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Essai Suzuki GS 1000 S

« Wes Cooley Replica » ou GS 1000 shake

On la surnommait « Wes Cooley Replica », du nom du pilote américain qui, aux manettes d’une machine d’aspect semblable remporta le championnat AMA Superbike en 79 et 80. Un ADN de pistarde pour cette replâtrée de GS 1000 sortie l’année d’avant dont les ventes s’avéraient bien décevantes… Suzuki échangea la roue arrière de 17 contre une de 18, emboîta des carbus de 28 au lieu des 26, fixa un carénage tête de fourche (le tout premier de série installé sur une moto de la marque), un coup de barbouille et hop !, le tour était joué, un modèle de plus dans la gamme sans provoquer trop de migraine aux ingénieurs. Et pour appâter encore davantage, la GS 1000 S fut même proposée 2000 francs moins chère que sa grande sœur (dont la carrière, du coup, s’effondra complètement). Une replâtrée, certes, mais malaxée dans une gâche dorée à l’or fin…

Suzuki GS 1000 S

Découverte

Lorsque l’on regarde la GS1000S de profil ou plus encore de trois quart arrière, on est étonné par la longueur apparente de la moto, visuellement encore accentuée par le petit carénage et sa longue selle rectiligne. Effet d’optique ou réalité ? Dans le dessin de cette Suzuki, plusieurs détails contribuent à générer cette sensation. A commencer par sa carrosserie blanche, parcourue d’un trait lumineux de la pointe du garde-boue avant jusqu’au dosseret de selle, éclairant ainsi sur son passage pare-brise, réservoir et caches latéraux… Histoire d’en rajouter, on a décoré sa robe de lignes horizontales amincissantes, filant de la proue à la poupe.

Phare Suzuki GS 1000 S

Le petit carénage habille bien l’avant de la moto. On distingue très nettement le méplat et les deux vis initialement prévus pour fixer les rétroviseurs intégrés qui équipent les motos distribuées… hors de France !

On remarquera également les deux silencieux très sobrement dessinés, légèrement inclinés vers le haut et qui n’en finissent pas de s’allonger vers l’arrière (ces pots très élégants seront, hélas, raccourcis sur les versions diffusées en 1980).

Echappement Suzuki GS 1000 S

Bref, une moto au design réussi : la Suzuki GS 1000S a vraiment de l’allure dans sa livrée blanche rehaussée de filets noirs et de bandes bleues lui donnant de faux airs de Ford GT40 à deux roues… Force est de reconnaître que la GS 1000S a belle allure ainsi parée et l’adjonction de son saute-vent lui donne bonne mine en teintant le tout d’une petite touche « sport » bien séduisante… Le dessin de ce carénage semble avoir fait l’objet d’un soin tout particulier. Dans sa partie basse, il est équipé de deux petits becquets, témoins d’une recherche aérodynamique.

Suzuki GS 1000 S de coté

Rien à changer… Plus de trente ans après sa naissance, la GS 1000 S est toujours aussi belle !

En se glissant derrière, on découvre un tableau de bord noir très fonctionnel. Tout y est : jauge à essence, montre de bord, indicateur de température d’huile surplombant compteur et le compte-tours, eux-mêmes séparés par une colonne de voyants colorés (de bas en haut : point mort, pression d’huile, plein phare et indicateur de clignotants droit et gauche). Pour finir on y trouve aussi le contacteur à clef et… plus inhabituel, mais fort judicieux : la commande de starter.

Tableau de bord Suzuki GS 1000 S

Un tableau de bord pareil, c’est un coup à ne plus regarder la route !

Après avoir admiré le moelleux de la selle (véritable biplace, comme on en fait plus depuis fort longtemps, demandez donc aux passagères des motos d’aujourd’hui ce qu’elles en pensent !), laissons glisser notre regard vers la strate inférieure pour y découvrir le moteur, souligné par ses deux tromblons et encadré de sa paire de jantes en alliage. Elles aussi, superbes ! Entièrement en aluminium coulé, considérées à leur apparition parmi les plus élégantes, grâce à leur sobre dessin n’alourdissant aucunement la silhouette générale.

