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Buck Rogers Président !

Quand Buck Rogers sera président, j'aurai enfin une moto qui vole. Un truc trapu, à la Jorodowski ou à la Bilal, un peu crade, parfois en panne. Mais ça sera le pied.

Buck Rogers Président !

Quelle désolation d'être né sur une planète où n'ont pas encore été inventées l'anti-gravité et la téléportation ! Tout serait si simple, avec. Ça serait la mort des coursiers, mais c'est un sacrifice que je suis prêt à faire d'autant plus facilement que je ne le suis pas.

L'engin aurait une appellation avec des chiffres et des lettres qui dénotent son côté agressif : des X, des R et des Z qui obligent à articuler et séparent tout de suite l'expert du méprisable néophyte. D'une coque en alliage d'aluminium et d'un autre métal mystérieux qui finit lui aussi en "-ium" émergerait deux paires d'ailes courtes au dièdre prononcé munies des feux de position à éclat. A l'avant, une prise d'air trapézoïdale serait soulignée de chrome puis d'une bande hachurée jaune et noire avec la mention, en capitales rouges : "Caution : air intake".

Derrière le carénage, on devinerait un fouillis de tubes et de câbles à l'air compliqué. Sous le ventre, il y aurait deux disques de métal mobiles, reliés à la moto par de délicats vérins qui font "wiiz-wizzz" quand ils bougent -c'est évident. S'il fallait s'en tenir à l'imagerie commune, ils émettraient une lumière bleue quand ils fonctionnent, même si je préférerais quelque chose de différent, comme un flou palpitant, ou une espèce de trépidation piézo-électrique laiteuse tout à fait réussie d'un point de vue visuel.

Par je ne sais quelle aberration technique, il faudrait quand même mettre pied à terre à l'arrêt. Si je savais dessiner, j'aurais représenté l'engin perché au sommet d'une colline, regardant vers une ville à l'architecture futuriste : hauts immeubles aux formes complexes de couleurs claires, larges routes, espaces verts : l'utopie urbaine standard.

A cause de ses limiteurs de roulis et de piqué, cette moto volante serait surtout spectaculaire à l'arrêt ou pour ceux qui utilisent encore des motos roulantes. Parce qu'en vrai, avec les assistances au pilotage, ça ne serait guère plus excitant que de prendre un téléphérique dont il manquerait le câble. Sauf que bien sûr j'aurais piraté le système d'asservissement et qu'une fois hors de vue je pourrais m'en donner à coeur joie. Les initiés l'auraient remarqué au petit fil jaune à la sortie du contrôleur principal qui court-circuite le contrôleur d'assiette. Et là, à moi les joies de la voltige. D'ailleurs je pense que ma réputation dans le milieu m'aurait valu un surnom du type "Baron Azur", ou "Drifturu Gaijin", enfin un truc qui inspire d'emblée le respect.

Ça serait quand même le pied d'ouvrir la fenêtre, d'enjamber le balcon, de choper le guidon et d'enfourcher une moto qui attendrait en se balançant doucement au vent à 15 mètres du sol. Je débrancherais la prise d'alimentation auxiliaire et puis je mettrais en route le moteur principal après avoir vérifié le niveau de charge des piles à combustible Tayco-Samsung modifiées. Au début, je me lasserais guider sur le couloir de sortie de la ville, en semi-automatique. Bien sagement, l'air de rien, sur ma moto banale un peu crade, discrète.

Je survole plusieurs transporteurs qui se traînent à même pas 120 à l'heure. La météo est bonne, avec une couche de cumulus à 5.000 pieds et encore un peu de brume matinale aux creux des vallons. La circulation s'éclaircit et je vais pouvoir virer plein nord vers la forêt. Pour l'instant, je reste sagement au-dessus des 160 mètres d'altitude réglementaires. Mais ça ne va pas durer. Encore 10 bornes et je vais faire causer le plutonium. Je tâtonne sous le tableau de bord pour attraper le câble de commande du shunt -une bidouille logicielle serait détectée tout de suite- et tire dessus. Immédiatement, la moto réagit en louvoyant un peu. Je rends la main. Patience. Il n'est pas encore temps.

Soudain, VAF ! VAF ! VAF ! Venant de ma droite, trois glisseurs surgissent dans un rugissement de turbines. Je rentre la tête derrière la bulle, serre les jambes et ouvre à bloc. Ma moto fait un bond en avant et je pique vers le sol pour ne redresser qu'à un parfaitement illégal 3 mètres d'altitude, sous les lignes à haute tension. Un long virage à gauche et j'aperçois l'éclat de la turbine du troisième glisseur qui saute une rangée de peupliers. Oh, toi, mon gaillard...

Buck ? C'est quand tu veux que tu te fais élire, mec. C'est pas que je m'impatiente, mais bon...

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Commentaires

XM

et donc sur cette nouvelle planète, tu serais un kéké avec ton Bourgeman XZR antigrav'.
curieux de voir l'évolution darwinienne des gros trails, Goldwings et autres Harleys dans ce monde du turfu

08-01-2019 14:33 
fift

Citation
KPOK
Un truc trapu, à la Jorodowski ou à la Bilal, kronik du mardi


Ah, enfin de vraies références culturelles ange.
(même si bon, quitte à mentionner Jodo, t'aurais pu rajouter Roland Alain Jean Giraud ...)

08-01-2019 15:06 
froggyfr99

T'as trop regardé "le 5 ième élément" toi !



Bilal président !

09-01-2019 08:14 
fift

Bilal président ? Mais on va tous finir déprimés .

(le 5è élément, c'est pas Mézières plutôt ?)

09-01-2019 10:09 
Manu5108

On n'a plus le vertiges dans le future?

10-01-2019 13:46 
 

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