Tour de Californie – J6 - Vendredi 9 mai
Vendredi 9 mai
De Benbow a Half-Moon Bay
Les étapes du retour, le long de la côte, sont prévues pour êtres plus longues mais la navigation sera simplifiée. Cette journée sera au final très variée avec mer, montagne et même de la ville puisqu'il faut traverser San Francisco pour arriver à Half-Moon Bay.
Itinéraire
Le matin je profite encore du service stylé de l'hôtel Benbow, cette fois j'apporte mon appareil photo.
Le petit déjeuner n'est pas inclus dans le prix de la chambre mais au final les deux nuits suivantes, parce qu'elles se situent dans des villes sur la côte très touristiques et que nous sommes maintenant en tarifs de fin de semaine seront toutes les deux plus coûteuses que ce séjour au Benbow même en incluant le dîner et le petit déjeuner.
La Breva elle aussi a besoin de ravitailler. Je remonte donc quelques miles vers le nord à Garberville. J'en profite pour vérifier la pression des pneus qui n'ont besoin que de quelques PSI ainsi qu'un petit débarbouillage.
Direction sud, la route va rapidement se transformer de 4 en 2 voie et surtout juste avant Leggett la Pacific Coast Highway se sépare de la 101 qui elle continue dans les terres. Je vais donc la suivre en direction de l’ouest.
Avant de rejoindre l'océan pacifique, les virages s'enchaînent entre les sapins. Le trafic est fluide mais l'air un peu humide est frisquet. Impossible de s'arrêter dans ces enchaînements pour capturer ce cadre sylvestre enchanteur. Les courbes se succèdent en descente mais la route est très propre et je soigne mes trajectoires sans arrière pensée. Je stoppe dans une clairière, et me réchauffe un instant aux rayons du soleil.
Vient ensuite une nouvelle montée, qui sera la dernière. La route débouche en effet abruptement sur les bleus mélangés de l'océan et du ciel. Arrêt obligé dans ce premier virage d'où la route commence a longer les falaises. Je ne suis pas le seul d'ailleurs, les voitures aussi stoppent.
Comme j'ai parcouru la veille la "Mattole Road" le long de la "Lost Coast" (la côte perdue), je ne suis pas surpris de voir ce sable de couleur grise. Il est cependant difficile de maintenir une certaine vitesse moyenne car les tentations de s'arrêter sont fortes et innombrables.
Je me gare par exemple pour photographier cette maison qui évoque si fortement l'architecture du Finistère, tente de capturer le vol d'un "Osprey", ce rapace marin qui a donné son nom à l'avion mâtiné d'hélicoptère (il est sur la photo au centre mais le paysage l'occulte). Une autre fois, il s'agit de rendre compte d'un tunnel de végétation planté par la main de l'homme.
Je vais ensuite me dégourdir les jambes dans la première grande ville rencontrée, Fort Bragg. Comme Fortuna et Ferndale, on sent l'influence victorienne. La ville dispose d'un train a vapeur touristique dit "Skunk Train" le train de la mouffette. Elle me donne là encore l'impression d'une ville-rue.
A la sortie de la ville, je décide de faire un petit détour touristique, influencé par le trafic grossi dans Fort Bragg et vais visiter un phare sur la côte. Comme le montrent les photos, je suis impressionné par la faune et la flore. Arômes et iris poussent ici de façon sauvage et des sortes de canaris se battent avec les moineaux à la mangeoire. Une fois de plus, les paysages rappellent le nord de la Bretagne, même si l'architecture du phare est définitivement locale avec beaucoup de bois pour le phare et les logements de son équipage aujourd'hui disponibles à la location.
Le prochain arrêt sera la ville de Point Arena, un nom typiquement californien car il mélange l'anglais pour le premier mot et l'espagnol pour le second (le sable en français).
Le vent est toujours aussi fort. Je commence à me préoccuper du ravitaillement de la Guzzi mais dans la ville une des stations est reconvertie en magasin de graines et nourriture pour animaux tandis que le garage local est fermé. Je me contente donc de sustenter le pilote en choisissant d'entrer au "Record" (jeu de mot entre la signification française et celle qui se réfère à un enregistrement, un disque).
La boutique vend des produits "organiques" (Bio comme on dit en France) et derrière, sur un beau comptoir en bois clair, on sert du café et des sandwiches. C'est le type de restaurant qu'on appelle ici un "Déli" comme dans le film "Délicatessen" car la viande des sandwiches est souvent de la charcuterie accompagnée de gros cornichons marinés. Je suis surpris de l'apparence et l'attitude "Woodstock" transposée à des jeunes nés peu avant ou après cette période historique. Ayant visité l'an dernier San Francisco, j'imagine que les propriétaires ont du venir directement du quartier de Height-Ashbury pour fuir les contraintes de la ville.
Cela fait déjà 6 heures écoulées entre ce déjeuner et le petit déjeuner qui l'a suivi. Je roule ensuite une heure sans prendre de photos. Pendant cette heure les virages s'enchaînent. Je me souviens être resté bloqué derrière un gros monospace familial suivi d'un camion porte benne lui aussi bloqué par cette voiture au rythme d'escargot que je dépasse sur un bout de ligne droite de façon un peu limite. Je stoppe malgré tout une ou deux dizaines de minutes plus tard pour photographier le Fort Ross que j'avais vu en photo dans le bouquin de Clément Salvadori sur les balades moto en Californie.
