temps est largement rentabilisé par les exploitants qui voient affluer un nombre inhabituel de « clients » qui paieront plein pot ensuite pour prendre la piste, ensorcelés par le coup de gaz du Respectable !
La foule curieuse sest précipitée pour voir le phénomène dès lannonce faite par la tour de contrôle, avisée de larrivée de la « star » du moment et les deux frères ( mais non, jte parle pas du film mais des frangins : suis un peu bon-sang !) sont entourées dune meute à laquelle René répond amicalement en attente de larrivée de ses deux élèves. Pépère signe même des autographes : particulièrement avec la gent féminine pour laquelle, si la nana est choucarde, la signature est accompagnée de son numéro de téléphone
En parlant de téléphone justement : Dave a joint Maurice pour lui expliquer quil risquait davoir un peu dretard suite au fait que lZiva ne sachant pas aller à Carole (le nain !), il faisait un crochet pour le prendre en passant.
En fait de retard, cest presque une heure après que se pointent les deux attendus risquant ainsi de subir la foudre dun René pas très patient : celui-ci commençait à trouver le temps long et regardait sa montre en permanence tout en envoyant paître les badauds qui ne trouvaient plus du tout aimable celui qui, tout à lheure, répondait calmement aux questions de « ses » fans.
Mais la mauvaise humeur du Respectable fut vite remplacée par un franc éclat de rire à la vue de la mine déconfite de Ziva
et du flan gauche de la CACAZUKI quelque peu râpé !
Cest Dave qui donna lexplication :
« Bizarre ce môme !, il se traîne mais à labord des courbes, on dirait quil ne freine pas
: ça, cétait ma première impression. Impression qui sest vite transformé en certitude quand, à labord dun grand gauche pour lequel faut pas srater, jai été doublé par un bolide plein gaz en pleine zone de freinage !!! : le Ziva a fini dans lchamp en face à compter les vers de terre tandis que sa bécane est restée plantée dans la boue
On a été oblige de sy rprendre à deux fois pour sortir la meule et trouver ensuite une aire de lavage pour plus rsembler aux fonds dculottes des amateurs de cassoulets qui slaissent aller
Et cest pas tout : quand jlui ai demandé cqui cétait passé, il ma simplement répondu quoccupé à regarder mon feu stop, il avait oublié que cétait à cmoment là quil devait choper les freins !!!!!!!!!!!! »
Les frangins éclatent franchement de rire, ainsi que les quelques curieux encore présents à leur côté sauf
le Ziva qui, visiblement, est tout penaud de son « fait darme » !
« Bon !, ça commence bien !, résume lAncien en sadressant à celui qui doit certainement détenir le record de vitesse dentrée en courbe, faut toujours que tu fasses autrement que les autres, toi ! »
« Moi, à ta place petit, jenvisagerai le motocross : comme ça, au moins, tu ne changerais pas de surface au sol à chaque fois que tu rentres en courbe
», sesclaffe Maurice en lançant une illade à Dave, bien perplexe devant le spécimen pré-cité !
Heureusement, il leur reste encore une heure avant de prendre la piste et le « professeur » commence par observer les motos des « élèves » : celle de Ziva, malgré la taule, est encore OK pour rouler. Il grimpe dessus, modifie la position de leviers, teste laccord avant / arrière en apportant quelques modifications aux réglages de suspensions puis marque une pause en fixant la bécane. Il hoche ensuite la tête dun air satisfait et passe à celle de Dave en observant la morphologie de son propriétaire en comparaison de la sienne, constatant avec plaisir quils font la même taille et presque le même poids :
« ça va être plus facile comme ça
», commente lAncien
Sans en dire plus, il monte sur la SUCEKIKI et demande une clé de douze à Maurice. Ceci fait, il desserre les potences du guidon, le ramène en arrière et pose les mains dessus en savançant au maximum du bord du réservoir. Il répète la même chose en fermant les yeux, puis resserre les fixations, content de lui :
« Tu vois, le secret dune bonne position est de fermer les yeux en tendant les mains vers le guidon : si ces dernières se posent naturellement sur les poignées, cest bon ! »
Il aligne ensuite les leviers de façon à ce que les doigts se trouvent dans le prolongement des avants bras :
« faut pas casser les poignets
», précise til.
Ensuite, cest au tour des suspensions de subir lauscultation du Vénérable qui pousse même le geste jusquà demander de lhuile pour en rajouter dans les tubes de fourche !
Lamortisseur arrière voit son ressort subir une tension supplémentaire et les pneus un peu dair supplémentaire.
« cest bon pour les motos, passons maintenant à la piste
» décrète René en commençant un cours sur le bon positionnement à adopter, sur les appuis à effectuer aux repose-pieds, le placement du regard
et même la façon de placer les doigts sur les leviers.
Ensuite, il déplie un plan du circuit, leur demande de mémoriser le tracé en expliquant quelles trajectoires adopter pour ensuite les emmener au bord de la piste, au freinage de « Hôtel », en commentant les passages de chaque pilote avec de nombreux exemples de ce quil faut ou ne faut pas faire. Les deux élèves écoutent, attentifs, surtout Ziva qui, à mesure que se rapproche le moment dentrer en scène, tremble de plus en plus
« Quest-ce tas ptit ?, demande René, on dirait qutas avalé un laxatif
»
« Cest que jai jamais roulé sur un circuit
», bredouille le môme.
« Allons-bon !, remarque : tu métonnes pas beaucoup
. Mais rassure-toi : le gravier, ça salit moins qula terre ! » dit lancien en lui balançant une grande claque dans ldos !
La série se termine, et la suivante, cest pour eux : déjà la foule se presse pour assister au spectacle du Vieux rentrant en piste, suivi de Dave, puis Ziva et enfin Maurice qui a décidé de rouler aussi.
Pendant quelques tours, René adopte un rythme tranquille, se retournant fréquemment pour indiquer dune main la bonne traj ou le moment de planter les freins puis, sans prévenir, il visse en grand !
La V6 se met alors à fumer du pneu arrière tandis que René jette sa monture dans Alfa en plongeant « aux freins » sitôt imité par
Maurice ! : les deux élèves sont loin, surtout Ziva qui semble paralysé et entre en courbe
un peu comme toi !.
Jusquà Beta, Maurice arrive à suivre, ensuite cest peine perdue : René balance sa machine avec autorité dans le pif-paf et prend un angle de cintré dans la parabolique en glissant des deux roues ! . Maurice est obligé de lâcher prise pour ne pas se sortir
René sort de la para comme une balle pour avaler la ligne droite menant à Golf avec une vitesse sidérante : les spectateurs présents nen reviennent pas et semblent pétrifiés par le spectacle
La surpuissante 1300 est maintenant jetée, tout freins bloqués et en travers, dans la courbe par un René dont le coude vient de frotter le vibreur !!!
Il ressort la roue avant en lair et passe ainsi deux rapports avant quelle ne retombe : la V6 crache ses bourrins en hurlant de tout son mégaphone pour plonger littéralement dans Hôtel et repasser devant les stands comme une balle
« 103 !!!!!! » crie stupéfait à la foule ébahie un spectateur ayant eu le réflexe denclencher le chrono au moment ou René a mis la sauce !
Bientôt, cest Maurice qui se présente devant les stands avec lautre V6 : 110 quand même pour celui qui, hier encore, roulait en VIRAGRO !
René, lui, est déjà au freinage de Golf et sapprête à avaler Dave qui lui, vient de sortir de la courbe et aborde la ligne droite en roulant proprement aux alentours de la minute 20.
Ziva, tu lauras deviné, est occupé à comptabiliser le gravier de la para après avoir évité de justesse celui du pif-paf : ce coup-ci le côté droit du carénage ne jalousera plus le gauche
René, pour sa part, arrive à Hôtel avec la roue arrière à 50 centimètres du sol et frotte de nouveau le coude en sortant de la courbe : 101 !!!! (non, non : tu rêves pas
)
Il finit par couper son élan et se retourne en faisant signe à Maurice, qui arrive au loin après avoir doublé Dave, de le passer. Il en fait de même pour ce dernier en se plaçant directement dans sa roue arrière, le forçant ainsi à remettre du câble en le déboîtant de temps en temps.
Ziva a repris la piste pour
vérifier si la gravier de Golf nétait pas plus fin par hasard
, tandis que Maurice reste constant en 110 environ.
Dave, quand à lui, poussé par son professeur, tourne maintenant en 113, ce qui est honorable avec une moto comme la sienne !
Ils effectuent ainsi une quinzaine de tours, trois pour Ziva
, et René lève la main pour signaler le retour dans la voie des stands ou la foule se presse autour de lui pour manifester son admiration envers l « extra-terrestre ». Ce dernier, sitôt descendu de sa machine, félicite Dave pour sa façon de rouler et lui indique quelques points à travailler. Maurice rentre à son tour, un peu fourbu par leffort mais content de ce quil vient daccomplir. Enfin, cest au tour de Ziva de faire une arrivée triomphale en
oubliant de béquiller sa moto à la descente de cette dernière ! : un tonnerre dapplaudissement lui est fait au moment ou la pauvre machine, qui nen demandait pas tant, se retrouve une fois encore au sol
René, ayant réuni sa troupe, décide de ré-effectué quelques tours en solo :les deux premiers sont effectués en 102, le troisième en 101, et le quatrième
il ne passe plus !!!
« Merd.. !, sécrie Maurice, y sest pas gaufré quand-même ???? » . Linstant est angoissant et tous de courir vers lautre extrémité du circuit
Quelle nest pas leur surprise de constater la V6 béquillée à la sortie de la parabolique sans personne alentour !
Ils ont beau regarder à gauche et droite : nobody !
Maurice se met alors à crier le prénom de son frère quand, derrière le talus, une voix se fait entendre :
« Pouvez-pas mlaisser tranquillement astiquer la dmoiselle,non ?. Ha ! jvous jure : jviens en aide à une personne en détresse et faut toujours quon mdérange quand jrend service !!!!!!!!! »
Dave est par terre ! : non seulement le Gatouillable explose les chronos dès quil grimpe en selle et de quelle manière ! mais semble jouir aussi dune dextérité peu commune auprès des filles
Cest en tout cas son impression quand, quelques longues minutes plus tard celui-ci refait surface en compagnie dune superbe créature au corps élancé, pas plus de vingt cinq ans, brune (cette fois
) avec des cheveux longs tombant en bataille, le teint halé : bref, le genre de fille qui ne se retournera jamais sur ton passage !
La fille pré-citée est rouge en tentant de reprendre son souffle, mais son fin visage exprime une satisfaction totale avec un regard admiratif envers son « cavalier » du moment qui lui, est frais comme un gardon ! On dit que lanimal est triste après lamour, mais pas René qui, visiblement semble content de lui-même
« Mais il est fait en quoi ctype là ?????, se demande Jmorlacrette qui se pince pour vérifier quil ne rêve pas, jai quelques années de moins mais jai limpression dêtre à la rue face à lui : comment peut-on être ainsi quand on a cet age là ???. La presse navait pas exagéré : cest du jamais vu
et, mon vieux Dave, va falloir le travailler le corps pour lamener au site ce personnage : avec un gars pareil à nos côtés, on va filer des boutons à la presse écrite
Le problème, cest qujarrive après les autres et va falloir trouver de arguments chocs pour le convaincre : pas joué davance ! . En plus il semble avoir mauvais caractère
»
Dave est songeur : retraité depuis peu de ladministration, il voue désormais sa vie entière au net, et principalement au site de sa création. Seulement voilà : il a décidé de se cantonner exclusivement à la tranche « Respectable » du milieu moto, et même si cette dernière couvre un large pourcentage du milieu, cest assez restrictif. Lexemple est donné par le site number one : « Le Repaire des Motards » qui surfe en permanence à la limite de zone rouge, mais celui-là est généraliste. Avec un René Gedeufoitrentans à ses côtés, ce serait lassurance de drainer une « clientèle » boostée par laura de lAncien
Mais comment faire pour trouver largumentaire susceptible de faire mouche avec un pareil bonhomme
?
Pépère lui, pendant ce temps, répond calmement aux questions de la foule se pressant autour de lui : il commence a en avoir lhabitude maintenant !
Un responsable du circuit, un peu excité, se ramène alors en lui brandissant un chrono sous lnez :
« Pas possible !, regarde : 101 !!!!!!!!!!!!!!!!, et régulier en plus
Dis-moi, René : tu te rends compte que le record officieux est détenu par Arnaud Vincent en 59 secondes la semaine dernière avec sa 250 FANTIC MOTOR quest officiellement pas encore construite
Ha zut !, jdevais pas ldire : cest un truc top-secret
, hô la la !, jva mfaire virer !!!!!!!! »
Le gars jette un regard inquiet autour de lui :
« Zavez rien entendu, hein ????? . En fait, jvoulais dire VINCENT Philippe sur la SUZ du team Méliand
» essaye til de se rattraper : trop tard, linfo a fait leffet dune bombe et Dave a déjà sorti son carnet. Il est pas seul dans ce cas car certaines personnes présentes séclipsent très rapidement sans dire un mot
Le gars René se marre franchement :
« Mon vieux Sam ! : ten loupes pas une, toi
. Il est vraiment descendu sous la minute ??? : mouais
, la KAWASUKI est lourde dans les enchaînements et cest vrai qujperd un temps fou à la contre-balancer ! . Avec celle-ci, jpeux pas faire mieux : va falloir quje demande celle à SARRON pour voir
» déclare tout naturellement Superpapy, comme si exploser les temps des circuits lui était devenu une chose machinale comme lever lcoude pour avaler le contenu de son verre, par exemple
Cest Ziva, quelque peu chiffonné, qui indirectement, détourne la conversation :
« Et moi ? jétais en combien ???????? », ose til demander
« Cest pas facile dévaluer ça avec un chrono, déclare Maurice, huuuum
, à vu dnez
, jdirais dix kilos dgravier au tour : tes en forme ! »
René, à la réponse de son frère, se paye sa première gamelle de la journée
sans bécane ! :
Il arrive plus à rprendre son souffle tellement il se marre, surtout devant la mine toute dépitée du pauvre Ziva qui constate que non seulement le carénage de la CACAZUKI est bon pour la poubelle, mais on cuir aussi
« Tiens !, jva être sympa avec toi, poursuit Maurice, tu vas aller voir ROSSO dma part et y va tfaire un prix sur ma VIRAGRO qui sra parfaite pour toi : elle est en super état et ten sra content
Par contre, cest un peu lourd à manier dans la terre ! »
Ziva sait pas sil doit rire ou pleurer mais semble se résigner à suivre le « conseil » du Vénérable, se disant quaprès tout il nétait peut-être pas « vraiment » fait pour la moto sportive et, quen plus, son compte en banque commence à se vider plus vite que lui quand il rentre en courbe !!!
Retrouvant un brin dsérieux, Dave attire René un peu à lécart :
« Jte remercie pour le cours de pilotage, même si, un truc comme ça va être difficile à démontrer par le net : peu importe, mais va falloir quje me débrouille pour retrouver la crédibilité autrement
Tavais raison : jgarde ma SUCEKIKI car jen ai pas encore fait ltour, même après cinq ans à son guidon !
Par contre, jvoulais tdemander : ça tdirait de tintégrer à léquipe du site ?. Une personne comme toi DOIT absolument faire partager son expérience
De plus, ton profil correspond parfaitement avec lesprit qui y règne. A nous deux, on peut faire mieux que lautre site et le détrôner au hit-parade du net, voir même faire de lombre à la presse hebdomadaire
»
René fait la moue en réfléchissant longuement : il prend son temps en semblant chercher ses mots :
« Moooais !, dit-il, lair peu emballé, un site sur les « Respectables »
- note que jai rien contre et qucest super cque tu fais ! mais cest ptêt pas terrible pour mon image
En plus, jy connais rien avec les zordinateurs
Et les gonzesses ?, ty as pensé aux gonzesses ??? : doit y avoir que des vieilles sur ton truc et jai pas envie dêtre emmerd
par tout un tas de desséchées du bas ventre alors que jdonne dans la pouliche tout juste sortie drodage ! »
Dave semble embarrassé :
« Je comprend ton point dvue et je peux pas tobliger, mais mon but, en montant ce site, était de montrer que les djeuns ont encore beaucoup à apprendre de gens comme nous. Javoue que le but est loin dêtre atteint
Toi ? : ya pas un gamin quest capable de taccrocher ! : jte propose de faire les essais en allant chercher les motos chez les importateurs, Maurice peut écrire les papiers, et moi jles met en ligne. Et on donne pas tes coordonnées, tes daccord ??? . De plus, sur laut site, ya ton copain Grigou quécrit une chronique chaque mois : ce serait marrant qutu tires la bourre avec lui sur le net
Jpeux pas tpayer, mais tu mrendrais un sacré service en acceptant !!! »
Maurice, qui sest rapproché, sen mêle :
« Dis oui, René : ça te prendra pas beaucoup de temps, et jme charge des écritures
»
Superpapy ne répond pas
: pas trop lair emballé, lAncien !
