Chat'huts et Chat'grins VII - Boulet s'éclate*
Certain Repairien non dénué de talents de société est capable de renverser une baignoire sans s’éclabousser d’une goutte ! La performance est intéressante. Un public judicieusement choisi permet à l’exploit d’avoir un certain retentissement dans la sphère motardesque.
L’honnêteté oblige néanmoins à reconnaître qu’il manque à ce show la note dramatique, voire épique qui fait la grandeur des tragédies grecques.
Par un beau jour de février et afin de fêter dignement l’anniversaire de Madame Môman, Boulet décida ( ?) de relever le défi et d’offrir à sa sainte femme de mère un feu d’artifice digne de marquer les esprits et d’y fixer cette date mémorable.
Foin du pétard mouillé, de la petite explosion. Il fallait à l’événement le caractère historique d’un Hiroshima, le souffle d’un essai nucléaire à Mururoa, la beauté d’une frappe américaine sur le Koweit.
Afin de respecter un crescendo intéressant, l’aventure débute modestement - les plus grandes œuvres n’ont-elles pas pris naissance dans un grenier ?
Petite balade dominicale, première sortie de l’année, rien de bien ambitieux. Marseille/Cassis par la Gineste histoire de chauffer les gommes, vagabondage nonchalant sur la Route des Crêtes pour avoir le temps d’admirer à loisir les arbres en fleurs, la présence odorante des mimosas, le camaïeu de bleus de la mer ponctué par les taches colorées des voiles.
Un soleil éblouissant arrosait cette somptuosité de paillettes chaudes et dorées, à tel point que, dès l’étape McDo obligatoire, Boulet, s’étant gavé de toutes ces merveilles, abandonnait le maillot anti freeze pour ne conserver qu’un sweet shirt sous un cuir sans doublure. Ce détail trivial et inintéressant va bientôt peser son poids de kahouettes.
Machaing et L4ping ouvraient la route ce qui permettait à Boulet de profiter de ce moment parfait sans arrière-pensée.
Le plastique OGM américain dûment avalé, il est trop tôt pour se séparer. Après concertation avec lui-même, Boulet qui commence à bien connaître le coin, propose un tour à la Cadière d’Azur, ravissant petit village perché situé en face du Castellet mais moins frelaté.
L’ascension se passe à peu près bien à l’exception d’un virage vicieux que Boulet rate pour avoir eu la prétention de le passer en seconde. La configuration de terrain permet de s’échapper du piège sans souci ni peur, toutefois, la méchanceté du passage est bien prise en compte pour le retour.
Rassemblement des troupes (2 motos !) à la table d’orientation avec flaque de bave devant le spectacle de la vallée recouverte de vignobles, considérations bidochonnesques sur les superbes demeures qui les parsèment, prises de tofs pour immortaliser l’instant. Il est temps de se séparer, une dernière clop et nous enfourchons les destriers pour un retour tranquillou à nos bases respectives.
La descente est un peu vicieuse. Soudain, Boulet qui roule derrière découvre au détour d’un virage une magnifique sculpture d’art moderne au milieu de la route.
Imaginez une sorte de X géant, alliage de métal et d’humain, flirtant dangereusement avec l’équilibre. Calder lui-même n’aurait pas osé imaginer telle précarité.
Une moto, type camion (=BMW) à l’arrêt, penchée selon un angle d’au moins 45 degrés, la jambe gauche du païlote tendue à mort pour la bloquer, la passagère penchée de l’autre côté ! un défi aux lois du Père Newton.
Dans sa jeunesse, Boulet s’est repu des actes d’héroïsme de Zorro, d’Artagnan, de tous ces grands cœurs volant au secours de la belle en détresse.
N’écoutant donc que son courage (qui dit beaucoup de khonneries) Boulet ouvre en grand pour passer le carrefour et se range le long d’un mur. Ne se perdant pas en détails inutiles, il néglige de couper le moteur et descend fougueusement de son fier destrier.
