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Comment survivre à un guidonnage

Une expérience traumatisante qui peut avoir des conséquences dramatiques

Mieux comprendre et analyser pour faire face... si possible

Conseils : survivre à un guidonnage
Conseils : survivre à un guidonnage
Attention, là on rentre dans du brutal ! Le guidonnage est probablement l'une des expériences de conduite parmi les plus traumatisantes qui peut survenir à un motard. Concrètement, le guidonnage est une oscillation soudaine et violente du train avant.

Pour que les termes soient clair, il n'a rien à voir ni avec un louvoiement (une sorte d'oscillation molle et sinusoïdale de la part des éléments du châssis, qui se produit à des vitesses relativement élevées en ligne droite comme en courbe), ni avec un effet de shimmy (oscillation du train avant à basse vitesse et qui a plus tendance à se produire quand on coupe les gaz ; en général liée au pneu ou à un train avant fatigué au niveau des roulements, du serrage de la colonne ou de l'équilibrage), ni encore moins à un high-side. Le guidonnage peut être bref et cesser immédiatement, ou s'intensifier et devenir de plus en plus compliqué à gérer, voire devenir irrécupérable et occasionner des conséquences malheureuses si pas dramatiques.

On vous l'accorde : cette intro super méga flippante façon "La France a peur" est peu courante sur Le Repaire, votre fournisseur officiel de passion motocycliste. En même temps, si le site www.lerepairedelapêcheàlasardine.com venait à faire un sujet sur le grand requin blanc, ils adopteraient le même ton. Le guidonnage, c'est un peu le tsunami de la partie-cycle, l'Attila du té de fourche, là où il passe, le motard peut trépasser.

Une belle image valant mieux qu'un long discours, cette petite vidéo instructive et entrainante vous montre comment survient le phénomène. Attention, si vous êtes au petit-déjeuner avec des corn-flakes toutes fraiches dans le buffet, Le Repaire décline toute responsabilité quant à l'intégrité de la nappe à carreaux. Vous êtes prévenus.

Des trous dans le réservoir !

La violence d'un guidonnage est telle que les butées de direction peuvent casser et que les guidons peuvent venir taper dans le réservoir, ce qui peut finir par éjecter le pilote. Concrètement, comment se produit-il ?

Techniquement, il s'agit d'un phénomène vibratoire dans la partie-cycle de la moto, qui s'amplifie. Car une moto travaille en permanence : les suspensions font leur travail d'absorption et de gestion de l'assiette tandis que même rigide, un cadre doit conserver une part de souplesse structurelle.

Le guidonnage signifie donc qu'un des éléments de la moto ne fait pas son travail d'absorption, ou que les contraintes de l'utilisation dépassent les limites de ces éléments, ou que la moto est mal conçue. Et il y a en a eu !

Le premier réflexe est de penser que, puisque le guidonnage survient au niveau du... guidon, c'est un problème de train avant. En fait, c'est souvent le contraire, le guidonnage est souvent dû à un train arrière qui fait mal son boulot, ensuite l'ordre se propage à travers le cadre et se libère au premier fusible venu : le guidon.

Méfiance envers les parties cycles "fermées"...

La difficulté, c'est que les causes sont multiples : un amortisseur arrière trop verrouillé, notamment en détente, peut engendrer un guidonnage. Un pneu arrière usé et à la carcasse fatiguée aussi (on oublie trop souvent que le pneu a aussi un rôle d'amortissement). Un top case trop chargé. Des suspensions rincées qui ne font plus leur boulot. Une température fraîche figeant l'hydraulique des suspensions. Voire plusieurs paramètres en même temps.

Certes, quelques paramètres jouent dans le sens de la potentialité du guidonnage. Un train avant "fermé", au faible angle de chasse, un empattement court, un moteur brutal, tout cela peut amplifier le phénomène. Ainsi, les sportives à carbus et à roues de 16 pouces du milieu des années 80 étaient de très bonnes clientes, à l'instar de cette Kawasaki GPZ 600R, une machine avec laquelle, anecdote véridique, j'ai personnellement vécu un beau guidonnage, qui m'a éjecté et envoyé dans le mur.

La sportive à roue de 16 pouces, une bonne cliente pour les guidonnages
La sportive à roue de 16 pouces, une bonne cliente pour les guidonnages

Les Kawasaki de cette période étaient particulièrement touchées par ce phénomène, Kawasaki ayant même été pris la main dans le sac en train de tricher en modifiant la colonne de direction et l'angle de chasse des GPX 750 de 1988, du moins celles destinées à la presse. Y'a prescription maintenant, mais gros scandale à l'époque ! Plus tard, la Suzuki TL 1000 S, son train avant "fermé" et son mauvais amortisseur arrière rotatif ont aussi défrayé la chronique...Et plus près de nous, la Ducati Streetfighter (surtout la 1098) se distinguait par un train avant "sensible"...

