Interview Danilo Bernini, patron du 2 Roues chez Pirelli France

Pirelli Days, marché, engagement sportif, identité : le point sur le positionnement de la marque italienne

Des victoires en WSBK ou en Endurance réalisées avec des pneus du commerce

À l'occasion des Pirelli Days organisés par Box23, où nous avons eu l'occasion de pratiquer la piste de nuit sur le circuit de Magny-Cours, nous avons pu échanger avec Danilo Bernini, directeur de la division 2 Roues de Pirelli France. Une opportunité d'en savoir un peu plus sur le marché du pneu moto et la stratégie du pneumaticien italien.

Comment sont nés les Pirelli Days ?

L'idée, c'est de pouvoir proposer aux motards de rouler sur piste en toute sécurité, à des tarifs accessibles. Nous avons été le premier manufacturier moto à organiser cela, nous avons commencé en France en 2003, avec une date au Castellet et pendant les premières années, tout était géré en interne. L'initiative des Pirelli Days revient à l'Italie, c'est d'abord là que ça a commencé mais ils ne le font plus là-bas et désormais la France reste le seul pays à accueillir ces événements. La structure Box23 nous aide à les organiser depuis 2007.

C'est quoi, l'esprit des Pirelli Days ?

C'est d'avoir un cadre convivial, avec des instructeurs disponibles et des ateliers sur la position de conduite, des partenaires comme Shark, Brembo ou Gimoto qui exposent et vendent leurs produits. Sur certains circuits, on a même des marques comme Ducati ou Aprilia qui proposent aux stagiaires de pouvoir essayer leurs machines sur piste ; pour nous, c'est la démonstration que les Pirelli Days sont reconnus sur le marché de la moto.

De fait, les Pirelli Days ne sont pas qu'un simple roulage sur piste, nous mettons en place tout un environnement. Cette année à Magny-Cours, nous avions même des ostéopathes mis gratuitement à disposition de stagiaires, qui pouvaient se faire masser ou remettre des douleurs entre deux sessions. À Magny-Cours, nous avions également un spectacle de stunt avec Matt Mekatrix. Cerise sur le gâteau : les Pirelli Days, ce sont de grands circuits au prix des petits. Cela nous permet de toucher un panel très large de motards et cette année, nous proposons 16 dates sur 5 circuits, dont un roulage nocturne, ce qui est unique ! On fait rouler 3500 personnes par an, avec une montée en puissance régulière depuis la création des Pirelli Days et il n'y a pas de raison que cela s'arrête !

Il n'y a pas d'ambitions de décliner les Pirelli Days à d'autres pays ?

Tout est possible, mais la France reste le seul pays à les organiser de cette façon là. Mais nous voulons proposer aux motards des opportunités de rouler dans des cadres privilégiés, c'est pour cela que sur certaines épreuves du Mondial Superbike, en Europe, nous faisons rouler des motards le lendemain des courses.

En termes de marché, comment se positionne Pirelli ?

C'est très simple : sur le segment des pneumatiques sportifs, nous sommes leaders en France, en Europe, mais également dans le monde. Notre premier marché, c'est l'Allemagne, devant la France et l'Italie. Nous sommes en croissance sur le marché français. Mais au-delà du pneu sportif, nous sommes présents sur d'autres segments de marché, comme le sport-touring avec l'Angel ST ou le Scorpion Trail 2 pour les gros trails.

C'est quoi, l'identité de Pirelli ?

Pirelli, c'est le "cuore sportivo", c'est très italien. Dans les années 60, nos clients savaient que nous faisions des pneus sportifs et performants, mais qui faisaient peut-être un petit peu moins de kilomètres. Ce n'est plus le cas maintenant, mais notre image est restée indéniablement sportive.

C'est ce qui explique votre engagement en compétition ?

La compétition, pour nous, c'est essentiel et d'ailleurs nous ne communiquons peut-être pas assez sur le fait que nos pilotes gagnent avec des pneus du commerce. En Mondial Superbike, Jonathan Rea a été titré en roulant sur des SC2 que vous pouvez vous procurer chez votre détaillant. Mais, pour moi, la grande découverte, cela a été l'Endurance, car en tant qu'Italien, cette discipline n'est pas très médiatisée chez nous. Quand je vois les performances des pneus, qui tiennent des relais de nuit, avec des températures de 1 ou 2°C et des chronos qui sont proches de ceux de la journée, je me dis que nous ne pouvons pas nous passer de ce laboratoire.