Normes et homologation des casques motos
En quoi la norme européenne est-elle gage de sécurité ?
Identifier une homologation, les autocollants réfléchissants, tests de certifications...
54% des blessés de deux-roues motorisés sont victimes de lésions encéphaliques ! La tête est fragile. Ceci explique que le casque soit devenu un élément de sécurité incontournable et obligatoire.
En France et comme dans la grande majorité des pays, l'utilisation d'un casque est obligatoire à moto. Cette règle est définie par l'article R431-1 du Code de la Route depuis le 28 juin 1973 :
En circulation, tout conducteur ou passager d'une motocyclette, d'un tricycle à moteur, d'un quadricycle à moteur ou d'un cyclomoteur doit être coiffé d'un casque de type homologué. Ce casque doit être attaché.

La norme ECE 22-04 et 22-05
Pour autant, il ne s'agit pas de s'équiper de n'importe quel casque au moment de chevaucher son deux-roues. Bien qu'homologué, un casque de chantier ne couvre pas cette règlementation.
En effet, les éléments de protection destinés à l'utilisation d'un motocycle sont régis par le règlement numéro 22 dont la 5e révision est en cours. Cet accord international sur les "prescriptions uniformes relatives à l’homologation des casques de protection et de leurs écrans pour conducteurs et passagers de motocycles et de cyclomoteurs" est défini en Europe par l'UNECE, la commission européenne des Nations Unies. Ce règlement est plus connu sous le nom de norme ECE 22-05, ou règlement 22 amendement 4 ou amendement 5.
Tout casque vendu à l'intérieur de l'Union Européenne et donc en France, doit donc répondre à cette norme. La norme française NF S 72.305 est toujours valide, mais n'est plus utilisée depuis 2002 est la norme 22-05.
Identifier un casque homologué
Chaque modèle est censé être muni d'une homologation sur la jugulaire. L'étiquette peut être verte si elle répond à la norme française ou blanche pour la norme européenne. En dehors de ces couleurs, l'homologation n'est pas reconnue en France. Dans le cas d'une homologation européenne, l'étiquette est marquée d'un E et d'un numéro indiquant le pays d'où l'homologation provient :
1 - Allemagne 2 - France 3 - Italie 4 - Pays-Bas 5 - Suède 6 - Belgique 7 - Hongrie 8 - Rép. Tchèque 9 - Espagne 10 - Yougoslavie |
11 - Royaume-Uni 12 - Autriche 13 - Luxembourg 14 - Suisse 15 - libre 16 - Norvège 17 - Finlande 18 - Danemark 19 - Roumanie 20 - Pologne |
21 - Portugal 22 - Russie 23 - Grèce 24 - Irlande 25 - Croatie 26 - Slovénie 27 - Slovaquie 28 - Bélarus 29 - Estonie 30 - libre |
31 - Bosnie 32 - Lettonie 33 - libre 34 - Bulgarie 35 - libre 36 - Lituanie 37 - Turquie 38 - libre 39 - Azerbaïdjan 40 - Macédoine |
41 - libre 42 - Communauté européenne 43 - Japon 44 - libre 45 - Australie 46 - Ukraine 47 - Afrique du Sud 48 - Nouvelle-Zélande |
La série de chiffres située en dessous correspond au numéro d'homologation et est suivie d'un symbole permettant de connaitre le niveau d'homologation du casque. La mention "P" indique que la mentonnière a passé le test de résistance, dans le cas contraire on retrouve la mention "NP" pour "non-protective". Le "J" correspond à ceux dépourvus de mentonnière comme les jets.
Le cas des modulables est particulier puisque tous ne sont pas homologués de la même façon. Si seule la lettre "P" est notée, le casque n'est alors pas homologué lorsque la mentonnière est relevée. La double homologation jet et intégral est identifiée par la mention "P/J).

La spécificité française
En plus du marquage européen, la France dispose de son exception avec une contrainte supplémentaire : celle des bandes réfléchissantes. Ainsi, tout casque vendu en France est accompagné de quatre stickers réfléchissants devant être apposés sur le devant, à l'arrière et sur les côtés. Les autocollants sont obligatoirement et gratuitement fournis par le vendeur qui peut les apposer à la demande de l'acheteur.
Bien que très répandu, le non-port de ces autocollants est reconnu comme une infraction. Sans ces petites bandes, le casque n'est pas considéré comme homologué. Son propriétaire peut ainsi écoper d'une amende forfaitaire de 135 euros (contravention de 4e classe) et perdre trois points sur son permis.

