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Pilote de légende : Michel Rougerie

Un destin hors du commun

Vainqueur du Bol d'Or 1969, vice-champion du monde 250cc en 1975

Pilote de légende : Michel Rougerie (photo : DR)Nous sommes le 31 mai 1981. Le Grand Prix de Yougoslavie est sur le point de commencer. Le pilote français Michel Rougerie se prépare au départ depuis la première ligne. Devant lui, ce sont des pointures de la discipline qu’il faudra vaincre. Entre un Anton Mang intraitable et un Carlos Lavado au sommet de son art, la bataille s’annonce rude.
Le départ est donné, Michel Rougerie se montre offensif et vient très vite occuper les premiers rangs. Pourtant, dès le deuxième tour, tout bascule. Rougerie chute dans la ligne droite des stands. Une chute sans grande gravité mais bientôt la moto de Roger Sibille, lancée à plus de 150 km/h, le percute violemment. Le sport moto vient de perdre un autre de ses enfants.

Les débuts à moto

Michel Rougerie est né le 21 avril 1950 à Montreuil. Issu d’une famille modeste, il débute la pratique de la moto vers l’âge de 14 ans lorsqu’il parvient à convaincre ses parents de lui acheter un cyclomoteur. Il entame ensuite des études pour devenir ingénieur en électronique, mais ne termine pas son cursus. Une autre idée lui hante l’esprit, celle de faire de la moto.

Pilote de légende : Michel Rougerie (photo : DR)A 16 ans, il acquiert une 305 Honda avec laquelle il commence à courir. Quelques années plus tard, sa licence en poche il prend le départ de diverses compétitions au guidon de sa Honda mais aussi d’une Bultaco qui ne lui donne pas vraiment satisfaction.
En 1969, sa carrière prend son envol lorsque, suite à sa rencontre avec Robert Assante, il tente de le convaincre de l’engager pour courir sur la nouvelle 750 Honda au Bol d'Or. Christian Villaseca, alors à la tête de Japauto, penche plutôt pour le pilote Daniel Urdrich. Cependant, la chance est du côté de Rougerie. Le coéquipier d’Urdrich ne dispose que d’une licence junior et ne peut donc pas concourir à l’épreuve. Japauto doit lui trouver un remplaçant et Michel Rougerie est en tête de la liste.

Le Bol d'Or 1969 et les débuts en championnat du monde

Une fois embauché, Rougerie se met à l’ouvrage et prépare la 750 Honda en vue de la course. Aussi, la surprise est grande lorsqu’il apprend que Villaseca a finalement réussi à obtenir une Honda d’usine pour la course.
Pendant le Bol d’Or, Urdrich et Rougerie font sensation. Malgré un manque évident d’expérience, ils parviennent à truster la première place et obtiennent la victoire. Pour Michel Rougerie c’est un signe du destin, il sera pilote moto.

En 1970 c’est une autre rencontre qui va accélérer sa carrière de pilote. Rougerie noue des liens avec Robert Leconte, importateur des Aermacchi en France et obtient deux machines italiennes. Parallèlement, il acquiert une Kawasaki H1R avec laquelle il devient champion de France 500 en 1971. L’année suivante, Michel Rougerie signe un contrat avec Aermacchi et devient le pilote officiel de la marque en 125, 250 et 350cc. Ses résultats en championnats nationaux sont remarquables mais il ne parvient pas à briller en Grand Prix. Pourtant, en 1973 il est reconduit auprès du constructeur italien dans l’objectif de prendre part au Continental Circus. Le Français concourt ainsi au championnat de France tout en prenant le départ de l’ensemble des courses du championnat du monde de vitesse en 250 et 500cm3.

Vice-champion du monde avec Harley-Davidson

Pilote de légende : Michel RougerieAu guidon de sa Harley-Davidson, qui détient une partie des parts du constructeur Aermacchi, Rougerie impressionne. Il monte plusieurs fois sur le podium et termine finalement au cinquième rang mondial en 250.
Pour la saison suivante, beaucoup nourrissent l’espoir de le voir sacré champion du monde. Pourtant, de nombreuses grèves en Italie freinent l’envoi des pièces d’usine, plusieurs problèmes techniques l’empêchent de s’octroyer les premières places et son mécanicien quitte l’équipe.  A la fin de la saison, il se classe à la neuvième position en 250, septième en 350 et 16ème en 500cc.

En 1975, il devient premier pilote d’usine et fait équipe avec Walter Villa. Au cours de cette saison, Rougerie réalise des prouesses, remporte deux courses et totalise plus de points que Villa. Pourtant, c’est bel et bien Walter Villa qui est couronné champion du monde, le règlement de l’époque ne prenant en compte que les six meilleurs résultats. Rougerie obtient néanmoins le titre de vice-champion du monde.
Tout le monde espère néanmoins voir le Français titrer lors de la saison 1976. Toutefois, une nouvelle vient secouer les supporters du Français ; Harley-Davidson remplace Rougerie par le pilote Bonera. Rien n’est pourtant perdu pour Michel Rougerie qui se retrouve embauché par l’écurie Elf. Néanmoins, les résultats au guidon de sa Suzuki sont plutôt décevants. Qui plus est, un accident de voiture dans lequel il se brise l’astragale l’empêche de briller en 750cm3 où il a le plus de chance d’emporter le titre.

