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Histoire de la Tunisie

Une position stratégique qui a attisé les convoitises

Des dominations extérieures successives

Ruines de la cité punique de Kerkouane Habitée depuis le Paléolithique par des populations nomades, la Tunisie a été convoitée par nombre de puissances étrangères. Sa position stratégique lui a valu d'être colonisée à de nombreuses reprises, par les Byzantins, les Espagnols, l'Empire Ottoman et finalement les Français.

L'Antiquité

D'abord colonisée par les Phéniciens, qui y installent des comptoirs, Carthage se métamorphose vite en cité punique. La cité, habitée par des habitants d'origine berbère, s'étend peu à peu sur la méditerranée, notamment par la présence de comptoirs en Espagne, en Corse, en Sicile et en Afrique du Nord. Ils entretiennent une relation courtoise avec les Grecs, puis avec l'Empire romain. Mais rapidement une lutte entre Rome et Carthage s'engage pour la domination de la Méditerranée. Se déroulent alors les trois guerres puniques, qui voient la destruction de la cité en 146 av. JC.

Rome s'installe alors sur les ruines laissées par la destruction de Carthage et initie ainsi l'établissement de la province romaine d'Afrique. Les Romains installent la capitale à Utique, qui devient au fil des décennies une source prospère d'agriculture. Carthage est reconstruite et transformée en port, qui transporte les productions du continent jusqu'à Rome. Les siècles suivant voient la prospérité de la Tunisie romaine, avec l'installation des premières communautés juives et chrétiennes. Malgré quelques affrontements, la paix reste intacte jusqu'au 4ème siècle. Les Vandales prennent brièvement le contrôle de Carthage, chassés après un siècle par les Byzantins. Mais le mode de gouvernance est de plus en plus défié par les populations berbères et les habitants romains et grecques fuient en nombre l'Afrique.

Le Moyen-Age

En 698, les Arabes marchent sur la Tunisie. La conversion à l'Islam débute, mais de façon sporadique. Ils fondent Kairouan et sa Grande Mosquée, qui devient la plus ancienne mosquée du Maghreb. Malgré une lutte des Berbères comme des Byzantins, les Arabes colonisent finalement toute la côte, ainsi que l'intérieur des terres, où les Romains ne s'étaient pas aventurés. De nombreuses dynasties se succèdent au pouvoir de la région. Les guerres s'enchaînent pour le pouvoir, tandis que les Arabes gagnent du terrain jusqu'en Europe. Les Normands prennent quelques décennies le contrôle de ce qui est aujourd'hui la Tunisie, mais aussi l'Algérie et la Libye. Le sultan Abd al-Mumin reprend alors les terres volées et sous sa dynastie des Almohades, unifie le Maghreb. A cette période, l'économie de la région est florissante.

De nombreux conflits continuent de déstabiliser la région, jusqu'à la chute de Grenade. Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille décident alors de s'emparer des côtes africaines. L'Empire Ottoman se lance à son tour dans la conquête de la région et affronte l'Espagne. Les Ottomans s'emparent peu à peu des villes côtières, notamment Tunis et Djerba. Mais leur domination reste partielle, les occupants ne se mêlant que très peu aux habitants. Au 16ème siècle, les dirigeants locaux se détachent progressivement du pouvoir ottoman. Au fil des siècles, la Tunisie, toujours province de l'Empire, s'émancipe d'Istanbul. Au 19ème siècle, Amhed 1er Bey (gouverneur représentant l'Empire ottoman) enclenche de nombreuses reformes de modernisation : l'esclavage est aboli (1846) et une constitution est adoptée (1861). C'est la première du monde arabe. Mais une mauvaise gestion des finances plonge le pays dans une profonde crise qui mène à l'arrivée des pays européens, dont la France.

La domination française

Délégation de DestourLe territoire tunisien, situé à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée, est convoité par la France et l'Italie. Après délibération lors du congrès de Berlin en 1878, l'Angleterre et l'Allemagne acceptent l'annexion de la Tunisie par la France. Les Français pénètrent sans difficulté sur le territoire tunisien et occupent Tunis en trois semaines. En 1883, les conventions de La Marsa autorisent la France à intervenir dans la politique, la défense et les affaires internes du pays. Le gouvernement est laissé en place, mais voit arriver de hauts fonctionnaires français. La France exploite alors les ressources du pays comme elle le ferait pour une colonie. Elle développe cependant le réseau routier, l'agriculture et l'exploitation des mines.

Dès le début du 20ème siècle, la lutte contre l'occupation française s'organise. Pendant toute la première partie du siècle, la Tunisie voit naître des mouvements sociaux, des jeunes militants et des premiers partis anticolonialiste, comme Destour. Ce parti se scinde dans les années 30, une branche prônant la laïcité et s'inspirant des courants communistes et socialistes en Europe, l'autre branche souhaitant une société islamique. En 1938, des manifestations secouent le pays et sont sévèrement réprimées.

La Seconde Guerre Mondiale voit l’arrivée de troupes allemandes en Tunisie. Habib Bourguiba, fondateur du Neo-Destour, est envoyé en France puis libéré par les Allemands dans l'espoir qu'il aide au sabotage de la résistance française en Afrique du Nord. Celui-ci refuse et lance un appel au soutien des Alliés. Après la défaite des Allemands à Cap Bon, en Tunisie, il est remis en liberté. Il continue alors sa lutte pour l'indépendance tunisienne depuis l'Egypte. A son retour en Tunisie en 1952, il est arrêté lors d'affrontements. Débute alors la révolte armée. La résistance tunisienne met en place le sabotage, l'exécution des collaborateurs, des attaques de fermes et des opérations contre l'armée française. Après plusieurs années de guérillas, le chef du gouvernement français Edgar Faure signe les conventions rendant l'indépendance à la Tunisie.

La République

Habib Bourguiba est élu Premier Ministre de Lamine Bey le 11 avril 1956. Un ans plus tard, la monarchie est abolie et il est élu Président de la République en 1959. Il entreprend des mesures d'émancipation de la femme, combat la pauvreté et l'analphabétisme du pays. Mais en 1963, la République tunisienne devient un régime à parti unique avec l'interdiction du parti d'opposition communiste. En 1975, il est proclamé Président à vie. De nombreuses crises secouent le pays et la corruption s'installe au sein du gouvernement. Des mouvements islamistes grandissent dans le pays et son réprimés par la force. Zine el-Abidine Ben Ali, Premier Ministre, dépose Bourguiba pour sénilité et organise des élections qu'il remporte à 99,27% des voix en 1989. L'économie est relancée, mais la répression des opposants est toujours aussi forte. Il remporte tour à tour les élections de 1994 puis de 1999. Jusqu'en 2010, le règne de Ben Ali reste intacte.

Le 18 décembre 2010, un jeune chômeur, Mohamed Bouazizi, se suicide en s'immolant. Sa mort impulse un mouvement de protestation sociale immense. La population réclame le départ de Ben Ali. Après des affrontements musclés, celui-ci quitte le pays après avoir annoncé des élections législatives anticipées et l'instauration de l'état d'urgence. Depuis, le gouvernement affronte de nombreuses crises sociales et ministérielles. De nombreuses attaques contre les membres du gouvernement et de l'opposition ont été perpétrées. Le 26 janvier 2014, une nouvelle constitution est votée pour apaiser les tensions. Depuis 2014, Caïd Essebsi est président de la République, élu à l'issu des premières élections démocratiques de Tunisie.

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