Ziva nest pas trop loin non plus : il a entendu une bonne partie de la conversation et ne tient pas à rester à la traîne ( dans cdomaine là au moins
) :
« Moi, jveux bien participer : jai une licence en informatique et je peux être utile ??? »
Cest encore une fois Maurice qui répond :
« Ziva, mon garçon, jai bien peur que Dave nait pas les moyens dinvestir en unités centrales : timagines, quand tarrives au bout de la ligne, si toublies de freiner en mettant un point ?????????? »
« Note quil peut être utile pour tester la solidité de pièces détachées et accessoires, rétorque Dave, jveux bien prendre le risque ! »
René, toujours pensif et dont le regard va ostensiblement de lun à lautre, se décide enfin à parler :
« Bon, puisque tout lmonde semble insister comme ça, jva encore céder à mon bon cur et cest OK ! . Mais jveux pas voir de ptites vieilles se radiner à la maison
, cest bien pigé ??? »
« VEEEEEEEENDU !, sexclame Dave, au comble de la satisfaction, tiens, pour fêter lévénement, jvous emmène chez moi et on va vider quelques bouteilles
Ziva ! , part devant : on trattrapera sur la route ou
on taidera à sortir de la terre, comme dhabitude
René, sil te plait, roule pas trop vite quon arrive à suivre
Au cas ou : jai des piaules de libre à la maison car des boutanches, yen a quelques-unes à vider !!! »
Ben mon vieux !!! : jpeux tdire que ce soir, les voisins au Dave ont pas roupillé des masses
Le Jmorlacrette sest révélé, outre le fait non négligeable dêtre pas regardant à la dépense, un fin descendeur de bouteille, à la grande satisfaction de ce maître en la matière (ben ouais, dans cdomaine là aussi
) quest le Gatouillable.
Note qule Maurice est pas à la traîne non plus : tu le verrais à laccélération dans lbout droit du Clan Campbell
, et au taquet dans lgrand gauche du 51
, y talonne son frangin sans sortir de la traj !
Par contre, un qui va moins bien, cest lZiva : la même pas fait un tour de circuit lgamin
, et au bout de trois verres, il a encore raté lfreinage et sest étalé sur la table du salon en renversant au passage une boutanche de bourbon (heureusement en fin dcourse
) sur le tapis en poil de zébu (zépussoif
) ramené dun lointain voyage en Orient, et payé au prix fort, par Dave !
Ce dernier, à la vue de son précieux bien transformé en serpillière, est monté en régime contre le Maladroit mais, constatant la tronche dépitée du môme, laquelle semble maintenant issue des amours malheureux dune carpe et dun macaque, il ne peut contenir un sourire qui se transforme vite, alcool aidant, en fou-rire communicatif avec les frangins
« Cest pas dma faute, gémit le djeuns en bégayant, jallais prendre les freins quand jai vu la bouteille traverser la piste : jai pas pu éviter la collision
»
« Mouais
, vraiment pas dsanté les gosses daujourdhui ! , décrète Maurice en faisant une moue dubitative, Dave ?, on lmet au lit et on attaque les choses sérieuses : jai comme une ptite soif, moi
, pas toi, René ? »
Superpapy répond par laffirmative, la bouche pleine de morceaux de cacahouettes quil tente déradiquer en se gargarisant à grands coups de whisky
« Tu vois, dit-il à Dave dès quil est en mesure darticuler, avec la moto, le meilleur ami de lhomme, cest lbreuvage dEcosse : savent vivrent ces gens-là !
.
Crébonsang !, cpays y strouve pas loin dlîle de Man, si jme trompe pas trop ????????
Ben moi, cest décidé : lan prochain jva aller tous les torcher au T.T. !!!!!!!!!, et après on fête ça dans un rade du coin
»
« Tes sérieux René, ou tu commences à être chaud ???, demande Maurice, inquiet des frasques devenant coutumière du frêro, pasque stirer la bourre sur un circuit, passe encore, mais cte course là, cest un truc de barges : même les pilotes de GP y viennent plus arsouiller tellement faut êtdedans pour pas risquer dfinir entre quatre planches
»
« Ouais, rétorque le Respectable en se marrant, mais faut rconnait que les pilotes daujourdhui y savent tourner la poignée que quand y zont une piste dégagée avec des bacs à sable (en entendant le mot « sable », lZiva lève un il
et retombe vite fait dans sa léthargie en se mettant à ronfler comme une vieille anglaise), y faut pas dpluie, y faut une moto avec des réglages adaptés à la couleur du slip, et si jamais yen a un qui smet vraiment à visser, les aut y disent tout dsuite que cest la faute au team quest pas capable de leur filer un brélon à la hauteur de leur soit-disant talent
Jva tdonner un exemple avec ljeunot quà lnuméro 46 : parait quon lui a rfilé une bécane quavançait pas du tout ya un an
Ben
, à ton avis ?, cest la brèle ou les gars quétaient dsus qui zétaient à larrêt ???
Dailleurs, si tu rgardes bien, laut Espingouin qui lui servait de coéquipier, et quétait chez eux depuis plus longtemps qule jeune Italien dont jcrois msouvnir que jconnaissais son père un marrant à lépoque ! -, il a fait quoaaa ltorréador ????
Et laut naze qua récupéré la moto du champion dlan dernier, tu sais ? cui quà une tête dabruti avec ses gros sourcils : ya pas trouvé la marche avant
Tas aussi lnuméro 15 : alors là, ctanimal là il est fortiche car pour éviter de se battre avec ladversaire, y paraît quy sbat contre lui-même
Tas qulaut Rital, Max je crois, quessaye dfaire front, et pis aussi le ptit avec l numéro 65 : mais comme y roule sur une italienne, lest pas arrivé non plus
Jte le dis comme jle pense : tous des lopettes les jeunes
, alors moi, jva leur montrer et faire un truc dans une course comme on en avait dans ltemps, à lépoque ou les pilotes y zen avaient une paire comme ça et tournaient la poignée sans sposer dquestions »
Commence à être chaud de chez chaud, Pépère
Dave observe sans rien dire mais semble vivement intéressé par les propos du Gatouillable : il réfléchit un long moment puis sadresse à René :
« Tu veux VRAIMENT courir le T.T. de lîle de Man ??? », dit-il avec une lueur particulière dans le regard
« Mais non, mais non
, y rigole, tente dintervenir Maurice, tu vois pas quil est déjà plein comme une huître ??? »
«YES !!!, crie René, et jva gagner la course uniquement pour prouver que quand on veut réellement êt devant, ben, on la ramène pas et on visse !!! »
«Ma foi !, rétorque Dave, vu ce ques capable de faire un guidon en main, chsuis pas trop étonné par tes propos et, si tu veux, jte propose de mettre le projet sur pied : avec la renommée du site, ça va pas être bien difficile de dégoter des partenaires pour courir lépreuve dans des conditions décentes ! »
Dans létat deuphorie installée au sein du groupe, seul Maurice semble garder un peu de lucidité : il connaît la renommée du T.T., et même René, avec tout son talent, risque de jouer à la roulette russe en participant à cette course ou travaille sans filet
Seulement, il est comme ça lAncêtre : à lopposé du prudent Maurice, celui-ci ne vit que par le fait de défis lui donnant limpression davoir trouvé la fontaine de jouvence et visiblement
ça marche !
« René ?, tu veux quje te dise ?, lance le frangin, tes complètement bourré et tu trends plus bien compte des conner
qutu débites ! »
« Des quooooi ?, pourquoi tu parles de b
?, plaisante le Respectable en articulant de plus en plus difficilement, moi jte cause dleur montrer à tous quun Gedeutrentans y slaisse pas impressionner par une bande de boutonneux qui sont pas capab de garder les deux roues en ligne en tournant ltruc comme ça
! »
Ce faisant, il mime une rotation du poignée et
VLAN !!! : son sens de léquilibre ayant maintenant un sacré problème au niveau de la synchro dcarbu, Superpapy sétale de tout son long et sen va rejoindre Ziva en ajoutant un cylindre supplémentaire à langlaise !!!
« Dave, cest pas raisonnable cque tas fait-là, dit Maurice en sadressant à leur hôte, tu sais bien quune course comme le T.T. ça sgagne jamais du premier coup
, et René, si on lpousse comme tu viens dle faire, y va attaquer bille en tête et on risque daller lramasser à la ptite cuillère !!! »
« Tinquiète pas Maurice, jy fais confiance à ton frangin : il arsouille comme un jeune avec lexpérience dun Respectable
A mon avis, la pas fini dnous étonner
Allez !, ten fais pas et viens boire un coup : y fait soif ici
»
Jvais faire appel à tes souvenirs : dans les années 50, yavait un mono culbuté de 500 cc chez BSA, lequel était mis à toutes les sauces, faisant le bonheur des pistards, crossmens, trialistes et autres routards.
Ce moulin a façonné tout un pan de lhistoire motocycliste anglaise et la fascination quil a suscité à son époque fut à lorigine de la passion de nombreux motards qui ne juraient ensuite que par cette mécanique
Fallait dabord savoir kicker selon un mode bien particulier : une manette au guidon permettait de faire varier le point davance à lallumage, pas de gaz (surtout pas
), on passait la compression (énorme et peu de démultiplication au kick) et ensuite, un bon coup djarret pour mettre en marche cette cathédrale (la taille du cylindre et de sa culasse
!)
Un son grave, très grave, comme venu doutre-tombe, sortait alors du mégaphone, lequel crachait ses décibels en déferlante : il était presque obligatoire, quand on était face à une version « racing » de se boucher les oreilles
Et les vibrations
: un vrai tremblement de terre qui faisait bouger la bécane sur sa latérale et se barrer la vis la mieux serrée !
Le rapport avec le Gatouillable et ses comparses
?, ben imagine que tas cmoulin dans la boîte cranienne et qutu joue dla poignée dgaz : cest exactement avec cette douloureuse impression quil ont tenté tous les quatre démerger ce matin là après la soirée précédente !
Cest Maurice qui, le premier, semble retrouver un semblant de fonction opérationnelle : lil est glauque, la bouche pâteuse et le mollet flagellant
Son premier réflexe est de jeter un regard vers son frangin, lequel, assis en travers du plumard, ressemble à une vache dans un pré
avec la même expression au visage
« René ?
», dit-il doucement en direction du bovidé improvisé.
« Moooooais !, répond Pépère, assez mollement
« Rassure-moi : tas changé davis ???????, tu vas pas participer au lT.T. ??????????
»
« Quest-ce que tu radotes ?, parvient à articuler le Respectable. Toi, tas pas encore cuvé : jtai djà causé quétait pas question que jfasse dla course
, ten as dces idées !!! »
« Pourtant, hier au soir
»
LAncien regarde son frère avec lair de ne pas comprendre, se demandant avec une cetaine inquiétude si Maurice a pas fait un pas supplémentaire dans la pyramide ascensionnelle de la « Respectabilité »
: visiblement René ne se souvient pas de ses frasques de la veille !
Arrive alors Dave, pas vraiment opérationnel lui non plus, lequel sempresse de venir saluer son idole :
« Ben mon vieux, constate til, pour un futur gagnant du T.T., tas une drôle de mine
»
LRené, au réveil (surtout en sortant dun tel état
), faut pas lbassiner dtrop près :
« Zavez bientôt fini dmemmerd
avec vos histoires de Tourist Trophy !!!!!!!!!, vous avez fumé ou quoi ???????????????????????? »
« Pourtant, rétorque Dave, hier au soir, tétais partant
, et même que nous a expliqué qules jeunes daujourdhui cétait des lopettes de pas oser slancer la-ddans
»
René réalise alors quemporté par leuphorie de la soirée, il avait certainement trop parlé
:
« Ouais
bon : jétais bourré, tout simplement !
Timagine quand même pas quje vais, à mon age, mengager à ctruc de dingue et y laisser ma peau
: jtiens pas trop à décevoir les frangines en attente sur mon calepin
»
« Si, René : jy crois !
Et même que vue ta façon dessorer la poignée, jsuis certain quy en a qui ont du mouron à sfaire !
Jpeux mettre sur pied toute lorganisation et obtenir le meilleur matériel possible pour que ça se réalise le mieux possible
»
« Tes pas un peu timbré, toi par hasard ??? : si ça ttente vraiment, jveux bien tformer pour qutessayes dfaire illusion si lidée te tente daller manger la terre des Rosbifs, mais lgars mézigue, la autchose à faire quà visiter les hostos du coin
»
Dave semble déçu :
« Jsuis pas un pilote, alors non merci !. Par contre toi
, mais bon, nen parlons plus !, pour linstant
»
Maurice pousse un grand OUUUUUF !!! de soulagement tandis quau rez-de-chaussée se fait entendre un SPLAAAAAAAAAMMMMMM !!! retentissant :
« Cest quoi ça ????? », sexclame les frangins en sursautant
Dave prend un air faussement détaché : « ça !, ça doit être lZiva qui sréveille
»
Effectivement, cest lgamin qui tente démerger : dormait tellement bien lanimal que les autres lont laissé roupiller dans lcanapé. Faut dire aussi que porter quelquun, quand tas plus les idées claires, cest pas évident !
Le môme a bien tenté de brancher son radar en slevant mais ce dernier, pas encore totalement initialisé, na pas détecté le tapis au sol fonçant droit sur lui. La table de salon, sans doute copine avec ce traître de tapis, sest aussitôt précipitée pour faire barrage : le combat a été inégal et la table déclarée vainqueur par KO
Les autre se sont précipités pour constater que Ziva risque davoir quelques difficultés à enfiler son casque aujourdhui, rapport à lénorme bosse au front consécutive à la collision !
La table, simplement renversée, semble se marrer devant la tronche ahurie du gosse, lequel visiblement na rien compris au film
« Tas encore raté un freinage, môme ???, demande Maurice, va tfalloir un A.B.S. si ça continue comme ça
»
Le môme en question est de mauvaise humeur : « Vous foutez pas dmoi les fossiles, feriez mieux dvous rgarder dans une glace : si on vous dépose dans ctétat là au bord dun champ, pas ddanger qules oiseaux rappliquent
, mais avec des tronchent pareilles, vous servirez pas à grand chose car cest les graines qui vont foutre lcamp !!! »
Une douche froide et quelques bols de café serré plus tard, les voilà, sinon opérationnels, du moins à peu près présentables
DRIIIIIIIIIIIIINNNNNNNZZZZZ !!!!!
« Ha zut !, jlavais oublié celui-là
, dit Dave en sgrattant la tête, cest Nico CESCOWITCH, le fils dun ponte de lindustrie du tabac impliqué dans le sponsoring moto :
il a monté une boîte de recherche et développement dont le but est de mettre au point un deux temps qui ne fume pas
Nico (cest son père qui lui a donné ce prénom : déformation professionnelle
) doit me faire essayer son proto pour que jen glisse quelques mots sur le site : tu tombes à point René !»
Dave va ouvrir à un gars encore jeune, clope au bec et un casque portant le numéro 46 à la main : ce dernier, à la vue du Respectable, savance avec un large sourire :
« René Gedeufoitrentans ???!!!, content de te rencontrer ! : jai suivi tes exploits par le biais dun pote journaliste qui ma parlé de toi
Tu sais que dans lpetit monde des GP on commence à causer du Superpapy ?.
Paraît qutas torché lpère SARRON lors dun stage de pilotage ??? »
« Nexagérons rien, rétorque René, Christian a simplement été gêné dans les derniers tours
»
« Nempêche qule père a parlé de te faire une proposition pour la saison prochaine quand la nouvelle lui est parvenue. Il compte prendre contact avec toi sous peu
Au fait : tu peux me signer mon paquet de cigarettes ??? »
René sexécute en déclarant quil nétait pas question pour lui de participer à une quelconque course : à son age, on ne fait plus carrière
Tous les cinq sinstallent autour de la table de salon, laquelle a retrouvé sa position initiale et Dave invite Nico à parler de son projet :
« Tout jeune, jai baigné dans lambiance de la course et je suis resté un passionné de deux temps. Seulement voilà, avec les nouvelles normes anti-pollution, cette merveilleuse mécanique est en passe de disparaître
Jai donc créé une boîte qui tente de mettre au point un proto pour la route qui ne fume pas en parlant dça : si vous voulez une clope, servez vous ! histoire de relancer ce type de moteur avant quon ne parle de lui à limparfait.
