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Enduro : interview de Mathias Bellino

Le Champion du Monde E3 dresse le bilan de sa saison

Enduro : interview de Mathias Bellino - crédit photo : Future7MediaDeux semaines après son titre de Champion du Monde E3, Mathias Bellino dresse un bilan sans concession sur sa saison. Le pilote officiel Husqvarna se confie sur ses blessures, son choix de moto, son bonheur d'être titré ou encore sur l'arrêt du team suédois chez HVA…

Bonjour Mathias, après quelques blessures, ce titre Mondial doit être une grande bouffée d'air frais ?

Mathias Bellino :

Ce titre fait énormément de bien ! Chronologiquement depuis mon titre Junior en 2012, j'ai eu cinq blessures et trois opérations. Entre l'opération du poignet juste après le titre 2012, l'arthroscopie de mon ménisque et mon doigt opéré, car coupé en 2013 puis ma tendinite au poignet et l'opération des croisés en 2014, j'ai connu beaucoup de moments de doutes ! Avec ces deux saisons galères, je n'avais jamais pu prouver ce que je valais vraiment. Et donc, devenir Champion du Monde est un objectif et un accomplissement dans une carrière, mais celui-ci a un goût tout particulier.

Pensiez-vous en début de saison pouvoir être en mesure de dominer la saison comme vous l'avez fait ?

Je ne pensais vraiment pas pouvoir réaliser une saison semblable alors que j'ai connu un hiver assez compliqué. En raison de l'opération des croisés, je n'ai pu reprendre l'entrainement qu'à partir de fin janvier et de plus, je découvrais une nouvelle moto. Il a donc fallu que je m'adapte à cette 300cc 2 temps rapidement, alors que j'étais jusqu'à présent un pilote de gros 4 temps et en plus de cela j'ai du m'envoyer une préparation physique express !

Vous nous confessiez en Grèce que vous preniez moins de plaisir sur votre 300cc 2 temps qu'avec un gros 4 temps… Pourtant ce choix semble avoir été concluant ?

Au vu de la saison que je viens de réaliser, c'est un bon choix. J'ai connu beaucoup de difficultés au début de saison, mais avec le team, nous avons bien travaillé et au fur et à mesure que la saison avançait, j'ai pris de plus en plus de plaisir sur cette moto. Mais il est clair qu'aujourd'hui, à choisir, je prendrai sans hésiter un 4 temps et imaginer le titre aurait même été encore plus savoureux sur ma moto de l'an passé. Mais de nos jours, c'est trop compliqué de rouler en E3 avec un 4 temps. Elles sont plus lourdes d'environ 7 à 8 kilos et si tu rencontres des terrains boueux, tu es clairement désavantagé. J'ai donc décidé de prendre un 2 temps comme tout le monde. Ainsi, si je me ratais, la moto n'avait aucune excuse. C'était moi et moi seul qui étais en faute !

Le « chien fou » d'il y a 2-3 ans a-t-il enfin muri ?

Difficile pour moi de répondre à cette question… Je pense que oui sur certains aspects, mais il faudrait plutôt demander aux personnes qui m'entourent comme Eric Bernard, mes mécanos ou encore mon team manager Thomas Gustavsson…

Un titre de Champion du Monde E3 et un titre aux ISDE en Slovaquie, c'est donc une saison parfaite pour vous ?

Non ! Lorsque l'on commence à gagner, il est bien connu que l'on en veut toujours plus et cette année, j'ai raté le titre de Champion de France E3. Je pense clairement qu'il était pour moi, mais j'ai été contraint de manquer trois journées à cause de blessures au poignet et à un coude. Une saison parfaite, c'est réaliser le triplé Champion du Monde, ISDE, Champion de France.

Vous avez signé pour deux saisons de plus avec Husqvarna. Le but est-il de défendre le titre E3 ou bien un changement de catégorie est envisageable ?

