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Omar Zarour, l'architecte du rallye de Jordanie

Une vie de passionné au service de la moto

Ancien président du moto club de Jordanie pendant 5 ans, Omar Zarour oeuvre au développement de la moto en Jordanie

Omar Zarour est une figure de la moto dans son pays, la Jordanie. Président du Royal Club Motorcycle durant 5 ans, il participe activement au développement de la culture moto et de la sécurité en Jordanie.

Omar Zarour, l'architecte du rallye de Jordanie

Le Repaire : Vous êtes passionné de motos depuis longtemps. Mais comment vit-on la moto en Jordanie, où la pratique de la moto fut interdite durant plus de vingt ans ?

En travaillant doublement pour rattraper le temps perdu ! Malgré l'interdiction de la pratique de la moto, la trajectoire de ma vie est liée à la moto. En 1979, alors que j'étais tout jeune, je roulais déjà sur une 50 cm3. J'ai passé le permis en 1984, c'est à dire exactement à l'époque de la mise en place de l'interdiction de la moto dans le royaume de Jordanie. Pas de chance !

Le Repaire : Vous avez vécu cette interdiction comme une injustice ?

Pas vraiment. Bien sûr, pour les quelques passionnés de motos comme moi, ce fut difficile. Mais à cette époque, les accidents étaient très nombreux et c'est pour cette raison que la moto fut interdite. Alors même si cette décision semble radicale, elle correspondait à une réalité dramatique de l'époque. Après l'interdiction, j'ai achevé des études d'ingénierie mécanique. Mon diplôme en poche, j'ai travaillé dans la chimie, qui est l'un des secteurs économiques les plus importants en Jordanie.

Le Repaire : Et vous avez oublié votre passion pour la moto ?

Non, car on n'échappe pas à ce pour quoi on est fait. Au fond de moi, la passion des sports mécaniques brûlait toujours. C'est même cette passion qui m'a guidé à cesser mon travail dans la chimie en 2004. A l'époque, la moto était encore interdite dans le pays, alors j'ai travaillé pour le compte de l'automobile à l'organisation d'épreuves sportives. J'ai même participé à l'organisation du rallye WRC automobile de Jordanie.

Le Repaire : Cette expérience vous a servi de modèle à décliner pour la moto ?

Tout à fait. En 2008, le roi Abdallah II de Jordanie, dont le travail de modernisation du pays s'est accéléré ces dernières années, a levé l'interdiction de la pratique de la moto dans son pays. Mais pour qu'il n'y ait pas une vague d'accidents à la suite de cette levée d'interdiction, le roi a posé certaines conditions que les motards doivent respecter. L'une d'entre elle fut la création dun moto club indépendant qui travaille sur la formation et la sécurité. C'est ainsi que j'ai été appelé en 2009 à prendre la direction du Royal Club Motorcycle of Jordan ou RCMJ.

Le Repaire : Vous avez eu l'idée de créer un rallye moto dès votre arrivée au RCMJ ?

Oui, mais ce ne fut pas ma première idée. En effet, j'ai tout de suite voulu que le RCMJ soit affilié à la FIM, la Fédération Internationale de Motocyclisme. Car il m'est apparu vital de construire la moto en Jordanie afin de la faire connaître de nos pays voisins, puis du monde entier et de générer un nouveau genre de tourisme en Jordanie. C'est à la suite de cette affiliation que l'idée du rallye m'est venue.

Le Repaire : La création de ce rallye fut immédiate ?

Non, ce fut un long travail de fond auprès des groupes de motards de Jordanie et des pays du monde arabe. Depuis l'autorisation de la pratique de la moto, nous avions des membres du RCMJ qui roulaient en petits groupes dans tout le pays. Tout le monde avait envie de fédérer ces groupes au sein d'un rassemblement, mais il a d'abord fallu que les motards soient connus et reconnus. C'est au travers des actions de prévention et des actions caritatives que le RCMJ a construit sa bonne réputation. Nous avons ainsi pu obtenir le soutien des autorités royales et de la police. Pour le reste, les réseaux sociaux ont créé petit à petit une communauté de motards en Jordanie. Une communauté qui s'est fait connaître dans les autres pays du Golfe. C'est pourquoi en 2014, lors de la première édition du rallye, on comptait déjà dans nos rangs des motards venus de différents pays.

Le Repaire : Ce premier rallye de Jordanie est un succès et pourtant l'année suivante, vous démissionnez du RCMJ. Pourquoi ?

J'ai été appelé au poste de manager général du RCMJ pour développer la moto en Jordanie. C'est le projet de ma vie. Pendant 5 ans, au sein du club, ce projet a vu le jour. Cependant, j'ai conservé une vision personnelle de la moto et des sports mécaniques, qui n'était pas totalement la même que celle dictée par le RCMJ. C'est pourquoi j'ai voulu quitter le club en 2015. Mais je suis parti en très bons termes. La preuve, c'est que cette année encore, j'ai participé à l'organisation de l'édition 2016 du Jordan Riders Rally, dont je suis toujours le project manager.

Le Repaire : Et le reste du temps, quelles sont désormais vos autres fonctions ?

Je travaille au sein de la FIM pour le compte des affaires publiques. Je poursuis mon idée de développement de la moto en Jordanie. Vous savez, voir la moto grandir en Jordanie est le rêve de tous les motards de ma génération qui ont connu l'époque où la moto était bannie du pays.

Le Repaire : Vous parliez de rêve à l'instant. Quel serait votre rêve personnel concernant la moto en Jordanie ?

Je rêve que la Jordanie devienne une référence de la sécurité à moto au Proche Orient. Depuis le début du RCMJ, j'ai tout mis en oeuvre pour tisser des liens avec la Motorcycle Safety Foundation, la MSF, basée aux Etats-Unis. Toutes les formations que nous avons mises en place possèdent la certification MSF. Cette certification est reconnue dans les pays du Golfe, certains de nos voisins viennent désormais voir comment nous travaillons pour apprendre. C'est le cas par exemple de l'Arabie Saoudite, qui est venue nous voir récemment pour développer notre programme de formation. Je travaille à ce que la moto en Jordanie soit synonyme de pratique responsable et maîtrisée et non pas à ce que les motards soient associés à l'image de fous du guidon qui font n'importe quoi. Si en matière de moto, la Jordanie pouvait devenir une référence au Proche Orient, j'en serais très fier.

Omar Zarour, Président du Royam Jordanian Moto Club

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