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Essai Pirelli Diablo Rosso II : Du sport que diable ! ! ! !

Le successeur du diablo Rosso entre dans l'ère du bi-gomme

Les jours du diablo Rosso sont comptés. Après 3 années d’existence, il va passer progressivement la main à son remplaçant le diablo Rosso II. Le temps de régler quelques formalités, du genre des homologations en première monte, et la page sera tournée pour ce tenant de la gamme hypersport. Désormais le Rosso II entre à pas feutrés dans l’ère du Bi-Gomme.

Pirelli Diablo Rosso II sur piste

L’arrivée d’un nouveau pneu hypersport est toujours un événement car il est à la fois porteur d’image et révélateur de la technologie d’un constructeur. L’évolution des pneumatiques fait partie intégrante de l’histoire de la moto car c’est elle qui a induit des mutations profondes. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les motos de GP des années 80 avant et après l’arrivée des pneus radiaux. Ce sont eux qui ont imposé aux constructeurs l’emploi de cadre « delta-box » et de bras oscillants caissonnés pour faire face aux nouvelles contraintes engendrées par le surcroît d’adhérence qu’apportait cette technologie. Aujourd’hui, les transferts de la piste à la route sont encore d’actualité et c’est dans cette tendance que Pirelli, fournisseur officiel du mondial SBK, introduit un composé bi-gomme dans son pneu arrière pour le Diablo Rosso II.

Dessins des pneus Pirelli Diablo Rosso II

Mais il a aussi effectué un gros travail pour équiper une moto d’un nouveau genre : la Diavel. Voyons tout cela d’un peu plus près...

Plus de gomme au sol grâce au FGD 

FGD : fonctional Groove Design / conception fonctionnelle des sculptures

Commençons par l’avant ! C’est important car ça conditionne énormément la confiance du pilote. Pour améliorer le Rosso, Pirelli a adopté un nouveau mélange de gomme, diminué la surface des sculptures et modifié très légèrement leurs dessins. Ainsi, la surface du Rosso II ne présente que 10,5% de sculptures contre 12,4 sur le Rosso. Leur nouveau positionnement permet cependant un meilleur drainage, ce qui améliore la stabilité sur le mouillé et augmente la durée de vie du pneu qui s’use désormais plus régulièrement.

Schèma pneu avant Pirelli Diablo Rosso II

Même combat à l’arrière dont le taux d’entaillement passe de 9 à 8% , un taux inférieur à l’avant car il profite justement du drainage assuré par la roue AV. On remarque aussi l’adoption d’épaules parfaitement lisses qui assurent un meilleur grip sur les très fortes prises d’angle que l’on n’atteint pas sur route mouillée par définition.

Schèma pneu arrière Pirelli Diablo Rosso II

Au total la diminution du taux d’entaillement a permis une augmentation de 5% de la surface de contact au sol, ce qui améliore l’usure et le comportement. Mais ils ont aussi travaillé sur le profil du pneu pour améliorer sa surface de contact au sol (+ 2%). Nos amis italiens qui aiment beaucoup les petits noms anglais ont appelé cette nouveauté du doux sobriquet « EPT » pour (enhanced patch technology, surface de contact renforcée).

En outre, la surface évolue en fonction de la prise d’angle. Elle augmente pour les faibles inclinaisons, passant de la référence 100% moto verticale, à 112 % puis 117% sur les prises d’angles plus fortes (40 /45°). Ceci permet de passer la puissance au sol à l’accélération en sortie de virage par exemple. Pour prévenir les plus hardis qui s’aventureront au delà que la limite approche, la surface diminue à nouveau pour revenir à 100% sur l’angle maxi.

EPT sur Pirelli Diablo Rosso II

Bi-C : Bi-Coumpond technologiy : un Bi-gomme arrière !

Ici aussi, comme à l’avant, la gomme a changée. Mais la grande nouveauté, c’est l’adoption d’un procédé bi-gomme mais à l’arrière seulement. Une technologie déjà employée par la firme sur le Rosso Corsa.

Au centre une gomme polymère fortement chargée en silice pour un meilleur comportement sur sol mouillé et une meilleure tenue à l’usure. Cette nouvelle gomme à forte densité  (ECC extrem cohesion compound ) est plus stable dans le temps et offre une meilleure résistance à l’abrasion que celle utilisée sur le Rosso. Sur les épaules extrêmes du RossoII, un composé plus tendre chargé en résines et en noir de carbone pour assurer du grip sur sol sec.

Vue du pneu en coupe 3D Pirelli Diablo Rosso II

Une évolution importante donc qui re-positionne le Rosso II à la fois en matière de longévité, de comportement sur le mouillé et d’aptitudes sportives, ce que résume le petit tableau comparatif avec son frère de sang le diablo Rosso corsa :

Tableau comparatif des pneus Pirelli Diablo Rosso

La Diavel roule en Diablo (rosso II)!

Ducati Diavel

Machine d’un nouveau genre entre dragster et sportive, la Diavel est à la croisée des chemins. Tiraillés par les designers qui voulaient un énorme pneu AR ( 240 mm !) et les ingénieurs qui voulaient un comportement sportifs, les techniciens de chez Pirelli ont développé un Diablo Rosso II spécifiquement pour elle. Il a fallut énormément travailler sur le profil pour concilier look et vivacité. C’est ce que parvient à faire le 240/45 ZR 17 aux formes directement inspirées du SKB plus arrondies que les concurrents en 240/40 ZR 18.

