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Chronique : Le motard du week-end contre le roule-toujours

Faut-il choisir un camp ?

Y’a des jours où on croirait que le monde motard est devenu un ring. D’un côté, t’as le “vrai de vrai”, celui qui roule toute l’année, en été, en hiver, sous la pluie, sous la neige, en jean ou en Gore-Tex. De l’autre, le “motard du dimanche”, celui qui astique plus qu’il ne cravache, qui sort sa bécane comme on sort un bon vin : avec précaution, cérémonie et modération.

Entre les deux, souvent, ça se chambre. “Toi t’as roulé combien cette année ?” “T’as pas de moustiques sur ton casque, ça se voit que tu fais que des terrasses.” Et l’éternel débat : qui est le vrai motard ? Qui mérite le salut de la main gauche ? Qui a le droit à la sacro-sainte appartenance ?

Mais au fond, est-ce qu’on n’est pas en train de se gourer de combat ?

Chronique : Le motard du week-end contre le roule-toujours
Chronique : Le motard du week-end contre le roule-toujours

Deux mondes, deux philosophies

Le roule-toujours, c’est souvent un taiseux. Il a la moto dans le sang, dans le quotidien, dans la moelle. Il roule pour aller bosser, il roule pour rentrer, il roule quand il est crevé, il roule quand il pleut. Pas pour le plaisir, parfois même à contre-cœur. Mais il roule. Il considère la moto comme une extension de lui-même. Une habitude. Une évidence.

Le week-end warrior, lui, soigne chaque sortie comme un rituel. Lavage, inspection, itinéraire. Il savoure parce que c’est rare. Parce que c’est choisi. Et quand il part, c’est pour s’évader, pour couper, pour vibrer. Il n’a pas besoin de justifier ses 3 000 km annuels, parce que chacun d’eux a été vécu comme un moment d’exception.

Et les deux ont raison.

L'usure contre la ferveur

Je vais te dire un truc : j’ai été les deux. À 25 ans, je roulais sous la flotte à 7h du mat’ pour aller pointer dans un bureau où personne ne comprenait pourquoi j’arrivais trempé avec le sourire. À 52, j’ai deux gosses, un planning qui déborde et parfois juste deux heures un dimanche pour me faire un tour de périph' élargi.

Et pourtant, ces deux heures, elles me lavent la tête comme une semaine en cure thermale.

Ce que je veux dire, c’est que la fréquence ne fait pas la passion. T’as des gars qui font 30 000 km par an et qui n’ont plus d’émotion sur la route. Et d’autres qui roulent 5 fois l’an mais qui vivent chaque virage comme un voyage initiatique.

Ce n’est pas une question de nombre, c’est une question d’intensité.

Le paradoxe du puriste

On voit fleurir, surtout sur les réseaux, des espèces de talibans du deux-roues. Ceux qui te regardent de travers si tu roules en néo-rétro, si t’as un top-case, ou pire… si tu mets un jeans renforcé au lieu d’un cuir râpé. Comme si l’orthodoxie vestimentaire ou kilométrique déterminait la pureté de ta passion.

Ces gens-là ont oublié que la moto, avant d’être un mode de vie, c’est une liberté.

Liberté de rouler souvent ou rarement. De bichonner sa bécane ou de l’user jusqu’à la corde. De faire des road trips en solo ou des balades en duo. D’aimer la vitesse ou le paysage. La diversité, c’est ce qui fait la richesse de notre monde. Et vouloir enfermer la passion dans une grille de points comme au permis A2, c’est tuer l’essence même de la moto.

Un garage, mille histoires

Un jour, je suis tombé sur un papy dans un village paumé de l’Ardèche. Il avait une vieille CB500, stockée sous une bâche dans un garage qui sentait l’huile chaude et les souvenirs. Il m’a dit : “Je la sors deux fois par an. Une fois pour mon anniversaire. Une fois pour l’anniversaire de ma femme, paix à son âme. On faisait toujours une virée ensemble.”

Je te jure que ce gars-là, avec ses 200 bornes annuelles, transpirait plus d’amour de la bécane que certains youtubeurs qui t’expliquent la meilleure pression de pneus pour l’attaque.

Plutôt que de trancher, embrassons la nuance

Alors, qui a raison ? Celui qui roule toujours ou celui qui roule parfois ? Le moine-soldat du quotidien ou l’hédoniste du dimanche ? Peut-être que la moto n’est pas un uniforme, mais une seconde peau. Et que cette peau-là, on la porte chacun à notre manière.

Y’a pas de hiérarchie dans la passion. Y’a juste des trajectoires différentes. Des manières d’aimer. Des rythmes de vie.

Et si au lieu de comparer les compteurs, on échangeait simplement sur ce que la route nous a apporté, ce qu’on a ressenti, ce qu’on a traversé… on verrait que la passion est la même. Que ce soit 3000 ou 30000 bornes.

Après tout, on a tous pris la route pour la même raison : se sentir libre.

