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Comparo 125 : X9 vs Varadero

Combien coûte réellement une 125 ?
Le X9 125 et la Varadero face au carnet de chèque.

Il est facile de se laisser séduire par le tarif « brut » d'une 125, prix clefs en main. Mais pour être sûr de maîtriser son budget, il faut tenir compte de l'entretien du véhicule. Pour cela, nous nous sommes penchés sur le coût total d'utilisation de deux modèles-phares très répandus, la Varadero 125 et le X9 125.

Honda Varadero 125Vous êtes sur le point de craquer pour une mignonne petite 125, vendue à un tarif alléchant. Seulement voilà. Les révisions sont à faire tous les 3.000 kilomètres, elle engloutit 5 litres au 100, ses pneus s'usent plus vite que ceux d'une voiture... Ce qui passait à première vue pour une bonne affaire finit par devenir un gouffre au bout de quelques mois. De quoi vous faire regretter cette autre machine, vendue certes un peu plus chère, mais dont le coût d'entretien n'a rien à voir.

Piaggio X9 EvolutionPour traiter de ce sujet sensible, puisque la maintenance/consommation est le 2e poste budgétaire après l'achat de la moto ou du scooter, nous avons choisi de comparer le budget d'utilisation sur 3 ans de deux modèles, la Varadero 125 et le X9 125 Piaggio. Nous prendrons pour hypothèse que ces deux véhicules vont parcourir 24.000 kilomètres en trois ans sur un parcours mixte route-ville, avant d'être revendus à la cote. De quoi savoir à quoi s'attendre quand on se décide à acheter.

L'entretien

Pour avoir une première estimation de ce que va coûter la maintenance, il est indispensable de se renseigner sur l'intervalle des révisions et sur leur coût moyen. Si la première information est facile à obtenir (il suffit de consulter le carnet d'entretien), la deuxième est plus délicate. En plus des variations de tarifs Paris/province, un concessionnaire sera enclin à mettre la pédale douce sur le tarif annoncé des révisions pour ne pas vous effrayer. Quoiqu'il en soit, il est - presque - évident qu'une 125 qui passe à l'atelier tous les 3.000 kilomètres sera plus chère à l'entretien que celle qui se contente d'une visite tous les 6.000.

Il existe quatre postes importants dont il faut tenir compte :

  • la fréquence des vidanges et la quantité/qualité d'huile utilisée,
  • l'usure des pneus et leurs prix, posés et équilibrés,
  • l'usure de la transmission (chaîne ou variateur) et la fréquence des remplacements,
  • les réglages moteur divers comme la synchro des carburateurs ou le jeu aux soupapes (décalaminage/segmentation sur les 2 temps).

Selon les carnets d'entretien de ces deux machines, la Varadero possède sur le papier un avantage : elle se révise tous les 4.000 kilomètres, contre tous les 3.000 pour le X9 125. Les révisions « intermédiaires » sont semblables : il s'agit de vidanger le bloc-moteur, et changer les joints et les filtres à huile. Quand il s'agit des « grosses » révisions, la Varadero prend encore l'avantage, puisque le X9 doit théoriquement changer de courroie et éventuellement les galets du variateur tous les 6.000 km alors que la « grosse » révision sur la Varadero intervient tous les 12.000 kilomètres, avec le jeu aux soupapes, le réglage des carbus et le changement du filtre à air. Pour simplifier la maintenance de ses scooters, Piaggio a décidé de commercialiser un « kit » comprenant une courroie de transmission, des galets, un jeu de plaquettes avant-arrière et une bougie, vendu aux environs de 100 euros. Cette initiative est un bon point pour les utilisateurs de machines Piaggio : les kits d'entretien reviennent bien moins chers que l'achat séparé des pièces qui le composent.

Côté pneumatiques, la Varadero conserve son avantage, puisque son pneu arrière déclare forfait aux environs de 15.000 à 17.000 kilomètres en moyenne (à condition que vous n'ayez pas changé avant les pneus do'rigine Pirelli Scorpion), alors que celui du X9 commencera à être bien usé à seulement 10.000 km, roue de petit diamètre oblige. A l'avant, l'écart est moins marqué : 14.000 kilomètres pour le scooter, contre 16.000 pour la Varadero.

Renseignements pris chez Gommes, un spécialiste du service rapide, un train de pneu monté et équilibré sur une Varadero coûte 210 euros et 160 euros pour le X9. Pour comparer ces deux résultats, vues les durées de vie différentes des enveloppes, partons du principe que l'on va changer en même temps le pneu avant et le pneu arrière sur chacune des machines. Il est alors facile de calculer le nombre de kilomètres que l'on peut faire pour chaque euro dépensé. Dans le cas du X9, on parcourt 62,5 km par euro, alors que la Varadero tient 71,4 kilomètres (15.000 kilomètres divisés par 210 euros). Ce petit calcul permet de constater que la Varadero se révèle plus économique à l'usage côté pneus.

