Concours du plus beau menteur 2007 : Tom4
Un concours : 3 textes sélectionnés pour le trophée 2007 - Leçon de Supermot
Leçon de Supermot
Ca faisait un moment que ça me titillait le neurone. Vendre le
11R et le FZR pour racheter un supermot "arme de guerre" qui
me servirait sur piste et en balade. Avec le bébé, les balades
en duo sont annulées pour les 2 années à venir, le
temps que le bou'dchou soit suffisamment grande pour tenir seule dans
un side car. Donc en attendant, pourquoi ne pas en profiter. Bon, ça
caille un peu en RP, mais ce n'est pas grave. Pour les vacances de Noël
(c'est fou, je ne suis plus étudiant depuis 7 ans, et je parle
encore comme ça), on avait prévu de descendre chez mon frère
dans le sud où il fait chaud. Enfin chaud, disons plus que 15 degrés.
Et pas loin de chez lui, il y a une concession Katoche.
Pas le peine de vous faire un dessin.
1 semaine avant, j'appelle la concession pour être sur qu'ils sont
ouvert. Je tombe sur un gars super sympa, je lui explique que quitte à
acheter un supermot, je préfère l'essayer sur des routes
qui vont bien, et qui sont pas pleine de givre. No soucis, il me fixe
un essai pour le mercredi, et "vu la période, on vous la laissera
pour 2 heures". yihaaaa.
Je vous laisse imaginer que j'étais passablement excité
dans la voiture sur l'autoroute du sud. dans un carton dans le coffre,
casque, gants, bottes et blouson.
Mercredi, 13h55, je suis devant la concession (Piboulles Racing pour ceux
qui connaissent).
14h02, putain, mais il fait quoi ce vendeur, chui chaud moi.
14h03, broaaaappp broaaappppppppppp, 2 supermot arrivent pleine balle
et font un freinage, euh, viril, devant la concession, "désolé,
on était au resto à coté, il yavait du monde".
pas grave, pas grave, je rendrais la moto à 16h03, na.
Dans ma tête, je vois déjà l'avantage de ce retard,
le moteur de la 690 SMC est chaud :)
Le temps de remplir les papiers, de donner mon permis, les recommandations
d'usage et hop, il me file la clef.
Je grimpe sur la moto. Je parle bien de grimper, avec une selle à
90 cm du sol, si j'avais su, j'aurais piqué les pompes de Spice
Girl de ma petite cousine. Bon, avec un pied par terre, j'ai la selle
sous la cuisse, ça le fait quand même.
Note pour plus tard : préférer les feux avec un trottoir
pas loin.
Démarreur, broappp, c'est parti. La dernière expérience
que j'avais avec une moto de type trail, c'était mon DR350 et la
Multistrada. Le DR, c'était un tapis volant tout mou, le Multistrada
un tapis de fakir sans clou.
Là, on est entre les 2. Ce n'est pas foncièrement
inconfortable, mais j'irais pas faire 500 bornes.
Je prends la D13A, et hop, à moi les petites routes. Première
constatation, c'est un mono, mais ça wouatte.
2e constatation, la position incite à faire le con. Premier feu,
j'arrive et dans ma tête, une petite voix fait "vas-y m'sieur,
fait un stoppie". Eh Oh, on se calme, ce n'est pas ma moto,
donc on va attendre 2 secondes.
Vert, j'accélère comme avec le 400, light en 1er, et au
passage de la seconde, gazzzaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
putain ça lève. MAYDAY mayday mayday frein arrière
ouf, ça repose.
Bon, 2e note pour plus tard, ne pas ouvrir comme un gogol en seconde.
Je sors de la ville et j'attaque les petites routes dans le massif derrière.
C'est beau, c'est plein de verdure, c'est la liberté, on sent que
la moto est faite pour ça. Je cruise en mode enroulé rapide,
et la, wroooaaaaaaaaaaaaappppppppppppppppppppp, un 400 DRZ avec un pot
alakon me dépose dans un virage, un truc de malade. Histoire de
voir ce qu'a la moto dans le ventre, j'essaye de le suivre. Enfin, quand
je dis j'essaye, je sais pas si vous voyez l'image du JBT avec Lafouine
qui sort les rames pour suivre Bracame, c'est un peu ça.
