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Bosch invente le futur

Généralisation de l’ABS, connectivité, assistances diverses et variées : techno parade

Nous voici donc avec une belle brochette de spécialistes pour entendre le discours du Docteur Fevzi Yildirim directeur de la division deux-roues Bosch. Il nous vante les mérites de technologies innovantes qui enrichiront nos motos demain et l’équipementier du même coup. Il faut dire qu’avec une production qui devrait dépasser les 160 millions d’unités d’ici 2021, le marché du deux-roues s’annonce juteux. Généralisation de l’ABS, connectivité, assistances diverses et variées, ou encore l’application de nouvelles normes environnementales, sont autant des perspectives alléchantes pour Bosch. Mais puisque nous parlons chiffres, n’oublions pas que chaque jour 3.000 personnes sont tuées dans le monde par les accidents de la route. 30 % d’entre eux sont des utilisateurs de deux-roues, qui ont 18 fois plus de probabilité de décès que les automobilistes. Si elle est en bonne partie mercantile, l’idée de faire changer les choses n’en est pas moins d’utilité publique. Qu’il s’agisse de sécurité, de confort d’utilisation, ou de respect de l’environnement, les marges de progrès sont nombreuses.

C'est à Boxberg qu'une belle brochette de spécialistes nous a présenté les technologies innovantes qui enrichiront nos motos demain.

L’automobile comme modèle

La plupart des technologies que nous avons pu découvrir lors de notre périple au nord-est de Stuttgart existent déjà ou sont en voie de développement sur 4 roues. Elles trouveront une application nouvelle dans la moto. L’ABS, l’injection, l’éclairage au Xénon, puis à LED, sont autant d’exemples de ces transferts de technologie et du retard que nous avons sur l’industrie automobile.

« Big Brother vous regarde »

Avec toutes les technologies de communication et de localisation, on a la sensation légitime d’être surveillé. Bientôt plus moyen de faire un pas sans que l’on sache où nous sommes, sauf à couper notre portable. Mais reconnaissons que le confort et la sécurité y gagnent. Ainsi la fonction appel d’urgence (« e-call ») permet-elle de vous localiser en cas d’accident, où que vous soyez en Europe, que vous parliez ou non. Utilisant une carte sim intégrée à la moto, le système appel un centre de surveillance susceptible de déclencher des secours, en cas de décélération violente. Un dispositif d’autant plus pertinent que la plupart des accidentés ne savent pas dire où ils sont… Mais vous pouvez aussi appeler le centre en cas de panne, ou même pour trouver un hôtel. Ce dispositif est déjà présent en automobile, sur abonnement. Mais le plus intéressant, c’est qu’il ne demande pas de nouveaux équipements, hormis la liaison téléphonique. En effet, les capteurs de décélération sont déjà présents sur la moto dans le MSC (Motorcycle stability Control). Il suffit donc de quelques lignes de programmation supplémentaires pour offrir cette fonction. Alors, pourquoi s’en priver si ça sauve des vies ?

Avec le MSC (Motorcycle Stability Control), la moto se redresse lors d'un freinage en courbe, mais ses roues ne bloquent pas.

Se faire connaître pour être vu

Le fait de ne pas voir un autre usager de la route est la cause d’un tiers des accidents, tout particulièrement à moto. Pour éviter ce massacre, on a imaginé un système de communication entre véhicules. De la taille d’un paquet de cigarettes, il émet sur une fréquence dédiée, proche de celle du WiFi (5,9 GHz) et échange des informations 10 fois par seconde. Sa portée varie de 200 m en ville à 1 km à la campagne. A l’approche d’un véhicule, un message s’affiche sur votre écran vous indiquant sa vitesse, sa nature, sa direction. Tout l’intérêt du système réside dans sa programmation et sa capacité à trier l’information. Par exemple dans un flot de circulation, il ne doit pas saturer le conducteur avec tous les véhicules présents, mais juste ceux qui sont potentiellement intéressants. Par exemple, un véhicule qui arrive très vite, un autre qui circule à contre sens, ou perpendiculairement, etc. Mais à l’approche d’un carrefour aveugle, au moment de dépasser, ces informations sont essentielles. Un système de communication « vehicule to vehicule », différent des alertes d’angles morts et autres aides à la conduite basées sur des radars ou des caméras embarquées. Bien sûr, l’efficacité du système repose sur le nombre de véhicules connectés. On parle de 50% des voitures neuves aux USA en 2021 et de 100% en 2023. Ce qui est à craindre en revanche, c’est la baisse de vigilance des conducteurs ainsi équipés qui se reposeront sur la machine. malheur aux derniers « résistants » qui ne seront pas connectés et risquent d’en faire les frais...

