english

L'impact des 80 km/h sur la mortalité routière

Un "pré-bilan" positif présenté par le gouvernement sur sa mesure

L'impact des 80 km/h sur la mortalité routièreEdouard Philippe a présenté le bilan provisoire de l'accidentalité routière pour l'ensemble de l'année 2018 en faisant état d'un nouveau record en la matière avec 3.259 décès sur les routes, soit 9 de moins que lors du record absolu de 2013.

Il fallait s'y attendre, le Premier Ministre a mis en avant l'aspect bénéfique de l'abaissement des limitations de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire pour expliquer cette amélioration de la sécurité routière en 2018.

Des valeurs qui ne sortent pas du chapeau puisque celles-ci sont issues du pré-bilan réalisé par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement la mobilité et l'aménagement (CEREMA) sous la direction de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR).

Selon les observations du Cerema, sur les 189 décès enregistrés en moins par rapport à 2017, 168 ont été constatés sur le réseau secondaire, dont 116 au cours du second semestre 2018, soit après l'abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h. La mortalité sur ces réseaux a cependant repris en novembre et décembre alors que les dégradations se sont multipliées sur les radars. L'ONISR estime ici que 60 décès supplémentaires auraient pu être évités sans ces dégradations.

Autres enseignements du pré-bilan du Cerema, il a été constaté que les vitesses moyennes pratiquées par les véhicules légers et les poids lourds ont respectivement reculé de 3,9 km/h et 1,8 km/h. Enfin, les distances entre les poids lourds et véhicules légers, point d'interrogation de nombreux usagers, n'ont pas changé, aucun "effet de peloton" n'ayant été constaté lors des observations.

Des résultats à nuancer

Si l'on ne peut que se féliciter de voir le nombre de tués sur les routes reculer de la sorte en 2018, les diverses associations de défenses des usagers de la route ne sont pas aussi catégoriques que le gouvernement quant à l'importance des 80 km/h sur le recul de la mortalité. C'est notamment le cas de la Fédération Française des Motards en Colère :

Attribuer cette baisse à la nouvelle limitation à 80 km/h sur le réseau secondaire, c'est aller vite en besogne, sachant que les accidents sont avant tout multifactoriels et que de toute façon, la mortalité routière est en baisse dans l'Union européenne depuis plus de 40 ans quand on l'observe sur des périodes longues. [...]

La Fédération française des motards en colère rappelle que ces chiffres seraient encore meilleurs si le gouvernement voulait bien prendre en compte ses remarques et ses propositions en matière d'éducation routière, notamment pour améliorer la prise en compte des 2RM. Ceux-ci sont toujours majoritairement accidentés du fait d'autres usagers inattentifs et insuffisamment formés à une bonne coexistence avec les 2RM. La satisfaction d'Edouard Philippe défendant son 80 km/h masque également ces accidents qui sont causés ou aggravés par des aberrations d'infrastructures routières (glissières, bordures, séparateurs de voies...) et le mauvais état des routes.

Si elle soutient pleinement la mesure des 80 km/h, l'association Prévention Routière met elle aussi en avant l'importance de toutes les mesures prises en matière de sécurité routière ces dernières années et pas uniquement celle de la réduction de la limitation de vitesse :

Ce bilan 2018 prouve que les mesures prises par les CISR depuis 2015 ont permis d’inverser la tendance à la hausse que déplorait l’association. La baisse obtenue est la conjonction de plusieurs facteurs tels que la fin de l’impunité des infractions routières pour les salariés, le déploiement de la vidéo verbalisation pour certains comportements dangereux, le renforcement des sanctions pour l’usage du téléphone au volant…

Plus d'infos sur les statistiques de mortalité sur la route

Commentaires

Bee Loo

Apparemment la baisse à surtout eu lieu au 1er trimestre, avant cette débilité de 80 km/h ...

31-01-2019 12:16 
 

Connectez-vous pour réagirOu inscrivez-vous