Et quand ça arrive ?

En général, un guidonnage se produit dans une phase d'accélération sur une route bosselée ; mais un wheeling mal reposé ou une section de tôle ondulée en enduro peut provoquer le phénomène.

Le premier conseil que l'on a envie de vous donner, c'est un peu "bonne chance !". Car il existe des moyens de limiter les dégâts, mais sans certitude de réussite à 100 %. Déjà, voici ce qu'il ne faut pas faire :

  • Couper les gaz brutalement : car votre train avant est déjà en mode panique et cela va lui remettre brutalement de la charge, alors qu'il éprouve déjà les plus grandes difficultés à guider la moto.
  • Lâcher le guidon : ça, c'est la meilleure façon de se faire éjecter. Et le problème, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.

Au contraire, ce que l'on peut préconiser :

  • Caresser le frein arrière : une action douce sur cette commande va réduire la puissance gentiment et opérer un transfert de masses en douceur
  • Tenir la moto avec ses genoux : le haut de votre corps étant pris d'un zèle parkinsonien, verrouillez le bas avec les jambes.
  • Ne lâchez surtout pas le guidon : votre espoir de remettre la machine dans l'axe. Cependant, il ne faut pas non plus le cramponner de trop car cela va vous déséquilibrer. Admirez la justesse du propos : il faut le tenir avec une lâche fermeté (d'où le premier conseil : bonne chance !) tout en reportant le poids de votre corps vers l'avant de la moto.
  • Regardez loin : le rôle du regard est toujours aussi essentiel, si vous voulez une chance de récupérer la moto et de la remettre sur la bonne trajectoire.

Les meilleures façons de se prémunir d'un guidonnage :

  • Avoir une machine dont le châssis est en bon état, des pneus aux bonnes pressions, des suspensions efficientes et bien réglées.
  • Sur une machine au châssis "sensible", un amortisseur de direction optionnel pourra limiter le phénomène. Ce qui n'empêche pas de privilégier une moto "saine" en termes de réglages et de composants. Les amortisseurs de direction haut de gamme se règlent : trouvez le compromis entre le fait de ne pas trop figer la direction en usage normal, sinon vous allez vous retrouver sur une enclume qui pèse une tonne en entrée de virage et de conserver un peu de sécurité en cas d'oscillations du train avant. La plupart des sportives modernes disposent d'un amortisseur de direction en série...
  • Attention au chargement et au duo sur des motos "sensibles". On ne colle pas un top-case de 50 litres sur une sportive à roues de 16 pouces des années 80 !

Vous avez aussi le droit de lire la route comme le font les pilotes de Rallye Routier et de ne pas conduire comme un idiot : une série de bosses arrive devant vous ? Rendez un peu les gaz au lieu de rester soudé en grand... Si, toutefois, pour une question d'honneur, de spéciale chronométrée ou autre, vous devez absolument passer cette section à l'accélération, portez votre poids sur le train avant en poussant sur les repose-pieds au lieu de rester déporté vers l'arrière de la moto, pour laisser les éléments de la moto absorber les bosses de la manière la plus naturelle possible.

Plus d'infos sur les guidonnages

Commentaires

froggyfr99

... et une fois que c'est passé, utiliser le frein avant pour remettre les plaquettes en contact avec le disque AVANT le prochain virage.

25-01-2017 14:09 
SERES VINCENT

Bonjour,

-Très bon conseil de Froggyfr99: Faire des freinages, car suite au guidnonage de l'air peut rentrer dans le circuit ou les plaquettes peuvent êtres trop espacée... Cela permet de ne pas partir tout droit après s’être bien chier dessus 30 secondes plus tôt.

Autre conseil qui peut être pratique si la route le permet (dégagement, espace et/ou conditions climatiques) ou si l'on est sur circuit
(cela m'a d'ailleurs sauvé sur circuit dans un guidonnage à 150 en sortie de courbe rapide après avoir pris trop large et être passé sur les vibreurs... Butées endommagées mais moto remise sur les rails... froc repeint) :

Remettre toute la puissance pour délester le train avant et si possible décoller la roue avant afin qu'elle arrête d'osciller... ou de limiter au maximum l'amplitude des oscillations.

