Le top 10 des motos Diesel

Ça pue, ça fume, ça pollue, ça n'avance pas : le top 10 des motos pas super glamour (voire super pas glamour !)

Soyez un pur rebelle jusqu'au bout du perfecto : roulez en moto Diesel !

Jeté à la vindicte populaire pour les particules fines que sa combustion rejette dans l'atmosphère, passé à l'opprobre à cause des triches massives des constructeurs français et allemands masquant les véritables rejets, snobé pour son odeur, boudé pour son côté graisseux et luisant, le Diesel n'est décidément pas le roi des carburants (alors que Akena est la reine des vérandas, nous serine à longueur de journée Stéphane Bern, extatique chevelu royaliste).

Que cette introduction nous mette en appétit : car le motard, au fond de lui-même (et parfois, il n'en est même pas lucide, ah, les pouvoirs du subconscient !), est un pur rebelle. C'est vrai, quoi, qu'il roule en Suzuki 400 Burgman ou en Harley-Davidson Fat Bob 114, le motard est bien souvent un pur outlaw qui refuse les conventions de la société. Sinon, il ferait comme tout le monde, il passerait sa vie dans les embouteillages, tanké dans un Renault Megane Scenic Diesel (argh !) à se lobotomiser en écoutant du Morandini pour oublier la dureté de sa vie et l'ironie de sa situation. Justement, pour ne pas faire comme tout le monde et sous couvert de liberté, le motard roule sur un truc qui n'est même pas capable de tenir debout tout seul quand il est arrêté.

Synthèse des deux paragraphes précédents et conclusion du truc : pour que le motard rebelle soit encore plus un vrai rebelle, il faut surfer sur l'air du temps et faire le choix d'une moto Diesel. Comme ça, tout le monde va vous détester et vous pourrez afficher encore plus votre singularité. Pour vous aider dans cette migration épistémologique et n'écoutant que son devoir pédagogique, le Repaire va vous aider via un fantastique autant que mondialement inédit top 10 des motos Diesel. Eh oui, c'est ça, le Repaire, une mission universalisante, quasiment évangélique, teintée de rébellion de bon aloi. Ainsi, après le top 10 des motos les plus moches et le top 10 des motos au nom le plus ridicule, voici donc de quoi briller en société lors d'un prochain barbecue, mais aussi et surtout recouvrir d'une fine couche de poussière noire les utilisateurs de Vélib qui viendraient vous sucer la roue. Trop cool.

10. Lohmann (Allemagne, 1950)

Historiquement, c'est la première. D'ailleurs, c'est à moitié une moto (encore que la définition de ce qu'est une moto est vaste !), car techniquement parlant, le Lohman est en fait un tout petit moteur Diesel 2-temps de 18 cm³ (aux dimensions forcément mini : 28 x 30 mm d'alésage et de course) qui était conçu pour s'adapter dans le cadre d'un vélo. La puissance était modeste : 0,8 cheval à 6000 tr/min, mais il avait une belle allonge et pouvait prendre 9000 tr/min à fond, en descente et avec le vent dans le dos, conditions dans lesquelles il frôlait alors les 30 km/h ! Une autre de ses particularités tient dans le taux de compression variable, fait pour s'adapter à différentes qualités de carburant et de conditions de roulage, puisqu'il était capable de fonctionner avec du gasoil, du kérosène d'avion, voire même du carburant pour lampe à huile. Eh oui, juste après la guerre il fallait avoir des idées.

9. Norton Sydney (UK, 1950)

On doit cette réalisation à Arthur Sydney, citoyen britannique, qui a d'abord conçu avec son compère Alfred Smith un moteur monocylindre Diesel, qui se caractérisait par son volant d'inertie externe. Ce moteur développait 14 chevaux et permettait à cette Norton de tenir un rythme de plus petites cylindrées, mais avec le confort d'une grosse et l'autonomie d'un chameau.

8. Sooraj Sunbeamer

Cette sculpturale beauté nous vient d'Inde, où elle ne peut que subjuguer les foules par son allure de power cruiser made in Bollywood. Elle est construite par Sooraj qui, en son temps, avait aussi monté des moteur Diesel dans des Royal Enfield. Là, pas de gros V2, bien entendu, mais un moteur de 325 cm3 alimenté par un réservoir de 20 litres, de quoi traverser l'Inde en long, en large et en travers, sans refaire le plein !

7. Haynes - Kawasaki KLR, type M1030M1

Conçue par la firme Hayes Diversified Technologies, basée à Hesperia, en Californie (USA), cette Kawasaki KLR a donc été suffisamment modifiée pour être capable d'accepter des carburants d'une qualité fort variable, incluant du fuel et du kérosène. Car l'engin a été conçu pour équiper l'armée américaine. De fait, la Kawasaki conserve ses carters moteurs et sa boîte à 5 rapports d'origine, mais le piston et la bielle sont différents vu la haute compression qu'implique la technologie Diesel. La puissance ressort à 28 chevaux et la vitesse de pointe est de l'ordre de 130 km/h. La moto a équipé l'armée américaine, l'US Air Force ; on en trouve aussi quelques-unes dans l'armée britannique et les forces de l'OTAN en Europe. Attendez donc quelques années avant de pouvoir en récupérer dans les surplus militaires !