Le camion me repasse mais nous arrivons ensuite sur un feu rouge qui régule des travaux où ce dernier me laisse gentiment passer.
C'est une situation un peu gênante car je vais ensuite le laisser repasser pour un autre arrêt photo, même si je finirais par le dépasser une fois que lui marquera un arrêt sans que l'on se soit gênés.
Lors d'un de ces arrêts, le zoom me permet de prendre en photo des éléphants de mer.
Je stoppe ensuite une seconde fois le long de la rivière pour prendre cette petite maison sur pilotis puis une troisième comme annoncé pour confirmer mon itinéraire avec le GPS.
Débarrassé des soucis du trafic, je profite à mon rythme des virages et du paysage pour deux autres arrêt photo. Je sais qu'au nord de San Francisco la route s'éloigne de la côte donc j'immortalise encore quelques paysages de carte postale avant d'aborder cette partie.
Deux heures et demi après être reparti de Point Arena, je stoppe dans la petite ville typique de "Tomales" qui donne son nom à la baie.
Là encore, les bâtiments historiques qui ont été conservés ont pour la plupart été détournés de leur usage, comme le montre le texte qui indique "ceci n'est pas une banque" sur le bâtiment qui est le seul à ne pas être construit en bois.
Les prises de vue donnent le temps à un autre motard de me rejoindre sur sa GSX-R. Il fait un arrêt pour enfiler un blouson coupe-vent et je discute des vertus de ma doublure Joe Rocket. Et c'est vrai que si les paysages valent le coup, le vent marin fort et humide ne m'épargne pas et les genoux souffrent comme toujours après plus de 6 heures en selle.
Ce motard connaît bien le coin et me vante les virages à venir mais sagement je le laisse partir devant.
Les virages sont bien là, de magnifiques paysages d'estuaires et d'ancien ports de pêche également mais ils sont accompagnés de limitations de vitesse que je respecte prudemment, d'autant que ma forme physique est un peu diminuée. Je laisse d'ailleurs un moto de course des années 80, je dirais un mono d'après le son du moteur, me dépasser dans des collines où la route serpente à loisir.
J'arrive ensuite à Point Reyes (les rois), encore une ville restaurée par les investisseurs de San Francisco toute proche. C'est encore l'occasion de se dégourdir les jambes.
Je stoppe en sortie de la ville pour tenter de retranscrire l'ambiance exotique d'une forêt d'eucalyptus.
Lorsque la route redevient une route de falaises, je suis rejoint par un duo de motos. Un supermotard Suzuki DR-400 et un Ninja 636 sont à mes trousses. Je laisse passer les deux mais n'ai ensuite aucun mal a rester dans la roue du la sportive, le supermotard l'attendant à intervalles réguliers. A trois on pousse quelques voitures à se mettre de côté mais on se retrouve ensuite dans une zone plus urbanisée. Pour finir ils me conduisent sur la 101 dont je sors avant de franchir le célèbre "pont doré"...
Je le traverse puis paye mes $5 (moitié moins que pour les voitures et c'est pour tous seulement dans le sens qui rentre vers San Francisco). Avant de prendre des photos de l'autre côté, 8 heures après la première prise sur la route le matin. J'étais venu en bus jusque là au printemps 2007 mais le sommet du pont était alors perdu dans la brume. Donc ses images, même si elles sont sur la moitié des cartes postales de la ville, sont tout de même rares.
Je branche ensuite le GPS pour m'aider à traverser la ville. Je passe par le "Golden Gate Parc" puis devant le lycée français de La Pérouse qui semble bien luxueux. Je dévie ensuite des indications GPS pour suivre les pancartes qui me guident vers la Pacific Coast Highway. Il y a des travaux et le trafic d'une grande ville, mais cela reste fluide. C'est dommage pour les virages le long de la côte mais je savais à quoi m'attendre. J'arrive à l'hôtel fourbu 9 heures après ma première photo en route et 11 heures et demi après le petit déjeuner.
Je prendrais le temps de profiter d'un steak de thon un peu sec dans le resto d'à côté où je met du temps avant de me rendre compte que la musique est jouée en "live" par un groupe qui malheureusement s'apprête à remballer. Je le leur dis et ils le prennent comme un compliment.
Ensuite je profite de la piscine et du jacuzzi vanté par le réceptionniste à mon arrivée. C'est encore l'occasion de raconter mon périple et parler de mon boulot à 3 couples de quinquagénaires aux dimensions toutes américaines mais fort sympathiques et fiers de leurs régions vinicoles en pleine croissance face aux célèbres Napa et Sonoma que je n'ai hélas pas le temps de visiter.
C'est vraiment délassant de se baigner en plein air dans l'eau chaude en regardant la lune qui orne le ciel et j'ai besoin de cela pour la journée suivante qui risque fort d'être comparable, avec en moins l'attrait de la découverte puisque j'ai déjà roulé de San Francisco à Pismo Beach en voiture. Du coup j'ai modifié le début de l'itinéraire pour rouler sur le "Skyline Boulevard" demain matin.