Ben oui, mais non ! Tout à son rôle de sauveur, il oublie qu’une moto arrêtée ne tient que grâce à la béquille ! S’ébrouant dans un mouvement de liberté, la monture décide de rejoindre l’horizontale pour y prendre un repos bien mérité.
Boulet, qui vient de comprendre son erreur, s’appuie avec sa main gauche sur le mur, pensant ainsi bloquer les 250 kg de la moto et peut-être même la redresser.
Combat de titans : qui de la moto, du mur ou de Boulet va céder ?
Résultat ? Mur = 1, moto = 1, Boulet = 0.
Sans que rien ne le laisse prévoir, l’épaule de Boulet cède offrant ainsi une issue à une situation qui n’allait pas tarder à devenir ridicule. Fort gracieusement, Boulet s’affaisse cependant que la moto lui tombe non moins légèrement sur la jambe gauche.
Le houra de victoire du mur se confond avec le râle du moteur et le hurlement du klaxon bloqué par le bagster.
Le rouge de la honte au front, Boulet tente un mouvement afin de sortir de cette position grotesque et bruyante. Las, délicatement sollicité, le bras gauche se refuse à tout mouvement et pousse même la mauvaise volonté jusqu’à devenir douloureux.
Pauvre Boulet, allongé dans le faible espace entre la moto et le mur, la jambe gauche servant de moelleux oreiller à la Black Cat et n’ayant pour panorama qu’un très élégant crépi rose !
Coincé dans une position qui lui aurait valu un Clown d’Or au Gala International de Cirque de Monaco, Boulet décide d’attendre les secours qui ne vont pas manquer d’arriver. Les gens ne sont pas forcément altruistes mais le klaxon braille toujours et perturbe la quiétude dominicale !
Impossible de savoir si les copains ont pu s’extraire de leur situation précaire. Puis le klaxon s’éteint et le moteur. Boulet pense que Machaing a utilisé le coupe-circuit. Il se passe vraiment n’importe quoi dans une tête quand les circonstances sont inhabituelles !
Une voix inquiète, c’est 4Lping qui vient aux nouvelles. Première phrase de Boulet : « l’épaule a pris ». Le bras gauche fait un angle anti-anatomique et l’avant bras reste résolument en l’air. Le tout doit plus au cubisme qu’au figuratif. Bien sûr, n’est pas Picasso qui veut mais il n’est pas interdit de mettre un peu d’art dans sa vie. Un gentil et fort mignon jeune homme se présente, coup de chance, c’est un pompier – motard qui plus est. Prise des constantes, manœuvres de premier diagnostic – oui les doigts bougent mais ça fait mal.
Boulet qui a toute sa lucidité demande qu’on appelle les pompiers, pis si quelqu’un voulait bien soulever la moto pour qu’il récupère sa jambe, pis si on pouvait lui enlever le cax. Mais ça, ils n’ont pas voulu ! Pis, les vertus de bonne ménagère font surface : je ne veux pas qu’on coupe mon cuir, vraiment n’importe quoi !
La suite n’est qu’une longue souffrance pour Boulet. Dans son esprit se disputent le souhait que tout s’arrête et le souci d’organiser la succession, prendre contact avec la nounou des animaux, ne pas prévenir la famille pour ne pas l’inquiéter.
Une demi-heure pour brancarder et mettre en ambulance, le tout rythmé par la question : « Sur une échelle de 1 à 10, à combien coteriez-vous la douleur ? » Un reste d’honnêteté intellectuelle et le souvenir d’un post-opératoire à l’époque où on vous charcutait des vertèbres en oubliant les antalgiques au rayon des toxiques, empêchent une cotation à 10 mais le cœur y est ! Et là les pompiers déclarent forfait : diagnostic = intransportable sans être médicalisé.
En ces temps où les signes extérieurs de richesse sont très tendance, Boulet ne juge pas décent de se déplacer à moins de deux ambulances. Appel est donc fait au Samu qui met un certain temps pour arriver et commence une opération remplissage de morphine. Ben je peux vous dire : leur dealer les vole ! 3 mg puis 2 mg et toujours pas d’effet ; on rajoute un anti inflammatoire : que dalle ou presque. A cet instant, Boulet regrette cruellement sa radinerie et sa demande de ne pas abimer le cuir. Ca fait mal, très mal de déshabiller une épaule luxée et cassée, et les coques de protection n’aident pas vraiment !
