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Histoire de la Turquie

De la grandeur ottomane à aujourd'hui

Un pays multiculturel

Soliman le MagnifiqueL'histoire de la Turquie a proprement parlé ne commence qu'en 1918. Avant cela, le pays était simplement une composante de l'Empire ottoman, qui a régné sur la région de 1299 à 1923, année où il a été officiellement démantelé. Avant cela, c'était l'Empire byzantin qui contrôlait la région.

Période pré-ottomane

Dès la Grèce antique, de nombreuses populations habitent dans la région d'Anatolie, en Asie mineure. Passant successivement sous le joug des Perses à celui d'Alexandre le Grand, les villes y sont prospères grâce au commerce. A sa mort, la région passe doucement sous domination romaine. La région dispose d'une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir. Après la division de l'Empire romain, l'Anatolie fait partie de l'Empire romain d'Orient (Empire byzantin). Jusqu'au 11ème siècle, la région reste relativement stable malgré les croisades et les attaques de l'Empire perse. Mais en 1071, les Turcs Seldjoukides s'emparent du territoire pour créer le sultanat de Roum. De nombreux émirats turcs sont fondés, mais tombent un à un sous le joug ottoman, jusqu'à ce que l'Anatolie soit totalement intégrée à l'Empire.

L'Empire ottoman

Il a été créé par une tribu opposée aux Seldjoukides. En 1299, Osman Ier conquiert Mocadène et initie ainsi l'Empire ottoman. Jusqu'à sa mort, il envahit de nombreuses villes. Au fil des décennies, Gallipoli, la Serbie, l'Afrique du Nord, les côtes de la mer Noire, la Grèce et l'Albanie sont conquis. Les régions sont divisées en royaumes dirigés par des pachas, qui sont priés de respecter les coutumes locales. Les habitants n'étant pas musulmans sont soumis à un impôt mais ne sont pas forcés de se convertir, bien que les populations les plus pauvres se soient converties pour échapper à cet impôt et à l'enlèvement de leurs enfants afin de rejoindre les troupes de janissaires.

L'héritage byzantin est exploité plutôt qu'effacé. Les Ottomans, au contraire, ont cultivé cet héritage pour devenir au Moyen-Age un empire cultivé, dont les grandes universités étaient admirées en Europe. Au 16ème siècle, Soliman le Magnifique tente d'envahir Vienne, sans succès : cela marque la limite d'expansion de l'empire en Europe. L'Azerbaïdjan, le Yémen et Tunis sont, eux, conquis entre 1533 et 1536. Le siècle est marqué par la volonté de l'Empire ottoman de s'agrandir au maximum, mais la résistance des Espagnols et des Vénitiens limite leur expansion au Maroc, à Chypre et aux iles de la mer Egée. En 1566, l'Empire s'étend sur 5 200 000 km².

Après la mort de Soliman le Magnifique, l'Empire peine à gagner ses nouvelles batailles. Bien qu'il ne perde pas en superficie, il n'en gagne pas non plus. C'est au 17ème que les premières révoltes populaires apparaissent. Les Séfévides, une dynastie iranienne, s'emparent de nombreux territoires ottomans. Parallèlement, l'Empire consent pour la première fois à traiter avec le Saint-Empire romain germanique d'égal à égal. A la fin du siècle, les vizirs gagnent en pouvoir et tentent de recadrer le pouvoir, mais ils se heurtent à de nombreuses complications, notamment avec Vienne et la Russie. L'Autriche récupère une partie des territoires danubiens, tandis que l'Algérie et l'Egypte s'émancipent peu à peu. Entre 1735 et 1739, une guerre éclate contre la Russie qui réclame les territoires du Caucase. Les Perses, eux, s'approprient la Géorgie et l'Arménie.

Le 19ème siècle n'est pas plus brillant. Les Ottomans tentent de moderniser l'empire et de retrouver sa grandeur, mais la Grèce obtient son indépendance avec le soutien des Européens, la Russie s'étend près des frontières, l'Egypte continue de s'éloigner d'Istanbul et, finalement, les Balkans se détachent à leur tour. En 1908, les Jeunes-Turcs, qui cherchent à redorer l'image de l'Empire ottoman, prennent le pouvoir et s'allient plus tard à l'Allemagne dans la guerre. C'est une défaite cuisante. Inquiets d'un possible soutien des chrétiens arméniens aux troupes russes, le pouvoir met en place une politique d'extermination qui tue entre 800 000 et 1 500 000 arméniens ottomans; un "génocide" toujours réfutée par le gouvernement d'aujourd'hui. A la fin de la guerre, vaincus, les Ottomans sont dépouillés d'une grande majorité de ses territoires : la Syrie, la Palestine, le Liban, le Yémen, la Mésopotamie...Lui sont laissés, après les accords de Sèvres, l'Anatolie centrale et septentrionale. C'est le début d'un sentiment national turc, en conflit avec la légitimité du sultan.