Pneus Diablo Rosso II sur Ducati Diavel

A confirmer prochainement par un essai grandeur nature !

En piste !

Pirelli Diablo Rosso II sur piste

Selon Pirelli, ce pneu est un « sport route » qui se place dans la gamme entre le touring Angel ST et Diablo rosso corsa qui est un « route piste ». Les plus affûtés ont encore en réserve les diablo super corsa SC et SP pour un usage exclusivement piste.

C’est sur le superbe tracé de Magny-cours que nous avons pu juger des aptitudes de ce bel italien au sang chaud. Par une matinée un peu nuageuse, mais sur une piste sèche, nous nous sommes lancés à l’assaut du bitume avec le gratin des sportives. Un vaste échantillonnage de moto parmi lesquelles nous avons pu tester : une Aprilia RSV4 APRC en 100 ch, une Ducati 848 evo, une yamaha R6, une 1000 CBR repsol en full et une brochette de S 1000 RR BMW en full elles aussi.

Pirelli Diablo Rosso II sur piste

Très complet, le circuit Nivernais comporte virages rapides, chicane, pif-paf, virages serrés, longue ligne droite et freinages très appuyés. Il offre en outre un relief intéressant. L’idéal pour tester un peu sportif sous tous ses angles si l’on peut dire. Et force est de reconnaître que diable rouge ne nous a pas déçu.

La parfaite cohésion de ses profils avant / arrière ne laisse aucun temps mort ni aucune hésitation en entrée de courbe. Bien qu’il ne soit pas bi-gomme, le pneu avant met son pilote en grande confiance. Stable, il permet de se jeter sans arrière pensée dans la grande courbe après la ligne droite des stands en visant avec précision les points de corde successifs.

L’entrée à haute vitesse dans la courbe d’Estoril qui suit se fait elle aussi avec une grande sérénité, alors que l’on accélère longuement ensuite jusqu’à la sortie pour ensuite passer sans même sans rendre compte le virage de Golf. L’arrivée au freinage d’Adélaïde est plus ou moins rapide, selon que la moto est bridée ou non.

Pirelli Diablo Rosso II sur piste

Référence en matière de moto puissante s’il en fut, la BMW ne semble pas faire souffrir outrageusement le Diablo Rosso II dès lors que l’on débraye les assistances. Si en mode sport, elles interviennent à outrance, au delà, on ne les sent plus et ni le pilote ni le pneu n’ont à s’en plaindre. Sur la 1000 CBR, c’est le même bonheur, la puissance passe au sol, sans problème. A ce petit jeu, l’Italien semble avoir les épaules plus solides que son cousin de chez Metzeler que nous étions parvenus à faire décrocher (en M5 avec une 600 GSXR et en K3 avec une 1000).

Le violent freinage d’Adélaïde ne met nullement en défaut la stabilité impériale des pneus et là encore on se sent parfaitement à l’aise au moment de jeter la moto dans le lent virage à 180°. Le dénivelé qui suit immédiatement la courbe ne perturbe pas outrageusement la stabilité et on accélère avec force pour entamer la descente vers la chicane du Nürburgring qui précède un 180° pas facile à négocier, où là encore le bon grip de l’avant rassure malgré la prise d’angle importante.

Sans vous faire tous les virages du circuit, nous mentionnerons tout de même l’excellent comportement du pneu au freinage très appuyé du lycée qui commence sur l’angle et la facilité de balancement dans la délicate chicane qui précède la ligne droite. Sans doute de vrais pilotes mettront-ils ce pneu « sport-road » en défaut, mais à notre humble niveau, ce ne fut pas le cas, même le soir, quand loin des photographes nous avons eu quelques sessions de bonus entre parfaits gentlemen… le couteau entre les dents. Plus affûtés que le matin, profitant d’un grand soleil et avec l’envie d’en découdre avec les confrères, nous n’avons pas trouvé de reproche à faire au Diablo Rosso II, malgré toute la mauvaise fois qui peut caractériser les pseudo-pilotes en la circonstance. Pas un d’entre nous qui s’est fait déboîter tour à tour n’aura osé mettre ça sur le dos du pneu. Un signe qui ne trompe pas !

Perso !

Ultime détail, les amateurs qui aiment flatter leur ego pourront moyennant quelques euros s’offrir des stickers à leur nom sur le net pour le coller sur le flanc du pneu dans une empreinte prévue à cet effet. Il paraît que ça fait sourire une partie de la clientèle. Nous on n’a rien contre… n’est pas David ? Il faut bien que les grands enfants s’amusent, c’est même le secret de la jeunesse éternelle. C’est mieux que de vendre son âme au diable non ?

Pneu Pirelli Rosso Corsa personnalisé avec le nom

Points forts

  • très bon niveau de grip sur piste sèche.
  • stabilité au freinage.
  • précision des trajectoires
  • pneu arrière bi-gommes
  • polyvalence

Points faibles

  • pneu avant monogomme (usure sans doute plus rapide qu'un bi-gommes)
  • performances sur sol mouillé à confirmer (non évaluées)
  • endurance à confirmer (non évaluée)

Tableau des dimensions :

  • Tarifs : 120/180 X 17 :  249€ TTC ( vu à 215 € en promotion),
  • Diavel : 315€ TTC (vu à 260 € en promotion)

 

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