C'est une très bonne question. A l'heure actuelle, je n'en sais strictement rien. Cela va vraiment dépendre du team et de leurs objectifs. En tout cas, il est bien clair que je n'irai pas en E1. Mais l'idée de défendre mon titre en E3 me plait vraiment!

Viserez-vous aussi le titre de Champion du Monde EnduroGP ?

Evidemment ! Cette catégorie va prendre beaucoup d'ampleur. C'est une très bonne chose pour l'Enduro. Il faut bien se dire que le pilote qui sera devant au scratch sera aussi devant dans sa catégorie. Et puis cela montrera aussi qui est vraiment le « meilleur des meilleurs ». Mais pour pouvoir réellement prétendre au titre EnduroGP, il va clairement falloir que je réalise une bonne préparation hivernale.

Thomas Gustavsson et tout son team suédois nous quittent. Vous avez réalisé toute votre carrière Enduristique sous leur houlette. Quelle place tiennent-ils pour vous ?

Ils tiennent une grande place dans ma carrière. Je suis avec eux depuis mes débuts en Enduro en 2011, alors avec Husaberg. Ce sont de super personnes, très calmes et toujours à l'écoute. Tout le staff est exceptionnel. Je suis vraiment déçu pour eux et puis c'est aussi dommage pour nous, les pilotes, car ils nous apportaient énormément. Je suis vraiment très fier de leur avoir donné ce dernier titre avant leur départ. Si j'avais dû choisir entre la couronne cette saison, ou la prochaine, sachant qu'ils ne seront pas là en 2016, j'aurai clairement choisi le titre cette année ! Je tiens vraiment à tous les remercier pour ce qu'ils m'ont apporté durant ces cinq saisons.

Pas d'appréhension de travailler avec un nouveau team et au manager ?

Si un peu… Je veux dire que c'est un sentiment assez bizarre. Ce qui est rassurant, c'est que j'ai déjà rencontré le nouveau team manager à Réquista. J'ai été agréablement surpris, car il m'a donné l'impression d'être une personne très sympathique et déjà très impliquée. Je sais qu'Husqvarna fera les choses bien, ils ne peuvent pas quitter quelque chose de top pour du moins bon !

Quand allez-vous venir vous frotter aux meilleurs en SuperEnduro à plein temps ?

J'aime beaucoup cette discipline ; elle me rappelle beaucoup le Supercross et tout le show qu'il y a autour. C'est un sport en pleine progression. Mais pour l'instant je ne sais pas du tout si je ferai du SuperEnduro cet hiver ou même à l'avenir. C'est une chose dont je dois aussi parler avec le team…

En trois mots, que pensez-vous de... ?

  • Eric Bernard : Strict, Intelligent, Chauve !
  • Thomas Gustavsson : Ingénieux, Fonciérement Gentil, Légende.
  • Matthew Phillips : Fougueux, Fair Play, Rapide.
  • Pierre-Alexandre Renet : Professionnel, Drôle, Grand Pilote.
  • Antoine Meo : Doué, Rapide, Vicieux.

Mathias lors du Grand Prix de France à Requista - crédit photo : Future7Media

Palmarès de Mathias Bellino

  • 2008 : Champion de France MX Junior
  • 2009 : 12ème Championnat d'Europe MX2
  • 2010 : Vice-Champion de France Elite MX1
  • 2011 : 4ème Championnat du Monde Enduro Junior
    Vice-Champion de France Enduro Junior
    Champion du Monde Enduro Junior par équipe (ISDE)
  • 2012 : Champion du Monde Junior
    Champion de France Junior
    Champion du Monde Junior par équipe (ISDE)
  • 2013 : 5ème Championnat du Monde E3
    Vice-Champion de France E3
    Champion du Monde Junior par équipe (ISDE)
  • 2014 : 4ème Championnat du Monde E3
    7ème Championnat du Monde SuperEnduro
    10ème Championnat de France E3
  • 2015 : Champion du Monde E3
    Champion du Monde Trophée par équipe (ISDE)
    3ème Championnat de France E3

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