Bien emmerdé

Les blagues sur le coronavirus sont ultra-ringardes

J'ai dû mettre à la trappe la Kronik d'aujourd'hui et me voilà bien emmerdé.

C'est officiel depuis samedi minuit : les blagues à la Vérino sur le coronavirus sont ultra-ringardes. J'ai dû mettre à la trappe la Kronik d'aujourd'hui et me voilà bien emmerdé.

Note bien que je n'ai rien contre Vérino : je ne l'ai jamais rencontré. C'est pour l'exemple. Comme l'explique François Rollin, si c'est pour faire le 36e sketch sur les téléphones mobiles, il vaut mieux s'abstenir.

Samedi soir, je m'apprêtais à dérouler mon rituel à Kronik : aller me coucher avec une petite idée en tête, laisser mûrir pendant la nuit, puis passer deux heures dimanche matin au café du coin de la rue des Godrans à écrire ce que tu lis mardi matin.

J'avais dans l'idée de répondre à Voilà la tempête en essayant d'imaginer ce que le virus allait changer dans nos vies, en glissant quelques anecdotes motardesques pour faire passer l'ensemble auprès du lecteur -bisou à toi, au passage.

Or, le type qui joue mal le rôle de sous-chef de la France a pété mon rituel en imposant la fermeture des cafés. Pas de café, pas de Kronik. Paf.

Me voilà bien emmerdé.

Je veux bien essayer de faire rigoler ou réfléchir un peu, mais tant que les circonstances s'y prêtent. Là, je la sens moins, la blague qui commence par : "C'est l'histoire d'une Pagéniale qui rencontre un coronavirus dans un bar et là, ho-ho-ho…" . Si Vérino veut s'y essayer, je lui laisse volontiers mon tour.

Dans le petit bout de Kronik que j'avais imaginé, je me disais que les motards avaient le droit, avec les chauffeurs routiers, de circuler sur route, vu qu'on se trimballe avec un masque FFP homologué 22-05 sur la tête. Atchoum ? Pas grave : ya tout dans la mentonnière. Et comme en plus on doit obligatoirement rouler avec des gants, ça roule !

J'aurais mis ma voisine du dessous dans le panier de mon side-car imaginaire pour lui faire prendre l'air loin de la ville. Ma voisine du dessous, qui s'appelle Fernande, a un âge à deux chiffres qui commence par '9', ce qui fait qu'elle a subitement rejoint la semaine dernière la catégorie des 'sacrément dans la merde'.

Puis je serais passé vite au vif du sujet, avant que lui-même ne devienne ringard : la vie continue, la vie doit continuer, la vie ne peut pas faire autrement que continuer malgré tout. C'est aujourd'hui, 17 mars, qu'il faut envisager la sortie de crise ; il est trop tard pour paniquer : il fallait le faire quand la Chine a chopé les freins et tout bloqué.

C'est le moment d'attaquer cette réviz' que tu repousses depuis décembre parce qu'il fait froid dans le garage, de fignoler ce passage de câble que tu as un peu bâclé, dans l'urgence, la dernière fois que tu as remonté ton réservoir, de virer un peu le bric-à-brac que tu entasses dans le fond du box, de t'offrir ce démontage complet des plastiques pour pouvoir tout bien nettoyer, ce que tu n'as jamais le temps de faire normalement. "Normalement" ne fait plus partie de notre vocabulaire : c'est officiel depuis samedi minuit.

C'est le moment de t'apercevoir à quel point tout est soudain devenu un peu plus précieux, depuis ce samedi soir. Faut pas foirer ton joint de vidange : la concession a tiré le rideau pour au moins un mois. Faut faire gaffe à ta batterie "made in China" : la prochaine arrivera quand ? Faut pas faire tomber ta baladeuse : si elle claque, les Bricomachin sont fermés.

C'est le moment de faire les dernières sorties entre potes -faut juste résister à l'impulsion d'enlever le casque au point de rendez-vous : garde-le sur la tête, on sait jamais, ça serait trop bête. Une petite virée tant qu'on peut encore, en attendant la mise en pause. Vas-y, l'essence n'est pas chère en ce moment : ils n'arrivent plus à en vendre.

De ce que je lis de-ci de-là, il faut tenir bon jusqu'en juin.

En attendant :

EN AVANT, MES GLOBULES !

(pitain, qu'est-ce que je vais bien trouver à te raconter la semaine prochaine quand l'ambiance sera encore plus glauque ?)

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