Cest un six cylindres en V de 750cc à injection avec un système de recyclage des gaz inédit par le biais dun catalyseur un peu spécial : pour linstant cette mécanique développe 190 CV à 12000 tours pour un couple de 8,5 MK/G à 7000
, autant dire que ça remue pas mal
Dans létat actuel, le moulin passe la norme EURO 2 sans aucun problème !
Jai aussi tenté dinnover avec la partie-cycle, restée relativement traditionnelle au niveau du cadre par le biais de platines supportant la mécanique, mais cest lensemble réservoir/coque dun seul tenant, ainsi que le carénage qui sort quelque peu de lordinaire : ils sont fabriqués à base de feuilles de tabac (servez-vous !
) dont une des propriété est labsorption des chocs qui fait que le matériau est quasiment indestructible et sa résistance le rend peu sensible à labrasion.
Un brevet a été déposé et je peux te dire que les bridés sont passés du jeune au vert quand ils ont eu vent de lhistoire !
Un dernier mot : avec les jantes et disques en carbone, lensemble ne pèse ne 145 kilos avec le plein ( ctun ptit réservoir de 15 L mais on travaille pour faire baisser la conso en deçà de celle dun quatre temps
) »
René est maintenant totalement réveillé et a hâte de voir la bête
et de lessayer !
Ils se rendent tous à lextérieur ou Dave leur présente son « bébé » avec fierté : elle est minuscule comme une meule de GP, dune finesse et dune compacité incroyable. Le travail
pour caser les six échappements catalysés tient du génie avec deux éléments sous la selle, deux passant à droite et les deux autres à gauche : vue de larrière, lensemble est à couper le souffle !
Le matériau du réservoir ressemble à un classique poly et la moto est peinte dans un bleu électrique rappelant une certaine MotoGP
Nico file un coup de démarreur donnant vie à une étrange sonorité qui étonne Ziva mais fait verser une larme au Respectable :
« On dirait une HONDA 6, en plus civilisée
», dit-il en tournant lui-même la poignée pour faire monter le moteur dans les tours.
« Jai demandé aux ingénieurs de soigner ce point !, lui explique Nico avec un sourire, bien entendu, cest toi qui monte le premier dessus : cest un honneur pour moi ! »
René file se changer et revient vêtu de son cuir : il grimpe sur lengin avec la précipitation dun gosse à qui on vient de filer un jouet
Les autres le regardent décoller sur un filet de gaz puis disparaître au coin de la rue : il revient une demi-heure après, la banane à travers la visière entrouverte :
« Vache ! : elle pousse plus que la bécane à SARRON !!!, et moins brutale
Cest régulier jusquà 6000 environ, mais ça pulsant déjà fort, hein !, puis, au-dsus, faut taccrocher aux branches car ce truc devient comme fou : tas limpression quça va jamais sarrêter de monter dans les tours !!!!
Et le bruit !!!!!!!!! : RHAAAAAAAAA !!!!!!!, tas plus envie dcouper tellement ça tprend aux tripes une mélodie pareille
La partie-cycle ?, parfaite : un vélo avec la rigidité et la précision dla mienne !!!
JEN VEUX UNE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
Dave est aux anges devant lenthousiasme de Pépère, il ajoute :
« En plus, si tu tombes avec, tu la retrouves quasiment intacte avec la structure inédite
»
René, en entendant ça, jette un regard en direction de Ziva :
« Met ton casque, petit !
Tu vois lgauche au bout dla rue ? : tu grimpes sur la moto et tu fais comme dhabitude
»
Les autres se marrent tandis que Dave, étonné, laisse lAncien donner cette directive :
Le Ziva enfile son casque en grimaçant un peu, rapport à la bosse au front, et grimpe à son tour sur la meule pour sélancer sur la roue arrière
La moto est partie comme une balle, le feu stop sest allumé et
la brèle sest couchée au sol dans un superbe travers !!!
Ils se sont tous précipités : Dave a redressé la moto, Maurice a relevé Ziva dont le cuir nest plus à ça près, et René sest penché sur la bécane :
« Hé ben cest vrai ! : elle a rien du tout la meule
Bravo Ziva !, tes un bon
»
Ces derniers temps lgars René a beaucoup donné entre les coups dmains au môme ROSSO, les essais, les séances photos et divers trucs découlant de sa récente notoriété !
Pour tout dire, il en a un peu ras lintégral : aujourdhui, avec la complicité de son Maurice de frère, cest stand-bye pour Superpapy qui a décidé dune virée tranquillos, sans arsouille, histoire de se détendre un pneu comme le Respectable qui va à la pêche pour se sortir de son quotidien glauque davec Mémère qui, si elle fut une bonne épouse en des temps tellement reculés quon se demande si cest pas la pensée qua enjolivé la chose, est maintenant une vieille aigrie à bigoudis nayant plus que son fidèle compagnon en défouloir de cette rancur initialisée par lentremise de ce foutu sablier qui la nargue dans un bras de fer inégal
Cest la raison Number One du célibat des deux frangins : pas dattache susceptible de jouer le miroir dans lequel on contemple le temps qui passe
Bref : les V6 vont pas surchauffer de la journée, ce, pour le plus grand plaisir de Maurice qui naime pas trop les arsouilles sur la route !
Les deux Gatouillables font traîner ce moment ou on enfile léquipement, un il sur les motos pour linstant immobiles, en savourant linstant présent.
Les 1300 sont maintenant à lextérieur et chauffent tranquillement sur la latérale. Le temps est sec et frais, parfait pour prendre la route par le chemin des écoliers
Quand deux personnes se connaissent parfaitement, à fortiori jumeaux, et partagent la même passion, cest le beau fixe affiché au baromètre du bonheur : les Respectables sobservent avec complicité pendant que les motos se dérouillent les bielles sur les premiers kilomètres.
René ouvre la marche à un rythme inhabituel de lenteur en rapport à celui imprimé en temps ordinaire, Maurice le suivant comme son ombre. Ils enroulent le nez au vent, sans but précis si ce nest celui de sentir cette liberté les envahir, bercés au feulement régulier des six cylindres tournant à bas régimes.
Là-haut, très loin dans le ciel, les oiseaux semblent vouloir les accompagner, comme pour leur indiquer une direction connue deux seuls et uniquement accessible à ceux qui ont le courage de briser les chaînes qui les relient à ce quotidien monotone et uniforme de la vie de tous les jours
Ils sont heureux : dêtre ensemble dabord, de profiter de linstant présent sans devoir rendre aucun compte à quiconque
, heureux de vivre, tout simplement !
Sur les bas-côtés de la chaussée, lherbe humide bordant les arbres de la forêt toute proche qui a laissé tomber au sol sa parure de la belle saison, laisse échapper mille odeurs subtiles leur rappelant des souvenirs denfance : époque insouciante ou ils batifolaient tous deux dans les bois en inventant des histoires destinées à créer un univers rien quà eux.
Les moulins sont maintenant en température et, mine de rien, la moyenne na rien de ridicule même si les courbes sont absorbées sur un filet de gaz en enroulant : avec des moulbifs cubant autant, cest la moindre des choses. Mais aucune brusquerie dans les gestes ne troubler la quiétude un peu magique du moment, de celle qui te fait croire que le temps sest arrêté, et les deux motos semblent glisser sans aucune contrainte sur un imaginaire tapis déroulé à linfini sur lasphalte noir du réseau routier
Soudain, à lentrée dune agglomération, la brusquerie du monde réel les surprend par lentremise dune dizaine de bécanes arrêtées à un feu : René et Maurice sont bien obligés de cohabiter quelques instants avec cette horde faisant involontairement irruption dans «leur» univers
Des djeuns sur des sportives hight-tech avec des cuirs aux couleurs des pilotes en vue du moment. Ces derniers saluent les Respectables tout en jetant un il circonspect sur les Kawasuki : les Sport GT, même affublées de telles mécaniques, nont pas laura quelque peu sulfureuse drainée par une réplica et ne sont donc pas dignes de la caste instaurée par cette new-génération pour laquelle le paraître est LA condition sine qua non de reconnaissance. De même, à travers les visières, lage des frangins est affiché comme sur un écran géant : encore une fois un élément incompatible dappartenance à ce monde définitivement sectaire ou la passion semble avoir cédé le pas face à une vulgarisation de la moto traitée au même titre que nimporte quel objet susceptible de servir de symbole à une jeunesse de plus en plus lobotomisée
Les Respectables se regardent en soupirant : manquait plus quça alors que la quiétude les entourait quelques instants auparavant
VRAOUUUUUUM !!!, VRAOUUUUUUM !!!, toujours le même cinéma avec des gugusses comme ça, sauf que nous avons droit à une petit variante pour le groupe présent : une fois le feu passé au vert, ils laissent filer les Gatouillables pour mieux enquiller le gauche à la sortie du bled en ayant au préalable doublé les V6 le nez dans la bulle
Les freinages sont légers et la prise du point de corde bien approximative, mais peu importe pour ces « pilotes des jours sans pluie » : limportant pour eux nest pas détudier le mode demploi du passage en courbe (trop fastidieux
et dangereux pour limage vis à vis de lautre dans le cas ou on ne possède pas le talent nécessaire pour ça !) mais davoir un truc bourré daccessoires sensé rivaliser avec une meule de GP
au coin du bar !
Maurice se porte au niveau de René, mais le la lueur dans le regard de ce dernier lui comprendre que Pépère est pas content : Superpapy en rempile deux et visse en grand !
Là-bas, au loin, la meute namuse pas lterrain
en ligne droite, mais le V6 est préparé : à chaque changement de rapport, une brève fumée bleutée séchappe du pneu arrière tandis que la bête crache son impressionnante cavalerie dans une accélération démoniaque pour une brèle de route !!!
Au loin, un droite au large rayon se précise et René a déjà fondu sur le groupe : ces derniers prennent les freins alors que lancien lui, ne coupe pas en les doublant un à un par lextérieur
La surprise est totale : lun deux touche même la roue arrière du comparse devant lui, risquant de les mettre au tas tous les deux !
Au point de corde, René, plein angle, lâche la main gauche, quil passe entre le réservoir et le bras droit, pour les saluer au passage tandis que la Kawasuki reste imperturbable sur sa traj
Le rythme des djeuns a subitement chuté et Maurice en profite pour prendre la roue du frangin, tout à lextérieur lui aussi : motos encore sur langle, les deux Respectables font hurler les moulbifs à la limite de la zone rouge en déposant littéralement les «pseudo-pilotes» incapables de répliquer !
Celle de Maurice a reçu les mêmes pièces que René : les réplicas ne suivent pas et doivent se contenter, après sêtre fait proprement enrhumés en courbe, de voir séloigner les Anciens qui se fendent bien la poire de ce petit clin dil face à la certitude dune toute puissance sans fondement
Une aire de repos se trouve quelques mètres plus loin : René fait signe à son frère de sarrêter. Ils retirent leur casque en se marrant et en se tapant dans la main. Bientôt le groupe apparaît et stoppe, la queue entre les pattes mais intrigués, derrière les frangins.
Sont pas fiers les gamins ! : ils savancent en directions des Gatouillables. Lun deux imite alors la carpe gobant une mouche à la surface de leau en sécriant :
« René Gedeufoitrentans !!!: on aurait dû sen douter
Bon, cest sûr : on pouvait pas lutter
Et même Maurice y met du gaz : on a rien vu ! », avoue til, visiblement impressionné
Les autres font : « HOOOOOO !!! », car il est vrai que la René Story a fait ltour de tout le milieu : la presse et les campagnes de pub ont bien aidé à ça !
Les djeuns sortent qui, un carnet et qui, une feuille ou un paquet de cigarettes pour faire signer Superpapy : dun seul coup, la barrière des génération est effacée au profit dun profond respect
« Voyez-vous les jeunes, vot problème cest qui faut arrêter de vous rgarder lnombril et faire comme nous les anciens : vous concentrer sur la poignée de dgaz !
Cest pas vos tenus dclowns qui vont vous aider à savoir ouvrir autrement quen ligne droite et, au lieu de dépenser des fortunes dans ces trucs là, payez-vous des stages de pilotage : vous serez ainsi plus crédibles et éviterez ce genre de petite mésaventure
Pigé la jeunesse ?
»
Faut rconnaître quil a pas tord Pépère et la petite troupe repart quelque peu désorientée
Les deux Respectables, eux, reprennent la route, le nez au vent, à une allure sénatoriale
Nous sommes en 1963, René GEDEUFOITRENTANS mène le championnat 500 au guidon de sa V4 TERROT à compresseur depuis la mi-saison. Son adversaire principal, Phil READ, sur la MV 4 est relégué à 20 points du leader. Le troisième, Jarno SAARINEN, sur une YAMAHA 2 temps (les japonais avaient décidé demployer une mécanique différente) colle au numéro deux avec trois points décart. Le quatrième, Grazziano ROSSI, sur HONDA V6 est en embuscade, ainsi que son fils, Valentino, lequel apprend la catégorie (DUCATI mono turbo). Le roi AGO est un peu lâché suite déboires sentimentaux (MV lui aussi). Sete GIBERNAU, sur DERBI (un 5 en ligne) tente de faire illusion mais se bat contre lui-même (pour linstant, il na jamais réussi à se faire le freinage
). Kenny ROBERTS Junior, sur PEUGEOT (un bi face à la route alimenté au jus de betterave
), est totalement inconstant cette saison depuis quil sest aperçu que le but est dessayer de doubler les autres (quelquun lui avait expliqué que le premier qui rentrait au stand avait gagné
).
Voilà un petit résumé de cette saison, millésime 63, et déjà cinq courses se sont déroulées. Nous sommes en Juin, il fait beau et cest le Grand Prix de France sur le prestigieux circuit des Essarts, près de ROUEN.
René à fait la pole en 3 minutes tout rond sur le tracé normand de 6,3 kilomètres. Sa TERROT marche du feu de dieu !: faut dire que les ingénieurs, suite à une soirée très arrosée dans latelier (on fêtait le Beaujolais nouveau
), ont malencontreusement renversé une bouteille du précieux breuvage dans un jerrican dessence resté ouvert, lequel a été transféré dans le réservoir à René
Lensemble a fait gagner vingt chevaux à la meule ! : un brevet a aussitôt été déposé par la marque
Le deuxième temps est pour le fils ROSSI, dont la DUCATI semble marcher de mieux en mieux et surtout
le gosse apprend vite !
SAARINEN prend la dernière marche du trio avec une YAMAHA diablement efficace !
Suivent ensuite READ, ROSSI père, GIBERNAU et GROROBERT (surnommé ainsi par lensemble du Continental Circus depuis quil saffiche avec une blonde à forte poitrine
)
Ils sont tous sur la grille, près à traverser la piste pour monter sur la meule comme il est de mise pour prendre le départ que donne le commissaire de course à laide dun cor de chasse.
René est un peu nerveux car READ semble avoir passé son temps à la mise au point plutôt quau chrono et regarde le leader avec un rictus qui ne présage rien de bon pour la suite
TSOIN !, TSOINNNNNNN ! : cest parti !!!
Valentino a bousculé René au moment ou celui-ci grimpait en selle et dégotté un balai pour dégager la sciure déposée intentionnellement devant la TERROT (Pépère navait rien vu et heureusement que la solidarité fonctionnait en ces temps-là : un coup de READ certainement
)
René remercie chaleureusement Valentino du geste mais dans lhistoire, ils partent bon derniers car les autres nont pas attendu et
READ est en tête !!!
Les pneus sont froids, mais le Respectable sest littéralement jeté dans le grand gauche en descente, imité par le fils ROSSI, déjà un peu enivré par les effluves lâchées par les deux échappements du V4
Avant le droite en épingle du bas du circuit, le duo a déjà doublé et laissé sur place GROROBERT et GIBERNAU, occupés à discuter de leur façon de gérer cette course, visière ouverte !
SAARINEN est autrement plus coriace et vend chèrement sa peau dans le droit puis le gauche suivant (vicelard celui-là car il se resserre en sortie) dans la remontée vers la longue ligne droite précédée par un virage (droite aussi) à angle droit : Cest là que parlent les chevaux de la TERROT, toujours suivie de près par la DUCATI du fils ROSSI, complètement bourré par les rejets de la moto à René
Dans la ligne droite, Valentino est obligé de sarrêter, ne sachant plus laquelle des trois TERROT il doit suivre : ROSSI dépose sa moto sur le bas-côté et, sallongeant sous les arbres, se met à
ronfler comme sa DUCATI !