Et puis ce moteur… Tout simplement magistral ! Véritable cathédrale à l’aspect massif et regorgeant de détails à la beauté ciselée. Dès lors qu’on s’en approche un peu pour détailler sa culasse fouillée et les ailettes lui permettant de disperser la chaleur émise par ses chambres de combustion, on est impressionné par la finesse et la précision de la fonderie. De toute évidence, aucun détail n’a été négligé pour faire de la GS 1000S une moto magnifique.

Moteur Suzuki GS 1000 S

Alternant généreusement les surfaces en alu poli et les petites touches chromées de ci, de là, le moteur de la GS prend particulièrement bien la lumière. Ce qui le rend d’autant plus agréable à regarder !

En selle

La moto en impose, pourtant à son bord tout devient naturel. La position, d’emblée, semble excellente et les manœuvres à l’arrêt n’exigent pas une force herculéenne. Très vite, on se sent fort bien sur la gigantesque selle de la GS 1000 S…

Démarrage

C’est d’abord dans un raclement caverneux, accompagné de fugaces bruits métalliques, que le gros quatre pattes se fait entendre. Puis, très vite, la musique se transforme en un grondement rauque et régulier plutôt agréable à l’oreille…

En ville

Embrayage doux et progressif, boîte de vitesses précise et correctement étagée… Circuler en ville n’est pas une punition. Certes la Suzuki est imposante, mais assez maniable, grâce à une géométrie extrêmement pertinente. Par ailleurs, les jambes ne rôtissent pas à la chaleur du moteur, même dans les pires embouteillages...

Sur route

Sur route, Nationales, ou départementales, la GS1000S s’avère être un régal à conduire. La poussée est toujours vigoureuse et le moteur bien secondé par une boite efficace, précise et douce à la fois, lors de la rapide montée des rapports imposée pour passer des 50 aux 130 km/h autorisés en un minimum de temps. Aux vitesses prohibées, aucun louvoiement ne se produit lorsque la moto vient à rouler sur un défaut de l’asphalte, ou sur un raccord de bitume mal aplani entre les voies. La tenue de route reste impériale en toutes circonstances, elle tient parfaitement son cap, avale les courbes sans remuer du croupion et s’inscrit en trajectoire avec une facilité déconcertante… Et surtout la GS1000 S n’est pas avare en (bonnes) sensations. A son guidon, on se retrouve avec délectation à des années-lumière du plaisir de rouler sur les motos d’aujourd’hui, souvent pointues et pauvres en couple à bas et moyens régimes. Nul n’est besoin de rouler à des vitesses de fou furieux pour prendre du plaisir avec elle. Cependant, si on lui demande, la GS1000 S saura se rappeler qu’elle est née avec le statut de machine « grand tourisme sportif » et s’avèrera tout à fait apte à catapulter son pilote vers des allures à présent pratiquement punies du bûcher. C’est sur le réseau secondaire que la Suzuk’ GS1000 S s’avère la plus agréable à piloter tant elle est polyvalente. Son moteur, à la fois souple et élastique en bas, saura aussi exprimer tout son punch pour jouer agréablement sur les tracés sinueux et tailler la route pendant de longs périples sans soucis…

Sur autoroute

Carrément imperturbable sur autoroute, de quoi atteindre des allures grandement réprimées sans même s’en apercevoir. Le carénage parait bien étudié, la tête du pilote ne ballote pas, aucune vibration ne parasite et l’allonge du moteur permettant d’en remettre une louchée à la moindre sollicitation de la poignée de gaz. Il convient aussi de louer la bonne position de conduite, aucun risque de crampe ou de douleur aux cervicales…

Suzuki GS 1000 S sur autoroute

Malgré son empattement important, la maniabilité de la Suzuki GS 1000 S reste aisée et la mise sur l’angle est vraiment facile…

En duo

Quel confort ! Transporter quelqu’un, c’est l’assurance de lui assurer un voyage presque parfait. Selle longue, large, dépourvue d’arêtes saillantes, relevée à peine sur l’arrière. Et puis l’arceau de maintien reste très utile durant les vigoureuses accélérations ! Repose-pieds parfaitement ajustés épargnant tout travail des cuisses, cette moto est parfaite en duo… D’ailleurs, la GS 1000 S fait preuve d’un comportement encore meilleur dès lors que l’on est deux sur son dos…