Autant en ligne droite, je le ramarre sans soucis, forcément, j'ai
un peu plus de wouatt, mais dès que ya un enchaînement de
plus d'un virage, c'est bye bye. Il maîtrise le salopiaud, à
chaque fois, il freine assez tôt (je vois sa lampe de frein), puis
relâche tout, balance la moto, rouvre super tôt et sort en
légère glisse (routes de campagne, poussière, gravillons,
tout ça quoi). Derrière, je m'accroche, et je suis forcé
de constater que même pour un poireau comme moi, cette brêle
est une arme !! C'est léger, il suffit de regarder le virage pour
qu'elle y aille, ça freine du feu de dieu, c'est stable sur l'angle.
D'ailleurs, en parlant d'angle, c'est marrant, dès le 2e
virage à rythme accéléré, j'ai eu le réflexe
de sortir le pied. Bizarre. J'ai beau me dire que ça sert à
rien, je pouvais pas m'en empêcher.
Pendant quasi 20 minutes, on va tourner dans la foret Communales des Peyrolles
en Provence. Une succession de (courtes) ligne droite, de courbes, de
virages, de plaques de gravillons. J'ai l'impression que l'autre devant
s'amuse avec moi, il ralentit franchement de temps à autres, et
dès que je me rapproche, il ouvre, me colle un gros vent, et recommence
3 virages plus loin.
D'un seul coup, il plante un freinage d'outre tombe, et tourne à
droite sur une espèce de piste !!
Il y a eu du bitume il y a longtemps, mais ça doit faire longtemps
que la DDE a abandonné cette "route". A partir de là,
c'est mort, la seule fois où j'ai roulé en TT, c'était
avec le DR, sur un chemin, à 30 à l'heure, donc avec une
brêle qui n'est pas à moi, qui est quasi slick, je
vais pas faire long feux. Devant, il s'éclate, tous les virages
en crabe, freinage roue arrière bloquée. Petit à
petit, je me lâche doucement, je fais (très légèrement)
glissouiller l'arrière en sortie de virage, mais je suis pas hyper
à l'aise.
Et d'un seul coup, une vision de folie, un lac, bleu, qui apparaît
dans les collines (j'ai regardé sur une carte en rentrant, lac
du Bimont ça s'appelle), une vue de rêve. Je vois le DRz
posé contre un arbre, et son pilote à coté.
Je béquille la Katoche à coté, et il s'approche.
J'enlève le casque, je suis un peu en sueur quand même, il
fait de même , et, mais, je le connais ce type. Pas très
grand, je l'ai déjà vu quelque part. "Bonne brêle
la Katoche qu'il me dit, je l'avais essayé quand je roulais pour
la Sima avec mon frangin, on avait des Husky, mais on avait du mal avec
les autrichienne, elles envoyait bien".
Putain, je le crois pas, je vais me réveiller, je viens d'avoir
une leçon de pilotage par Stef Chambon, le petit prince du supermot!!!.
Après 3 minutes de discute, je suis parti faire le tour du lac
et rendre la moto, parce que l'heure tournait quand même. Bizarre,
avant de rencontrer ce genre de personne, on se dit, "si je le croise,
j'aurais plein de truc à lui dire, de questions à poser,
de conseils à demander, etc etc", pis là, quand on
se retrouve comme ça au milieu de nulle part, rien, nada. On a
parlé 3 minutes, moto bien sur, mais surtout nature, balade. Bon
évidement, avant de partir, il m'a filé 2/3 conseils, à
bidouiller 2 vis sur les suspattes de la brêle, et pis hop, "il
faut que j'aille rendre la moto, merci pour la balade", "ça
roule, ptetre à un de ces jours", et hop, il est remonté
sur le Drz et wroaap, disparu dans les bois, il a repris la piste.
Je suis rentré tout tranquillement, j'ai ramené la brêle
au concess, on a discuté un peu, et forcement, il m'a demandé
comment ça marchait. J'ai été honnête, je lui
ai dis que je m'étais fait pourrir. "ah, alors il t'a rattrapé?"
.Comment il est au courant lui, j'ai rien dit. "Le père Chambon
passe souvent nous dire bonjour, et quand il est passé tout à
l'heure, je lui ai dis que je venais de prêter un 690 à un
client, et que t'étais parti vers la forêt, on avait parié
un café qu'il arriverait à te rattraper, du coup, tu me
dois un café".
Arrrg, on peut vraiment pas leur faire confiance à ces motards.
Bon, je vous laisse, faut que j'appelle la banque, j'ai un papier d'achat
de moto à signer
tom4
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