Le guidonnage étant généralement entretenu par un phénomène de résonance, le fait de décoller la roue avant ou accélérer plein gaz permet de changer la réponse en fréquence de la moto tout en aidant le pilote à reprendre le contrôle sur le train qui ne guide plus sur la route.

25-01-2017 18:51 
MotoMotoVroumVroum

faut accélérer ou faut freiner alors ? sourire

25-01-2017 20:10 
SERES VINCENT

Sur la meme ligne que "Le repaire des motards" à savoir:

NE PAS:
- Freiner de l'avant, avant de stabiliser la bête
- Ne pas couper les gaz brutalement (ça peut amplifier le phénomène en lestant l'avant)
- Ne pas lâcher le guidon (la t'es mort direct !)
- Ne pas s'affoler même si ça fait vraiment chier dans son froc quand ça part en sucette.

A RECOMMANDER:
- Freiner de l'arrière si le ralentissement est obligatoire ou si le pilote a peur d'accélerer
- Ouvrir en grand si le terrain est propice et le conducteur "n'a pas froid au yeux et est habitué a ces situation". Car ouvrir en grand si l'on n'est pas expérimenté ca peu empirer et on se retrouver a guidonner a des vitesses encore plus hautes.

*La meilleure méthode, mais pas toujours réalisable, est de décoller la roue avant pour qu'elle ne soit plus en contact avec le sol. Si elle ne touche plus le sol, le guidonnage s’arrête. Malheureusement si ça guidonne en entrée de courbe, ouvrir en grand c'est pas conseillé !

25-01-2017 21:33 
ben35

c'est sympa de bon matin avant de prendre la route, miam miam! merci les copains! :)

26-01-2017 05:54 
Aristoto

oups, d'habitude j'évite les vidéos de gamelles... bon ben je sais quoi faire maintenant... ya pas de pbm... facile, finger in the noise;
bon trève de badinage c'est bien aussi ces rappels à l'ordre motard.
Il n'y a pas que le Cap Nord ds la vie.

V à tous

26-01-2017 09:52 
cajo

Ouaip ... m'enfin j'ai l'impression que c'est souvent conséquent ou concomitant à des accélérations très fortes.

Donc ça concerne pô grand monde (même peut-être moins que les gens concernés par le Cap Nord clin d'oeil) d'autant qu'en usage normal, les châssis et les fourches encaissent bien des choses me semble-t-il...

Ceci dit, c'est instructif quand même, et ça élargit notre culture ! Ah c'est pô le genre d'info entendue chez ta moto-école, pô vrai ?
V

26-01-2017 10:01 
efe

Pas forcément cajo.


Perso j'ai aimé le conseil bonne chance car le jour où l'on m'a jeté un caddie depuis un pont et que je n'ai pu qu éviter la "cage" je me suis pris le châssis du caddie. Bah j'étais content que ce soit mon corps qui a agi car ma tête pensait plus à éviter la chute.

J'aurai bien aimé aussi lire ce sujet avant d'en découvrir le phénomène par moi même.

26-01-2017 12:05 
cajo

Tu veux dire qu'une vive procédure-réflexe d'évitement en urgence peut engendrer parfois un guidonnage ? Expérience vécue ?
V

27-01-2017 08:13 
efe

Évitement non puisque j'ai pas pu éviter le choc. C'est pour ça que je ne pense po que ce phénomène est uniquement dû à une grosse accélération. Je ne demande même si ce truc peut arriver en passant dans un gros nid de poule aussi.

Comme dit plus haut c'est po le genre de conseil qu'on te donne au permis alors qu'on peut y être confronté au quotidien et po forcément sur piste.

27-01-2017 09:19 
Luch1801

Avec les motos actuelles et les assistances électroniques les guidonnages sont plus difficiles que par le passé, J’ai le souvenir de l’amusante yam. 660 xtx plutôt sensible sur des accélérations façon arsouille en sortie de virage sur revêtement bosselé, (association mono coupleux + châssis léger et Metzeler accrocheur, peut-être). Avec l’ Hypermotard Ducati on en est quelquefois pas très loin…. Dans tous les cas pour moi la solution consiste à serrer aussi les genoux, charger l’avant et tenir sans crispation le guidon, en principe ça passe… Au début des années 70 la Kawasaki S2 (celle de la coupe) guidonnait facilement. Avec les guidons bracelets, il n’était pas rare lors d’un guidonnage de se fracasser les pouces contre le réservoir.
Dans tous les cas pour bien réussir son guidonnage il est indispensable d’avoir à sa disposition un réseau de routes secondaires viroleuses bien pourries avec quantité de trous, de raccords de bitume et de bosses de préférence non signalés.

