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Roman : René (épisode 24)

Episode 24 : René, la nouvelle star du milieu…

Ben mon vieux ! : je peux te dire que l'épisode du Mans à fait causer dans les chaumières, et particulièrement dans le petit monde de la presse spécialisée :

Le Gatouillable, maintenant que la saison de GP est finie, fait l'objet de toutes les conversations du milieu et sort même du domaine de la moto… Tu veux un exemple ? bon, c'est d'accord, mais au départ le gars René n'a pas très bien pris la chose…

Rentré chez lui, son phone n'a pas arrêté de driiiiiinger, obligeant le fossile à rester près de ce dernier pour répondre, bien souvent négativement, aux sollicitations les plus diverses : la faute à Grigou dont le papier à fait l'effet d'une bombe !

Imagine un peu : un vieux, semblable à tant d'autres, comme on en rencontre des centaines à longueur d'année dans les couloirs des concessions, sorti de nulle part en plus, aucun palmarès à son actif, bref , un monsieur toulmonde qui roule en moto comme n'importe qui…
Mais qui se permet, lors d'un stage de pilotage, de bousculer le déroulement de ce dernier, mettant à genou le moniteur qui n'était rien d'autre que Christian SARRON en personne, et allant même jusqu'à finir devant le Maître lors d'une série de dix tours qui restera dans les annales du circuit : même les exploits de ROSSI sur sa monture bleue passent actuellement au second plan devant l'énormité accomplie par le Respectable…

Bon : on cause, on cause… et je m'égare ! Je te parlais de quoi déjà ? Ha oui !, le phone du Vieux.

Moto Canard, Moto Verrue, Poignée-dans-le-coin Magazine : tous se battent pour une interview de Pépère qui commence à trouver ça un peu gonflant !

La presse non spécialisée a eu vent de l'événement, et voilà ce que je voulais te dire : René a été sollicité par Tricot Magazine, le canard de la femme « branchée »… Tu connais le goût de l'ancêtre pour la gent du beau sexe… ?

Ben, au début de l'histoire, ça se présentait plutôt bien avec une voix d'hôtesse de l'air, blonde, à forte poitrine : de celle qui jamais, même dans tes rêves les plus fous, ne daignera porter son magnifique regard sur ta triste personne (oui je sais, mais faut bien que quelqu'un te le dise un jour et comme je t'aime bien…). Bref, le Respectable, dès les premières intonations, a le Pollux qui se met au garde-à-vous devant la voix mélodieuse de la dadame au bout du fil ! Seulement voilà, si la propose de faire la Une du fait que son profil est en accord avec les phantasmes des lectrices de cette noble revue, ce qu'il ne sait pas ( le tricot et René…), c'est que l'age moyen du lectorat dépasse le demi-siècle…, et quand, tout émoustillé il a ouvert la porte de son antre à celle qu'il imaginait déjà dans des positions pas racontables même par moi, son menton a joué les sliders à la vue de l'Antiquité se présentant à lui : un peu comme quand Valentini l'avait doublé la première fois. La journaliste a fait son papier en mitraillant un René quelque peu renfrogné, devant user de tout son talent pour faire ressortir quelque chose de « vendeur » de cet ours mal léché qui s'est prêté de mauvaise grâce à son petit jeu consistant à présentant le Respectable comme le symbole des désirs des demoiselles sur le retour…

Maurice a décidé de jouer les impresarios en filtrant les appels pour protéger sa « célébrité » de frère lui annonçant faire un burn sur le prochain quidam osant se présenter avec ce genre de proposition !

De son côté, le père ROSSO a vu son chiffre d'affaire augmenter dans les jours suivant la parution de l'article de Grigou avec la venue d'une clientèle curieuse de faire la connaissance de la nouvelle « vedette » dont les apparitions au bouclard sont pourtant demeurées sporadiques. Mais le commerçant, en parfait homme d'affaire, a su tirer avantage de la situation en accrochant ainsi de nouveaux client à une liste qui n'arrête pas de s'allonger depuis. Son fils, lui-même, dans le sillage du Gatouillable, s'est vu offrir des guidons pour la prochaine saison Open et n'a plus qu'à faire son choix sans se soucier d'un quelconque manquement « matériel » dans le déroulement de son cursus de pilote en devenir. Valentini est sur les rails de la réussite avec la sûreté d'obtenir une moto au top et n'a plus qu'à s'entraîner sereinement cet hiver, certain de décrocher le titre dès son premier essai et d'obtenir ainsi son ticket d'entrée pour le Mondial la suivante.