AGO est maintenant en ligne de mire de René mais le bougre enroule sévère de chez sévère !
On arrive au bout de cette ligne droite et bientôt un droite serré se présente pour attaquer la ligne des tribunes
AGO soudain, coupe son élan
: une fan vient de crier son nom en soulevant son bustier et le fringant rital, retombant dans ses vieux travers, a déjà sauté de sa machine pour culbuter la belle dans le bosquet darbres voisin !
René en remet un coup car SAARINEN est en embuscade, mais il a déjà Grazziano en ligne de mire, dont la HONDA semble en proie à des problèmes : elle fume bizarre
Ils abordent maintenant la descente avec ce grand droite qui se prend sans couper quand soudain le V6 à ROSSI décide de vidanger sur la piste alors que René se portait à sa hauteur :
lancien était plein angle et la TERROT a décroché brutalement de lavant, puis de larrière sous leffet du visqueux liquide
Ca va vite
, très vite même ! : René, sur le dos glisse en direction du rail de sécurité
Quarante
, trente
, vingt
, dix mètres et
PAF !!! : Pépère séclate contre le rail !!!!
Plus de son ni lumière
« René ?, René !!???
» : la voix vient de loin , sous forme dun écho
René a mal à la tête : certainement le contact avec le rail. Il bouge un bras, puis lautre : rien de cassé semble til. Les jambes aussi ont lair de fonctionner normalement : il pousse un OUF ! de soulagement car généralement ce genre de chute ne pardonne pas !
Prudemment, il tente alors douvrir un il, puis lautre
Dehors, le soleil brille à travers la fenêtre : il est dans sa chambre, allongé en travers de son lit et cest Maurice qui est penché près de lui :
« Ha !, quand-même !!!. Dis-donc : il est quinze heures et va falloir penser à émerger
Tas fait ltour de lhorloge !
Faudrait voir à moins picoler lsoir avec CESCOVITCH, qui, soit dit en passant, cause pas beaucoup mais bois comme un trou et fume comme un diesel, lanimal
Jai été obligé daérer tellement lodeur sest imprégnée.
Tas vu létat dton lit ???: tu rêvais qutu faisais la course ou quoi ???
»
Dun seul coup René vient de réaliser :
« Tu sais Maurice ? : cest c.. les rêves ! », dit-il en se levant péniblement pour gagner la salle de bain, histoire de se rafraîchir les idées
René est fébrile ce matin : cest aujourdhui quil doit lessayer
Il passe deux plombes dans la salle de bain à se préparer après un footing plus long que dhabitude : pas commun chez lui et Maurice le regarde un peu étonné :
« Hé, cool !!!, on dirait un collégien qui sen va à son premier rendez-vous
», fait remarquer ce dernier.
« Ben, faut mcomprendre : avec une meule dce calibre, faut êt à la hauteur
, alors jme met en condition. Normal, non ? », répond Pépère.
Lidée, cest dGrigou lors dune discussion avec Dave ayant pour sujet les qualités assez exceptionnelles du Respectable : ils ont tout de suite conclu que seul René pouvait être à la hauteur dune telle monture
Son concepteur, ami de Grigou, en est fier comme on peut lêtre dune telle réalisation, mais faut avouer que là, trop cest trop
: déjà, en la voyant, on comprend quil vaut mieux se méfier, quune telle meule ne va pas se laisser apprivoiser par le premier venu. Ses lignes, agressives, sont tendues à lextrême sans aucun compromis : tu piges rapidos au premier coup dil le caractère en acier trempé qui émane du sujet car elle ne triche pas, ça lui est impossible
Elle est magnifique et rejoint un peu, dans lesprit du moins, le coup au cur que nous a laissé la 916 lorsque le voile a été levé : ceux qui ont eu lhonneur de porter un regard sur cette beauté en sont restés abasourdis
Ben oui, cest une latine, avec ce côté un peu excessif et sauvage mais si terriblement attirant que, même sans bouger, elle éclipse de son aura toutes celles ayant laudace de se porter à son niveau !
Seulement, le revers de la médaille, cest que quand on cultive autant de superlatifs, le mieux devient souvent lennemi du bien, mais peut-on en vouloir à son père concepteur davoir accouché dune telle merveille ?
Lui, ne pouvait que transmettre à son « bébé » la passion toute ritale coulant dans ses veines depuis le jour de sa naissance, mais, au jour daujourdhui, pas un na été en mesure dêtre à la hauteur de la mériter, ne serait-ce que pour un court galop dessai : la belle se rebiffe alors dès les premiers instants, te faisant comprendre quune deuxième tentative est inutile
Que faire alors ?, était-elle destinée à nêtre quun inabordable sujet de contemplation sans autre issue que le plaisir de la rétine ?
Tu conviendras avec moi quil sagirait là dun sacré flop, que son concepteur lui a interdit les voies du succès par excès de perfection : un comble !
Je dois te dire que cest bien ce quil ruminait, voyant les prétendants se succéder avec toujours léchec pour résultat : existait-il seulement un pilote dans ce bas monde susceptible de dompter une telle monture
A monture exceptionnelle, personnage exceptionnel : voilà lidée qui a germé dans lesprit de Grigou
Naturellement, qui dautre que René, lextra-terrestre, pour tenter de relever le défi ?
Bien entendu, son age ne plaide pas en sa faveur mais, avec ce diable de bonhomme, est-ce réellement ce qui importe le plus ? : il a toujours prouvé quà limpossible nul nest tenu et toujours gagné là ou les autres se sont ramassés lamentablement. Restait à le convaincre : cest Dave qui sest chargé du projet, avec laide de Maurice.
Au début, Superpapy a rigolé franchement de la proposition saugrenue qui lui était faite : Il a fallu toute la finesse desprit des deux complices pour lamener à tenter laventure en le touchant sur un domaine qui le faisait toujours démarrer au quart de tour, cest à dire sa confiance inébranlable en ses propres capacités
« Bon, on insiste pas
, avait alors déclaré Maurice avec un air faussement détaché, on ne ten voudra pas de ne pas tenter lexpérience sur ce coup-là car, même pour toi, cest un défi qui ne peut se gagner
»
Voilà exactement le genre de truc à dire pour le remonter, le René
« Puisque vous lprenez comme ça, jva vous prouver quy a rien en cbas monde quest capable dme faire reculer. Ta jouvencelle, elle va subir lcoup dgaz du René et elle va plier
: jen ai maté bien dautres !!! »
Tout de suite le Respectable se mord intérieurement les lèvres : sa réplique est sortie très vite comme dhabitude, lobligeant à maintenant assumer ses paroles mais, sur ce coup-ci, lancien est un pneu dans le doute car il sait, le projet lui ayant été longuement exposé, quil allait jouer sur un autre registre et travailler sans filet avec le risque dune ramasse douloureuse
Mais bon, quand on a végété des années en vivant sur ses acquis pour passer ensuite, à soixante balais, du tromblon au V6 dernier cri pour lequel une sacré remise en question a été nécessaire, faut déjà assurer. Mais quand en plus on se paye le luxe de taxer SARRON lors dun stage de pilotage, on nest vraiment plus dans la norme
René tente de se rassurer en pensant quil ne sagit là que dun exploit supplémentaire à réaliser, que, jusquici, il na jamais échoué, et aussi que relever un tel défi, il est le seul digne de le faire !
Conscient aussi de son age bien présent quil tente de gommer mais peut le rappeler à lordre a tout instant
Bref, cest la confusion la plus totale dans la boîte à pensarde du Fossile.
Il sort Brigitte, sa surpuissante KAWASUKI avec une certaine fébrilité : Maurice le regarde sans un mot, sachant combien son frère a besoin de se préparer face à la tache qui lattend
Les deux V6 chauffent tranquillement sur les latérales tandis que les frangins enfilent les fringues et se casquent. René, en enfilant le sien, a une lueur de détermination particulière dans le regard : il prend sur lui pour être sûr de gagner la partie
Pour te donner un ordre didée sur la hauteur de la marche à gravir, fait un parallèle avec ROSSI lan dernier : il avait tout gagné sur LA moto parfaite mise au point par lui-même, et il a lâché tout ça pour prendre le guidon dune moto réputé raté avec laquelle le risque le plus important était de ternir son image à jamais. La suite, on la connaît.
Là, cest linverse : René va à la rencontre de quelque chose réputé inaccessible, sur lequel les plus téméraires se sont cassés les dents et dont la réputation sulfureuse suffit a en repousser la grande majorité qui, secrètement, vendraient leur âme au diable pour avoir le dixième du talent leur permettant de la chevaucher ne serait-ce quun instant.
Pépère, dans le milieu, a maintenant une réputation à tenir : la résultante dun échec lui serait grandement préjudiciable
Il lui FAUT remporter la partie !
Sur la route, malgré son impressionnante cavalerie, la 1300 est maniée avec toute la hargne dont est capable le Respectable, et la bête se tait pour filer droit, laissant seulement des traces de gomme au sol !
Maurice, qui laccompagne comme à son habitude, a bien du mal à suivre son frère à un tel rythme : il doit rendre la main et le laisser prendre le large. Il le rattrapera sur le lieu du rendez-vous.
Lorsquil arrive devant le coquet pavillon de banlieue, lequel possède un immense garage accolé, Maurice constate que Dave et Grigou sont présents et rigolent en compagnie de René, les doigts posés sur les ergots des repose-pieds de Brigitte : Pépère a encore dû leur faire une arrivée à sa manière
Serrage de paluches, échange de quelques banalités et DRIIIIINNNZZZZ !!!! : des pas se font entendre et la porte souvre, découvrant un homme à lallure élancée et à lattitude déterminée. Celui-ci doit bien approcher les soixante berges au vu de lexpression des traits de son visage, ce que ne laisse absolument pas paraître son aspect physique, visiblement entretenu par la pratique assidue du sport. Un regard perçant et glacé finit de caractérisé lhabitant des lieux dans le clan des gens habitués à ne pas se laisser dicter une quelconque ligne de conduite : voilà le genre de personnage qui plait particulièrement au Gatouillable !
Dave fait les présentations : « Mario TAVULLIA, dont je vous ai tant parlé. Mario, je te présente René et son frère Maurice »
Re-serrage de pognes : Mario sattarde sur le Respectable, comme pour le jauger. Il marque une moue, pensif, puis relève la tête visiblement satisfait. Mais on sent en lui une certaine inquiétude
Il les fait entrer dans le salon et leur propose un verre. Lintérieur est aménagé avec goût, des tas de pièces en alliage ayant trait avec la moto ornent la pièce mais tout est rangé avec soins et rien ne traîne : maniaque le maître des lieux !
La conversation dérive rapidement sur les activités de Mario : il est à la tête dune petite entreprise dont le but consiste à fabriquer des pièces de cadres, supports de tableaux de bords et autres platines de repose-pieds destinés à équiper les motos des teams de GP et SBK demandeurs de ce type de produits. Visiblement, lhomme travaille bien à en juger par ses signes extérieurs de richesse
Il les amène ensuite dans latelier attenant, ou travaillent à plein temps trois employés. TAVULLIA sapproche dun gars qui vient de finir une pièce dalu à la machine outil :
« Voici une entretoise destinée à faire varier la hauteur du bras occillant de la M1 du team TECH 3 : réalisée sur instructions de PONCHARAL, je dois lenvoyer au Japon pour avoir laval des ingénieurs nippons. Comme quoi, malgré ce quon croit, tout ne se fait pas là-bas », explique til avec un sourire.
Tous, après la petite visite, retournent dans lhabitation pour enfin aborder LE sujet de la venue de Superpapy : Mario explique quelle est sa fierté, avec une lueur brillante dans le regard, mais quelle a hérité du fichu caractère sans concession de son concepteur. Son problème ?: des montées en régimes pratiquement incontrôlables par le commun des mortel qui désarçonnent sans préavis même les mieux préparés
Pourtant, les qualités ne manquent pas : outre une esthétique à couper le souffle, elle est capable dêtre une partenaire hors-normes mais, à lunique condition que le pilote soit capable de lui imposer sa loi, et aussi
den être digne !
Mario désespère rêve depuis longtemps de dénicher « loiseau rare » au charisme et au talent à la hauteur de sa « merveille ». René peut-être
Un escalier se trouve à lextrémité de la salle et des pas se font entendre :
« Attention, elle arrive
», prévient le Rital
Te décrire lapparition est au delà de mes forces
: sache seulement quelle na pas atteint la trentaine, grande et élancée, des longs cheveux bruns tombant sur sa chute de reins quon devine parfaite. Sa démarche lui donne limpression de flotter tant le pas est souple et les gestes légers. Mais surtout : deux yeux noirs comme la nuit la plus profonde, avec une flamme ardente semblant te transpercer si tu oses, inconscient !, la soutenir du regard
« Ma fille Céline !, présente avec empressement celui qui semble avoir engendré cette vision du paradis à lodeur de souffre, Céline ?, voici René
»
La splendide créature ne parle pas et observe Pépère avec une insolente et impudique façon : les quatre présents se sont écartés doucement, sous limpulsion de Mario, lequel constate avec soulagement que lage de René ne la rebute pas
Au fait, au cas ou ça taurait effleuré lesprit : me fait pas lcoup dla Céline et du René
- 1 : la Québécoise, même si la voix est talentueuse, est moche et limitée du bulbe.
- 2 : le René en question est Gâteux, pas Gatouillable, et ça fait une sacré différence
« Le fameux René
, lance enfin la magnifique créature, jai beaucoup entendu parler de toi : suis-moi !, il faut que nous causions de pas mal de choses
»
Le René en question est comme hypnotisé et se laisse driver vers létage sans pouvoir articuler le moindre mot.
La balle est dans son camp désormais : va falloir assurer
et drôlement !
Une atmosphère feutrée règne dans la chambre de la demoiselle : cela est dû à la présence dune boiserie omniprésente qui atténue quelque peu la froide rigueur instaurée par un rangement quasi-militaire et labsence de toute fioriture caractérisant la présence féminine dans lantre.
On sent tout de suite que ce lieu est dédié à quelquun qui va droit à lessentiel : le superflu ny a pas sa place et la pièce se compose simplement dun lit (deux places
), dune table de nuit et dune commode, point-barre !
Céline, sinstalle sur le lit avec une attitude toute féline en invitant René à en faire de même dun geste autoritaire : Pépère naime pas trop quon lui dicte sa conduite mais, intrigué par la suite, il obtempère
On entendrait une mouche voler tant le silence instaurée par la donzelle devient pesant : elle est position assise, les jambes repliés vers le menton et enserrées par ses bras. De temps en temps, dune façon assez impudique, elle les écarte machinalement en effleurant son léger bustier largement entrouvert, permettant ainsi la découverte des Ballons dAlsace que le battement régulier de son cur semble animer dun va et vient particulièrement sensuel. A part ça, elle reste immobile en fixant le Respectable dun regard brûlant : dirait un fauve face à sa proie qui guète le moment propice pour passer à loffensive en savourant linstant présent.
Elle est dune beauté presque irréelle et oser porter les yeux sur cette splendeur peut sembler un sacrilège pour un profane comme toi
René est dune autre trempe : il ne veut pas ouvrir les offensives, mais lapparente suffisance de Madame commence à le gonfler grave de chez grave !
Il adopte la même attitude en la détaillant avec audace, son regard malicieux sattardant sur les parties « secrètes » dune Céline qui, ayant pourtant capté le manège, le laisse agir avec désinvolture
Elle esquisse alors un sourire en continuant de fixer Superpapy :
« Bon, ça yest ?, commence telle de sa voix suave, tu peux laisser tomber ta garde : cest inutile
»
René, surpris, se lève alors sans un mot et fait mine de partir.
« Attend !, reprend Céline en marquant une hésitation, comme si elle cherchait ses phrases, mon père est très gentil, mais en ce qui me concerne, cest un idiot
Javoue que je ny met pas beaucoup du mien, mais cest que ce mode de vie me convient tout à fait : pas de compte à rendre, je fais ce que je veux quand je veux sans personne pour interférer ce besoin dêtre libre.
Dady se désespère de ce « comportement immature » comme il dit : lui voudrait que je me stabilise avant de me passer le flambeau de lentreprise.
Ta présence aujourdhui ne fait quajouter une suite à la longue succession résultante de ses infructueuses tentatives de me caser.
Le procédé te choque ? : cest sa façon dagir et il ne sest jamais embarrassé de lopinion de quiconque pour prendre ses décisions.
