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Enduro Mondial : interview du pilote Mathias Bellino

Champion du Monde en Enduro Junior avec Husaberg

"Je suis encore très loin derrière Nambotin, Meo ou Renet"

Enduro Mondial : interview du pilote Mathias BellinoJuste de retour des ISDE en Allemagne où il a été couronné Champion du Monde Junior par équipes avec ses trois coéquipiers Jérémy Joly (Yam), Alexandre Queyreyre (Yam) et Kevin Rohmer (Yam), Mathias Bellino (F – Husaberg) s’est prêté au jeu de l’interview et revient sur une année pleine de succès…

En Finlande vous nous confiez ne pas réaliser ce que vous aviez fait… et maintenant ?

Mathias Bellino :

Oui bien sûr, je réalise que je suis Champion du Monde ! C’était un objectif avoué depuis le début de saison. C’était aussi un rêve ! Après, c’est un sentiment très bizarre car, j’ai dominé tout au long de la saison donc ce titre de Champion du Monde Junior est devenu presque « normal »… Sincèrement j’aurai été plus déçu de ne pas l’obtenir à cause de problèmes techniques ou de blessures ! Ce titre est aussi super pour tous ceux qui m’entourent, tous ceux qui m’ont aidé. C’est une grande étape pour la suite de ma carrière !

Un titre de Champion de France et du Monde Junior, un titre de Champion du Monde Junior par équipe, le tout en à peine un mois, 2012 semble être votre année…

Je pense que tout pilote durant sa carrière a des années avec et des années sans. Cette saison 2012 m’a beaucoup sourit. Un titre de Champion du Monde, c’est avant tout beaucoup de travail, il faut aussi être bien entouré mais il faut avouer qu’il y a une grande part de chance. Depuis le premier Grand Prix au Chili, je savais que j’avais le niveau pour remporter le titre mais il fallait que je concrétise et c’est ce que j’ai fait ! Après… Trois titres la même année et en si peu de temps, c’est super… c’est même exceptionnel ! Je me demande si un pilote Junior a déjà réalisé un tel exploit !

Cela fait à peine deux ans que vous roulez en Enduro, votre progression a été impressionnante

Oui… Assez ! En arrivant, je n’y connaissais rien ! A titre d’exemple, je ne savais même pas qui était Mika Ahola ! Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre en débarquant dans cette discipline. Puis, dès mes débuts en Mondial, en Espagne, je termine deuxième. Par la suite j’ai connu des courses plus difficiles avec des chutes, des blessures et surtout des pénalités… La saison 2011 fut celle de l’apprentissage et cela m’a permis de ne pas faire les mêmes erreurs cette année !

Mathias Bellino et Eric BernardEric Bernard semble jouer un rôle important dans votre « éclosion »… comment l’avez-vous connu ?

C’est en 2010, lorsque je participais au Championnat de France de MX avec le team KTM HDI que j’ai rencontré Eric Bernard. A la fin de la saison, je cherchais un guidon pour rouler en MX1 et Eric m’a rencontré et m’a proposé de venir en Enduro. A ce moment-là, j’ai préféré partir en Enduro et gagner de l’argent plutôt que d’en dépenser pour faire le Championnat du Monde MX ! Mes parents sont des enduristes, ma mère fut Championne de France d’ailleurs, donc je pensais bien aller en Enduro un jour mais pas aussi tôt !

Pourquoi avoir choisi de quitter le Cross, où vous étiez considéré comme un grand espoir de la discipline ?

J’ai été un grand espoir il est vrai, avec les Larrieu, Charlier et autres Teillet ! Dans les catégories jeunes, j’étais devant tous ces gars-là. J’avais ma place en Grand Prix mais une fracture à trois vertèbres en 2007 m’a stoppé net ! J’ai mis du temps à m’en remettre, plus de six mois. En 2008-2009, j’avais d’énormes douleurs au dos qui m’ont empêché d’être à mon niveau. En 2010, alors que j’étais le pilote le plus jeune en MX1, j’ai terminé Vice-Champion de France derrière Xavier Boog. Mais, si tu ne t’appelles pas Roczen ou Herlings, il faut payer pour rouler en Cross. Durant ces deux dernières années, si j’avais eu un guidon en Mondial, il est certain que j’aurai progressé et je pense que j’aurai pu prétendre au Top 10 en MX1. Mais j’ai préféré arrêter et partir en Enduro car à 19 ans, je devais sérieusement penser mon avenir !

