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Victoire de la Honda National Motos aux 24 Heures du Mans

Suzuki Castrol deuxième et Yamaha GMT 94 troisième

La Honda CBR1000RR de Olivier Four, Frédéric Protat et Daniel Ribalta ne faisait pas partie des premiers favoris à la victoire sur cette épreuve du Championnat du Monde d'Endurance. Mais dans cette course de 24 heures à élimination, la Honda a fait preuve d'une régularité et de performances exemplaires alors que les grands favoris ont connu des soucis techniques et des chutes.

(c) www.worldendurance.com

Suzuki Castrol place sa machine GSX-R 1000 n°1 à la deuxième place. Partie en tête au départ, la Suzuki Castrol 1 a d'abord plongé en fond de classement avec la chute de Keichii Kitagawa vers 16 heures puis a été handicapée dans sa fulgurante remontée par quelques soucis mécaniques. En fin de course, Dominique Méliand a préféré engranger les gros points de la deuxième place au championnat plutôt que de tenter la victoire à tout prix.

Même course difficile pour la Yamaha R1 GMT 94. Malgré une pole position et un record du tour en course signé David Checa en 1'40.139, le GMT termine troisième à quatorze tours du vainqueur.

Comme Suzuki, la Yamaha GMT 94 a été retardée par une chute de Garry McCoy et par des arrêts aux stands non programmés. Avant cela, un autre favori à la victoire, le Team Kawasaki France, avait été contraint à l'abandon après un peu plus de quatre heures de course en raison d'une grosse chute de Patrick Piot.

La fin de matinée a été particulièrement animée après de plusieurs heures de statu quo en tête. A 10 h 50, la Suzuki Castrol 2, au commandement depuis la deuxième heure de course, est ramenée au stand par William Costes sur perte de performance moteur. Le verdict tombe quelques minutes plus tard : la Suzuki Castrol 2 abandonne sur casse moteur. Cet abandon en tête profite directement à la surprenante et très régulière Honda National Motos. En embuscade à la deuxième place depuis une dizaine d'heures, elle prend la tête de la course juste après 11 heures dimanche matin.

Mais ce n'est pas le seul coup de théâtre de cette fin de matinée ! Quelques secondes après l'entrée au stand de la Suzuki de tête, Garry McCoy a lourdement chuté au guidon de la Yamaha GMT 94. Alors quatrième derrière la Suzuki Castrol 2, la Honda National Motos et la Suzuki 1, la Yamaha 94 repart avec Sébastien Gimbert mais elle perd de précieuses minutes sur la Kawasaki Bolliger qui la talonne désormais à trois tours. Le GMT 94, champion du Monde d'Endurance 2004 terminera finalement troisième après l'abandon de la Suzuki Castrol 2.

L'édition 2006 des 24 Heures du Mans aura donc été moins favorable au GMT 94 qui avait gagné l'année dernière.

« Nous avons connu presque tous les problèmes que l'on peut rencontrer sur ce type d'épreuve, » résume Christophe Guyot le team manager.

Malgré un très bon départ de Sébastien Gimbert, le premier relais est délicat à négocier au guidon de la Yamaha YFZ-R1 équipée de pneumatiques Pirelli : « Avec cette chaleur exceptionnelle au Mans, la piste était très glissante. J'ai tout de suite rendu la main et ensuite j'étais sur un faux rythme pour doubler les attardés. » Il est troisième quand il passe le guidon à David Checa. Mais la course est rapidement faussée par la chute de nombreux concurrents et l'intervention du « safety car » qui donne le temps aux commissaires de nettoyer la piste. « Le safety car, c'est la loterie et on n'a pas gagné sur ce coup là ! A trois reprises, son intervention nous a fait perdre un demi-tour sur nos adversaires directs, » commente Christophe Guyot.

Quatrièmes à l'issue de ces incidents, les pilotes du GMT réussissent à se hisser en deuxième place. Roulant tous les trois dans les mêmes chronos, ils laissent à l'équipe tous les espoirs en étant à un tour de la machine numéro 2 du SERT. L'ex-pilote de Grand Prix Garry McCoy assure en plus le spectacle par son style de pilotage tout en glisse : « je suis de plus en plus à l'aise sur la moto et j'appréhende mieux le passage des attardés. Je commence à rouler dans les mêmes temps que David et Sébastien ! »

A minuit, alors qu'il est au guidon, le pilote australien se fait arrêter pour défaut d'éclairage à l'arrière et les mécaniciens diagnostiquent une batterie défectueuse. Du jamais vu selon les membres de l'équipe ! Encore des minutes à rattraper pour les pilotes !

Alors que David Checa bat trois fois le record de la piste au cœur de la nuit, à deux heures du matin, il chute après qu'un concurrent lui ait fermé la porte lors d'un dépassement. « On fait de la course moto, et la chute fait partie des risques, » avance Christophe Guyot. « David a eu raison d'essayer de grappiller quelques minutes en roulant à fond. On ne peut pas en vouloir à un pilote d'attaquer quelles que soient les circonstances. Par contre, on perd encore dix minutes et sauf incident de course, on peut oublier nos rêves de victoire ! » D'autant qu'à 7 heures, la GMT 94 s'arrête à nouveau au stand pour changer une patte de fixation d'échappement. A 10 heures, elle est à 14 tours des leaders.
A 10h50, alors que la moto du SERT, qui semble tenir fermement le commandement, casse son moteur, Garry McCoy chute violemment à la sortie de la chicane Dunlop : « J'ai glissé de l'arrière et la moto a raccroché brutalement, m'expulsant par l'avant. J'étais complètement étourdi et j'ai mis quelques temps à retrouver mes esprits, quand j'ai réalisé que les commissaires voulaient me faire monter dans l'ambulance. Après avoir argumenté, j'ai pu ramener la moto au stand. » Encore plus de 20 minutes de perdues, mais la troisième marche du podium qui se profile à l'horizon. « David et Sébastien vont assurer seuls les trois heures et demi restantes, » explique Christophe Guyot. « Il est évident que Garry est épuisé. Il a donné le maximum de lui-même et s'est montré surpris par la difficulté de l'épreuve. Il ne pensait pas que les pilotes de tête avaient un tel niveau et que ce serait aussi difficile. Sans préparation de sa part puisque nous l'avons recruté au dernier moment, il a néanmoins réalisé une belle prestation. »

Au final, la GMT 94 termine troisième au terme d'une épreuve très dure comme le confirme David Checa : « L'an passé nous avons gagné et je n'étais pas marqué physiquement. Cette année, nous sommes troisièmes et je suis vidé ! » « C'est la course la plus difficile de ma carrière, » conclut Sébastien Gimbert. « On a vécu tous les incidents que peut connaître un team sur 24 heures. Ce podium a tout de même un petit goût de victoire car on s'est donné à 200% pour compenser tous ces ennuis et cette place était inespérée. »