Le Conseil d'État reconnait l'illégalité des ralentisseurs
... mais n'exige pas leur destruction et leur remise en conformité
Une jurisprudence pour faire respecter les normes
Outre les ronds-points et les radars, la France est devenue championne en matière de constructions de ralentisseurs. Seulement voilà, pour faire ralentir les usagers, les municipalités et gestionnaires de voiries se sont un peu laissés aller à tout et n'importe quoi en ne respectant pas le cahier des charges et la norme pourtant très claire introduite au printemps 1994.
La faute au catalogue de recommandations "Coussins et plateaux" qui fut publié par le CEREMA en 2010, mais qui ne s'appuyait pas sur la réglementation en vigueur.
Le problème a été régulièrement soulevé, notamment en raison des risques présentés par des ouvrages pas adaptés aux véhicules, voire carrément dangereux. Pente trop raide, marquage inexistant, hauteur abusive, implantation trop près d'un virage... les exemples sont nombreux et ont poussé certaines associations à militer sur ce sujet dès 2020.
C'est notamment le cas de l'association Pour Une Mobilité Sereine et Durable qui a déposé un recours il y a 5 ans afin de faire reconnaître l'illégalité d' ouvrages hors normes dans le Var. Débouté par le tribunal administratif de Toulon cette année-là, le dossier a été relancé deux ans plus tard lorsque la cour administrative d'appel de Marseille a annulé le jugement, mais rejeté les demandes. Fin 2023, le Conseil d'État annulait l'arrêt et renvoyait l'affaire à Marseille où la Cour d'Appel a rendu le même verdict, mais a précisé que tout ralentisseur devait respecter l'ensemble des points du décret 94-447. L'arrêt a alors servi de base jurisprudentielle à d'autres dossiers traités depuis.
Le dossier allait enfin pouvoir toucher à sa fin, sauf que le Conseil d'État s'est prononcé contre la destruction de tous les ouvrages qu'il a lui-même fait reconnaitre comme illégaux, soit environ 400.000 ralentisseurs en France, pour une remise aux normes.
Une des raisons du refus est d'ordre financier puisque la destruction de ces ralentisseurs est estimée entre 5 et 7 milliards d'euros. Pas question dans ces conditions d'imposer ce coûteux remplacement aux collectivités qui ont déjà déboursé près de 10 milliards depuis 2012 dans leurs constructions.
Et si la destruction n'est pas imposée, le verdict du Conseil d'État permet toutefois de limiter les risques de voir d'autres infrastructures non règlementaires sortir de terre. En effet, tout ouvrage qui ne respecterait pas les critères à la lettre pourrait facilement être attaqué par des associations avant même que la construction débute.
Il n'est pas non plus question d'une sauvegarde de ces ralentisseurs illégaux, bien au contraire. La décision du Conseil d'État est loin de faire les affaires des gestionnaires de voiries qui s'exposent désormais à une mise en cause de leur responsabilité civile et pénale en cas d'accident ou de sinistre. La jurisprudence a déjà servi à faire condamner et détruire des ouvrages hors normes, elle pourra donc le refaire.
Les quelque 200 procédures actuellement en cours sur le territoire pourraient utiliser cette jurisprudence pour obtenir gain de cause. En cas de sinistre, il sera bien possible de se retourner contre les gestionnaires, même si cela implique des démarches compliquées.
Commentaires
Ben il ne fallait pas commencer mais comme à chaque fois on a un temps de retard et de toute manière il n'y a personne pour contrôler le travail fini, les maires sont incompétents et les Travaux publics se gavent aux subventions pour du boulot facile en intersaison. Donc tout va bien, on le sait mais tout va bien.
02-05-2025 07:44Il y en a presque partout sauf dans mon patelin car j'ai voté contre en tant que motard.
Je ne comprends pas bien ce qu’est le conseil d’état , ni d’où lui vient sa légitimité, mais visiblement cet organisme ne rend pas ses décisions en se basant uniquement sur le droit. S’il apparaît raisonnable de ne pas demander la destruction de centaines de milliers de ralentisseurs pour la bonne raison que cela coûterait des milliards, il me semble étrange 1) de ne pas demander la destruction de tous les ralentisseurs totalement hors norme et donc carrément dangereux (j’en connais; presque des murets!) 2) de ne pas mettre à l’amende , même symbolique, les municipalités fautives. Quand t’es gros, le conseil d’état t’accorde l’impunité totale devant le fait accompli. Quand t’es petit, c’est pas la même histoire, comme par exemple les petits motards et le CT moto imposé , non par l’Europe, mais par ce même conseil d’état.
02-05-2025 08:09Le conseil d'état, l'autre juridiction du mensonge et de l'entre-sois.
02-05-2025 09:06Cela évitera de mettre des dos d'ânes sur l'autoroute A69...
02-05-2025 10:14Pour faire des économies on peut les détruire nous mêmes et gratos. Ça défoule, on fait un peu d'exercice et puis on sera sûr que ce sera fait. Refaire le bitume après par contre...
02-05-2025 10:21Il va être difficile de réconcilier les usagers victimes de ces ralentisseurs hors-la loi avec les édiles qui auront maintenu ceux-ci sur leur commune.