Selle Suzuki GS 1000 S

Freinage

Le contexte n’étant plus même que voici trente ans, le freinage de la GS 1000 S paraît aujourd’hui bien faiblard. Certes, la Suzuki dispose de trois disques, mais entre son poids toutes taxes comprises et la technologie du début des années 80, arrêter net l’engin demande une ferme poigne de la main droite et un sens inné de l’anticipation dès qu’il convient de gérer l’urgence ! Toutefois, si les trappeurs seront déçus, l’utilisateur normal pourra quand même compter sur les galettes en usage quotidien.

Freins Suzuki GS 1000 S

Consommation

7,5 litres aux cents en utilisation mixte. Toujours sous la barre des neuf litres même en tirant dessus tel un refoulé du motoGP. Moins de 7 litres en circulant paisiblement. La Suzuki GS 1000 S sait se tenir… Et se retenir !

L’entretien

Le moteur de cette moto est considéré comme l’un des plus indestructibles qui soient. Ne pas trop s’inquiéter des bruits à froid, c’est normal (mais agaçant !). Vidange tous les 5000 kilomètres, plaquettes avant/arrière à changer tous les 10000. Proscrire l’Ethanol, essence Sans plomb 95 ou 98.

Pratique

Valises sur Suzuki GS 1000 S

Réservée aux grands voyageurs, les accessoiristes se sont penchés sur son cas, notamment Krauser qui proposait des sacoches rigides, aussi pratiques que… Moyennement jolies !

Production

Apparue en 1979, la Suzuki GS 1000 S ne restera que deux années au catalogue. Elle est issue de la GS 1000 livrée en 1978 et n’en diffère que par l’habillage, les carbus passés de 26 à 28 et la roue arrière de 17 en 18. Elle fut disponible en bleu/blanc et rouge/blanc. Deux modèles de GS 1000 S ont été proposés. Pour bien les différencier et réussir à identifier une moto strictement conforme à l’origine, il est bon de connaître les principales différences existant d’un millésime à l’autre. Le modèle GS1000S de 1979 est équipé de clignotants ronds chromés, de deux silencieux longs, de disques de frein à voile plein, d’un allumage classique à rupteurs et condensateurs. Sur le modèle 1980, La décoration est assez différente, les clignotants deviennent noirs et rectangulaires, le tableau de bord (pourtant si réussi !), laisse la place a celui de la version GS1000E, les deux silencieux sont très sensiblement raccourcis, les disques de frein sont ajourés, l’allumage est électronique, les commodos différents, les leviers coudés et noirs, les repose- pieds pilote sont toujours repliables, mais d’un modèle différent, les étriers de frein avant diffèrent légèrement et la puissance moteur à gagné quelques 4 chevaux. Curiosité : les Suzuki GS1000 S commercialisées en France sont les seules au monde à être exclusivement équipées de classiques rétroviseurs chromés à tiges, au lieu des rétros sport intégrés au carénage. Nous ignorons encore pourquoi. Les GS1000 S seront remplacées par les GSX plus modernes, au design plus « carré » dès l’année 1981.

Côté cote

En 1979 la GS1000 S était vendue 22343 francs (3500 €). Aujourd’hui, un bel exemplaire, en parfait état d’origine, complet, toujours bien entretenu et non restauré se négociera autour de 3000 €. Quant à une moto intégralement et parfaitement restaurée, elle trouvera facilement acquéreur pour… 6000 euros.

Wes Cooley (double champion AMA 79/80) en action. La GS 1000 S ressemble comme deux gouttes d'eau à la moto du champion américain, d'où son surnom de « Wes Cooley Replica »...