Evidement, quand la presse a causé de tes exploits, ça a tout de suite fait tilt et il sest renseigné sur toi auprès de Grigou et Dave quil connaît bien.
Mis à part la différence dage, cest vrai quil y a pas mal de similitudes entre-nous, et surtout, tu vis la moto comme moi : il pense que quelquun comme toi peut arriver à me civiliser
Je naime pas quon prenne de décision à ma place, tout comme je suppose que tu sois du genre à détester ce type de manipulation : cest pour ça que je voudrai comprendre pourquoi tu as accepté de venir
»
« Bah
, simple goût du défi sans doute, et aussi la curiosité
, répond René. Jai trouvé lidée idiote au départ, mais javais devant moi trois manipulateurs de première qui ont su trouver les arguments chocs pour me décider. Il est vrai aussi que les années passent et quil va falloir que je songe à penser autrement que dme contenter de cette vie dpatachon : il y a un moment pour tout dans lexistence, alors pourquoi pas essayer ? »
Pendant ce temps, en bas dans la rue, un V6 est en train de tourner au ralenti sur sa latérale : bien-entendu, le sujet de conversation a tourné autour de léternel sujet du deux roues, et plus particulièrement sur les exploits du Respectable
Cest Mario qui, vu la ressemblance de Maurice avec son phénomène de frangin, a demandé au jumeau si lui aussi était capable de faire des « trucs » au guidon dune bécane : ce jour là, le Gatouillable number two est en forme. Il explique que la recherche de la traj nest pas trop son trip, même sil participe à des stages sur circuit. Non, son truc à lui serait plutôt de « jouer » avec la moto : mais il naime pas se donner en spectacle et se réserve ce petit plaisir pour lui tout seul, dans des coins désertiques autant que possible.
Cette attitude va aussi dans le sens que, servant de zone rouge envers son bouillant René de frère, il se garde bien dagir ainsi en public
Suffit de dire un truc comme ça et tout de suite les autres demandent à voir
Réticent au début, Maurice finit par céder et leur sert un véritable festival de stunt en plaçant sa 1300 dans toutes les positions : weelhing avec et sans les mains, stoppies doutre-tombe, demi-tour en glisse
ainsi que des variantes bien décalés pour un gars dont la Respectabilité et lattitude calme laisse les autres sur le c.. !
Ce va et vient motorisé finit par agacer quelques riverains grincheux et, bien entendu, un Pin-Pon se fait rapidement entendre : la tronche des disciples de la maison Poupoule à la vue de ce gars dont lage le prédisposerait mieux à emmener ses petits enfants au square et qui joue avec sa bécane comme un djeuns
!!!
Sont incapables de dire et faire quoi que ce soit, les représentants de forces
: ils se joignent au trio et finissent par encourager Maurice à continuer
, sous lil médusé des grincheux à la fenêtre, lesquels doivent se pincer pour constater quils ne rêvent pas !
Pendant ce temps, ça chôme pas non plus à létage : la belle sest offerte à René
Elle a bien tenté de prendre linitiative mais cest Pépère qui mène les débats : il commence par chauffer sa monture par la technique dite de « la chatte sur un doigt brûlant », mise au point en Italie, laquelle permet une parfaite montée en température pour passer à la phase suivante : « le petit train dans la montagne », qui est absolument nécessaire pour ne pas risquer un serrage en abordant le point dorgue, cest à dire lobligatoire « descente du mont Fuji » qui nécessite beaucoup dapplication pour pas verser dans le bac à sable. Ensuite, faut revenir à un régime de croisière en douceur : cette transition est assurée par la fameuse « traversée du canal de Suez », un peu désuète je te laccorde, mais parfaite dans ce cas précis.
La Céline, jamais on lui a fait ça ! : elle subit sans pouvoir reprendre les commandes, ce qui la fait écumer de rage
, mais aussi elle voue désormais une admiration sans bornes envers cet incroyable personnage décidément sans limites
Dehors, Maurice termine son show sous les applaudissements enthousiastes dun public acquit à sa cause,
à part les grincheux signalés plus hauts !
Quelques minutes plus tard, se sont une Céline et un René radieux qui les rejoignent, la main dans la main, pour le plus grand plaisir de Mario !
Bon, on va mettre les choses au point tout de suite : non, le Respectable va pas sranger aussi facilement
Sûr quelle est choucarde la Céline et que dans lgenre tu peux chercher longtemps avant den dénicher une deuxième comme ça (désolé pour toi, mais, si ça peut tconsoler : tas pas ltalent pour ça
), seulement lgars René, sitôt passé leuphorie du moment, yrdescend sur la terre ferme en sdisant qufinalement lest un peu jeune pour une vie à deux
Idem pour la môme : mais pour elle, cest plus compréhensible au vu de son age et du tempérament de feu hérité de son père (dont la femme est partie depuis lulure
) qui la pousse à poursuivre un mode de vie sans attache.
Il en est ainsi de ces personnages au mental très fort : aversion des faibles, difficile de trouver son égal et, si par hasard loiseau rare se présente, il sen suit un rapport de force immédiat préjudiciable à lentente
: ce qui les oblige à vivre un peu en marge des autres, non par suffisance, mais il leur est simplement impossible de faire autrement.
Ils vont se revoir, cest certain
, sans engagement vis à vis de lautre.
Ceci étant posé, poursuivons maintenant la suite de cette palpitante série consacrée à lincroyable Gatouillable et son non moins surprenant frangin, lequel commence à se débrider au fil des épisodes
Ce matin là (ha !, tas rmarqué quça commence toujours comme ça ?
), lhistoire débute par un coup dbigo de Grigou :
« René ?, cest Grig !, je viens davoir Jean-Luc MARS, le boss dHarley France, au fil : la maison mère le charge de développer des modèles spécifiques pour les motards européens et il se trouve que dans son staff technique, ya trois ptits malins quont dérivé un roadster de la V-Road
Faut lavis dun connaisseur pour valider le projet et il est hors de question de mêler la presse à ça avant dêtre sûr du coup : image de marque oblige.
Ya personne, au sein dla marque, qua le talent pour juger en live les capacités du proto (sont trop américanisés pour avoir les aptitudes nécessaires
) et le risque de fuite avec les gens du milieu est trop risqué pour faire appel à une quelconque compétence sy rattachant.
Jean-Luc, ctun pote
, et il ma demandé si, par hasard, jaurai pas la personne adéquate au sein de mes relations : pas besoin de ten dire davantage
»
« Mouais
, Harley
: jvois pas très bien cque jviendrais faire dans lunivers des gros barbus qui carburent à la bière : mon trip, cest les bracelets sur langle, pas la parade aux troquets des bars
», rétorque René avec sa moue habituelle du gars pas convaincu.
« Justement !: cest cette image là quils veulent casser en proposant un truc apte à satisfaire le motard dchez nous. Tu te doutes bien quils prennent un risque en faisant ça mais ils ont la volonté douvrir la marque au style européen avec des machines plus en osmose avec notre façon de voir la moto : je ne vois que toi pour les aider et je te le demande en ami
»
« Bon
, puisque tu le prends comme ça : on va aller les voir. Fixe un rencard pour le début daprès-midi et passe me prendre vers treize heures, mais jsuis pas très sûr dêtre lgars qui faut pour ton pote
»
René expose ensuite le projet à Maurice qui linterroge du regard : celui écoute son frangin sérieusement, comme à son habitude, mais à lévocation du nom « Harley », le voilà parti dans un fou-rire inextinguible :
« Quoooooi ?????????, toi, le grand René associé à Harley-Fergusson ????????????????????, OUARF !, OUARF !, OUARF !!!, jme doutais pas quavec lage tu passerais à lagriculture
, OUARF !, OUARF !, excuse-moi : cest trop drôle
»
« Ouais ben
, fais lmalin toi, lpère la morale qui fait lclown avec sa moto pendant qujlime la pouliche
Ha !, lest moins fier lfrangin qui gatouille sur la route pour justifier ses propos digne dun délégué dla sécurité routière, quand on lui rappelle ses exploits
Alors ouais , jvais les aider : toute façon, un René sur une Harley cest pas plus bizarre quun Maurice en roue arrière sur un V6 !
Excuse-moi : cest toi qua commencé
, et pour ta punition, tu maccompagnes
»
La pas tort le Respectable : taurais imaginé lgars Maurice faisant du stunt, toi ?
Grigou se pointe vers à lheure dite, ponctuel comme à son habitude : ils ne perdent pas de temps et les frangins font rapidement chauffer les 1300 pour emprunter lautoroute les menant vers lantre de la bécane américaine.
Sur place, des bâtiments ultra-modernes ornés du célèbre blason à leffigie de la firme ricaine : à la vue de laigle, Maurice ne peut sempêcher de rire de nouveau et manque de percuter René qui lui lance un regard noir
Cest le big-boss qui les accueille en personne et Grigou fait les présentations :
« Jean-Luc, jte présente le fameux René, dont toute la presse a causé
, René ?, voici Jean-Luc MARS, le responsable de limportation française. »
Serrage de paluches en bonne et due forme, puis Grig présente
Maurice, lequel ne peut sempêcher de se marrer une fois de plus en le saluant
« Quest-ce qui ce passe ???
», sétonne Jean-Luc, stupéfait de la réaction de lAncêtre
Le Maurice en question ne peut répondre car il sétrangle plié en quatre sur le bitume !
Cest René, un peu gêné, qui répond : « Faut pas faire attention : lest comme ça depuis quil sait qujviens voir si jpeux vous aider
Javoue qujai rien dun biker et qujimaginais même pas un jour grimper sur une brèle de chez loncle Sam
»
« Haaa !!!, je comprend mieux : voilà limage qui nous colle à la peau depuis toujours !
Lusine aimerait que ça change et mes gars et moi avons légèrement retouché une V-ROAD, histoire de la rendre plus à même de se fondre dans le paysage motard européen : suivez moi, jvais vous montrer
» dit le boss avec un air malicieux
Ils traversent ensemble divers bâtiments ou les ouvriers saffairent qui, aux pièces détachées (un truc monstre à gérer quand on livre une moto avec un catalogue daccessoires gros comme un bottin téléphonique
), qui, à la mise en caisse des machines, pour sarrêter devant une porte à ouverture codée : Jean-luc tapote rapidement quelques chiffres, une led passe du rouge au vert suivie dun déclic les invitant à pousser la lourde. Ils pénètrent alors dans la pièce réservée au R&D (recherche et développement) de la filiale française : toute blanche, aseptisée comme une salle dhôpital et éclairée à la lueur unique des tubes néons installés en batterie au plafond, immaculé lui aussi (aucune fenêtre nexiste dans cette espèce de « bunker »).
Trois personnes en blouse blanche, la trentaine environ, bossent sur des planches à dessin, plus un sur une mécanique truffée de capteurs, laquelle est fixée à hauteur dhomme sur une table élévatrice.
Une bâche recouvre une moto à peu près au centre de la pièce : Jean-Luc sen approche, puis la retire
Un magnifique roadster gris métal leur apparaît alors : fin et élancé, il na plus de la V-ROAD que la partie mécanique, certainement le cadre (et encore, pour ce dernier, ya eu du travail de fait, cest évident) et le réservoir. Le magnifique tableau de bord qui orne le custom est judicieusement toujours présent. Par contre, pour tout le reste : rien à voir avec le modèle originel et on penserait presque à une moto échappée de la production italienne !
Sa finition est parfaite : rien qui cloche ni le moindre fil qui dépasse
On sent que des idées ont été reprises aux autres constructeurs : un peu de Mostro pour le phare et le train avant, la ligne dune Guzzi Griso, la selle ressemblant étrangement à celle dune Fazer 1000 et un magnifique dosseret arrière dou sortent deux volumineux silencieux dans le plus pur style Ducati !
Mais lensemble est cohérent dans sa fluidité de ligne : une bien belle moto en vérité
La transmission secondaire se fait à laide dune
chaîne !!!
Jean-Luc attend les réactions, un peu inquiet
« Mouais
, commence lAncien après un instant de réflexion, faut avouer quelle est plutôt réussie au niveau dla tronche : jpréfère les trucs plus sportifs, mais là, javoue quça donne envie dgrimper dsus et dvoir cque ça peut donner en live
»
Maurice rigole plus du tout : « Bon sang, cquelle est belle !!! », lâche til très sérieusement.
Grigou reste sans voix : « Espèce de cachottier, finit-il par articuler, tu avais bien préparé ton coup
», ceci dit avec un regard admiratif envers son ami.
Jean-Luc semble visiblement rassuré des premières réactions, il commente :
« On est bien-entendu parti de la V-ROAD pour le cadre, la mécanique, le tableau de bord et le réservoir. La géométrie a été largement revue pour sa nouvelle définition et on sest inspiré de la Mostro pour ça : la fourche inversée et lamortisseur ont été spécialement fabriqués par Olhins selon nos critères. Le freinage est signé Brembo : de léprouvé que lon retrouve sur beaucoup de machines. Pour le moteur, par contre, un énorme travail en profondeur a été effectué : la cylindrée grimpe à 1300 cc par augmentation de lalésage (pour lui permettre de prendre plus de tours), linjection est inchangée mais réinitialisée pour saccorder aux nouvelles spécificités mécaniques. Les arbres à cames ont des degrés douverture plus importants et la boîte se contente de quatre rapports.
Vous avez bien-sûr constaté la transmission par chaîne ? : une obligation vu la puissance, mais surtout lénorme couple développés. De plus, pour une moto destinée au marché européen, cest plus dans létat desprit.
Le bras arrière est constitué de tubes mécano-soudés : plus léger et moins onéreux, pour nous, à produire.
Voilà dans les grandes lignes la définition du projet, lequel roule parfaitement en développant la bagatelle de cent trente chevaux à cinq mille tours pour un couple maxi de quatorze mètres / kilos à quatre mille tours. Ce dernier en développe déjà onze à deux mille
Par contre, même si le régime de puissance maxi nest pas très élevé, son allonge se poursuit sans faiblir jusquà sept mille sans perdre plus de dix pour cent de sa cavalerie
»
Jean-Luc donne alors quelques ordres rapides et aussitôt deux employés attrapent la bête pour la sortir vers lextérieur.
« On va procéder à deux, trois trucs avant de vous la confier, René. Grig ?, tu connais la maison ? : fais donc faire le tour du propriétaire à nos amis pendant ce temps. »
Grigou sexécute et tous les trois sen vont à la rencontre des employés sur les aires de montage : ces derniers, avertis de la venue du célèbre Superpapy, lâchent quelques instants leur besogne pour venir serrer la paluche à la vedette du moment. René naime pas trop ce genre de vedettariat, mais il est bien obligé den prendre son parti (cest partout comme ça
) : il se plie dassez bonne grâce à la demande et va même signer quelques autographes sur les blouses de travail, avec une préférence pour le personnel féminin sur lequel il accorde une attention particulière
Au fait, en parlant dça : sache que les filles occupent un bon tiers de leffectif et que certaines mériteraient davoir autre chose que des boulons à serrer entre les mains
: cest en tout cas ce qua lair de penser Maurice, lequel sattarde particulièrement au stand de contrôle des roues (les motos sont sorties de caisse et contrôlées avant de partir en direction des diverses concessions dans les boîtes dorigines), plus particulièrement en sintéressant à la personne chargée de cette mission
Elle est blonde, le teint mat et les yeux noisettes. La trentaine tout au plus. Assez grande aussi et plutôt bien faite de sa petite personne (arrête de baver, cest pas pour toi
).
La môme ne semble pas farouche : en tout cas elle se laisse approcher par un Maurice qui ressemble assez dans limmédiat au loup du célèbre dessin animé !
« Dites-moi, jeune fille que je rêve, commence til, comment faites-vous pour dégager un tel charme avec ce geste si anodin consistant à serrer les boulons ?
Excusez ma brusquement de vous aborder ainsi, mais ça me laisse pantois
Je me présente : Maurice, le frère du célèbre animal que vous voyez là-bas.
Serait-il indiscret de vous demander votre prénom ? »
La fille en question semble amusée (toujours les faire rire pour les aborder : retiens bien ça ) :
« Vous perdez pas dtemps, vous ?, rigole la demoiselle, tant mieux, jaime les hommes mûrs et décidés. Je me prénomme Sophie, je vis seule, jai trente trois ans et roule sur un Sportster 1200.
Je précise ça tout de suite pour éviter les paroles inutiles.