Bref, l'effet « René » marche à plein… au grand désespoir de l'intéressé lui-même ! S'attendait pas à truc pareil l'Ancien, qui depuis, cherche à retrouver sa tranquillité habituelle par tous les moyens !

Pas une journée sans un appel d'un acteur du milieu lui proposant un guidon en vue d'une participation aux diverses épreuves à venir inscrites au calendrier : de la course de cote en passant par l'Open, voir l'endurance et même le T.T. de l'île de Man… Mais René refuse en bloc une quelconque participation à la compétition. À son age, on a passé l'envie de ce genre de truc et de toute façon, il n'a jamais éprouvé le besoin de s'exprimer par le biais de la course, préférant de loin être spectateur qu'acteur, et aimant plutôt rouler « dans son coin » même si son ego le chatouille de temps à autre à la vue d'une roue se plaçant sur sa traj'…

Par contre, il a accepté, sous l'insistance de Maurice, de se laisser photographier par quelques annonceurs de pub trouvant le personnage particulièrement innovant par ce côté « hors-norme », donc « vendeur » dans un style ou l'uniformité est depuis trop longtemps présente : conscients de tenir là une mine d'or à exploiter, ils n'hésitent pas à proposer un pont d'or pour une simple photo de Pépère posant sur la dernière nouveauté sortie. Maurice a parfaitement saisi le sens lucratif de tout ça et fait monter les enchères tel un requin de la finance. Il a décidé de s'installer provisoirement chez son frère pour s'occuper à plein temps de son image, le compte en banque de la famille Gédeufoitrentans s'est vu gonflé de quelques zéros supplémentaires et la Viragro remplacée par une Kawasuki V6 offerte par l'importateur désireux ainsi de la promouvoir. C'est pas son truc à Maurice de rouler sur la route sur ce genre de « catapulte » mais faut quelques fois donner de sa personne pour la bonne cause…

Ce qui désespère le plus René, dans l'histoire, c'est le fait de ne plus pouvoir se balader tranquillos comme auparavant mais le frangin fait en sorte d'être toujours présent à ses côtés pour éloigner les importuns un peu trop audacieux : sur la route, nombreux sont ceux qui veulent se mesurer à celui que la presse a surnommé « Superpapy » et Maurice, profitant de la ressemblance, joue les leurres en emmenant l'ennemi sur une fausse piste pendant que la « cible » use du slider de son côté !

Grigou est devenu un habitué de la maison Gédeufoitrentans, même si René lui pardonne difficilement sa soudaine notoriété : faut dire aussi que le journaleux s'est un peu fâché avec l'importateur BIMOCATI suite à quelques commentaires « ironiques » de ce dernier quand à l'efficacité réelle de son dernier fer de lance, mettant le responsable de la pub un poil en « délicatesse »avec sa hiérarchie face à un annonceur plutôt généreux pour le canard, mais dont le papier à fait monter les rotatives au rupteur pour un numéro ayant cartonné comme jamais dans l'histoire de la presse moto… Grigou, pour ce fait d'arme, a été promu adjoint au rédac-chef et voue désormais une reconnaissance sans borne à celui sans qui rien ne serait arrivé : pas une semaine sans qu'il ne passe une journée avec les frangins qui finissent, même René, par le considérer comme le troisième de la famille. Pépère faisant même la pige pour quelques essais, à la condition extrême qu'on lui adjoigne quelques « créatures de rêve » en accompagnement des photos le mettant en action : surprise, la direction du canard a cédé à ce « caprice » de la « star » puisque les lecteurs ont applaudi des deux mains en submergeant la rédaction d'encouragements à persévérer dans ce style novateur !