6. Neander Turbo

112 chevaux, 214 Nm de couple, une vitesse de pointe de 220 km/h et une consommation moyenne de 4,5 l/100 : ces valeurs doivent faire rêver bien des motards, sauf que pour cela il va falloir avoir les mains qui puent quand on fait le plein et laisser de gros nuages de fumée noire à l'accélération, sans compter le rupteur à 4500 tr/min (le couple est obtenu à 2600 tr/min et la puissance maxi à 4200 tr/min) ! Néanmoins, le moteur est un original bicylindre en ligne de 1340 cm3, refroidi par air et huile et équipé d'un turbo. La transmission est en fait la boîte à 6 rapports empruntée à une Aprilia RSV 1000 R et la transmission finale se fait par courroie. Pour limiter les vibrations, Neander a conçu ce moteur avec un double vilebrequin contra-rotatif ! Et il y a de l'allonge, car sur les autoroutes allemandes, l'engin cruise à 160 km/h à 2800 tr/min sur le dernier rapport !

Par contre, la machine se comporte comme un power cruiser, avec un pneu de 130 mm à l'avant, de 240 mm à l'arrière et un empattement de 1740 mm... On appréciera la fourche dédoublée ! La Vmax n'a qu'à bien se tenir.

5. Track t-800 CDI

Construite aux Pays-Bas, la Track t-800 CDI utilise un moteur de Smart 800, un petit trois cylindres turbo à 2 soupapes, qui sort 50 chevaux à 3000 tr/min et 12,2 m/kg de couple à 1800 tr/min. La plage d'utilisation est donc étroite, mais la puissance est suffisante pour une vitesse de pointe de 160 km/h tandis que la consommation moyenne ressort à environ 3 l/100 et l'autonomie jusque 600 km. A la place de la boîte robotisée toute pourrie des Smart, la Track utilise une transmission CVT qui est nettement plus douce et fluide à l'usage. Brembo est en charge des freins et WP des suspensions, aussi la Track promet une certaine qualité de comportement sur la route.

4. Boccardo Aero

Louis Boccardo est une figure du monde de la moto française, connue pour avoir été des projets BFG (dont il est le "B"), puis MF et dans les deux cas, il a été rapidement débarqué de l'aventure. Ce qui ne l'empêcha pas de persévérer avec une troisième tentative de moto française qui porte carrément son nom. L'histoire est plus que rocambolesque (à ce titre, la lecture de l'excellent ouvrage de Thierry Cazenabe : "BFG, MF, SA Moto Boccardo : enquête sur une décennie d'échecs" est hautement recommandable). Bref, de mensonges en détournements d'argent public, l'histoire des Boccardo fut en réalité assez courte et deux motos à moteur de Peugeot 205 essence ont été produites, ainsi que trois à moteur 1.4 de Citroën AX Diesel.

3. Star Twin Thunderstar 1200 TDI

Elle prétend être la première Superbike Diesel ! Conçue aux Pays-Bas autour d'un moteur 3 cylindres 1200 de VW Lupo et Polo TDI. Malgré ce moteur plutôt lourd, elle ne pèse que 205 kilos à sec, ce qui n'est pas énorme pour mettre à mal ce moteur, qui délivre 160 Nm de couple (mais seulement 70 chevaux), transmis par une boîte à 5 rapports. La sportivité est garantie, selon le constructeur, par des roues RST et des éléments de suspension WP. Ça donne envie, non ?

2. Hero MotoCorp RNT 150 TDI

Encore plus vertueux qu'un Diesel : un hybride-Diesel ! C'est le concept de cette Hero MotoCorp, machine conçue en Inde et qui dédouble son moteur (un monocylindre Diesel de 150 cm3) d'un micro-moteur électrique qui ajoute 1 cheval supplémentaire et qui vient aider l'engin dans les phases de démarrage.

1. Royal Enfield Taurus

Honneur à celle qui fut la plus vendue des motos Diesel, la Royal Enfield Taurus, dont le monocylindre classique fut remplacé à l'usine par un moteur de groupe électrogène d'origine Lombardini, associé à une boîte de vitesse à 4 rapports. Ce bloc de 325 cm3 développe 6,5 chevaux et permet une vitesse de pointe de l'ordre de 80 km/h. Du coup, on se contente de freins à tambour !

Et en bonus : la Ducati Diavel Diesel !

Impossible de terminer cet article sans parler des Ducati Diesel : Monster ou Diavel, elles ont toutes deux eu droit à ce traitement. Rassure-vous, leur gros V2 Desmodromique ne s'est pas mis à carburer avec du carburant que l'on met dans les friteuses, mais c'est plutôt un traitement spécifique aux couleurs d'un revendeur de montres, de parfum et de fringues branchées. Au programme, selle spécifique en cuir véritable, panneaux de carrosserie brossés à la main (sic) et échappement revêtu de céramique noire Zircotec. La classe absolue et rare en plus, puisque cette Ducati Diavel Diesel n'a été distribuée qu'à 666 exemplaires. Le chiffre du Malin. J'en ai des frissons.

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