Et ça, personne n’a le monopole du kilomètre pour le ressentir.

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Commentaires

gvrun666

Entre les deux en kilomètres parcourus annuellement mais les deux pour ce qui est de l'utilisation de mes bécanes (même les trois car s'y ajoutent les sorties en tout terrain!) et l'image véhiculée mais, surtout, j'menbalec de ce que pensent les autres...

01-07-2025 08:32 
Bernard Leroux

"un village paumé en Ardèche". Ça suffit les gars, toujours l'Ardèche pour exprimer le coin perdu, le village avec 5 habitants (habité par des touristes, des bobos de la ville), etc.
Rabattez-vous un peu sur d'autres départements, vous allez voir, y a bien pire.
Un habitant du sud Ardèche

01-07-2025 08:33 
Meuldor

Je fais les deux. Pour le taf c'est réduction du temps de trajet, pour le week-end c'est l'inverse, étirer le temps de plaisir. Hier, il faisait 40 et j'ai pris les routes à platanes, blouson partiellement ouvert pour limiter les dégâts à vitesse pépère. Un ersatz de week-end. Mes spots c'est le Tarn et l'Aveyron (une sorte d'Ardèche sans lyonnais) et je soigne mes sorties pour un max de plaisir.

01-07-2025 09:01 
Paracelse

Ça me fait doucement rire ce débat, parce que je roule toute l'année et je n'ai jamais entendu personne vouloir faire de compétition en dehors... Des reseaux sociaux.
Quand tu roules au quotidien ou que tu fais ton ptit road trip tu croises des motards, et la question c'est pas "combien t'as roulé cette année ?"

Juger du matos c'est aussi un réflexe crétin, chacun a ses moyens et ce qu'il veut consacrer en budget à sa moto, l'important c'est de rouler.

Et commencer à faire des cases... Si on séparer le vrai du faux motard, on sépare aussi le trail de la sportive? La GT du neo-retro? Ensuite on fait des cases par marques? Et pis on ne roule qu'entre nous?

Pas besoin de se diviser quand on a tous la même passion

01-07-2025 09:31 
Akalastor

Je roule 23000 par an ca ne m empeche pas a voir du plaisir a chaque fois et au final chacun à l usage qu il veut. La différence c'est le choix de la machine, j admire les sportives mais j ai une routiere par necessité.

01-07-2025 09:43 
Jerycho

C'est pénible cette volonté de vouloir toujours opposer les gens.
On veut présenter le fait d'être motard comme appartenir à une communauté soudée, et au final tous les prétextes sont bons à trouver des différences.
Et vas-y que celui là est moins motard parce qu'il roule moins de kilomètres, en "faux trail" ou scooter, parce qu'il ne fait pas lui même le réglage des jeux aux soupapes, parce qu'il roule en chinoise, parce que ces pneus ont une bande de peur trop large, parce qu'il ne roule pas sous la pluie....
Globalement je suis d'accord avec la chronique, mais idiot que je suis,j'ai cliqué, lu, et donc généré du revenu pour ce type de contenu.
Vous voulez opposer les motards sur un site à forte visibilité pour dire que vous n'êtes pas d'accord ? Libre à vous, mais en faisant cela vous participez à la visibilité de ces oppositions.
Si je croise un pénible qui me tiens ce genre de discours, heureusement assez rarement, je réponds systématiquement à toutes ses phrases par "Ouais, c'est ça t'as raison". Il fini bien par comprendre et laisser tomber.

01-07-2025 09:55 
elbowz

Après les jeunes VS les vieux, les riches VS les pauvres, l'électrique VS le thermique, les acrobates VS les sages, les pros-électronique VS les antis, les solitaires VS les sociables, les lents VS les rapides, nous vous proposons ici le vrai VS le faux motard !

Bonne bagarre !

01-07-2025 10:12 
Maxlamenace13

chacun fait ce qu'il veut, le reste c'est un concours inutile de qui a la plus grosse.
Je roule en néo rétro et je sors pas la bécane sous la pluie ou canicule extrême, si ça fait de moi un fake motard du dimanche, grand bien leur fasse à leur égo de "vrai motard".

01-07-2025 10:27 
Camix

Super article. J'adore. Je suis entre les deux. Je vais au boulot avec ma meule quand je peux et je profite aussi quand je peux. Il faut de tout pour faire un monde mais restons respectueux et surtout safe. V à vous.

01-07-2025 10:37 
jojooo

Chacun fait fait fait c'qui lui plaît plaît plaît. (pour les plus jeunes : [www.youtube.com]).


01-07-2025 10:52 
Strom's

Exactement, ce qui me fait marrer aussi ce sont les motard du dimanche même les autres qui ne peuvent pas voir les scoots ( il y a autant de c... que chez les motards pas plus ) sauf que certains font beaucoup beaucoup plus de km qu'eux, pour moi c'est le deux roues ou 3 qui est le principal! Etre au vent quoi!
Le reste on s'en balec!

01-07-2025 11:08 
 

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