M’enfin, comme on ne va pas passer le réveillon là-dessus d’autant que je commence à ne pas aller très bien avec plus de 27 de tension, le médecin décide d’essayer de réduire la luxation. C’est étonnant le nombre de décibels que peut produire un organisme ! J’ignorais que j’avais des cordes vocales NH et déchicanées. Le pauvre garçon doit encore en avoir mal aux oreilles.
Suspectant plus qu’une simple luxation, il décide de laisser tomber et de m’envoyer sur l’hôpital le plus proche. Nouvelle charge de morphine pour supporter le voyage et roule ma poule.
Hôpital de La Ciotat, accueil charmant. Oh elle a bobo la dame, on va la soulager ! Et que je te remorphine tous les quarts d’heure.
Le chirurgien de garde est prévenu, ordonne des radios, fait « Berk », contacte l’anesthésiste qui nous pète une pendule parce que je ne suis pas à jeun, brève algarade et direction le bloc.
Il est 19h45 et je suis tombée à 16h.
L’urgence est une notion toute relative !
Joli et palpitant récit.
voilà où mène l'altruisme
belle honnêteté intellectuelle, en tout cas
et en plus, lilius est célèbre
salut mon Chat,
toujours autant de plaisir et de jalousie à te lire. Mais s'il faut que tu te casse les membres pour trouver l'inspiration, les oeuvres futures vont être limitées! encore que... on peut se pêter plusieures fois le même os, non??
"Solidarité" quand tu nous tiens! Le geste ne fût même pas récompensé par le Très Haut. Seule, Ste Gamelle s'est penchée sur toi...
Bon, parlons peu, parlons bien: ça fait quoi d'être shooté à la morphine, hein? hein??
Tu as jusqu'en Septembre au plus tard pour te remettre, parce que j'ai bien l'intention de renouveler ma visite annuelle au sud! J'espère quand même qu'on se verra avant, même si tu viens en train.
rétablis-toi vite le Chat, on compte sur toi!
c'est mieux raconté par toi au clavier que par l4ping au tel...
heureusement que vous avez mangé amerlock....... z'ont pas de rosé de provence dans c'tendroit .....
mais comment oublier de mettre la béquille si ce n'est à cause d'un coup de rosé ou d'un excés de pastaga (z'en ont pas de ça non plus chez Mado)
sans dec ... rétablis toi vite et courage pour la suite ... une épaule fracas ...dur dur ....longue et douloureuse sera ta route pour arriver à la guérison ..... patience ...!!!
ben dis donc, comment fais-tu pour écrire aussi bien avec une épaule dans cet état ?
Courage ma belle (Philou t'embrasse)
Salut Black Cat ! J'ai tout lu..........Super auto-dérision ma jolie ! Bon, je n'en rajoute pas.................comme je sais tout par coeur ! :)
J'dis ça ; j'renseigne ; c'est tout © Tahiti !!
:):):):):)
Je vois que tu as pu vérifier l'adage:
"La morphine est un médicament qui améliore le sommeil du médecin"
Content que ailles mieux
Preux > Chat Noir sous morphine....................c'est comme si tu administrais du Droléptan à un cheval ! :):)
Toujours debout et en attaque ! :) N'est-ce pas Hélène !
( bon, c'est vrai, elle a pas mal dégusté la pauvre ) !!
Oli, je ne connais pas l'effet du Droleptan sur un cheval, mais, à bonne dose, il shoote bien son jockey
Sacré Preux ! :)
T'en veux ?
Enfin, moi je retiens çà tout de même :
Il est 19h45 et je suis tombée à 16h.
L’urgence est une notion toute relative !
c'est pas cqfd du tout dans les secours ! Aller l'OM ! c'est pareil ! :)
Beaucoup de plaisir à te lire aussi, même si tu relates une sacrée galère de plus de trois heures...
