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La balade d'Après, maintenant

Maintenant qu'on est Après, comment faire ?

Les balades non plus ne seront pas comme Avant. Avant, j'allais bien trouver un hôtel et un resto. Mais maintenant ? Maintenant qu'on est Après, comment faire ?

La balade d'Après, maintenant (c) photo : Negative Space
La balade d'Après, maintenant (c) photo : Negative Space

J'ai un sac qui rentre pile dans le top-case. Je sais quoi y mettre pour trois jours de vadrouille, direction perpète. Je regarde la carte, le vendredi soir, je pose un index dessus et je me dis : je vais aller voir ce qu'il y a là. Sur place, je trouverai bien un hôtel, un resto, une épicerie, une station-service.

Raté. Les stations-service ne dureront guère plus longtemps que les hôtels et les restaurants ; les pétroliers s'entassent dans des baies mais c'est un calcul à court terme ; on ne chamboule pas le modèle économique d'un secteur complet en trois mois ; ce n'est pas dans l'urgence qu'on établit et applique un plan d'urgence ; je m'attendais à une chute, mais pas comme ça, bien sûr.

Je ne peux plus faire confiance à ce que me raconte Google : les informations vont trop vite. Il va falloir réécrire tous les guides touristiques au gré des fermetures et des faillites, mais qui va les acheter ?

(métier d'avenir : imprimer des affiches avec de jolies couleurs pour cacher le vide des boutiques désertées, les vitrines des restos vides et les fenêtres obscures des hôtels abandonnés)

C'est que la France n'est pas un pays civilisé comme la Mauritanie, le Népal ou la Sierra Leone : il y a des lois contre ceux qui dorment où ils peuvent. Chez nous, il y a des types qui ont des droits et moi le devoir de déguerpir. Surtout en ce moment où le voyageur apporte la peste, la famine et la guerre.

Sur la carte, je cherche le barycentre entre trois villages, les bosquets où je pourrais tendre mon hamac après avoir camouflé la moto. Est-ce prudent ? Sans doute pas. Ce n'est qu'en rêve que je sors victorieux d'une plaidoirie champêtre avec les bleus.

Je m'imagine en territoire hostile, à éviter le plus possible les agglomérations tout en conservant une moyenne horaire correcte. Comme une partie de cache-cache, mais à l'échelle du pays.

Sortir sur une journée, c'est bien sûr faisable. Cent kilomètres de rayon, c'est aussi un territoire énorme, même à moto. Mais sur trois jours ?

C'est là que se manifeste l'absolue supériorité du papier sur l'électronique. Je sors ma carte routière, un compas, mets la pointe bien sur la maison et je trace. Sous les yeux, j'ai mon territoire légalement autorisé (enfin pour l'instant ; ça peut changer après-demain).

Dans ce cercle, je trace un triangle isocèle imaginaire, sommet vers le nord ; je repère trois villes : elles seront mes points d'attache. Depuis chacune d'entre elles, je vais explorer le bord opposé du cercle.

Mouais.

Non, en fait, ça me gave.

J'ai envie de rouler comme avant : jeter mon sac "trois jours" dans le top-case et filer à peu près là où j'ai envie en m'autorisant à changer d'idée en cours de chemin si je tombe sur une route qui a l'air accueillante. Repasser par des itinéraires qui m'ont plu. En éviter d'autres que je sais monotones. Me perdre en cherchant ce petit enchaînement de virages : "mais si ! je suis sûr que c'était dans ce coin-là".

Je n'aime pas l'idée du coupon de rationnement kilométrique. Je soupçonne pourtant qu'il ne restera pas longtemps en vigueur : les hurlements d'agonie financière en provenance du littoral français, de Menton à Dunkerque, seront probablement entendus à Bercy.

En attendant ce jour, je vais ajouter à mon sac "trois jours" une bâche toilée de deux mètres sur trois, roulée et sanglée au top-case, au cas où je voudrais jongler avec l'idée d'une nuit à la belle étoile faute d'avoir pu trouver un hôtel ouvert dans le coin. J'ai lu tous les guides de survie de Sylvain Tesson, donc ça devrait aller.

Plus rien ne sera comme avant, mais on va être un paquet à vouloir que cela ne fût pas le cas. Rapport entre autres aux bestioles affamées qui viendront dormir avec moi si je ne trouve pas de chambre le soir venu.

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Attention Kronik ! 100% mauvaise foi ! Ceci n'est pas un article ni une brève (voir historique si nécessaire). L'abus de kronik peut être dangereux pour la santé de certains. Ne pas abuser.

Commentaires

Le Modérateur

Tout n'est pas encore rentré dans l'ordre !

26-05-2020 13:37 
fift

Réjouis toi KPOK ! Tu vas participer à la sauvegarde du moustique !

27-05-2020 17:24 
cajo

Citation
le taulier ;)
Tout n'est pas encore rentré dans l'ordre !
??????? dingue
[attachment 33696 retourlanormale.jpg]

28-05-2020 11:23 
AS

Oui le manque de resto est pesant, l'ambiance, les rencontres avec des gens passionné pour leur boulot….mais on a aussi redécouvert les joies du pique nique (pas en statique et préparé par des restaurateurs…) et plein de belles petites routes que j'avais oublié dans le fameux rayon des 100bornes..d'ailleurs on fait la dernière petite sortie demain avec ce critère….Mais il n'y pas eu que du négatif pour moi.

La profession hôtelière et restauration souffre, il faut les aider, j'ai envoyé pas mal de mails de soutien aux endroits où on avait mangé et logé ces 4 dernières année lors de nos virées motos, tous m'ont répondu et heureux qu'on pense à eux. Les arrhes des sorties de Mai je leurs ai laissé et on va y retourner en Juillet….La France sans les petits établissements de la campagne(hôtel Resto) ne sera plus la même si ils disparaissent. Et les copains n'oubliez pas les petits pourboire quand vous y aller.
De la solidarité!!!!Et n'oubliez pas les gestes barrières, battons nous pour éradiquer cette merde de COVID

30-05-2020 21:44 
 

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