Mon service se termine dans une heure : si ça vous dit de vous traîner derrière un bicylindre
»
« Pourquoi pas ?, tu sais ?, on peut se dire « tu » maintenant que nous sommes intimes, avant ma 1300, javais une YAPAPA VIRAGRO : hé bien, ça me rappellera le bruit de mon gros bi qui ma fidèlement drivé pendant des années.
Jdois tdire que jsuis un sentimental à ma manière, et voilà bien le genre de proposition que je ne puis refuser
A tout à lheure, charmante Sophie ! »
Maurice rejoint alors le petit groupe qui na rien perdu du manège
Cest René qui attaque :
« Maurice
, à ton age
, est-ce bien raisonnable ? », dit-il avec un air faussement réprobateur.
« Cest comme les trains : yen a toujours un pour cacher lautre, enchaîne Grigou en se marrant, décidément chez les Gedeufoitrentans, ya du tempérament
»
Jean-Luc refait soudain son apparition :
« René ?, la moto vous attend : elle chauffe à lextérieur.
Vous roulez tant que vous voulez, mais faites attention : cest un exemplaire unique
Ha oui, aussi : évitez de trop traîner en ville car on ne sait jamais qui risque de vous aborder, le projet étant encore secret
»
René enfile son casque et ses gants pour se diriger vers la Harley qui poum-poum sur sa latérale dans une sonorité feutrée mais grave : il fait le tour du proprio, teste les commandes, la détaille encore un instant puis grimpe en selle. Les mécanos lui expliquent deux, trois détails avant de partir : il leur fait «OK » de la main, passe la première dont la boîte fait entendre un « Klong » typiquement Harley, puis décolle doucement pour disparaître au coin de la rue.
Jean-luc se ronge les ongles danxiété
Quelques minutes plus tard, René est de retour : le boss se précipite vers lui, Pépère lui glisse un truc à loreille à travers le casque et aussitôt, sur ordre du patron, deux mécanos se penchent sur la fourche, puis sur lamortisseur arrière, guidés par le Respectable.
Lancien semble satisfait et repart de nouveau.
Cette fois, il ne reparaît que trois quarts dheure plus tard, visiblement content de son essai, béquille la moto face au groupe qui lattend avec impatience, coupe le contact et retire son casque.
Avant de prendre la parole, René observe quelques instants la Harley, comme cherchant ses mots, puis se retourne vers Jean-Luc et dit :
« Je suis bluffé : elle fonctionne drôlement bien cette moto
Le moteur est fantastique : plein partout avec une allonge terrible. Y mfait penser à mon 1300 question patate à laccélération : jpeux pas dire mieux
La boîte quatre surprend au début, et la course du sélecteur est assez longue, mais on sy fait.
Néanmoins, ctun point à revoir quand-même.
Elle est lourde mais bien équilibrée : on la balance avec franchise et elle se place dun bloc sur la traj, mais faut pas hésiter sinon elle tembarque.
Les suspensions sont géniales dans le sens ou elles absorbent toutes les irrégularités, mais avec une qualité damortissement bluffante : du tout bon !
La position de conduite me semble bonne avec une triangulation comme jaime : tout sur lavant, avec un petit cintre entre les mains et les jambes pas trop pliées qui enserrent un réservoir très fin. Encore une fois, cest bien.
La garde au sol, par contre, est franchement limite : faudra revoir ça très vite car ya moyen daller fort avec une moto comme ça, malgré son poids.
Bref : bien joué Jean-Luc, vous pouvez la montrer à la presse après avoir corrigé ces quelques points : en tout cas, cest mon avis
»
Limportateur est aux anges des déclarations de René : il le remercie chaleureusement davoir apporté sa pierre à lédifice qui risque de marquer un tournant dans lhistoire de la marque américaine
grâce à la France !
Jean-Luc les invite alors à venir prendre un verre à son bureau, situé à létage, quand un VADABROUM !, VADABROUM ! se fait entendre : un Sportster noir est là, à quelques mètres, chevauché par une créature à lallure féminine tout de noir vêtue elle aussi, casque compris, qui semble attendre en regardant dans leur direction
Seule une longue chevelure blonde apporte une touche de couleur à lensemble, lequel dégage un érotisme torride (le fameux mythe de la fille sur sa moto
).
Maurice enfile rapidement son casque, serre la louche en sexcusant de devoir partir si rapidement, et sen va rejoindre sa moto, puis la fille en Harley : le duo disparaît très vite sous lil amusé des trois autres, lesquels se regardent en souriant, puis montent à létage pour trinquer à la santé de notre passion commune
Tu sais qule Maurice est pas rentré dla nuit ?, ben maintenant tes au courant
Jsuis sûr que tu tdemandais si lAncien allait tenir la distance comme le fait son célèbre frangin ou alors revenir rapidement la queue entre les pattes (et je tinterdis de répondre quelle est TOUJOURS entre les pattes
) : faut pas oublier quétant jumeau avec Pépère, les gènes familiaux sont bien présent
Cest donc un Gatouillable exténué, certes, mais visiblement content de lui qui regagne le bercail au ptit matin : ses traits portent les stigmates dun dur labeur accompli à travers un sourire béat et ce regard un peu vague de celui qui nest totalement revenu à la réalité de la vie.
René lattend, curieux et amusé à la fois : lui, ça baigne, comme dhab. Il observe Maurice sans dire un mot, comme cherchant à lanalyser, lequel se dandine comme un gosse qui vient de réussir (jai pas dis : tiré
) un coup. Au bout dun moment, Superpapy prend la parole :
« Cest seulement maintenant qutu rentres, vieux chnoc ?, tu tverrais dans une glace : on dirait qutas pris dix ans dplus
Vas-y, raconte ! »
« Bon Dieu, René !, ctun volcan la Sophie : elle ma pas laissé une minute de répit et jpeux tdire quelle possède un sacré répertoire
Ma tout fait et jai même pas pu prendre la moindre initiative :
On est à peine arrivé à son appart quelle passait déjà à loffensive en me roulant lpatin du siècle tout en vérifiant si lPollux était opérationnel : moi, tu mconnais, faut pas mbousculer, mais là, jétais inspiré et lanimal commençait à rdresser la tête.
La môme a vérifié la marchandise à la manière du percepteur épluchant ta feuille dimpôt, poussant ses investigations jusqu'à goûter pour être sûre de la date de validité de létendard quétait maintenant au zénith : une prévoyante dénotant un savoir faire qui ma un peu foutu les jtons quand à la suite de évènements
Mais jme suis pas déboulonné : elle ma entraîné dans la salle de bain, sest déssapée tu sais quelles sont choucardes à ctage là ? : rien à jter et prêtes à lemploi et jen ai fait autant en mefforçant de maîtriser cette petite appréhension dêtre à la hauteur dune gamine quen a visiblement vu dautres.
On sest glissé sous la douche et jai commencé une reconnaissance du terrain par la face nord, tranquillos, pour pas ouvrir lcalorstat trop vite : elle a répondu très vite en commençant à onduler, a levé la jambe quelle a serré contre ma cuisse puis, dun mouvement souple a rejeté la tête en arrière, ce qui ma permis une descente en vue de lexploration du mont Vénus.
Là, elle a passé la sconde en empoignant lmanche avec vivacité mais en douceur quand même, hein pour quon entame la marche cosaque : dabord au pas, histoire de régler la cadence, puis en ptite foulée pour pas sendormir sur un faux rythme.
Là, jte cause du hors-duvre, car sitôt sortis de la cabine de douche et séchés partiellement, elle ma agrippé avec autorité pour me plaquer au paddock, est venue sempaler au mat dcocagne en rdressant le torse à la verticale, un peu à la manière dun cobra face au joueur de flûte : là, Sophie a commencé à onduler comme lanimal dont jte cause, lentement, très lentement, en mrappelant à lordre dès qujtentais dmettre un peu dgaz
Ben, jva tdire : avec cette méthode, on peut jouer les prolongations sans risquer le hors-jeu !
On a besogné un bon quart dheure comme ça, à la langoureuse, avec juste deux, trois accélérations à son initiative pour vérifier la montée en température.
Ensuite, sans prévenir, elle sest laissé tomber sur ma pomme en vissant la poignée : taurais vu laccélération !!! , pire qula V6 !!!!!
Jai failli êt désarçonné tellement elle a mis gaz : obligé de viser au loin pour pas risquer lbac à sable, et jsentais bien quelle me guettait au tournant
Jai serré les dents : surtout pas lui donner limpression davoir remporté la partie aussi facilement !
Cest elle qua relâché les boisseaux et on a fait une pause, histoire de ménager la mécanique : à son regard, jai compris qujavais gagné la première partie
Ensuite, on a rpris les affaires dune façon classique, après vérification réciproque du matériel (ce qui permet une transition en douceur)
Les choses sérieuses ont débuté par lassaut de la face sud au piolet : elle connaît la technique par cur, ce qui ma obligé à penser à autre chose pour pas vidanger trop vite.
Heureusement quon est passé rapidement à la culbute de lempereur : jai ainsi pu revenir à un rythme plus en phase de calmer le voyant dchauffe qui commençait à clignoter.
Toujours elle qui réglait la cadence : ma pas laissé une seule fois driver !
Voyant quje suivais toujours, elle a poursuivi par la traversée du tunnel, mais façon T.G.V. et jme suis vite retrouvé au taquet : là, le décrochage était inévitable mais, heureusement pour moi, cest elle qua déraillé en premier
, mais on sest rtrouvé dos à dos avec la balle au centre !
Comblée, sans aucun doute, mais vexée la minette
Après une pause pour refroidir, on a rpiqué au plat drésistance trois fois dsuite, puis on sest fini à la douche, pour le dessert : jpensais pas pouvoir tenir autant mais, visiblement, dans cdomaine là aussi, cest lexpérience qui prime.
On a prévu dse revoir souvent la Sophie et moi, histoire de peaufiner la technique
»
René regarde son frère, un peu étonné :
« Tas VRAIMENT fait tout ça ?
», linterroge til, quelque peu sceptique
« Ouais !, plus deux ou trois trucs sans importance, lui rétorque Maurice avec lair du gars qui fait mine de jouer les étonnés face à une telle remarque, mais jai pas grand mérite vu la qualité dla cavalière
»
Il se regardent un instant avec complicité puis éclatent de rire en stapant dans les pognes.
« Au fait, reprend René, jai rçu un appel de Grigou : ymdemande si jveux laccompagner à Jerez car la presse est conviée à essayer la meule du ptit gars qua lnuméro 46
Christian SARRON, au courant dlaffaire, sest débrouillé pour appeler lJapon et leur demander lautorisation quje participe aussi : y zont mijoté ça à deux car ils veulent savoir cquun gars comme moi ferait sur une bécane dusine
Les jaunes, dabord réticents, se sont laissé persuader puis séduire par lidée : cest même eux qui ont insisté pour quils réussissent à mdécider
, et jai dit oui ! »
« Heiiiiiiin ???, on ta proposé dessayer la moto dusine de Rossi ????????????? : cest pas possible un truc comme ça !!!!!!!!!!!!!!!!!!. Et ON part quand ???
»
« ON part demain, car bien-sûr, tes dla partie
»
Jerez de la Frontera : lEspagne
, lesprit latin
, les filles
, et quand en plus on a la possibilité de grimper sur la championne du monde en catégorie reine pour effectuer quelques tours sur un circuit prestigieux, tavoueras quy a pire comme trip
Pour linstant les deux frangins et lGrigou traversent la France, confortablement installés dans le jumbo jet les drivant vers le pays des castagnettes et du batifolage sans préliminaires.
Un bonheur ne venant jamais seul, ils ont quitté la capitale sous la grisaille mais le commandant de bord leur a assuré un franc soleil à larrivée, ainsi quune température printanière.
Ya lMaurice qui semble déconnecté dans limmédiat : LAncien accuse encore le coup de lavant veille et ronfle comme un V8 CHEVROLET mal réglé. Dailleurs, Pépère a passé la journée dhier dans son fauteuil à contempler les mouches volant au plafond (rigole pas trop : la Sophie cest pas du mou dveau et jsuis sûr que toi, taurais coupé au bout de deux tours alors que le Respectable a effectué la course en intégralité
).
René et Grigou discutent de lessai prévu : ce dernier est excité comme un gosse qui va déballer ses cadeaux de noël à lidée de grimper sur la 46 !
Quand le télex est arrivé à la rédaction du journal, tous les essayeurs ont alors guetté du coin de lil le Big-Chef en attente de sa décision quand à lheureux veinard qui serait envoyé sur cette mission. Grigou est jeune dans la boîte, mais aussi le nouveau responsable des essais donc, cest sans réelle surprise quil a été désigné pour donner son avis sur la moto du Doctor.
René, comme à son habitude, prend la chose plutôt avec désinvolture, et ses préoccupations sont tournées vers les détails dintendance du genre : yaura til du vin et des filles en nombre suffisant car voilà le genre de truc apte à le mettre en appétit ?
Néanmoins, le challenge deffectuer quelques tours sur la Yam dusine ne le laisse pas totalement indifférent et tous deux abordent le sujet en détaillant les caractéristiques de la bête : cent quarante cinq kilos pour près de deux cent cinquante chevaux, voilà des chiffres qui annoncent la couleur
, ainsi que le fait quil sagit dun proto quil est interdit de mettre par terre
, mais aussi le système de vitesse inversé avec lequel il est facile de se gourer drapport (jte laisse imaginer cque ça peut donner si on en rentre une par erreur sur langle avec une telle cavalerie
). Bref, outre lexcitation de grimper sur une meule dexception, voilà des arguments aptes à refroidir les plus téméraires
Pour le Respectable, ça ne semble pas trop lintimider, mais le Grigou, à mesure que lavion se rapproche de son point de destination, il est de plus en plus mal à laise
René tente de le rassurer en lui désignant lhôtesse qui passe à leur niveau. Cette dernière, belle plante élancée aux critères la plaçant dans la catégorie « brune-incendiaire-qua-pas-froid-aux-zyeux-pour-pas-dire-autre-part », depuis un moment passe et repasse devant le journaleux avec insistance :
« Bon, fait remarquer Pépère, cest pas ltout dparler bécane, mais ya une belette en approche qui ne sait visiblement pas comment faire pour te placer un freinage : rend la main et laisse la vnir, jsuis sûr quelle et toi avez des trucs à vous dire
, voir à faire si tu tdébrouilles comme y faut
»
Le Grigou semble embarrassé :
« Ouais, elle est pas mal en effet, mais je dois avouer que pour faire connaissance avec les filles, jai pas ton don dimprovisation
»
René prend un air faussement dégagé :
« Ha bin, si ya quça : jva tarranger les choses tout dsuite
Mademoiseeeeelle ???, venez par ici : jai une requête à vous soumettre
»
La fille savance rapidement, un peu surprise, et le Respectable lui glisse alors deux, trois mots à loreille : elle semble dabord offusquée, puis rapidement un sourire éclaire son merveilleux visage, ensuite la voilà qui attrape un Grigou stupéfait par la main pour lemmener vers larrière de lappareil, sous le regard complice de René
Cest linstant que choisit Maurice pour sortir de bras de Morphée :
« Mmmmm !, fait le Gatouillable en sétirant, bon sang !, quel rêve !!! : la Sophie et moi on était dans ldésert sur un tapis volant quavait une poignée de dgaz qujtournais pendant qujlenfilais à la langoureuse
»
« Ouais ben
, réveille-toi : pour linstant, ton tapis volant cest un 747, on va pas dans ldésert mais en Espagne, et ta Sophie elle est pas là
De plus, tas pas arrêté dronfler pendant quon causait lGrigou et moi
», lui répond René dun air amusé.
Maurice active alors sa boîte à pensarde :
« Ha oui !, cest vrai
, dit-il en soupirant, mais au fait, en parlant de notjournaleux : il est ou ??? »
René lui explique le coup de lhôtesse : lAncien ouvre dabord des yeux ronds puis se met franchement à rire :
« Et tu lui as vraiment raconté qutétais toubib ? », demande til en sétranglant.
« Ben, lprincipal, cest lrésultat
», rétorque Superpapy, lair pas mécontent de lui.