Et pourtant, vous avez toujours gardé votre pilotage spectaculaire comparé aux autres ex-crossmens…

Oui, je l’ai gardé sans le vouloir… J’ai commencé à faire ma réputation en Enduro sur ce pilotage. J’ai toujours eu un bon jeu de jambes et une propension à très bien amortir les sauts. En pilotant comme cela je me fais plaisir et surtout, je vois le public prendre du plaisir donc je n’ai aucune raison de changer mon style de pilotage !

Enduro Mondial : interview du pilote Mathias BellinoVous êtes très à l’aise dans les Super Tests ! Est-ce votre soif de duels et de devancer votre concurrent direct qui vous transcende ?

Je n’en sais rien… L’an dernier, c’était ma hantise. J’ai toujours pensé que l’on pouvait perdre un week-end dans les Super Tests. Par exemple, l’an dernier Antti Hellsten (SF – TM) a perdu son titre de Champion du Monde en se blessant dans cette spéciale en Grèce. Au début de la saison, je voulais être prudent les vendredi soir puis j’ai commencé à prendre confiance et j’ai réalisé les deux meilleurs temps en Suède et en Finlande en plus de celui que j’avais déjà fait la saison passée à Mende. Je pense que les autres pilotes se mettent trop de pression alors que moi… je n’en ai pas du tout !

Une discipline comme le SuperEnduro pourrait-elle vous attirer ?

Bien sûr ! Cette discipline est un bon compromis avec le Supercross ! J’ai en plus appris qu’Alain Blanchard le reprenait, créait une catégorie Junior et qu’il annonçait que les pistes seraient moins trialisantes et beaucoup plus rapide et spectaculaire donc ça m’intéresse vraiment. Maintenant, il faut que les calendriers évoluent car ils sont mal calculés ! Si les calendriers changent cela deviendra une discipline prisée par de nombreux pilotes !

Vous verra-t-on dès cette saison sur les épreuves du FIM SuperEnduro World Championship ?

Je ne pense pas en faire cette année. Sauf si Husaberg me le demande et que bien sûr, je suis payé pour y participer…

Beaucoup de personnes affirment que vous avez une énorme marge de progression… dans quels secteurs pensez-vous devoir travailler pour devenir un grand Champion ?

J’ai de bonnes bases, mais je suis encore très loin derrière Nambotin, Meo ou encore Renet dans les Enduro Tests. Il ne faut pas se le cacher, une journée de course ne se gagne pas dans les Cross Tests mais bel et bien dans les lignes. Et pour être bon dans ce type de spéciale, il faut avoir beaucoup de feeling, de l’expérience et une bonne vision du terrain. Pour ma part, j’ai beaucoup de boulot à faire sur le physique pour ne pas faiblir en fin de journée. La technique et la vitesse, je la travaillerai au fur et à mesure des courses et des entrainements et surtout il faudra que j’évite les blessures !

Parlons de la saison prochaine, est-ce vrai que vous affronterez les cadors de la catégorie Enduro 3 et en particulier un certain Christophe Nambotin (F – KTM) ?

La saison prochaine, je serai obligé de rouler en catégorie sénior étant donné que le Champion du Monde Junior ne peut pas remettre son titre en jeu. Pour l’instant, nous n’avons rien décidé avec Husaberg mais chaque catégorie a d’excellents pilotes et un de mes objectifs sera de les accrocher. Je compte faire une saison régulière avec quelques coups d’éclats et des podiums… Un Top 5 serait très bien pour ma première année. Mais il est clair que j’ai une grosse préférence pour les gros 4 temps…

Enduro Mondial : interview du pilote Mathias BellinoVous avez l’image et la réputation d’un garçon assez « turbulent »… pas trop difficile à gérer au sein d’un team Suédois (Husaberg) plutôt discret et rigoureux ?

Cette réputation plait à certains et à d’autres non… J’aime rigoler et m’amuser, il faut me prendre comme je suis ! Avec le team Husaberg, ça se passe plutôt bien, je pense qu’ils sont contents que je sois chez eux. A midi, on fait une « table Française » et une autre « table Suédoise », nous sommes moins qu’eux et pourtant nous faisons beaucoup plus de bruit ! J’ai une bonne équipe, bien encadré avec une bonne moto et mon manager Thomas Gustavsson ne me met aucune pression de résultat… En plus de cela, je pense que je le fais bien rire…

L’intersaison approche… avec autant de titres à fêter, j’imagine que vous allez aussi prendre un peu de bon temps …

Cela a déjà bien commencé… J’ai fait pas mal d’apéro après le Championnat de France et aussi pas mal de fêtes. Et cela s’intensifie avec le titre de Champion du Monde par équipes. En tout cas, je donne rendez-vous à tous les supporters Français au mondial à Brignoles pour fêter tous ces titres ! 

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