Des déceptions en série

Pilote de légende : Michel Rougerie (photo : Yamaha)En 1977, il poursuit sa carrière auprès d’Elf mais un budget serré le freine un peu dans ses performances. Rougerie se fait néanmoins quelques belles places et remporte le GP d’Espagne avec une Yamaha. Finalement, il termine 4ème du championnat mondial en 350cm3. Dans la catégorie reine où il rêve de briller, Michel Rougerie finit 13ème.
Pour la saison 1978, il ne fait guère mieux. Sixième en 350cm3 et dixième en 500cm3, il entrevoit une belle opportunité durant quelques temps. L’officiel Suzuki, Pat Hennen, est gravement blessé après sa participation au Tourist Trophy et l’écurie lui cherche un remplaçant. En essai sur la machine, il parvient à s’imposer à plusieurs reprises devant des noms illustres tels que Kenny Roberts. Malheureusement, le constructeur lui préfère Tom Herron.

Le drame de Rijeka

Pilote de légende : Michel Rougerie (photo : DR)Au cours des deux années qui suivent Rougerie vit un passage à vide. Patrick Pons domine largement le championnat en 750 et Michel Rougerie est à la traîne avec sa Suzuki. Pire encore, il est victime d’une chute à priori sans gravité à Imola qui lui laisse des séquelles. Souffrant ensuiteconstamment de migraines et de troubles visuels, on le dit fini.

Bien que les résultats ne soient encore pas au beau fixe, Rougerie reprend peu à peu confiance et intègre une nouvelle écurie, Pernod. Finalement, Michel Rougerie revient sur le devant de la scène après les essais à Rijeka en 1981. Il signe le 5ème temps et s’élance depuis la première ligne pour le Grand Prix de Yougoslavie. Un Grand Prix qu’il ne terminera malheureusement jamais.

Le palmarès de Michel Rougerie en Grand Prix

SaisonCatégorieCoursesVictoire

Podium

MotoClassement
1981 350cc 1 0 0 Yamaha 32
1980 500cc 4 0 0 Suzuki 17
1979 500cc 4 0 0 Suzuki 15
1979 350cc 2 0 0 Rieju 17
1978 500cc 6 0 0 Suzuki 10
1978 350cc 8 0 2 Yamaha 6
1977 500cc 3 0 1 Suzuki 13
1977 350cc 6 1 3 Yamaha 4
1977 250cc 1 0 0 Yamaha 27
1976 500cc 2 0 0 Suzuki 14
1975 500cc 1 0 0 Harley Davidson 28
1975 250cc 8 2 7 Harley Davidson 2
1974 500cc 3 0 0 Harley Davidson 16
1974 350cc 4 0 1 Harley Davidson 7
1974 250cc 3 0 1 Harley Davidson 9
1973 500cc 1 0 0 Harley Davidson 28
1973 350cc 1 0 0 Harley Davidson 34
1973 250cc 5 0 2 Harley Davidson 5
1972 350cc 1 0 0 Aermacchi 30
1972 125cc 1 0 0 Aermacchi 38

Plus d'infos sur Michel Rougerie

Commentaires

herve

Bonsoir,
Je me souviens bien de Michel ROUGERIE qui était un ami de Jean MURIT concessionnaire multi- marques Japonaises rue Lacordaire à Paris 15è,il était là parfois comme "Conseiller" pour les clients dont je faisais parti avec ma Honda 250CB !
J'ai eu l'occasion de discuter avec lui notamment sur sa victoire au Bol d'OR en 1969 et de sa Kawasaki H1R en 1971 avec laquelle il était confronté à un certain Christian RAVEL pilote Kawasaki H1R officiel (baranne)France lui aussi disparut sur le circuit de SPA Francorchamps !
Bon je m'arrête là sinon je continuerais jusqu'au bout de la nuit avec mes anecdotes sourire Hommage à ce Pilote très talentueux que dire de plus sinon Michel regarde de là-haut le GP d'Allemagne ce week-end avec les catégories Moto3,Moto2,MotoGP tu verras ça à beaucoup changer depuis ton époque des 50cc,125cc,250cc,350cc,500cc sans oublier les sides-car mais ça s'était avant sourire
Cordialement,
Hervé

12-07-2013 00:09 
pierreyves72

et les 750cc, il ne faut pas les oublier elles aussi. Une fois je me suis trouvé à cote de M.Rougerie, à Montlhéry, il était en discussion avec Thierry Tchernine et un type grassouillait que je ne connaissait pas et qui se nommait Michel Colucchi (je l'est su longtemps après). Je les écoutais parler technique et n'y comprenais pas grand chose, mais c'était passionnant. J'ai de nouveau rencontré Michel et Thierry au premier salon de "la voiture et de la moto de compétition" dans l'ancienne gare de la Bastille, ils déconnaient sur une BMW compète exposée. Ils disaient que ce ne serait pas marrant de piloter ça vu que les cylindres frottaient avant les genoux ou un truc comme ça et moi je leurs est dit que ce serait mon rêve d'avoir une BM. Je m'en suis offert une ... 37 ans après. A l'époque je sortais tout juste de mon service militaire et ne connaissais de la moto que les virées du vendredi soir partie de la Bastille en Terrot, Monet-Goyon, BSA, Norton et les toutes première jap débarquées en France qu'ont regardaient avec des yeux de merlans frits. Ouais c'était l'bon temps et Rougerie était, comme tous les autres (Giacomo y comprit), abordables et vraiment symp.Put... ça rajeunit pas tout ça.

12-07-2013 06:47 
froggyfr99

Mimile, mon pilote fétiche.
Heureux de porter une réplique de son casque chaque fois que je rentre en piste.
Un style inimitable et une attaque de tous les instants.

12-07-2013 10:30 
 

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