 

X9

 

Varadero

 

Prix d'achat
hors remise

 

4.300 €

 

4.700 €

 

Quantités

Prix

Quantités

Prix

Nombre de révisions (hors révision des 1.000)

8

500 €
(soit 10h de MO*)

6

380 €

 (soit 7h30 de MO*)

Consommation/24.000 km (1)

912 litres

1186 €

1010 litres

1313 €

Litres d'huile

8

80 €

10,5 litres

105 €

Nombre de pneus AV

2

 

1

 

Nombre de pneus AR

2

 

1

 

Prix des trains

 

320 €

 

215 euros

Nombre de plaquettes AV

4

compris dans le kit

2

38 euros

Nombre de plaquettes AR

4

compris dans le kit

1

25 euros

Nombre de bougies

4

compris dans le kit

4

40 euros

Kit chaîne (XLV)

0

0

1

140 euros

Filtres et joints divers

 

compris dans le kit

 

150 euros

Kit de réparation (X9)

4

400 €

0

0

Assurance tiers-vol Paris (2)

586 €

 

362 €

 

Assurance tiers-vol Tours (3)

487 €

 

253 €

 

Total entretien et conso

 

2.486 €

 

2.406 €

Total partiel avec achat

 

6.786 €

 

7.106 €

Revente (4)

 

- 2.600 €

 

- 2.800 €

Total

 

4.186 €

 

4.306 €

Coût au kilomètre hors assurance

 

17,44 cts/km

 

17,94 cts/km

Ces chiffres ont été arrondis: inutile de courir après quelques centimes sur 3 ans d'utilisation
* avec un tarif horaire à 50 euros ttc.

(1) sur la base de 3,8 litres au 100 pour le X9 et de 4,2 litres au 100 pour la Varadero, avec un litre de super 95 à 1,30 euros
(2) chiffres communiqués par AMV pour un conducteur sans bonus résidant à Paris
(3) chiffres communiqués par la Mutuelle des Motards pour un conducteur sans bonus résidant à Tours
(4) sur la base de la Cote de Génération 125

Ces chiffres appellent tout de même quelques commentaires. Nous avons suivi les préconisations constructeur pour le remplacement des pièces. Dans la pratique cependant, il n'est pas rare de voir des courroies durer 12.000 kilomètres ou des bougies reprendre leur place parce qu'elles ne sont pas abîmés. Côté consommation et usure des pièces, il s'agit de moyennes : un furieux de la poignée de gaz payera bien plus cher qu'un utilisateur calme. De même, nous n'avons pas tenu compte du prix de la chute. Les éléments de carénage de la Varadero ou les jolis rétroviseurs du X9 coûtent une véritable fortune à remplacer. Et là, pas question de se tourner vers de l'adaptable.

« Sauter » une révision : une très mauvaise idée

Devant le coût d'entretien de leur 125, certains se permettent de « sauter » une révision. Si la qualité des huiles moteur a effectivement fait un bond depuis quelques années, les carters de la Varadero et du X9 n'en embarquent qu'une faible quantité. Même si la consommation d'huile se révélait loin de la cote d'alerte, par exemple 0,1 litres au 1.000, parcourir 5.000 kilomètres sans jeter un oeil au niveau serait suicidaire. Une fois le voyant d'huile allumé au tableau de bord, il est généralement trop tard. Négliger ses plaquettes est aussi un excellent moyen de fusiller un disque en un temps record : usée jusqu'à la semelle, les plaquettes vont attaquer le disque, nécessitant son remplacement. Une chaîne mal tendue et sans graisse s'use vite. Sa rupture, bien que rare, entraîne souvent des dommages au bloc-moteur, sans compter les éventuelles blessures à la jambe. Enfin, la courroie de variateur du X9 est l'un de ses point faibles. Négliger son remplacement tous les 6.000 kilomètres c'est prendre le risque de voir s'ajouter à la facture de réparation celle d'un remorquage. Les possesseurs de scooter ont acquis auprès des sociétés exploitant des dépanneuses une réputation de bons clients, ce n'est pas pour rien.