Une partie des technologies pprésentées sont déjà proposées sur les voitures récentes

Horizon connecté

De même, le véhicule peut communiquer avec les infrastructures, un peu comme sur certaines applications smartphones, pour recevoir des indications sur le réseau. Bouchons, dangers potentiels, travaux et même vitesse indicative en courbe par exemple, autant d’informations qui renforcent la sécurité, sauf à trop en avoir bien sûr là aussi. A ce propos, l’ICC (Integrated Connectivity Cluster) est un système qui permet de piloter des applications de son smartphone depuis le tableau de bord et les commodos de la moto. A quoi bon rajouter un GPS et son support puisque vous en avez un dans la poche ? Autant l’afficher sur le tableau de bord de votre moto grâce à une interface Bluetooth. Vous pourrez partager votre écran, afficher les données de la moto et celles du smartphone, mais aussi du GPS, ou encore votre angle d’inclinaison, votre vitesse en courbe, etc. Finis les compteurs à aiguilles, il y a fort à parier que les tableaux de bord du futur ressembleront plus à des tablettes qu’à des cadrans, même si l’affichage pourra toujours vous dessiner un joli tableau de bord racing avec un compte-tours rond sur fond blanc!

avec l'ICC (integrated connectivity Cluster) les tableaux de bords afficheront une partie des données et applications de notre téléphone, via une liason bluethooth

Des assistances à la conduite plus qu’au pilotage

Aide au démarrage en côte, ou à la retenue en descente, peuvent sembler du gadget, mais en fait, elles sont bien utiles sur des motos hautes et lourdes. Ça évitera des chutes à l’arrêt… avec des motos qu’on ne peut pas relever tout seul (ahah, je sais de quoi je parle). Le freinage ABS « virage » et le contrôle de traction, pendant de l’ESP en automobile, sont aussi là pour vous sauver la mise, mais pas forcément vous faire faire des chronos en piste… Car, contrairement à l’ABS traditionnel le système MSC (Motorcycle Stability Control) n’intervient pas lors du blocage des roues, optimisant ainsi le niveau d’adhérence disponible, mais en limitant la décélération possible sur l’angle. En effet, attendre le blocage des roues pour intervenir provoquerait la chute du pilote. Le MSC se comporte donc de la même manière qu’il pleuve qu’il neige ou qu’il vente. C’est au constructeur et pilote de paramétrer la décélération admissible, en choisissant le mode pluie, normal ou sport. Ensuite, dès que les freins sont actionnés, les forces en jeu redressent la moto et moins elle penche plus il est possible de décélérer pour arriver au final à un fonctionnement normal de l’ABS, à l’approche de la verticale. Un système propre à la moto, qui n’a donc pas cours en automobile.

Nous avons pu tester l'efficacité bluffante du système MSC (ABS virage) en faisant des ronds sur une piste.

Bientôt Euro V !

Avec l'arrivée d'Euro V, il nous faudra une sonde lambda avant et une autre après le catalyseur

Le passage à Euro V aura lieu en 2 étapes. La première en 2020, la seconde en 2024. Si la première étape se traduit par une nouvelle réduction des rejets, la seconde y ajoute une vérification continue du fonctionnement des systèmes de dépollution. Ainsi, une deuxième sonde Lambda placée après le catalyseur permettra de vérifier ses performances. Heureusement, les calculateurs, comme les capteurs sont de plus en plus petits et performants, ce qui ne devraient pas beaucoup grever le poids de nos motos. De nouveaux injecteurs, plus longs, avec un jet mieux contrôlé aideront aussi à limiter les rejets. Enfin Bosch s’investit dans la mobilité électrique, avec une flotte de scooters en location, à Berlin d’abord, puis Paris ensuite. Des scooters équipés d’une gestion électronique maison bien sûr. Des innovations et une renommée qui feront de Bosch un acteur incontournable de notre univers moto, comme c’est déjà le cas en automobile.

nouveaux injecteurs plus précis, calculateurs lminiaturisés réduirons nos consommations et nos emmissions polluantes

Points forts

  • Ouverture du champ des possibles
  • Amélioration de la sécurité active
  • La moto s'inscrit mieux dans son environnement

Points faibles

  • Technologies complexes
  • Conduite sous surveillance
  • Inflation
  • Réparation difficile, voire impossible pour un particulier

Commentaires

froggyfr99

Il faudra bien faire la différence entre l'indispensable, le nécessaire ... et le superflu et éviter de se faire refiler n'importe quoi par les constructeurs, au prix de l'or.

01-06-2017 10:29 
alan_bike

Bonjour, tout cela est peut-être très bien pour un possesseur de moto qui fait 3000 km/an ; pour un "Vieux Motard Que Jamais" (espèce en voie de disparition) qui est encore en vie après plus de quarante ans de guidon tout temps toute saison qui a connu les amortisseurs pompe à vélo (la gerbe), les freins d'antan (sur rendez-vous hors fadding) et les pneus bandages en acier (trop de grip) c'est franchement parasite : l'électronique ne pourra jamais remplacer l'expérience humaine, sa faculté d'anticipation, d'analyse et de décision HUMBLE face aux conditions atmosphériques, de circulation et l'état du revêtement. Il vaut mieux perdre deux minutes de sa vie que de perdre sa vie en deux minutes ! Cordialement. Bon pneu et longue vie à tous.

03-07-2017 09:58 
 

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