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Reportage : stage alternatif à la sanction

Une initiative de la Sécurité Routière et de Dunlop

Une journée de formation sur le circuit de Mireval en alternative aux PVs

Répression, répression à tout va... Et jamais de prévention ? La sécurité routière et Dunlop démontrent le contraire avec un stage d'alternative à la sanction, une initiative locale de l'Hérault, l'un des départements qui paye le plus lourd tribu aux statistiques de mortalité routière pour les motards près de deux fois supérieure à la moyenne nationale, ceux-ci représentant 31% des morts.

Dunlop a en effet ouvert pour la première fois au public son centre de recherche et développement de Mireval (près de Montpellier) et surtout les pistes associées pour des ateliers de formations pratiques !

Journée Sécurité Routière moto dans l'Hérault

Pourquoi de la prévention ? Parce que tous les détenus stagiaires participants ont au préalable été arrêté pour une infraction routière ! Ils avaient le choix entre payer une amende ou suivre le stage. Personne n'a dit non ! Et on se demande pourquoi !

Pour certains, c'était même une superbe occasion. Quand Steff a su que c'était possible, alors que le gendarme hésitait à lui proposer le stage en option, elle a insisté :"J'étais super partante; j'ai deux motos, une Street pour le loisir et une CB500 pour le rallye. Ce jour la, j'ai pris la vieille et je savais que je devais changer les pneus. C'est tombé sur moi et c'était justifié. Même sans parler de ne pas avoir à payer les 90€ d'amende, le stage c'est vraiment bien".

Comme ce stage est plus considéré malgré tout comme une récompense qu'une punition, seuls les petits délits permettaient d'accéder au sein Graal de la session d'une journée ; absence de rétroviseurs, pneus "lisses", plaque illisible, franchissement de ligne blanche et petit excès de vitesse de moins de 5 km/h. Pas de grands excès de vitesse donc.

On pourrait imaginer un gros stage avec une cinquantaine de stagiaires comme on le voit souvent, voire en région parisienne pour une centaine de participants. Rien de tel ici, ou le directeur du centre rappelle que l'objectif de sécurité était aussi qualitatif et personnalisé pour cette première édition, sans objectif de rentabilité. Car le stage étant gratuit et aucune subvention n'étant versée même pour la location du circuit, Dunlop a donné de son infrastructure et de son personnel pour proposer l'accueil et l'organisation de la journée.

Les stagiaires au complet

Une journée rendue possible après l'aval du procureur de la république de Montpellier et en coordination de la sécurité routière, des forces de police et de gendarmerie du département. Voilà une organisation complexe et un coût qui expliquent que la pratique soit encore exceptionnelle.

3 ateliers : test pneus neufs et uses, freinage sur sec, freinage sur mouillé, regard

Pneus neufs et usés

On s'habitue à l'usure de ses pneus et on adapte sa conduite au fur et à mesure de son usure, contrebalançant souvent la différence de conduite qu'il peut engendrer. Cette évolution s'effectuant souvent sur plusieurs milliers de kilomètres, elle est souvent imperceptible ou peu notable, sauf vers la toute fin (en fonction des pneus et de la moto).

Sur cet atelier, la même moto est équipée l'une de pneus neufs et l'autres de pneus bien usés, quoique encore au- dessus du témoin d'usure.

Explications du moniteur devant l'exercice lent

Les stagiaires prennent donc d'abord la moto équipée de pneus neufs pour effectuer ensuite un exercice comparable au lent du permis et un exercice rapide. Puis ils montent sur la moto identique mais équipée des vieux pneus.
L'exercice a également pour but de montrer la différence de confiance et de ressenti offerts par la même monte, sur la même moto, mais avec des niveaux d'usure différents.

Les retours des stagiaires sont unanimes : "la 2e moto ne tourne pas, on dirait deux motos différentes; la mise sur l'angle est plus approximative avec la moto aux pneus usés; il faut bien tenir la 2ème moto alors que la première moto se met sur l'angle de façon naturelle".