Les tests d'homologation
Pour bénéficier de la norme ECE 22-05, un casque passe par une multitude de tests et contrôles : amortissement des chocs, angle de vision, résistance à l'abrasion, déformation à l'impact, qualité de l'écran et système de retenue.
Le casque est testé avec sa visière et elle-même est testée au niveau de son champ de vision, de la transmission lumineuse, de la diffusion de la lumière, de la transmission spectrale, de la réfringence, de ses caractéristiques mécaniques, de ses qualités optiques, de sa résistance aux rayures ainsi que de l'angle d'ouverture de l'écran
Cependant, plusieurs points du règlement sont régulièrement mis en cause quant à l'efficacité de cette norme. Les tests peuvent être réalisés par des laboratoires publics et privés. Or, rien ne permet de savoir qui a réalisé l'homologation et les laboratoires privés ne sont pas contrôlés par les pouvoirs publics.
Les points de contrôles sont quant à eux scrupuleusement définis et il n'est pas possible de tester d'autres zones qui pourrait sembler plus fragile.
Enfin, le plus gros problème réside dans la méthode de sélection des casques pour l'homologation. Un constructeur doit en effet fournir 7 casques pour essais tous les 3.200 unités vendues, mais c'est lui qui sélectionne les modèles qu'il souhaite. Les modèles testés ne sont donc pas prélevés au hasard et peuvent avoir été conçus différemment pour passer les tests.

Le test SHARP
Depuis 2007, le gouvernement britannique a mis en place son propre test de casques avec le programme SHARP (Safety Helmet Assessment and Rating Program). Ce programme reprend le principe des crashs tests automobile EuroNCap, mais pour les casques. Des essais plus poussés sont ainsi menés et permettent d'attribuer des notes de 1 à 5 étoiles selon le niveau de protection offert par le modèle testé. Les équipements testés sont ici achetés directement dans le commerce.
Le programme SHARP n'est cependant pas non plus dénué de critique. Le système de notation des casques reste ainsi totalement opaque et il est impossible de savoir quels aspects entrent le plus en compte dans la notation. Il est également apparu que des casques très proches techniquement aient des notes bien différentes. C'est notamment le cas des modulables Schuberth C3 et BMW System 6, dont les résultats variaient d'une étoile alors que tous deux étaient produits simultanément par Schuberth dans la même usine.
Le test SHARP n'est donc pas infaillible non plus, il permet néanmoins d'avoir plus d'information sur le niveau de protection offert par un casque.
FRHP : Racing Homologation Programme
Les casques utilisés en Grand Prix moto doivent quant à eux répondre à des exigences supplémentaires par rapport aux casques de route et passer la certification du Racing Homologation Programme (FRHP). A l'heure actuelle, seuls les Bell Pro Star, AGV Pista GP Ret, Kabuto RT-33 et Shark Shark Race R Pro GP y répondent.
Les risques en cas de non-port de casque
Le non port du casque, ou son port sans attache ou le fait de porter un casque sans les autocollants réfléchissants peut entrainer une amende de 4e catégorie allant de 90 à 375 euros ainsi que le retrait de 3 points sur le permis de conduire.
Commentaires
Bonjour,
28-10-2017 10:48le paragraphe sur la spécificité française est très flou. Sur quel texte réglementaire est-ce fondé ? J'ai beaucoup de mal à trouver un texte expresse faisant de ces bandes réfléchissantes une obligation.
Le non port des bandes ne peut pas soustraire au casque son homologation, à moins qu'un texte de droit interne le prévoit...
"Pour bénéficier de la norme ECE 22-05, un casque passe par une multitude de tests et contrôles : amortissement des chocs, angle de vision, résistance à l'abrasion, déformation à l'impact, qualité de l'écran et système de retenue."
08-07-2019 22:09Qu'on m'explique alors pourquoi un jet est homologué...
" amortissement des chocs, angle de vision, résistance à l'abrasion, déformation à l'impact, qualité de l'écran et système de retenue "
08-07-2019 22:28Qu'est-ce qu'un jet ne remplit pas là dedans ?
C'est léger, et ça à un très offre un très bon angle de vision.
Ce que ça ne rempli pas? Tout le reste.
Qu'est-ce qui protège le mieux en cas de glissade, un pantalon kevlar coqué, ou un slip en kevlar coqué?
Les deux protections sont rigoureusement identiques, hormis la zone couverte... 12-07-2019 14:35
[attachment 31762 tlchargement.png]
12-07-2019 17:40amortissement des chocs : un jet amortit les chocs
angle de visionrésistance à l'abrasion : un jet résiste à l'abrasion
déformation à l'impact : un jet résiste à la déformation
qualité de l'écransystème de retenue : même système de retenue que les intégraux.
L'homologation n'est pas là pour dire que tel ou tel matériel protège mieux, elle est là pour que les acheteurs puisse choisir leur élément de sécurité sans être trompés (car n'ayant pas de moyen de le vérifier).
Jusqu'à présent, je n'ai encore vu personne se plaindre que son jet l'avait mal protégé au niveau du menton, tout simplement parce qu'il est évident qu'un jet ne protège pas à cet endroit.
Après, on peut discuter du fait d'interdire les jets éventuellement, mais c'est un sujet distinct de l'homologation. 12-07-2019 18:29