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Compétition moto amateur : rencontre avec quatre engagés des WERC

Pourquoi ? Combien ? Comment ? Avec qui ?

Ces motards comme toi et moi sont venus à la piste pour assouvir leur passion

Tout le monde vous a dit que les WERC, c'était les Week-End Racing Cup ? Ils ont tort ! WERC, ça veut dire Week-End Racing avec les Copains. La grille de départ est composée majoritairement de motards -et de motardes- qui ont décidé d'arrêter de prendre la route pour un circuit et de venir tâter du chrono entre potes. Et pas n'importe quels chronos, car certains sont identiques voire meilleurs que ceux du Promosport ! C'est donc aussi une vraie compétition, avec ses exigences et dans toutes les cylindrées. Car les WERC, c'est aussi le Pro Twin et les Monos et pas uniquement les Hyper sport 600 et 1000 et les roadsters comme on en a l'habitude pour la majorité des compétitions.

Car une compétition, c'est aussi une implication financière. Ce n'est pas l'engagement qui coûte, c'est la saison : 10.000 à 15.000 euros pour la saison, sans même parler de l'achat de la moto. Ils font ça pour le plaisir, comme un loisir, mais pas obligatoirement de riche, avec un vrai défi à la clef. Dans le paddock, l'ambiance est bon enfant, conviviale voire familiale. Mais sur la grille de départ, au baissé de drapeau, ils ne se font plus de cadeau.

Lola, la GSR la plus rapide de la Cup

Il y a deux ans et demi, sur le circuit de Croix-en-Ternois, Lola se prend un gros volume au guidon de sa GSXR 1000 de route. Sérieusement blessée à la cheville gauche, elle n'a plus assez de mobilité pour jouer du sélecteur. Fin de partie ? Pas du tout. Aujourd'hui, Lola est engagée en Women's Cup après avoir posé sur sa GSR un appareil pour passer les vitesses au guidon.

"Nous sommes nombreux dans ce cas : la plus belle chose, pour un handicapé, c'est de pouvoir remonter à moto après un accident. J'y retourne par passion", explique-t-elle. "C'est ma première année de compétition, mais je ne vais disputer que deux épreuves, faute de moyens. Ce n'est pas facile de trouver des sponsors."

Lola Bougès, GSR #55, Women's Cup
Lola Bougès, GSR #55, Women's Cup

"Mon moto-club, l'X-Trem Racing, m'a permis de re-rouler après mon accident. Ses membres m'ont encouragé, m'ont appris à aller vite. C'est très important d'être soutenu", souligne Lola, assistante commerciale réseau dans une banque.

Et son GSX-R 1000 ? "Il a été réparé avant moi. C'est un bonheur de rouler avec sur route : un mille, c'est coupleux et confortable. Mais sur la piste, toucher les limites d'un 600 c'est déjà pas mal", reconnaît-elle. "J'ai beau avoir la moto la plus petite du plateau, je pense qu'il y a quelque chose à tenter : j'aimerais être dans le top 10".

Une formule réservée aux femmes, n'est-ce pas de la condescendance ? Lola tempère : "avoir une coupe séparée est quand même une bonne chose. C'est plus rassurant de commencer entre filles. En piste, même en pleine bagarre, ça reste moins brutal qu'avec des hommes. Je vois la Women's Cup comme un tremplin, une sorte de répétition avant de se lancer dans une autre catégorie".

Sébastien vise le podium en catégorie Roadster

Le conjoint de Lola, lui, roule en Roadster Cup sur une GSR 750 2013. Il n'en est pas à son premier essai en compétition : il a déjà fait deux saisons en Promosport Découverte et a participé en 2016 et 2017 à la X-Roadster, qui se dispute à la fois sur bitume et sur terre damée. Cette année, il aimerait se classer suffisamment haut au classement de la Roadster Cup pour qu'il soit parmi les pilotes sélectionnés par les WERC pour participer au Bol d'Or et aux 24 Heures sur la moto du Team Motor Events. Parce que oui, les WERC sont aussi une passerelle vers l'endurance et les épreuves phares du calendrier français.

Pourquoi courir sur une GSR ? "Je préfère la position de conduite et l'ambiance parmi les concurrents est plus détendue. Je regrette cependant de ne pas avoir le dernier modèle, qui dispose du Traction Control et d'un moteur plus rempli à mi-régime. Je dispute les cinq courses au programme après une année 2018 où j'ai découvert les circuits et la moto, en plus d'avoir rencontré des soucis."

Sébastien Picot, aspirant-podium, GSR 750 #5, Roadster Cup
Sébastien Picot, aspirant-podium, GSR 750 #5, Roadster Cup

Pour pouvoir rouler, Sébastien a négocié dès l'embauche avec sa société. Il est technicien intervenant pour Remi Machines Outils, qui vend des appareils d'usinage des métaux. Il sait gré à son employeur non seulement de lui laisser le temps de venir courir, mais aussi de le soutenir financièrement, ce qui n'est pas loin de la situation idéale pour un particulier.