Les ouvreurs Dunlop montre l'exercice entre les plots

Pneus gonflés normalement et sous-gonflés

Exercice suivant aux pneus neufs et usés, les stagiaires réalisent les mêmes exercices sur les mêmes motos, mais d'abord à pression normale (2,5 av et 2,9 ar) puis avec 1,5 à l'avant et à l'arrière.

Cette fois-ci, pour Steff, " il faut forcer pour mettre la moto sur l'angle par rapport aux pneus bien gonflés."

Et pour tous les stagiaires, le comportement dynamique est notablement différent, même pour le jeune permis également présent parmi le groupe.

Essai moto avec usure de pneus différente

Atelier freinage

Le but de l'atelier est de mesurer les différences de freinage, lancés à des vitesse différentes : 30km/h, puis 50km/h et 70km/h, à la fois sur le sec mais surtout sur le mouillé grâce à l'une des pistes arrosée de façon homogène, assurant une quantité constante d'eau sur la piste (sans pour autant arroser le pilote). Le stagiaire dispose d'une centaine de mètres pour s'élancer, puis de commencer son freinage au niveau d'un cône, tout en débrayant.

Il est effectue ainsi deux passages pour chaque vitesse et les distances de freinage sont ensuite mesurées et marquées par des cônes afin de comparer.

Les stagiaires bénéficient ici de 500CB prêtées par Honda, également partenaire de l'opération.

Exercice de freinage sur la piste mouillée

Exercice de freinage sur le mouillé

Atelier regard

Tout motard connait l'importance du regard pour conduire et ce depuis ses premiers cours du permis. Mais au-delà de l'exercice du lent, qui en prend conscience et continue à l'expérimenter chaque jour ?

Pour cet exercice, les stagiaires tournent autour du circuit à une vitesse de 100 km/h, mais après un premier tour normal, doivent fixer des yeux lors de leur passage suivant un plot situé sur le bord extérieur du circuit au lieu de regarder vers l'intérieur du circuit. Puis effectuer ensuite des passages à des vitesses supérieures croissantes. On mesure alors la différence et l'écartement de trajectoire de la moto... qui se révèle de plusieurs mètres en fonction des stagiaires, alors qu'ils pensaient tous avoir maintenu volontairement leur guidon dans la même position pour rester dans la trajectoire. La prise de conscience renouvelée avec les écarts de plusieurs mètres font encore plus faire attention au regard... un exercice plus difficile à faire soi-même au jour le jour.

Stage alternatif à la sanction

Stage de pilotage sur piste ? Non ! Stage post-permis ? Non plus ! Stage de prise de conscience : OUI. Les stagiaires étaient là, qui pour des pneus lisses, qui pour un petit excès de vitesse. On a tous une conscience - théorique souvent - que des pneus lisses c'est mal et qu'un excès de vitesse, ce n'est pas bien important. Les exercices font vivre et comprendre de façon pratique par l'expérience de l'impact immédiat de la différence de conduite d'une moto avec des pneus usés ou encore de l'impact de la vitesse associée au regard, sur la différence de trajectoire et de ce que cela peut entraîner. Certes, tout motard le sait, de façon théorique et les plus rouleurs de façon pratique. Mais un tel stage fait revivre une nouvelle fois ces impressions et permet de les mesurer. Allant au-delà de ce que l'on apprend au permis, il pourrait même être obligatoire pour tous les jeunes conducteurs, voire les plus anciens. Gratuit ici dans le cadre de ce stage de prévention organisé par la Sécurité Routière, il a une vraie valeur, non seulement financière mais une garantie sur le prix de la vie ou de sa survie sur la route. Une initiative à saluer, que l'on aimerait bien voir se généraliser largement dans toute la France et sans que les hécatombes d'un département en particulier "n'obligent" l'Etat à avoir ce type d'action. Car finalement, conduire est aussi une responsabilité personnelle ?

En attendant, de nombreux rallyes de sécurité routière sont organisés en mai et juin. Alors à vos agendas pour profiter des opérations de roulage existant près de chez vous.

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