Trop bon à lire dommage que ce soit la vraie vie...
quand c'est écrit comme ça, ça donnerait presqu'envie !
nan, j'dékhonne
soigne toi bien
sans dec .......... n'oubliez pas que LE pompier de service avait déja mis un temps fou pour la désincarcerer ..... faut c'qui faut ..........!!!!
une Black Cat ne rend pas ses proies comme ca ...!!!
Et bin. pour une fois j'ai tout lu
Bon rétablissement
salut chat si tu avais voulue nous faire peure avec tes exploits
ben c'étais reussie
pleins de bisous de guérisons
Excellent Héléne , bravo , comme toujours tu a l'art de raconter les choses soigne toi bien
Elle a osé...
Chapeau, la miss, continue à te requinquer
content de t'avoir lu chat!!!!!!
remets toi!!!!!tranquillement......
puis la notion d'urgence,méme si elle est relative ........mieux vaut quand méme
un bon diagnostique
mouarf; les urgences a Marseille :) :)
la seule vrai urgence c'est l'apéro
mébon, comme les gens sont aussi lents pour mourir, ça compense...
petite anecdote (on est sur le taquin, non ?)
un papy biqueur escaladais la route du Castelet avec sa vénérable Harley...
en face un Kéké combi fluo et pot qui vroume fort descendait en se la jouant Valentino Rossi, sauf que du champion du monde il n'avait que les couleurs....
juste après le croisement de Roquefort, notre Kéké est sorti complètement a gauche et a transformé le papy Biqueur et son enclume en sculpture de César.
les pompiers dépêchés sur place ainsi que le SAMU 13 ont "désincarcérés" le papy et l'ont stabilisé. le Kéké s'en est tiré avec quelque Pizzas.
donc pin pon et direction Aubagne, l'hosto le plus près. Mais les urgences étaient saturées..
manque de pot, les urgences de la Timone étaient fermées pour cause de désinfection et notre bon papy, qui se faisait juste une petit balade poussive, a du patienter 5h00 au bord de la tauroute avant qu'une place se libère dans un service....
tu dois te rappeler mon minou, c'était le jour du paint-ball à Cuges
donc tu vois que tu t'en tires bien...
Loup : que dire de cette "anecdote" ?
Allez : "les kékés, on devrait les supprimer à la naissance" :)
le circuit du castelet et son bistrot le High Speed Club, au demeurant excellent, est un repaire de Kékés en tous genre....
le RMS adore aller promener par la bas, c'est toujours l'occasion de pourrir une paire d'hypersport....
on a même vu un kéké qui avait les sliders meulés dans le mauvais sens :) :) :)
pis des roues carrées à faire palir de jalousie un scourtère parisien....
quand on voit comment ça tourne par la bas
mébon, méfie, Big 83 nous surveille, c'est aussi son terrain de jeu
La devise bien connue des Urgences c'est:
"Il n'existe pas d'urgences, il n'y a que des gens pressés"
j'ai été plusieurs fois au urgences de l'hôpital d'Avignon...
elles sont comme toutes les Urgences d'un faux calme...
c'est sur lorsque tu souffres, le temps parait plus long...
ma fille a été gravement blessée dans un accident de la circulation, et prévenu par un pompier de nos amis, nous avons pu arriver sur place avant elle.
et la tu t'aperçois de l'efficacité de tous, de la rapidité et de la précisions des gestes... tout a l'air d'aller trop vite et tu te dis, ils vont oublier quelque chose... même ma femme qui est du métier a été impressionnée...
de l'accueil au bloc, en passant par la radio, il n'y a pas eu plus d'une heure...
c'est beaucoup et c'est très peu...
bon, maintenant c'est une vieille histoire oubliée
Loin de moi l'idée de critiquer quiconque dans cette affaire. Le professionnalisme, l'efficacité et surtout la compassion de tous sont à souligner.
Je me permettrai même un post à ce sujet parce s'il est facile de pourrir, il est plus enrichissant de savoir remercier
tu prend ça avec humour c bien
Excellent CR. On en redemande!
Une chose m'inquiète cependant: La BM n'a rien?