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Histoires de motardes

L'Aigoual

Vie de motards - témoignage... et APPEL DE PHARE...

Novembre de l'année dernière,
ER5, je devais avoir dans les 6000 km, déjà eu de grosses pluies, déjà deux galères, déjà roulé en groupe avec mon club mais pas beaucoup.

Météo très mauvaise... On va à L'Aigoual, on sait qu'on aura la pluie, peut-être la neige. De 70 inscrits, on ne se retrouve donc qu'à une vingtaine !

Un Ducatiste arrive, vient de derrière, les routes sont mouillées, il a déjà glissé, ne se sent pas rassuré. Il a cassé sa machine d'ailleurs ce jour là (sans mal). Ya tout plein de pros sur le parking, des moins pros, une 125. Les sous-groupes de 4 sont constitués en fonction des motos et capacités de chacun. Je me retrouve avec une jeune en CB 500 avec son mari en grosse routière chaisplusquoi, un p'tit jeune en sportive chaisplusquoi non plus. Il venait d'Alès je crois, bref, plus d'essence et un dimanche, sur petites routes derrière, pas facile.

On part, oh, pas arrivés à Aniane, on a déjà perdu le groupe. Bon, pas grave, on sait où se rejoindre pour le repas et on a la carte toute passée en fluo mais on a déjà tout faux ! Dommage, j'aime bien ces longs rubans de motos, j'en ai déjà vécus passagère, j'aurais bien aimé le faire à mon guidon. La fille prend la tête. Moi, débutant, on me met en 2 bien sûr. Mal, elle conduisait, mais mal ! Le feu arrière allumé tout le temps, des trajectoires bof, me voilà de plus en plus contrariée. Des passages que je connais par coeur, je sais que même moi, je peux faire mieux, je recherche toujours la place de deuxième derrière un pro pour apprendre, mais là ! J'ai failli lui rentrer dedans dans un virage tellement elle a écrasé les freins. Oula ! Loin derrière, tu te mets, d'abord parce que tu risques de lui rentrer dedans et parce qu'elle te casse tous les virages. Je ne me vante pas, je ne suis pas une pro mais quand même, je sais reconnaître les bons et ce que j'ai déjà fait sur ces routes. Et des gens que j'estimais compétents m'avaient dit que je conduisais bien. Contrariée, mais c'est pas grave parce que je suis quand même dehors, sur ma moto.

Pause

- Ca fait longtemps que t'as ton permis ?
- 3 mois
- Ben, ça se voit, t'avais du mal à suivre.
- Koi ??????
Euh, j'étais loin derrière parce que j'aime pas du tout ta façon de prendre les virages, moi, je ne pile pas et j'aime bien accélérer en sortie. Le mari arrive "arghh, ces femmes, alors". Ben oui, on se crêpait le chignon mais je ne me souviens plus exactement des termes :))

On repart, moi normalement très timide -sissi- :)), mais je m'étais bien jurée de ne pas rester derrière elle. Le mari en tête, ah, on gagne quelques kilomètres heure, rhoooo, lui alors, quelles belles trajectoires, de ceux qui coulent avec leurs motos. Cà se voit tout de suite, hein, deux virages suffisent !
Et la voilà qui refreine, casse les trajos, laisse partir ces mètres qui font qu'on n'est plus dans la roue. Arghhh ! Naaaaaan ! Je double pour recoller à celui qui sera mon maître de ce jour-là. Je me souviens de cette première épingle où un petit coup d'oeil m'a permis de vérifier que non, je ne me trompais pas, elle était derrière et que j'allais la déposer. Oh ! A mon rythme, avec le peu que je savais mais quand même, déposée celle qui s'était foutue de moi. Et chaque mètre pris, je pensais "héhé, t'as vu ? Tu fais moins la mariolle, là". Bon, on est toujours tout seuls et chose encore jamais refaite en balade, on en vient à croiser un sous-groupe ! Alors, là, ya problème ! Je ne sais plus si c'est avant ou après, mais bref, on prend à droite, on monte vers l'Aigoual. Versant au soleil, routes sèches et lui devant qui conduit hyper bien. Pas très vite, je n'aurais pas pu suivre, mais bien, balade où on force un peu les virages et je m'accroche, et ça passe, je le tiens, en me forçant mais sans être à l'arrache. Ben, deux, on était sur la route. Elle on n'en n'a plus entendu parler pendant bien longtemps et le gars en sportive ? Comme il l'a dit au repas "je ne sais pas prendre les virages, il faudrait que j'apprenne".

Incroyable, je n'avais -et n'ai- jamais vu ça. Incapable de sortir sans être de l'autre côté ! Comment il a fait pour être encore vivant, pas compris ! A la pause, on traîne un peu, les voilà qui arrivent, elle se rapproche de nous au moment où son mari me demande (et je vous jure que c'est vrai)
- Ca fait longtemps que tu roules ?
- Trois mois
- Ah ! Bien, oui, vraiment bien ! T'as bien roulé dans la montée.
Mouarfffffff ! J'en pouvais plus !
L'ego ne fit qu'un tour et dire ça devant elle, non, trop trop fort ! Bon, elle m'a un peu fait la tête au repas ! Pélardonnade, si vous ne connaissez pas : comme une tartiflette mais aux pélardons.

Plus d'un an est passé et je me revois encore me régaler, en prendre 3 fois (La Maison des Cévennes, sur la route Le Vigan / Aigoual). Bon, il faut redescendre. 3 heures moins dix. Un déluge, mais un déluge !

J'en profite pour abîmer le rétro du pro qui s'était garé tout à côté de moi en relevant la moto et nous voilà partis en ruban cette fois, moi dans les trois derniers. Et là, la galère. Froid, des feuilles, des graviers, le déluge, mauvais casque plein de buée, j'ouvre la visière en grand. Malin, ça avec des lunettes. La nuit tombe. J'ai peur tout bêtement et ne sais pas faire. Je me laisse distancer, j'y arrive plus, je peste que l'on me laisse en dernière position. Chaque virage, je me dis : et si je tombe, ils ne le verront jamais, ils ne m'attendent pas. Je leur en veux car je sais que dans mon club, il y a toujours une moto balai quand il y a un passage difficile.

Deux du groupe, de Béziers, comprennent que je suis en difficulté et ferment la marche. Merci de votre geste si par hasard vous lisez. On devait se retrouver pour boire un bon chocolat chaud je ne sais plus où, on ne s'est retrouvé qu'à 6, les autres ayant filé devant.

Arrivée Montpellier, 18h30, il s'arrête enfin de pleuvoir.
Direction bain bouillant !

V My Dreamy

Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)

dafy