Les filles… voilà bien le point sur lequel le Gatouillable trouve quelques réconforts dans cette envahissante médiatisation… Faut dire que l'Ancien, célibataire farouche, ne crache jamais sur une rencontre à partir du moment ou celle-ci reste sans lendemain. René est un jouisseur qui ne trouve son plaisir que sans attache, aimant rester libre d'aller et venir au gré de son humeur du moment, et là il est comblé au delà de toute attente car c'est bien connu que les plus belles sont rarement les plus fidèles. Dans ce cas précis, comme la fidélité n'est pas la qualité qu'il leur demande, et comme ce genre de fille adore s'exhiber au bras du male « dans le coup » pouvant exciter la jalousie de la copine, l'accord est vite trouvé et tout le monde est content, surtout René dont l'aplomb de la notoriété semble avoir fait l'effet d'une cure de jouvence l'ayant ramené quelques décennies en arrière !!!

Le patron du bar d'en face, lui aussi, profite de la manne providentielle, l'adresse des Respectables restant secrète, les curieux (et curieuses…) n'ont pour indication qu'un vague lieu incluant son établissement dont la fréquentation ne cesse d'enfler depuis. Le tenancier a donc affiché une photo de René et « filtre » les demandeurs en notant soigneusement les coordonnées de la gent « essaie-moi » susceptible de valoir les faveurs de « Superpapy », lequel sera bien affranchi d'effectuer un bilan de santé au train du défilement de ses « conquêtes d'un soir » » dans un domaine plutôt réservé à une jeunesse bien en peine d'égaler en nombre le palmarès du Respectable…

La Kawasuki aussi a changé : ROSSO, sur instruction de l'importateur, a fait monter sur la V6 toutes les pièces disponibles en accessoire chez le constructeur et le 1300, déjà pas mollasson, est maintenant capable de rivaliser en accélération avec n'importe quel avion de chasse… au grand plaisir de René, piqué au jeu, mais qui doit à présent fréquenter les salles de sport pour aider ses petits bras à contenir une telle cavalerie à sa disposition !!!

Le concessionnaire a aussi profité de l'aubaine pour installer « à ses frais » tout un panel de pièces « racing » pouvant aider la partie cycle à ne pas se laisser déborder par une mécanique capable à présent de rivaliser avec une moto de GP ! Accessoirement, la V6 sert aussi, ainsi attifée, de vitrine de son savoir faire, et comme c'est déductible des impôts…

Le jeune Valentini, depuis son retour du Mans, voit en René le père qu'il aurait aimé avoir (au désespoir de son géniteur partagé entre le fait de conserver son emprise sur SON fils et ne pas risquer de froisser SON client vedette par des remarques désobligeantes au gamin sur le fait que ce dernier passe plus de temps avec le Respectable qu'au magasin…) et, dés que c'est possible, roule en compagnie du Vénérable, lequel apprécie de plus en plus la présence rafraîchissante du djeun's qui n'en veut ( le coup de gaz du gosse devient de plus en plus précis et René l'accompagne maintenant sur les circuits, en plus des sorties sur route).

Ziva, dés qu'il le rencontre, harcèle René afin qu'il lui enseigne l'art de rouler devant ; mais pour lui, c'est peine perdue car jamais il ne sera capable d'être à la hauteur de ses rêves. Ce n'est pas faute d'essayer, et René a bien tenté de s'occuper de lui, mais ce d'jeun's là est décidément incapable de planter le moindre freinage sans se sortir… pour le plus grand plaisir du père ROSSO, vendant des carénages comme personne dans la région, mais au grand désespoir de l'Ancien qui commence à trouver bien envahissante l'insistance du « roi de la sortie de piste » à l'accompagner, même si chaque figure non improvisée provoque chez lui une hilarité sans cesse renouvelée. Le problème, c'est qu'à chaque fois, il faut ressortir la brèle du champ et, parfois, ramener Ziva quand la moto n'est plus en état de rouler !

René Gédeufoitrentans "le gatouillable" by Sato

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