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Histoire de motarde

Mon premier Cirque de Navacelles

Vie de motard(e)s - témoignage... et APPEL DE PHARE...

Ca vous dit un petit détour par le Cirque de Navacelles ? Pas vite, hein, les vitesses seront certainement proches de Gayssot-approved, vous n'entendrez rien racler, vous ne verrez pas non plus le ciel à l'envers mais voilà, après le mimosa pour la beauté de la nature, ce sont ces courbes où la passagère que j'étais s'est dit : ya pas, il faut que je le passe !

Découvert à ma première balade moto lorsque je découvrais à la fois le plaisir de la balade moto et cette merveille de la nature : un cirque creusé sur 300 m de profondeur par la Vis où il ne reste qu'une espèce de pyramide au milieu avec un tout petit village tout au fond. Sur la Pan, je goûtais juste la balade et ne pensais pas être un jour au guidon. Puis l'envie s'est faite de plus en plus forte, regarder et entendre ces motards aux feux m'était devenu insoutenable. Y aller en VFR ou SP1 m'a fait voir la route autrement, regarder cette enfilade de virages, écouter le bruit des moteurs -et pots, pardon :))-. Alors, oui, les virages, je les ai vus tout autres et à l'arrière d'un SP1 magnifiquement piloté, c'est l'extase :)) En VFR, je me suis dit, un jour, je le ferai aussi, mais à mon guidon et la dernière fois, avec le SP1, je savais que j'aurais mon permis un mois après. Alors, voilà, j'ai mon permis en poche depuis 15 jours, l'ER5.

A l'époque - faut être bête quand même :)) - je notais sur un petit carnet tous mes kilométrages quotidiens, mes destinations. Je voulais attendre d'avoir un peu roulé pour pouvoir vraiment apprécier de le gravir, seule. C'était ma Cordillère des Andes, mon premier rêve à faire à moto.

Une grande 4 voies pour partir où je m'habituais petit à petit à la vitesse, à ces courbes, à ces vues sur les montagnes quand on arrive en haut et où on a l'impression de plonger dans le paysage avec ces montagnes bleutées derrière. Si je me rappelle bien, c'est ce jour-là qu'il y avait des travaux, les voitures sur une voie, une petite côte, oh, ce n'est pas grand chose mais pour une jeune permis, cela fait tout bizarre. Mais je suis fière, libre, heureuse d'être là, partie faire mon Cirque de Navacelles toute seule, voir comment je m'en sors et voir si le plaisir est vraiment décuplé à chaque sortie.

Le Col de St Pierre de la Fage découvert pour la première fois à mon guidon ! Je l'ai vu en vidéo, étais passagère plusieurs fois et là, c'est moi qui grimpe, qui reconnais cette enfilade, chacun des virages, je le passe en commentant. "Mouais, t'aurais pu faire mieux, bien, c'est bien celui-là et l'autre, ce sera comment ?", et ce bruit de moteur, j'aime passer les vitesses, je donne tout ce que je peux dans ces virages. Dans la montée, je m'arrête. Fatigue ? Emotion de passer là où avait commencé à se bâtir mon rêve ? Rigolade aussi car c'était bien différent du SP1 mais le bonheur éprouvé devait bien être le même !

Grande ligne droite, le paysage n'est plus génial mais c'est une telle impression de liberté, d'embrasser tout ce qui nous entoure que l'on se sent en harmonie parfaite avec cet engin rouge qui nous emmène. Ai-je croisé d'autres motards ? Je ne me rappelle pas, j'ai bien dû faire des signes. Prendre à gauche une route sinueuse qui change complètement, souvent des graviers, des petites haies, on est toujours sur un plateau et on arrive sur le parking. Poser la moto, essayer de calmer ce feu intérieur d'y être arrivée et aller sur le belvédère regarder, profiter de sa récompense, parler à des gens subjugués par le paysage aussi. Trop irréel comme balade ? Oui. Je suis allée m'acheter une carte postale, prouver que j'étais passée là et que j'avais réussi ! Elle a trôné dans mon entrée pendant des mois, mon rêve réalisé.

Et là, j'ai eu peur, je m'en souviens. La plus belle balade est de descendre au fond du cirque et remonter le versant en face. Peur que ce soit long, peur de ne pas y arriver, peur de ce premier virage à gauche souvent plein de graviers. Naan. T'as pas le droit de revenir avec la carte postale sans y être allée ! Alors, je suis retournée regarder, pas le paysage, mais les bouts de route que l'on pouvait voir en me disant "tout à l'heure, j'y passerai, regarde bien par où tu vas passer". Et me voilà partie, avec précaution dans ce virage à gauche, pas de graviers, et la descente, trouver le bon frein moteur, voir cette pyramide diminuer, et s'apercevoir que ça passe, on enroule, oh, à son niveau, mais on enroule, on descend et la montée s'annonce. Des camping cars à doubler sur ces petites routes, des virages, des épingles, des virages que je reconnais pour y être passée et cette envie de hurler que c'est moi, c'est ma moto, c'est moi qui l'emmène ou elle qui m'emmène là, dans ces courbes.

Un jour, je les prendrai plus vite, un jour, je saurai mieux faire mais mon bonheur de ce jour-là est à son comble.

Parking, il faut que je m'arrête. Ben oui, j'ai une photo où la prise de vue fait croire que je suis debout sur la selle de la Pan à regarder cette immensité à nos pieds. Là, non, pas de prise de vue truquée, c'est moi, c'est ma moto. Maintenant, je peux y retourner avec moins d'émotions mais ce jour-là, j'ai cru que j'allais éclater.
Redescendre sur Madières avec toujours des paysages magnifiques, des virages ou courbes où la moto passe, toujours à mon niveau, mais elle passe, elle en avale un, puis deux, puis on sent qu'on descend, qu'on descend et la fin se finit en épingles. J'étais fatiguée, c'est difficile les épingles, j'avais toujours les phrases du mono en tête et voilà, elles aussi sont passées.

Je l'avais monté et descendu ce cirque. J'avais mon permis, le droit de rouler, la possibilité de le faire, j'y étais arrivée et ma moto était la plus belle moto du monde !

Après, j'ai roulé, j'ai laissé la moto avaler le bitume par les grandes routes de Ganges, je savais que je venais de commencer des moments de plaisir intenses et que je pourrais aller là où j'avais décidé d'aller. Le bonheur ne se calculait pas en niveau, raclé, anglé mais juste le bonheur d'avoir roulé là, donné quand même le meilleur de soi-même et vivre ce moment où on se dit : "non, ce n'est plus du rêve".

V My Dreamy

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