La guerre d'indépendance et la Turquie actuelle

Recep Tayyip Erdogan, en compagnie de Vladimir Poutin et Hassan RohaniDès 1919, un gouvernement d'opposition est élu. Il met en place des accords avec la Russie pour récupérer certains territoires, s'engage dans une guerre contre la Grèce et empêche la fondation d'un Kurdistan turc. En 1923, le traité de Lausanne est signé : il lève les sanctions imposées par le traité de Sèvre et autorise l'Etat turc à effectuer une "purification ethnique" qui se traduit par la déportation des chrétiens orthodoxes vers la Grèce et des musulmans grecs vers la Turquie.
Il faut attendre 1922 pour que le sultanat soit officiellement aboli et 1923 pour que la République de Turquie soit proclamée, avec l'élection de la tête de file du mouvement nationaliste Mustafa Kemal. Partisan d'une Turquie laïque, populiste et unie, il instaure l'école gratuite et obligatoire, impose l'utilisation de l'alphabet latin, Ankara est choisie comme nouvelle capitale. Pendant 20 ans, le Parti républicain du peuple est l'unique parti turc.

La Turquie reste cependant un pays hétérogène, avec des minorités nombreuses. Arméniens, Albanais, Grecs, Kurdes et personnes de confessions juives habitent partout dans le pays, alors que le gouvernement tente de créer un sentiment d'identité nationale homogène. En 1924, refusant d'obéir au gouvernement, les Kurdes se révoltent. Mustafa Kemal répond avec l'envoi de l'armée dans la région (qui se trouve à la frontière de l'Iran et de l'Irak). 46 personnes sont pendues, les derviches tourneurs, les sectes et les couvents sont interdits.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, la Turquie reste neutre. Mais la récupération d'un territoire bordant la Syrie, grâce à la France, la pousse à déclarer la guerre à Allemagne en 1945. Ayant rejoint tardivement la guerre, aucun dégât ou perte humaine n'est à déplorer. Mais cette participation offre la possibilité à la Turquie de participer à la création de l'ONU. Le pays s'éloigne de l'URSS et est soutenue par les Etats-Unis. Elle gagne le contrôle des détroits de la mer Noire. Les relations diplomatiques entre le pays et les Etats-Unis sont toujours maintenues aujourd'hui.

Après la mort de Mustafa Kemal, les partis opposants sont autorisés. Le Parti Démocrate gagne les élections de 1946. L’économie se libéralise grâce à l'aide américaine, tandis que le gouvernement assouplit les lois sur la laïcité. Cela mène à un renversement du pouvoir de la part de l'armée en 1960, qui prend le pouvoir pour un an et établit la liberté d'expression, de réunion et le droit de grève. Un second coup d'Etat est organisé onze ans plus tard, pour les mêmes raisons. Parallèlement, la guerre au Liban amène des milliers de Libanais à se réfugier en Turquie et les Kurdes s'organisent en milices en protestation du pouvoir en place. C'est le début d'une lutte nationaliste kurde toujours active aujourd'hui.

Depuis 2002, le parti islamique AKP est au pouvoir. Il revendique une démocratie musulmane, change la monnaie nationale pour des livres turques, fait baisser l'inflation de 53.3% à 8.2% et double le PIB du pays. En 2003, Recep Tayyip Erdoğan est nommé Premier Ministre. De nombreux conflits ont éclaté depuis, qui ont mené à la dégradation des relations diplomatiques avec l'Israël, le soutient aux troupes syriennes combattants les Kurdes syriens et un laisser-passer pour les rebelles combattants le régime de Bachar el-Assad. Le président profite du conflit syrien pour combattre parallèlement les forces kurdes, qu'il considère comme toute aussi dangereuse que l'Etat Islamique. Il est d'ailleurs accusé de complaisance avec ces derniers, qui combattent les Kurdes en Syrie. Les droits de la presse ont nettement reculé ces dernières années, avec l'emprisonnement de nombreux journalistes opposés au pouvoir. En 2016, une tentative de coup d'Etat est avortée, faisant 346 morts. Aujourd'hui, la Turquie reste un acteur majeur de la politique internationale, en conflit ouvert avec Israël, le régime de Bachar el-Assad et un rapprochement avec l'Iran de Hassan Rohani et la Russie de Vladimir Poutine.

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