27-01-2017 09:46 
L'iguane

Citation
SERES VINCENT
suite au guidnonage de l'air peut rentrer dans le circuit

C'est pas hermétique un circuit de freinage ?

27-01-2017 11:05 
fift

Cajo> je rejoins Efe.
Un guidonnage peut aussi arriver avec une succession de petites bosses et de creux créant comme une succession de vagues, pour peu que la moto s'engage dedans avec la roue avant légèrement de biais (entrée ou sortie de courbe). La fréquence propre d'oscillation du guidon va entrer en résonance avec la "fréquence" des bosses et des creux, amplifiant le phénomène.

En délestant la roue avant, plus de prénomène de résonance possible.
En ralentissant, idem car on dissocie les deux fréquences (on diminue la fréquence liée à la route, sans bouger la fréquence propre du guidon)… à condition de ne pas charger la roue avant car dans ce dernier cas, on diminue aussi la fréquence propre du guidon et on se retrouve toujours à avoir les deux fréquences en résonance. D'où l'intérêt du frein arrière dans ce cas.

27-01-2017 12:40 
BIG83

Salut
En fait, on fait comme on peut quand ça arrive.
Parce que finalement, ceux qui savent réagir parfaitement à la seconde lorsque l'imprévu arrive et ce dans n'importe quel domaine, ils sont relativement rares.

Moi quand je me suis ramassé le panneau dans la gueule à 160. je suis parti en guidonnage. Ouais, peut être j'ai serré le guidon, peut être j'ai regardé loin, peut être j'ai caressé le frein avant ou arrière, mais tout de même la partie la plus importante qui m'a fait rester sur mes roues, c'est le bol.
V

27-01-2017 14:16 
jeandemi

Moi j'ai eu des guidonnages suite à un freinage brusque, pas de transfert de charge sur l'avant donc pas d'adhérence : blocage immédiat de la roue avant qui dérape d'un côté, on corrige et ça part de l'autre côté et ainsi de suite en s'amplifiant.
Tant que l'on freine, ça continue, et comme on s'accroche au guidon... c'est très difficile de relâcher le levier de frein et encore plus de simplement soulager !

Je me suis fait ainsi quelques grosses chaleurs avec la GSX 1400 dont le freinage est difficile à doser près du point de blocage (ça s'est radicalement amélioré avec un maître cylindre radial et des durites aviation) et aussi avec mes Speed Triple 1050

La dernière fois que ça m'est arrivé (9 octobre 2015), ça a été tellement violent que ma Speed Triple m'a éjecté !
Bilan : deux jambes (salement) cassées et la Speed en morceaux (elle est partie taper dans un camion)
J'ai survécu (je suis vivant) mais os ne sont toujours pas consolidés au bord des larmes

27-01-2017 18:20 
SERES VINCENT

L'iguane: "C'est pas hermétique un circuit de freinage ?"

Le circuit est effectivement fermé mais une bulle d'air peut passer du bocal de liquide à l'entrée du maître cylindre et avec un peu de malchance faire que les premiers appuis sur la poignée de frein ne fassent aucun effet ou soient très mous.

29-01-2017 00:30 
cajo

Et les gars qui font zigzaguer vivement la meule pour faire "chauffer" (?) les pneus, façon païlote sur la piste menteur... ils risquent pas d’enclencher un guidon qui nage qui peut devenir difficile à maîtriser ?

Question subsidiaire : les amortos de direction doivent être utiles à ce niveau là, nan ? Pourquoi les meules n'en sont pas toutes équipées ?

V

29-01-2017 09:39 
Ptit Loup1300

Les motos n'en sont pas toutes équipées car elles sont loin d'en avoir toutes besoin. Aujourd'hui encore plus qu'hier.
.
Un "vrai" guidonnage arrive tellement vite que c'est très difficile d'avoir des réactions réfléchies. Et c'est pas évident de s'y préparer à l'avance. Donc, le "bonne chance" se justifie tout à fait.
.
il me semble me souvenir d'une grosse gamelle d'un pote, avec un 1000 ou 1100 Goldwing, moto complètement hors de contrôle en 3 secondes, et détruite.

29-01-2017 20:55 
Geololo

sortie samedi avec mon interceptor,
je double une voiture 100 -110 et là gros virage rapide. En plein milieu la moto commence à guidonner. J 'ai touché à rien, en gardant mon allure constance et prié pour que ça s arrête avant le prochain virage.😱
Ma première grosse peur A2 depuis 1 an.
moralité top case chargé et arsouille pas glop 😵‍💫

15-09-2022 13:02 
 

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