Wes Cooley (double champion AMA 79/80) en action. La GS 1000 S ressemble comme deux gouttes d’eau à la moto du champion américain, d’où son surnom de « Wes Cooley Replica »…

Réclame Superbike

En cas d’achat

Cette moto est devenue rare et ses pièces détachées quasiment introuvables. Un exemplaire délaissé et/ou incomplet aura beaucoup de mal à trouver preneur. Le pari mérite pourtant d’être tenté. La Suzuki GS 1000 S prendra forcément de la valeur et de nombreux clubs ou passionnés obstinés peuvent aider à la remise sur roues de cette superbe moto. Parmi les bonnes pistes : Sauveur Camilleri, indéfectible et grand amateur de Suzuki GS de la première heure. Restaurations belles et soignées. Sa bonne connaissance de la gamme Suz’ 4-temps lui permet de dépanner quelques collectionneurs en quête de pièces difficiles à trouver. Claude Millard (Suzukiste compulsif). BP 39 - 07170 Villeneuve de berg (Ardèche). AFC Moto. Pièces détachées des Suzuki des années 70/80. Suzuki la défense. Le plus ancien concessionnaire de la marque. Pierre et Nadia n’ignorent rien de la GS 1000 S.

Publicité et promesses

Conclusion

Quel dommage que Suzuki ait été le dernier arrivé dans la cour des quatre cylindres, à la fin des années 70 ! C’est d’ailleurs pour cette raison que la GS 1000 S ne sera au catalogue que deux petites années (trop peu de temps pour asseoir une réputation… et l’effet de surprise avait déjà été remporté par Kawa avec la 900 Z1 six ans plus tôt !). Aussi amère qu’elle fût, Suzuki devait admettre l’évidence et reconnaître avoir fait fausse route avec le développement du moteur rotatif. Comme le temps perdu ne se rattrape jamais… Passée injustement à côté de la plaque en son temps, cette moto efficace et pleine de charme mérite bien une seconde carrière !

Points forts

  • Prix très abordable
  • Moteur en béton
  • Très bel objet
  • Performances
  • Tenue de route

Points faibles

  • Pièces devenant rares
  • Freinage à l’ancienne
  • Positionnement flou
  • Mécanique bruyante à froid
  • Très peu de survivantes

La fiche technique de la Suzuki GS 1000 S

Coupe moteur Suzuki GS 1000 S

Commentaires

alain81

A l'époque, en 1980, fan de Kawa, j'ai acheté sa concurrente, la 1000 Kawasaki MK II, neuve. C'était l'aboutissement d'un rêve de gosse et j'en dormais pas la nuit avant de l'avoir !

Mais cette Suzuki me plaisait beaucoup et j'ai presque hésité !! Un ami à moi l'avait.

Aucun regret toutefois, la Kawa m'a laissé un souvenir impérissable !!!!

08-09-2016 15:56 
gilles bourret

bonjour , je possede une gs1000s de 1977 !! la seule pre serie de ce modele que j'ai achetée neuve en 1992 !! je possede cette moto depuis 1992 et roule avec depuis . je suis en train de la remetre en etat avec l'aide d'un concessionnaire auvergnat et de changer toutes les pièces défectueuses ! je pense avoir finis d'ici le printemps et redemarer ce bolide pour les beaux jours . je vous tiens au courant et si vous voulez des photos ce serat avec plaisir . elle ne corespond a aucunes autres gs 1000 s car certains elements sont différents de ce modele mais ma carte grise est bien une premiere main de 1977 mise en premiere circulation en 1992 !! chose assez rare je l'admet . aparament elle aurait été exposer dans le show room Suzuki au japon avant d'etre mise en vente chez un concessionnaire Français a Villejuif , lieu ou je l'ai acheté ! pour la petite histoire . au plaisir de vous faire partage

gilles

15-02-2017 19:50 
TIGA76

Dans le paragraphe ENTRETIEN, il est indiqué que le SP 95 et SP 98 sont déconseillés. En fait, non, les japonaises des années 70 acceptaient déjà le sans plomb pour le marché US donc aussi pour l'Europe. La GS750 est le premier modèle fin 1976 avec des jantes à rayons, et c'est parce que le moteur est incassable qu'il y a eu les années suivantes la GR850 puis la GS1000 sur la même base.

06-04-2017 23:17 
 

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