02-05-2025 10:23Les ennuis ne font que commencer pour des maires déjà bien malmenés qui dénoncent une animosité grandissante envers eux.
Je suis surpris qu'après avoir fait un constat pareil aucune obligation ne soit exigée.
Sans doute une considération politico-économique aura t elle dictée la décision du CE. J'aurais apprécié que ce même CE considère les motards comme gens responsables capables de prendre en compte l'état général de leur deux roues. Peut-être un aménagement du CT aurait alors été décrété selon les circonstances....(achat/vente), motard vache à lait ?
Pas préservé du danger d'un ralentisseur accidentogène.
Bonjour,
02-05-2025 10:40"...Il n'est pas non plus question d'une sauvegarde de ces ralentisseurs illégaux, bien au contraire. La décision du Conseil d'État est loin de faire les affaires des gestionnaires de voiries qui s'exposent désormais à une mise en cause de leur responsabilité civile et pénale en cas d'accident ou de sinistre. La jurisprudence a déjà servi à faire condamner et détruire des ouvrages hors normes, elle pourra donc le refaire..."
C'est exactement ce qui s'est passé pour une petite commune (toute petite), de mon coin d'origine.
Les habitants de la commune s'étaient avaient déjà fait la remarque des "tables de cross" qui avaient étés mise en place, jusqu'au jour ou une voiture sportive de luxe s'est retrouvée à cheval dessus, châssis plié...
Bilan,
La commune s'est payée une voiture sportive de luxe.
.
Le p'tit problème surtout,
C'est qu'en réalité, ceux qui se plaignaient se sont vu offrir une voiture qu'ils ne pouvaient pour la plupart pas se payer à un estivant de passage (C'est peut-être cela que l'on nomme la mutualisation des dépenses ?).
J'aime autant vous dire que cela a fait bel effet dans les décisions et votes par la suite, mais le mal était fait.
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Bonne journée
C'est justement les administrés qui demandent, j'aimerais aussi que quand il y a une réunion publique les gens se déplacent et parlent mais à peine 10% se déplacent.
02-05-2025 12:03Nous avons eu aussi des demandes de nouveaux arrivants qui réclamaient stops en pleine artère centrale dans le village et des plateaux. j'en ai marre de traverser des patelins où l'on s’arrête tous les 100 mètres. Au moins qu'ils mettent un "laissez le passage".
Salut
02-05-2025 12:08Après, on peut aussi se poser la question de savoir pourquoi autant de communes en installent ???
Elles en ont peut être plein le Q des crétins qui roulent comme des c...en agglomération.
Mais même avec des ralentisseurs, je suis effaré de la vitesse à laquelle certains et certaines les passent... Apparemment, niquer leurs bagnoles ( si ce sont les leurs...) ne les gênent pas plus que ça...
Dans ralentisseur il y a ralentir...
Maintenant, est ce que les maires ont d'autres moyens ?
Les feux radars : c'est pas mal, mais ça doit coûter une blinde...
Les radars pédagogiques : Chers, ne marchent pas longtemps et tout le monde s'en branle...Voire même servent à taper des records...
Les chicanes : difficiles qu'elles restent en état à cause des gros gabarits.
Reste le système contraignant comme le Lavia....
En conclusion : les ralentisseurs m'en font vibrer une sans toucher l'autre.
V
Ces ralentisseurs faisaient ou font partis du lot proposé par les prestataires lors des appels d'offres lancé par les collectivités. Le lot comporte par exemple la réfection d'une route avec signalements et autres aménagements (chicanes, passages piétons...).
02-05-2025 13:12Le lot n'est pas divisible, et pour respecter le contract tout doit être installé, même si on en a pas besoin.
Donc quand une commune demandait à sa collectivité des travaux (vu que les communes ont rarement les moyens de financer ce genre de choses), c'est soit la commune accepte le lot entier, soit elle se débrouille autrement...
C'est pour cela qu'on retrouve les mêmes aménagements dans la pluparts des villages et petites villes.
Faire venir régulièrement une profession appelée Gendarme ou Policier... Celle qui a disparu des bords des routes depuis que l'IA répressif est à l'oeuvre là où ça fait majoritairement de la tune.
Ok, tu me diras que la gestion des personnels est pas fait en ce sens. Mais choper les responsables est plus honnête que faire chier 99% de la population avec des dispositifs illégaux. 02-05-2025 16:13
Ce n'est pas les ralentisseurs qui dérangent, ce sont ceux qui représentent un danger car manifestement pas aux normes.
Pas plus tard qu'hier, j'ai vu un véhicule sanitaire des pompiers (en mission avec giro) faire des étincelles sur un ralentisseur réputé idiot, et pourtant, il avait beaucoup ralenti vers 30-40km/h, car il semblait connaitre le mur et ne voulait pas détruire ni son matériel, ni les chances de la personne secourue.
Les ralentisseurs débiles et dangereux, je râle.
Un p'tit coup de barouf à chaque passage, je me dis que les riverains finiront bien par aller voir leur maire.
Quand aux chicanes hors agglo garnies de pots de fleurs de 300kg, capables de t'arracher une jambe... elle est où la norme ?
[attachment 41606 Image.jpg] 02-05-2025 17:12