"Je me suis réinscrit cette année en Roadster Cup avec pour objectif de finir dans les trois premiers. Honnêtement, nous sommes trois à rouler au-dessus du lot dans la catégorie", explique-t-il. Il s'est aussi engagé au Bol d'Argent sur sa GSR avec son co-équipier Christopher Thion.

Marc, le chirurgien de la Twin Cup

Depuis 2004, Marc est un fidèle des formules de type Roadster Cup. Sa MT07 coursifiée le suit depuis trois ans. "J'ai toujours fait du deux roues et beaucoup trop de sorties moto sur route en roulant beaucoup trop vite. Or, il y a une quinzaine d'années, j'ai fait un stage de pilotage sur circuit. Puis un autre. Je me débrouillais bien, donc j'ai franchi le pas pour faire des courses en amateur."

Pourquoi les WERC ? "J'y trouve le plaisir de faire de la moto à un niveau très correct et dans une ambiance conviviale. C'est un sacré shoot d'adrénaline", constate ce chirurgien de Clermont-Ferrand. "Il y a le plaisir du pilotage, mais aussi le plaisir de la bricole, avec cette formule où il faut optimiser la moto sans taper dans le moteur", poursuit-il alors qu'il vient de changer le guidon de sa Yamaha pour un modèle droit qu'il va essayer dans la séance d'essais libres du vendredi après-midi.

Marc Filaire, chirurgien la semaine et limeur de sliders le week-end, MT07 # 40, Twin Cup
Marc Filaire, chirurgien la semaine et limeur de sliders le week-end, MT07 # 40, Twin Cup

"Cinq week-ends de course, c'est bien. Il faut que le budget reste raisonnable, en utilisant des motos du commerce, à petit prix et qui sont faciles à améliorer." Avant la MT, il avait une SV dont un de ses amis a hérité : "nous sommes cinq copains qui roulons tous en Twin Cup".

Il remarque les horizons très divers des coureurs, qui viennent de milieux sociaux différents et qui ont des objectifs tout aussi disparates. "Notre but, c'est d'être sur la piste et de s'amuser", déclare-t-il. Malgré cela, l'esprit de compétition n'est pas très loin : "je voulais faire un podium cette année, mais je suis mal parti. Donc si je suis dans le top 5 ça sera bien. Mais il y a trois ans, j'ai fini 2e au championnat", relève-t-il avec une pointe de fierté.

Patrick, passé du rouge à l'orange

Patrick a intégré le Challenge Protwin en 2014. Il a roulé deux ans sur une Ducati 1198, puis deux années de plus sur une 1199R avant de passer chez KTM, une formule qu'il juge bien plus confortable pour un pilote amateur. "Par exemple, je suis tombé à Magny-Cours le mois dernier et j'ai plié le guidon. Or, KTM a des pièces de rechange sur place, donc j'ai pu réparer. Quand je roulais sur mes propres Ducati, si j'avais un pépin pendant les séances libres, mon week-end tombait à l'eau. D'autant que j'ai eu pas mal de soucis mécaniques avec ces deux machines", souligne-t-il.

"Pour moi, c'est vraiment du loisir. Je n'ai aucune prétention au classement, je m'amuse avec des potes et notamment avec Alexis Comptier. On est dans les mêmes chronos tous les deux, donc on se fait notre propre course dans la course. Dès que j'enfile le casque, j'ai la tête qui se vide, ça fait beaucoup de bien", explique ce patron d'un agent Renault de Villefranche-sur-Saône.

Patrick Thomasset, dans le top 2 du milieu de grille, Superduke #44, Challenge Protwin
Patrick Thomasset, dans le top 2 du milieu de grille, Superduke #44, Challenge Protwin

"KTM propose une très bonne formule : nous sommes associés à un concessionnaire, dans mon cas Assistance Verte à Saint Etienne. La moto reste sous garantie alors qu'elle fait de la piste, ce qui est un énorme avantage. Si j'ai besoin de remplacer une pièce, elle m'est facturée plus tard par mon concessionnaire, alors qu'elle est changée sur le circuit par un des deux mécaniciens prêtés par KTM", détaille Patrick avec une évidente satisfaction.

Il apprécie aussi de ne pas avoir eu à faire beaucoup de modifications sur la moto pour bien rouler : "vu mon gabarit, on a dû revoir les suspensions. En tout, cela m'a coûté entre 4.000 et 5.000 euros. Mais le Protwin n'est pas une formule pour débutants. Il vaut mieux commencer par exemple sur une 790 en Roadster Cup", relève Patrick.

La saison des WERC se termine le week-end prochain, alors si vous voulez aller les voir et les soutenir, direction le Circuit du Val de Vienne (Le Vigeant).

Plus d'infos sur le WERC

Commentaires

Bee Loo

"le top 2 du milieu de grille", ça fait à peu près environ en gros quoi comme place LOL ?

27-08-2019 12:11 
KPOK

Imaginons qu'ils soient 30 sur la grille. Milieu de grille, ça fait la 15e place.

Soit il est en 1ere position du milieu de grille (15e au général) soit 2e du milieu de grille (16e).

Donc il fait podium à chaque course : mieux que Rossi.

27-08-2019 12:28 
 

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