Que jtexplique car je sens que là, tu pédales dans la smoule : René a expliqué à Marie (cest son ptit nom, mais jtai rien dit
) quil appartenait au corps médical et accompagnait son patient à un centre unique au monde basé en Espagne axé sur ce cas bien particulier. Son malade, Grigou en loccurrence, souffre en effet dune maladie très rare nommée Erectus Gigantissime, dont les symptômes sont un développement surdimensionné de lappareil génital en cas de proximité féminine insistante. Là, lhôtesse pouvait pas savoir, mais lintérêt quelle a suscité en passant et repassant devant lui a déclenché une crise pouvant provoquer une explosion du service trois pièces si on agit pas rapidement
Un seul remède connu à ce jour : la *********
Bien entendu le docteur René a été gêné de demander une telle chose à Marie, néanmoins indirectement responsable de la crise, mais bon, après tout elle est là pour veiller au bien-être des voyageurs et, de plus, cest purement médical, alors
Une demi-heure plus tard, voilà le Grigou qui refait son apparition, visiblement satisfait, accompagné de la belle qui sadresse directement au « toubib » :
« Cest fait docteur, mais la crise était moins importante que prévue
Vous nêtes pas atteint de la même pathologie jespère ?, sinon, maintenant que je sais comment administrer le traitement
»
Le « docteur » réfléchit un instant et dit :
« Maintenant que vous ldites, on sait jamais avec une telle maladie
Et puisque vous insistez, mais par précaution alors, pour pas risquer une épidémie
»
Pépère se lève alors pour suivre la demoiselle en « salle de traitement »
« Madame, sexclame Maurice, gardez donc une autre dose du médicament car, voyageant à côté du malade, jme sens pas trop bien dun seul coup ! »
Disant ça, il se masse lentre-jambe en prenant un air inquiet
Bon, jte laisse imaginer quavec une telle ambiance, le voyage ne parut pas bien long à nos trois énergumènes
A larrivée, une voiture avec chauffeur les attend pour les driver façon V.I.P. à lhôtel avec piscine qui leur est réservé (lessai est prévu le lendemain très tôt dans la matinée et la firme aux trois diapasons a décidé de soigner la presse :quartier libre aujourdhui et, pour les intéressés, une visite guidée des entreprises ayant trait avec la moto en bordure du circuit).
Malheureusement, Valentino, qui doit être présent, ne sera là que deux heures au moment ou les journalistes prendront la piste, star-system oblige
Grigou a donc décidé de la jouer farniente et piscine au frais de la princesse : barbotage et étude de la faune féminine au programme !
Jvais pas traconter cqui cest encore passé, car tu vas finir par penser que ça dérive grave et quà la base on doit causer moto, mais le truc de lavion, par rapport aux stratagèmes et ses résultantes à lhôtel, cest que dalle à côté, par exemple
, mais non !, jte dis rien et on va zapper direct sur le circuit Catalan pour causer bécane !
...
Jerez : la piste mythique, lieu du déroulement du deuxième GP de la saison 04 qui a vu la victoire de celui qui se bat contre lui-même, jai nommé Sete (quatre plus trois) Gibernau : il est fort car, en plus de se battre personnellement, il a aussi battu les autres ce jour là
, même Valentino qui a terminé quatrième (en ayant quand même signé la pole en 140'818
)
Ya du monde à lentrée du circuit : forcément, cest la presse européenne dans son intégralité qui est conviée à cet essai hors-norme et faut croire que des canards sur la moto, yen a un paquet vu le nombre de véhicules ayant envahi les parkings (et après on sétonne de la déforestation mais, quand je pense que notre passion est censée représenter une goutte deau dans le tentaculaire monde de la presse, jimagine la conversion en arbres dun seul tirage de lensemble des baveux présents ici et javoue que ça me fout un peu les boules, pas toi ? : cest vrai quà part lire mes conn..ries, tu penses pas à grand chose !)
Grigou serre quelques louches à lentrée en matant la faune féminine présente (la médication du docteur René semble lui avoir été bénéfique de ce côté là
), imité par le duo Gatouillable qui nest pas en reste en ce domaine, et tous trois, dûment munis des précieux sésames réservés aux invités, pénètrent dans ce paradis des sports mécaniques ou les attendent les attachés de presse de la firme aux trois diapasons dont le staff technique est déjà à pied duvre sur les motos.
Un appel en anglais invitent tous les participants à se rendre en salle de presse pour la présentation du team et le déroulement des séances dessais. Sont présents : Davide Brivio, le team-manager, Jérémy Burgess, le responsable technique et ami de Vale, Bernard Ancio, le mécano attitré, quelques hauts responsables japonais et
Valentino en personne !!!
Blablabla
, on cause du team, de la moto, du pilote, bien-sûr du titre, mais rien dinédit et tous attendent les directives pour la suite, ce pour quoi ils sont présents : essayer la 46 !
Un ordre est déterminé, suivant limportance du pays et du journal : chaque pilote va effectuer cinq tours sur une R1 préparée, pour la mise en jambe, puis cinq sur la M1, pas un de plus ni un de moins
Grigou passe en milieu de peloton et René
bon dernier, car il est linvité de dernière minute (faut voir la tronche étonnée et pas trop rassurée des jaunes à la vue de ce vieux bonhomme en cuir qui va chevaucher leur championne du monde en titre, un fleuron technologique au prix inestimable, et la mine à la fois surprise et amusée des journalistes-essayeurs présents)
Valentino, présent et toujours avide de ce qui sort de lordinaire, se fend la poire de la présence du Respectable tout en répondant patiemment aux nombreuses questions posées par le parterre invité pour lequel a été organisé une conférence de presse organisée par son manager, pendant que la valse commence sur la piste.
Au bout dun moment, ni tenant plus, le World Champ plaque lassemblée à la surprise générale pour se diriger vers un René plus occupé à regarder les filles quà soccuper de la raison de sa présence ici :
« Ma qué, commence le pilote italien en sadressant à Pépère, zé vous connais pas, vous ?. Vous êtes trop vieux pour oune journaliste, ma zé cru comprendre qué la France envoyait oune phénomène âgé quest capable dé faire claquer oune chrono avec nimporte quelle moto.
Zé souis pressé dé voir ça et surtout la tête des nippons
», ajoute til en se fendant la poire.
Grigou, parlant couramment litalien, se fait linterprète de René et explique à Valentino les exploits du Respectable après les présentations.
Maurice, pendant ce temps, sest éclipsé, attiré par quelques sirènes traînant dans les parages
Pendant ce temps, sur la piste et dans les stands, un étrange ballet se déroule, orchestré entre les sorties et les rentrées des machines sous les ordres des commissaires de piste : pour linstant les M1 sont encore dans les box dont les portes sont closes, mais les moteurs commencent à émettrent leurs vocalisent !
Vient le tour de Grigou, appelé par un attaché de presse (Valentino est reparti vaquer à ses occupations) : cest en tremblant un peu quil se dirige vers les mécanos qui lui tendent la R1 qui lui est destinée.
Deux, trois recommandations, un ou deux réglages pour ajuster la position et cest parti sous lautorisation du commissaire de piste : la piste est un peu encombrée mais le trafic permet de sinfiltrer sans trop de problème.
Grigou part prudemment : ce nest pas un pilote, loin de là, et le fait de se retrouver ainsi au milieu de confrères rompus à la piste nest pas pour le rassurer. Néanmoins, au fil des tours la R1 sonne de plus en plus clairement, mais cinq passage, cest court pour se mettre dans le bain et il conclut sa dernière boucle en 235, épuisé par la concentration nécessaire pour étudier la piste et sans trop savoir que penser de son niveau après avoir constaté une nette différence en sa défaveur entre lui et certains essayeurs
« Pas trop mal, dit René à son retour, mais tu tmets la pression tout seul en rgardant les autres : cest pas sur eux que tu dois tconcentrer, mais sur toi seul et la piste.
Cest pas une course et ten as rien à faire de péter une pendule : faut simplement que tu penses à trelâcher pour piloter proprement et là, tu vas gagner facile quelques secondes car, question pilotage, tes pas plus mal que les autres ! »
« Ouais
, répond Grigou, gagner quelques secondes
, jveux bien mais les cinq prochains tours, cest sur la M1
Tu lentends ce monstre dans lbox ?. Et tas vu à la télé la façon dont elle accélère ???. Cinq tours, cest court pour apprendre une telle piste : Carole, à côté, ctun tourniquet et jai la trouille dans les grandes courbes
»
« Ten fait pas comme ça : ça va aller
», tente de le rassurer René en souriant
Maurice, pendant ce temps, est toujours aux abonnés absents
Arrive bientôt la fin de la série et
le tour du Respectable de prendre la piste : les curieux se pressent sur le bord de piste - en attente de la curiosité car dans cet univers les nouvelles circulent très vite
- tandis quun mécano tend une machine bleue à René. Pépère sinstalle, fait la moue puis demande quelques modifications des commandes, de la fourche et de lamortisseur : il lève alors le pouce, donne un coup de démarreur et attend les ordres pour sélancer
Go !, fait le commissaire de piste avec son drapeau tandis que peu à peu la piste se vide avec la rentrée des derniers essayeurs. René part lentement et boucle son premier tour en 220, sous lil amusé des curieux, lesquels se grattent la tête au second passage effectué en 210, puis commencent à se poser des questions sur ce vieux qui vient de terminer le troisième en 2 tout rond
Valentino, quelque part en retrait, observe le spectacle sans en perdre une miette
Le quatrième tour voit la pendule afficher un bon 159 qui restera le temps affiché au cinquième : DIX NEUF SECONDES DE DIFFERENCE AVEC ROSSI, lequel était sur sa moto dusine et en pneus qualif !!!
Là, les spécialistes présents se frottent les yeux et se pincent en se demandant sils ne sont pas en train de rêver
: les meilleurs, et pas des manches, ont tourné en 215
La vedette nest soudain plus Valentino mais un René rentrant au stand, tranquille comme quelquun qui vient dacheter son pain chez lépicier du coin !
Vale se tord en deux devant les tronches par terre quaffichent les jaunes en secouant les chronos : au japon le leitmotiv, cest la normalité, et là ils viennent de rencontrer E.T.
Burgess lui-même, lequel en a pourtant vu dautres, se gratte lui aussi la tête, songeur
Le champion du monde vient alors féliciter René, lequel descend tout juste de sa moto :
« Toi alors !, dit-il en le tutoyant (par respect sans doute
), on peut dire qué tou sais aller vite sur oune moto
», le complimente til, hilare, en lui tapant sur lépaule.
« Ben
, merci mon ptit gars, répond René très simplement, mais toi, tes pas mal aussi dans ton genre daprès cque jai vu à la téloche
», ceci dit en zyeutant la croupe dune demoiselle, pas très loin, qui semble lui faire le coup du « viens voir par ici » en ondulant de la partie basse de sa très charmante petite personne
Changera pas lAncien : il vient encore de se faire remarquer en médusant lassemblée par son immense talent à tourner la poignée, et le voilà encore en chasse à la dmoiselle !!!
Bien entendu, comme son frère, il séclipse bientôt en bonne compagnie, plantant là les plumitifs qui se demandent ce quils vont pouvoir bien écrire de tout ça
Pour un peu, on en oublierait presque les M1 qui viennent de sortir des stands !
Cest Grigou, à peine remit de ses émotions, qui doit se charger de répondre aux questions dont il est bombardé au sujet du Vieux
Une demi-heure plus tard, voilà Maurice qui refait une apparition auprès de son pote journaleux, la mine quelque peu défaite :
« Vache !, quel tempérament les filles du coin
!, dit-il simplement en sadressant à Grigou, et René, il est ou ?, il a roulé ? »
« Ben
, ton frère a fait comme dhabitude : il est vnu, il a vu, et il les mit sulc..l . Tiens, en parlant dpostérieur : à ton avis, il fait quoi
? », répond Grigou dun air mi amusé / mi blasé
« Ctun grand gosse
», soupire Maurice
Pendant ce temps sur la piste, les quatre M1 dépêchées par le japon sont aux mains des journaleux, et je peux te dire que là, cest plus la même musique que précédemment : si malgré le fait que tu sois une tanche complète au niveau pilotage , tu as eu un jour lhonneur (je parle pour toi, pas pour la machine bien évidemment
) de poser ton ignoble postérieur sur cette superbe moto quest la R1, tu conviendras que cest pas du mou dveau et quenquiller REELLEMENT avec cette brèle nest pas à la portée du premier venu, et bien, à côté de la M1, la R1 pourrait presque être comparée à lex-Viragro de Maurice
, jte laisse imaginer
Bref, les baveux nen mènent pas large : bien-sûr, ils font illusion dans la ligne droite en poussant un peu le monstre de deux cent cinquante chevaux, lequel hurle en déboulant comme une fusée, mais au freinage et dans les courbes, font moins les fiers les écrivaillons
Faut quand-même imaginer que ce truc ne pèse QUE cent quarante cinq kilos, soit le poids dune 125, mais que la moindre rotation du poignet droit propulse dans la quatrième dimension en laissant de larges virgules sur lasphalte : un truc à faire peur tellement elle cabre et accélère en collant au fond des orbites les yeux de limprudent un poil téméraire, leurré par lapparente docilité du quatre cylindres à bas régimes !
Cest Rossi qui se marre en voyant la tête des journaleux rentrant au stand après les cinq tours du manège infernal : on peut lire dans leur regard, soit de la crainte, soit du respect ou de lincompréhension, voir un peu de tout ça mélangé
, avec, par dessus tout, le bonheur davoir roulé sur la moto de vitesse la plus efficace au monde
Par contre, pour les chronos, la plupart ont roulé moins vite avec la M1 quavec la R1 : nest pas Valentino qui veut !
Grigou, voyant la tronche de ses confrères au retour, est de plus en plus fébrile, commençant même à trembler furieusement à mesure que linstant fatidique approche. Maurice tente de la rassurer par tous les moyens, mais le plumitif a les canes qui flanchent
Cest à cet instant que réapparait un René radieux, pas trop éprouvé par leffort quil vient de fournir auprès de la superbe créature qui séloigne maintenant en le couvant du regard :
« Nom de Dieu
, blasphème le Respectable en rejoignant ses deux compères, elles ont lsang chaud dans cpays : cest sans doute à cause du soleil dont les rayons boostent la libido
Moi, en été, jai dlenergie à rvendre et jsuis capab de tringler pendant deux plombes, alors, dans un endroit ou il fait toujours beau
Pas feignante la môme
, et même que cest elle qua drivé pendant tout ltrajet, à tel point qujen ai lmat dcocagne en marmelade
Mais Dieu, qucétait bon ! », soupire cet être de félicité
Voyant la mine de Grigou, il reprend : « Hé bien mon vieux, quest-ce que tas ???, on dirait qutu vas avaler ton bulletin dnaissance
»
Le Grigou en question a bien du mal à sexprimer, et cest Maurice qui explique à son frère le pourquoi.
« Ha ?, cest seulement ça
, soupire Pépère en hochant la tête, ten fais donc pas comme ça : cest quune bécane qua deux roues, un cadre, un moteur et une paire de bracelets, comme nimporte quelle autre bécane
Bon, cest vrai quelle semble accélérer un poil plus fort, mais dans ccas, on tourne moins la poignée : cest aussi simple que ça !
Et pis dis donc, tes lresponsable des essais dton canard ymsemble, non ? : alors tu vas treprendre et rouler comme tu lfais dhabitude, cest à dire en tconcentrant sur tes impressions pour sortir un papier à la hauteur
»
René, en disant ça, profite pour lui coller une claque dans le dos en réconfort. Cest à ce moment que choisit lattaché de presse pour dire à Grigou en sapprochant :
« Monsieur Ze Kick, cest à vous
»
« Gloups ! » fait le journaleux en suivant le gars en chemise bleue, imité par le duo.
La moto est sur sa béquille de stand, les couvertures chauffantes sur les pneus. Deux ingénieurs terminent de collecter les infos du dernier roulage à laide de terminaux embarqués reliés à la machine, pendant que les mécanos peaufinent une ultime vérification. La M1 est dans la configuration course du dernier GP disputé à Valence, et même si les deux pistes sont différentes (Valence étant un véritable tourniquet), les conditions atmosphériques sont assez similaires. Un jaune parlant anglais, vient alors expliquer le mode demploi à Grigou tandis que dernier grimpe tel un automate sur la championne du monde. Les mécanos actionnent alors le démarreur technique plaqué contre la roue arrière, ce qui pour effet de déclencher le tonnerre tellement le vacarme émanent du mégaphone devient assourdissant par le biais des quelques coups de gaz donnés pour la faire monter en température (quoiquelle a pas eu trop ltemps de refroidir
). La machine est ensuite débéquillée tandis que Grigou prend ses marques aux commandes, concentré au possible. Le commissaire de piste lui donne alors lautorisation de sortir de la voie des stands, ce que le journaleux fait avec une extrême prudence
Les premiers tours sont abordés avec méfiance, mais dans le cinquième et dernier, Grigou vient de réaliser un bon 225 : dix secondes de mieux quavec la R1 !
