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Histoire de motarde

Un jour, j'ai fait plaisir...

Vie de motard(e)s - témoignage... et APPEL DE PHARE...

Début juillet, j'ai ma plusbellemotodumonde et pars derrière, toujours avec mes cartes car je roule à l'inspiration. Si cela va bien, je continue, si je sens que ce n'est pas ça, demi-tour, pas la peine de forcer, de risquer, j'ai bien le temps de me faire plaisir.

Départ par Montarnaud, Aniane, route que j'ai déjà faite peut-être 100 fois mais qui n'est jamais la même. Pas la même moto, on ne sait jamais ce qu'il peut y avoir dans le virage, suivant mes capacités du jour, ça passe facile, carré, propre, haché, jamais pareil. Mais c'est "ma" route : celle que l'on a prise à la motoécole, celle que j'ai prise avec l'ER5, seule, avec plus forts, avec plus faibles, avec les p'tits jeunes.

Un gauche, un droite assez serrés et ces deux arbres à la sortie, jamais pareils non plus : en été, ils font presque une voûte au-dessus de la route. Une belle montée où le bitume est impeccable, des courbes. Rhooooooooooo, *tain, qu'elle est belle dans ces courbes. Oh ! je n'ai pas le genou à terre, je n'angle pas comme les pros, je ne les prends pas à leur vitesse, mais je sais qu'elle est belle et j'espère qu'un jour, je la manierai comme elle doit l'être. Une belle portion de ligne droite et de nouveau les courbes, les virages. Un virage où il y a toujours du gravier et ce virage vers l'arrivée d'Aniane très dangereux -il y a encore eu un mort peu de temps avant.

Aniane, rendez-vous des motards, souvent but de mes balades le soir pour m'aérer un peu après le boulot. Je ne m'arrête pas pour poser, non, juste sur le côté pour me demander où je vais, pour avoir le temps de me rappeler tous ces passages avant, prendre le temps de goûter ce moment : Aniane qui semblait si loin la première fois, maintenant, je suis là, avec la moto de mes rêves et ce n'est qu'une étape.

C'est l'été, il y a beaucoup de monde, il fait chaud, mais j'ai l'impression d'être la seule sur la route, la seule à être heureuse à ce point, à la conquête des routes, de ma machine, de moi-même. C'est toujours avec émotion que je passe à ce pont où nous avions mangé avec ma fille, tu me l'as fait découvrir et maintenant, je suis là avec mon ZZR et je pense à toi.

Longer l'Hérault, ouais, je serais peut-être mieux à faire comme tous ces touristes, à être au frais et me baigner mais non, descendre de la moto et perdre deux heures de route, non. J'en suis à l'époque où je monte petit à petit dans les tours -par sécurité et parce que le bruit du pot me fait peur-, donc conduite bien loin d'un ZZR mais à sensations tout de même et gaffe : aux détracteurs, je disais "tu verras, je la mériterai ma moto".

Je pense toujours au conseil de mon parrain sur ces routes, toujours t'éloigner des voitures en stationnement, on ne sait jamais, tu risques une portière qui s'ouvre. Quelques conseils, comme ça, que l'on entend régulièrement, dommage, je ne peux pas tous les retenir et les appliquer.

Arrêt à Saint Guilhem le Désert, sur cette place encore en plein soleil, pleine de monde et un grand parking bien plat, bien propre, à l'ombre où je sais que mon arrêt sera facile. Inutile de dire que c'est ma moto, qu'elle m'a emmenée là, qu'elle est somptueuse et qu'à tous les arrêts, je croule sous la fierté des gens qui l'admirent, qui sont étonnés de voir que c'est la mienne. Comprennent-ils quand je réponds juste "oui, c'est la mienne" ? Beaucoup de monde, beaucoup de motards, allez, on repart.

Je détache le U avec une famille et deux bouts de chou -dont l'un encore dans sa poussette- qui regardent. Pas mes enfants, grands maintenant, mais je connais ce bonheur d'avoir des petits bouts de chou et je les regarde toujours en pensant comme j'aimais quand ils étaient petits et qu'il donnaient la main. Les regards se font insistants et la maman, qui croit gêner, me dit :
- Excusez-nous mais vous savez, il passe sa vie à regarder les motos. Tout petit bout de chou de 5 ans peut-être, les yeux et la bouche ouverte.
- Tu veux monter dessus ? Il regarde sa maman : "m'man ?"
- Oh ? Vous êtes trop gentille.
Et voilà le papa qui prend son fils et me le pose au guidon, devant moi. Une puce, on aurait dit une petite puce sur le guidon de ma moto et il me demande "et ça, c'est quoi, et ça c'est quoi" ?
- Tiens, appuie-là. M'maaaaaaan, t'as entendu ? Le Klaxon.
-Tiens, tourne la clé, appuie-là.
Il entend le moteur. Il ne sait plus où regarder, quoi toucher tellement il est heureux d'être là. Moi ? Indescriptible avec ce bambin entre mes mains.
- Un jour tu en auras une mais regarde bien, toujours habillé avec tout ça même quand il fait très chaud. Côté prof ou simplement quelqu'un qui sait que cette scène l'aura marqué ?
- Vous feriez pareil pour son frère ? Vous savez, on en a deux et il ne faudrait pas qu'il y ait de jaloux.
- J'en ai deux aussi, plus grands et je connais, vous savez :))
Un petit bout de chou de 2 ans au guidon d'un ZZR ? C'est, oh, un grain de sable mais un bonheur à éclater. Les parents ne savent comment me remercier.
- Vous savez, il les regarde toutes mais jamais personne n'a fait ce que vous venez de faire. Il s'en souviendra longtemps, je pense.
- Moi aussi, vous savez.

Etonnant comme des regards restent devant nos yeux pendant longtemps et comme avec une toute petite chose, on sait que l'on a rendu un enfant heureux.

V My Dreamy

Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)