Au final, l'assurance et l'essence font la différence

Au final, on constate pour ces deux 125 un budget d'entretien/consommation quasiment comparable, à 100 euros près. Piaggio a fait l'effort de commercialiser un kit d'entretien qui permet de lisser les coûts et c'est bien lui qui fait la différence. Acheter les pièces au détail est proprement ruineux, puisque le jeu de 3 plaquettes de frein à lui tout seul s'échange contre 80 euros environ. Certes, la Varadero se révise tous les 4.000 kilomètres et ses pneus s'usent moins vite, mais son kit-chaîne et les petites pièces « pas chères » comme les joints et les filtres viennent plomber l'addition. Et contrarier un a-priori favorable à la moto quant à son coût d'entretien face à un scooter. Néanmoins, les 400 euros de différence à l'achat finissent par être amortis par son coût d'entretien moindre et un prix à la revente légèrement supérieur.

Pour l'utilisateur, l'arbitrage va donc se faire sur le budget essence, puisque le X9 consomme en moyenne près d'un demi-litre de moins au 100 qu'une Varadero (enviable quand le prix du litre flambe à plus de 1,30€), et surtout sur l'assurance. Il n'en reste pas moins que si le passage du litre de 1,05 €/litre à 1,30 €/litre (et à fortiori 1,50€) amplifie l'avantage pour le X9, la différence de coût au kilomètre passe seulement de 0,3 à 0,50 cts d'euros (0,003€ à 0,005€).

Par contre, au niveau assurance, les 220 euros d'écart en faveur de la Varadero pour des garanties similaires fait mal au portefeuille, la faute en revenant prinxipalement au vol notamment sur les scooters. Un écart que ne parvient pas à compenser la consommation d'essence.

Maintenant, restent à prendre en compte les aspects pratiques d'un scooter qui enterrent n'importe quelle moto qualifiée de « routière ».

Piaggio X9 Evolution sur route


Notes...

Gare aux coûts cachés !

Les possesseurs de motos à transmission par chaîne le savent bien : il est nécessaire de graisser la chaîne régulièrement, au moins tous les 500 kilomètres, sous peine de la voir se détériorer rapidement. Surtout s'il pleut souvent ou que l'on habite près de la mer. Le prix des bombes de graisse s'ajoute à celui du remplacement du kit-chaîne, gonflant l'addition de quelques dizaines d'euros. La situation est paradoxale : si on graisse et nettoie souvent son kit-chaîne, il durera certes plus longtemps, mais reviendra plus cher en entretien !

Dans la même veine, garder une machine propre peut finir par revenir cher : shampooing, polish, produit pour les plastiques, huile pour les câbles et les serrures, décrassant pour les jantes... on arrive vite à une centaine d'euros de fournitures sur trois ans si l'on est méticuleux ou soucieux de faciliter la revente d'une machine visiblement bichonnée.

Enfin, le prix de l'éventuel parking est aussi à prendre en compte. En région parisienne, il n'est pas rare d'avoir à débourser 50 euros par mois pour disposer d'une place de parking pour mettre sa 125 à l'abri de la pluie... et des regards. On peut ainsi dépenser plus cher en parking qu'en assurance !

Intervenir soi-même pour réduire la facture

Sur bon nombre de machines, il est possible de réaliser soi-même des opérations qui ne nécessitent pas forcément de passer chez les concessionnaires. Avec un peu de méthode, quelques outils adaptés et les conseils d'un ami qui s'y connaisse vraiment, vidanger, changer une bougie, voire faire un jeu aux soupapes n'est pas du tout hors de portée. Pour les révisions « intermédiaires », c'est un moyen de faire baisser la facture : un joint, un filtre, 2 litres d'huile, et on économise une heure de main d'oeuvre. A ne faire que si l'on est sûr de son coup et après s'être renseigné sur les conditions d'application des garanties constructeur.

Dans le cas d'une maintenance « maison », on peut se tourner vers des pièces adaptables (plaquettes, filtres) vendues moins chère que par les concessionnaires. En achetant son huile soi-même, on évite de cautionner cette « entourloupe » pratiquée par certains garagistes qui facturent l'huile au prix du détail alors qu'ils l'achètent en fûts de 100 litres à un tarif très avantageux. L'huile, dans les concessions, c'est un peu le vin des restaurants.

Des écarts de concessionnaire à concessionnaire

Comme on le rappelle chez Piaggio et Honda, les concessionnaires sont libres de pratiquer les tarifs qu'ils veulent sur la main d'oeuvre et le prix des pièces. Les constructeurs ne leur communiquent qu'un barème de temps et un prix des pièces conseillé. En fonction du contrat qui le lie au constructeur (exclusif ou non) et de ses volumes de ventes, un concessionnaire obtiendra plus ou moins de remise sur des pièces détachées. D'où les différences constatées d'un garage à un autre. Il faut tout de même savoir que les marges sur les pièces détachées ou les consommables sont très importantes, typiquement de l'ordre de 40 à 60%. Il faut bien cela pour payer les mécaniciens.

Lien utile : www.varadero125.fr