Cest tout fier, mais complètement épuisé, quil rentre au stand et tend la moto aux mécanos pour enlever très vite son casque et sadresser à René, lequel attend son ami avec le japonais resté à ses côtés (lequel doit noter les impressions du plumitifs) :
« INCROYABLE !!!
, balbutie Grigou, elle est plus douce à bas régimes que la R1, et bien plus précise et légère aussi : on se sent tout de suite chez soi avec une position pas trop extrème. Par contre, dès que lon atteint les mi-régimes, ça commence à drôlement défiler et les bras sallongent. On insiste et elle se met à pousser de plus en plus fort en prenant ses tours férocement sans couper : jai jamais vu un truc aussi sauvage et on a toutes les peines du monde à garder la roue avant au sol !
Le freinage est aussi impressionnant : un doigt en bout de ligne droite, et on a limpression de rentrer dans un mur tellement cest puissant. Et pourtant, jai pas osé tirer à fond sur le levier de peur de passer par dessus
Les vitesses inversées et le shifter surprennent un peu au début, mais on sy fait rapidement.
Oui !, quelle machine !!!, et javoue que cinq tours cest bien peu, même si jai les bras et jambes en marmelade
»
Le japonais lui pose alors quelques questions et notes sur un carnet les réponses avec lair impassible dun
japonais, mais on sent une certaine lueur de fierté au fond de ses yeux sombre !
Quelques journaleux plus tard, voici venu le tour du Respectable de faire connaissance avec la M1
Là, les curieux se pressent au vu de la démonstration précédente, et même Rossi en personne vient poster à côté de lAncien pour lui donner quelques conseils, aidé par un traducteur. René, comme à son habitude, est parfaitement détendu : juché sur la moto, il réclame une umbrella girl car, dit-il, le soleil tape fort à travers son casque
Rossi, aussitôt la traduction faite, éclate de rire en tapant amicalement Pépère dans le dos.
Soudain, le commissaire de piste agite son drapeau et René sélance !
On sent le Respectable prudent : il secoue la moto de gauche à droite pour en prendre la mesure et semble tester différentes positions tandis quil sort de la voie des stands sur un léger filet de gaz. Soudain, la M1 hurle en bondissant en avant : René commence déjà à visser !
Le premier tour est bouclé en 2 tout rond : déjà lassemblée se tait tandis que la moto bleue donne de la voix en crachant son impressionnante cavalerie dans la ligne droite. LAncien a le nez dans la bulle et au deuxième tour, le chrono descend en 157
, puis 155 au suivant : Valentino, du bord de la piste, encourage René à en remettre sous lil inquiet des japonais !
Le quatrième, Pépère est en 151 et termine son cinquième et dernier tour en 150 !!!
Dans la voie des stands cest du délire et déjà tout le parterre présent se presse pour recueillir les impressions de lextra-terrestre, Rossi en tête
Dix secondes
: René a tourné à dix secondes de Valentino lors du dernier GP disputé ici, alors que ce dernier chassait la pôle en pneus qualif !!!
Superpapy, qui vient de rentrer, stoppe la moto près des mécanos : à peine descendu, Valentino se jette dans ses bras comme si lAncien venait de gagner une course. Burgess, un peu en retrait, narrête pas de secouer la tête et se frotter les yeux en compulsant le temps affiché. Les japonais en blouse, tout en sempressant de brancher les ordinateurs pour les acquisitions de données, regardent René du coin de lil dun air effaré, tandis que les journaleux se pressent autour du Respectable pour le bombarder de questions : jamais on vu un truc pareil dans le monde des GP, un peu comme si toi, tu tmettais à passer tes six rapports sur la roue arrière alors que tes même pas fichu de passer la troisième les roues au sol
René sadresse alors à Grigou qui sest difficilement frayé un chemin pour rejoindre lAncien, tandis que Maurice, prudemment, est resté en retrait :
« Ouais, tavais raison, explique til calmement à son ami, comme si de rien nétait, elle est facile cette brèle. Javoue quelle pousse un peu plus que ma V6 et marche mieux que celle à Sarron. Dis, avec tes relations, tu pourrais essayer de men avoir une comme ça, pour quje puisse aller mamuser à Carole avec
?
Non, jplaisante : ce truc nest pour moi car jarrive pas à lexploiter du fait dune position qui ne me convient pas
Jsuis certain que si on mla laisse pour la faire régler comme jai lhabitude, jdescend les temps dau moins cinq secondes !
Au fait, tu peux pas dire à tes collègues dme lâcher la grappe pour quon aille au bar sen jeter une bonne : moi, un coup dradada et quelques tours en piste, ça mdonne soif
Pendant quon y est, invite Valentino et ljaune qua lair constipé là-bas : cest ma tournée ! »
La suite...
déchainé jean paul!!!! on l'arrête plus....va m'occuper ce soir de lire tout ca..j'ai du retard!!
Ouaaaaaaaaaaaais!!!š
René Powa!!!!
Bon bin comme d'hab'... la s... et j'veux un verre à la tournée moi!!!
Bravo J-PAUL
Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!!!!!!!!!
que du plaisir.............
Toujours aussi bien
ouf tu m'as fait peur J_Paul à vouloir arrêter, je suis accro moi maintenant !
La suiiiiiiite !!!
Si tu veux quelques infos sur les Japs (comment ils réagissent, des petits jurons, des trucs comme ça quoi) n'hésite pas à me demander.
Je lis tout ca, maintenant je vais pouvoir reprendre tout depuis le début....... cool
Merci à tous !
Ce qui m'a surtout fait peur, c'était les réactions de l'ordinateur : un virus certainement, mais après bien de efforts, il est en partie opérationnel et je peux donc reprendre Word sans trop de problème...
Double mètre : c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd..., et sûr que je risque de faire appel à tes services un jour ou l'autre !
J-Paul : copie effectuée, pour le cas où...
Et relecture programmée pour demain...
Mais... tu peux commencer à travailler la suite !!! :)
cool
allez la suite !!!
"et ljaune qua lair constipé là-bas"
The suite please!
Thank's !
Pour la suite, j'ai besoin de me ressourcer un poil, histoire de recharger les batteries du secteur "inspiration" dans la boîte à pensarde : pouvez pas imaginer l'temps qu'ça r'présente pour mettre en place l'idée et l'fil conducteur quelques fois...
Il y a des moments, j'me met au clavier et ça vient tout seul, et d'autres, non... : c'est le cas aujourd'hui et pour cette raison, Fazie et moi on va rouler, et comme d'hab', c'est surement elle qui va me filer les idées...
J-Paul, j'ai fini de relire... envoi ce soir...
LA SUIIIIIIIIITEEEEEE !!! :) :) :)
lu 22 pages sur les 94 (!!!) et je dois avouer que je me marre bien !
Et puis maintenant je comprend mieux qui sont René et Maurice.. J'avais pas tout compris
Bon ben..., l'enthousiasme général fait plais' à lire : moi, mon trip c'est d'écrire ce genre d'histoires et, si en plus les lecteurs sont contents, que demander de plus ?...
Ha, oui..., la suite ? , heu..., je planche, je planche...
... je planche et, heuuuu..., je cale un pneu en c'moment : si quelqu'un a une p'tite idée pour la suite, ben... ch'suis preneur !!!
Hello J-PAUL.
Personnellement j'vois bien une gentille scène de bar, ou René discute technique avec le père Burgess, et ou l'on voit Grigou prendre pour modèle ses 2 compères et emballer la serveuse du bar...
Pour poursuivre, le lendemain, après le récit de Grigou à la sauce San Antonio... la venue d'un élément perturbateur qui ferait bondir René serait le bienvenu!
M'enfin oila... fais d'ça c'que tu veux.
A plus
Moi j'ai pas d'idées....( pourtant je suis pas blonde... )
Mais une "païlote" qui viendrait perturber les certitudes de nos "gatouillables" sur la piste (pour changer des alcoves...) ça pourrait être intéressant aussi...
N'empêche, je réclame LA SUITE !!!!!
OK, Ok..., je note : y'a du bon là-dedans ...
bon, jai fai un copier coller depuis le debut..jen suis a 88 pages!!!! en taille 10 dans word...ca va me faire de la lecture pour les soir qui viennent!!!!
Up ! : pour faire remonter le post... le temps que je termine l'épisode en cours car, bossant actuellement d'après midi (et rentrant très tard...), il ne me reste qu'un peu de temps libre le matin pour me mettre au clavier...
J-PAUL
***Mamy
08-02-05 21:51
Moi j'ai pas d'idées....( pourtant je suis pas blonde... ) AH BON!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mais une "païlote" qui viendrait perturber les certitudes de nos "gatouillables" sur la piste (pour changer des alcoves...) ça pourrait être intéressant aussi...***
Pourquoi pas sur une Transalp
Je déco....soyons sérieux
Maurice... Rendors-toi...
bien vu Maurice........
Papy
Il sont sortis du circuit, ainsi que Burgess qui sest joint au groupe, pour prendre la direction du premier rade à proximité, ce qui nest pas difficile à trouver car dans cpays, les rades cest comme les belles filles : ya que ça autour de toi
Cest Grigou qui fait la traduction tandis que Jérémy présente le Constipé :
« Yapu Kavissé San, Responsable technique pour la partie mécanique et pilote dessai. Son double rôle, unique dans un team de compétition, donne lavantage de valider en live ses dernières trouvailles, ce quun ordinateur ne sera jamais capable de faire. Ne vous fiez pas à son age (71 ans), car il fut pilote de chasse pendant la guerre du Pacifique et compte parmi les as de la flotte avec quarante avions ennemis descendus, ce qui donne une idée des réflexes dont il disposait alors, et quil a cultivé par le biais de la course moto de retour dans la vie civile. Il a été trente fois champion du Japon dans toutes les catégories et très vite engagé par Yamaha qui la couvé en lempêchant de courir hors du Japon, le jugeant plus utile au pays du soleil levant car il est aussi un ingénieur hors-pair à lorigine de pas mal de trouvailles qui ont fait de la marque ce quelle est aujourdhui.
Il sest alors dévoué à déployer ses nombreux talents au sein de la firme, refusant même les promotions internes pour conserver le privilège de concevoir et tester lui-même le fruit de son travail.
Cest incroyable ce quil est capable de trouver pour répondre à la demande de Valentino et on a vu le résultat cette saison
De même quune fois en piste, cest difficile dimaginer que cest un gars quon verrait plutôt en retraite, qui tourne la poignée de cette façon, un peu comme vous René
Kavissé San ma demandé de vous convaincre de nous faire lhonneur de votre présence lors dune séance dessai en privé : pour valider certaines de ses idées, certes, mais je le soupçonne aussi de vouloir se mesurer à vous sur la piste
Javoue, daprès ce que je viens de voir, que lidée nest pas pour me déplaire : si ça vous dit, la semaine prochaine nous sommes au Mans, chez vous en France
Bien entendu, vous acceptez ? »
Il sont tous installés dans un petit rade espinguin jusque dans ces moindres détails : ya lpatron, un peu bedonnant et moustachu qui essuie négligemment ses verres, une sono qui crache de la musique latine dans une ambiance tamisée par le peu de lumière régnant dans létablissement, les clients habituels avec cette nonchalance des gens vivants au soleil leur donnant une impression de sérénité face à la vie que nous naurons jamais, nous les franchouillards de la partie nord, misérables fourmis qui courront sans cesse sans trop savoir pourquoi, uniquement pour faire comme les autres, histoire de pas paraître idiots
, ya aussi la serveuse
: grande, brune, très brune avec un regard de braise, trente ans environ, la peau mate dans une robe longue ambrée assortie à son teint, bref
, THE first nana
Un qui nest pas indifférent à lemployée du bar, cest Grigou : il jongle alternativement entre la traduction et les regards balancés en loucedé à la superbe créature, laquelle semble amusée et, semble til
pas farouche pour un poil !
Valentino observe la scène un moment sans rien dire, puis glisse à loreille du journaleux :
« Ma !, tou as vu comme la demoiselle té regarde ? Vas-y et montre loui qué dans notre ounivers dé la moto, ya pas qué la poignée quon sait tourner
, jé moccupe do faire lé tradoucteur pour toi ! »
Tu frais quoi, toi, si le World Champ te sortait un truc comme ça ???
LGrigou gonfle le torse, se racle la gorge après avoir sifflé son verre de whisky dun trait, puis se dirige franchement vers la demoiselle qui, avec son air de « viens voir par ici tu verras mon
» ne le quitte pas des yeux
Cest lui qui lance loffensive :
« Oui je sais, ça fait un quart dheure que tu poireautes, mais ton prince charmant ici présent devait dabord terminer la traduction dun entretien très important, mais ceci ne te concerne pas et nous allons passer au sujet qui nous préoccupe : passe devant et montre moi le chemin de ta chambre pour savoir enfin qui je suis
», lui dit-il en lui posant une main sur la croupe, à laquelle elle répond en se collant contre son entre-jambe puis lentraînant vers la partie closed du bar
« Ben mon vieux, fait remarquer René qui a suivi la scène, lest vraiment bien lgamin
»
Le jaune, en réponse, lève le pouce en lair en approuvant de la tête avec un regard soudain complice le déconstipant quelque peu !
Burgess soupire puis se met à rire en lançant une illade à Valentino, tordu sur sa chaise, tandis que Maurice fait remarquer :
« Faut dire quil nous a beaucoup observé
», sur un ton suffisant
Cest René qui percute soudain :
« Hé dis donc, lbridé ?, jrêve ou tas pigé cque jviens ddire ??? »
Kavissé San répond alors :
« Je parle couramment les principales langues usuelles, honorable tourneur de poignée, mais personne ne me la demandé jusquà présent dans cet entretien, non ?
Alors ?, pour le roulage, tu acceptes ??? »
René jette alors un il vers Burgess et comprend le stratagème : celui-ci, en jouant ce petit jeu avec laccord du jap, permettait à ce dernier de bien observer lAncien qui, piqué au vif en réalisant, ne pourrait quaccepter la proposition, ne serait-ce que par défi
Le regard quil lance à Jérémy est lourd de conséquence tandis quil articule :
« Jaime pas trop quon sfoute de ma tronche Mooooonsieur le manager, mais bon, cétait pas la peine den venir là puisque jai décidé daccepter, histoire de pouvoir encore monter sur cette brèle que jai pas eu ltemps dbien apprivoiser, pis aussi pour montrer à Bol de Riz comment quon fait pour visser dans lbon sens
»
Cette fois, cest tournée générale et hilarité totale dans le petit groupe : hé oui, même à ce niveau de la compétition, lesprit motard est aussi présent
Un qui semble voler aussi en haute altitude, cest lGrigou : les parois de séparation du bar sont fines et un étrange concerto en rut majeur se fait entendre, rythmé par les hurlements ibériques de la donzelle et ponctués de grincements pieutesques
Le patron, ainsi que les clients présents, sembles impassibles : coutume locale ?
Cest René qui commente :
« Alors là, il est parti à la cosaque et jsens bien quil va passer au ptit train dans la montagne car le rythme est plus saccadé : et puis, ça permet de rfroidir la mécanique car je pressens que cette fille là, cest dla bombe et lGrigou y msemble encore bien tendre pour la mettre à gnou
», dit-il en fin connaisseur
Lalcool commence alors à faire ses effets et Burgess, dans un français très correct lâche alors à René :
« Je vais vous faire une confidence : les filles dici, cest dla braise !
Pour cette raison, quand on passé de Honda à Yamaha, on en a embauché une quinzaine, sachant que qule Gibernau peut pas résister : dès larrivée sur un circuit, elles ont pour mission de traîner près du staff de lespingouin pour lui jouer le chap des sirènes.
Comme ce grand gosse répond toujours présent dans ce cas précis, et quil peut pas être au four et au moulin en même temps, il en néglige dautant la mise au point de sa RCV : cest certainement pour ça quil avoue se battre contre lui-même
Javoue aussi que lorsque que Valentino a quitté Honda, il leur a laissé une machine parfaitement déréglée avec laquelle il a fait illusion grâce à son talent, histoire de se ménager une petite marge le temps de soccuper de la Yam : les rouges nont toujours rien pigé et ont limogé le pauvre Barros qui na toujours rien compris au film ! »
Cest à cet instant que resurgit un Grigou marqué par leffort mais visiblement satisfait (la môme est toujours dans la piaule
) :
« Une coriace !, dit-il, mais bon, jen suis venu à bout
Par contre, ce genre deffort, moi, ça mdonne soif : tournée générale !!! »
La suite...